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Une histoire intime de la cinquième République.
Alléchant, non ? Pour quelqu'un né en 1956...
Je vois déjà les réserves poindre : oui, mais Giesbert ? Va-t-il réussir à traiter son sujet sans s'attarder sur son nombril ?
" le sursaut " : De Gaulle aux manettes. La constitution de 58, le retour au pouvoir, la guerre d'Algérie, mai 68, le référendum "suicide", la fin d'un règne.
Un bouquin, certes engagé, mais remarquablement documenté. On vit De Gaulle avec ses certitudes, ses doutes, ses forces, ses faiblesses, sa rouerie, voire son cynisme ; une jolie tranche d'histoire. Mais bon sang, que viennent faire là dedans les anecdotes personnelles et familiales de l'auteur ?
La crainte était fondée : F-O G ne peut décidément pas s'attarder longtemps sur un sujet autre que sa petite personne. Dommage.
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La lecture de la quatrième de couverture intriguait : comment Franz-Olivier Giesbert allait présenter les premières années de la V éme république ? Une histoire factuelle ou un déroulé ponctué d'opinions personnelles ?
Eh bien, ni vraiment l'un, ni vraiment l'autre.

Si le journaliste a pu rencontrer, voire côtoyer, des dirigeants de premier plan, cela ne s'applique bien entendu pas à la période traitée, qui commence juste avant 1958 et s'achève avec le départ du général De Gaulle en 1969. Giesbert n'était alors qu'un gamin, puis un adolescent. Ses idées politiques lui étaient alors dictées par le contexte familial ; sur les questions algériennes il a d'emblée pris le contre-pied de son père – qu'il détestait pour frapper sa mère –, puis a suivi à fin des années soixante sa mère colleuse d'affiches pour le parti socialiste (ou pour Jean Lecanuet...). Ce qu'a fait ou pensé l'auteur n'est qu'une (très) faible partie de l'ouvrage.
Par contre, le livre est nourri des témoignages croisés de ceux qui ont vécu l'époque, soit au plus haut niveau, soit dans l'entourage du Général de Gaulle. La mise en perspective des actes publics de l'homme de l'appel du 18 juin et de ses pensées intimes, parfois contradictoires en fonction des interlocuteurs, est révélatrice d'un homme qui attendait son heure, alors que les partis de la IV éme République se disputaient les places au gouvernement, tout en étant incapables de proposer une attitude cohérente face à l'inévitable décolonisation.
Il semble acquis que De Gaulle avait, bien avant son arrivée au pouvoir, l'indépendance algérienne comme objectif. Pour différents motifs : historiques, démographiques et religieux. Aussi, quand il se place en recours face aux troubles militaires en Algérie, et qu'il est soutenu par les partisans de l'Algérie Française, il y a d'emblée un malentendu ; malentendu délibérément entretenu par le général, quitte à sacrifier ensuite certains de ses meilleurs soutiens. le de Gaulle qui est appelé à la présidence du Conseil, puis profite des circonstances pour mettre en place une République présidentielle, est un opportuniste politique ou un politique opportuniste, au choix. Il est guidé par ses idées fortes, qu'il met plus ou moins en place avec les premiers gouvernements de la cinquième République. Ceux qui l'ont accompagné et soutenu durant les années de relégation à Colombey ne sont pas les mieux servis de ses fidèles. Il distribue les portefeuilles en fonction des équilibres internes et n'hésite pas aller chercher la compétence parmi ses adversaires quand cela lui semble nécessaire, comme par exemple en nommant Antoine Pinay à l'économie.
Sur la période de la guerre d'Algérie, des hostilités avec l'OAS ou avec le FLN, tous les témoignages cités convergent : à un moment, le général De Gaulle a voulu hâter indépendance, quel qu'en soit le prix. Giesbert rappelle que si l'armée française a pratiqué la torture, notamment lors de la bataille d'Alger, le FLN s'est imposé comme le mouvement algérien le plus violent, pratiquant lui aussi des horreurs sur la population pieds noirs, mais aussi sur les partisans des autres mouvements politiques algériens plus tempérés. le de Gaulle qui veut les accords d'Évian entend mettre fin à ce qu'il considère être une erreur historique. Point. Tant pis si le pouvoir passe là-bas aux dirigeants les moins fréquentables. Tant pis pour la population locale d'origine européenne, ou pour les harkis.
Les chapitres sur les gouvernements successifs du général montrent qu'à la fin, il se refusait à envisager un successeur parmi les siens. Aucun en lui semblait à la hauteur de la tâche. D'où des coups bas, des manipulations des uns contre les autres. de la petite politique qui surprend de la part d'un homme passé à la postérité pour son apport considérable à la France du vingtième siècle.

Plus que récit d'une époque, c'est à une lecture plus personnelle des événements qu'invite Giesbert. Nos grands hommes sont des humains comme les autres, ayant parfois des visions prophétiques de l'avenir (et De Gaulle en a eu pas mal reprises dans ce livre), tout en étant atteints d'une grave myopie sur les conséquences immédiates de leurs actes.
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Je connaissais le journaliste FOG mais savais finalement fort peu de choses de l'écrivain, ayant lu fort peu de choses de lui, en occurrence son pamphlet animaliste L'animal est une personne, et son écoeurant (je dirais presque blasphématoire) roman Rien qu'une bête (j'ai ce travers : je lis fréquemment des livres portant sur des sujets que j'abomine ; manière de sortir de ma zone de confort et d'éviter le biais de confirmation, et possibilité de rédiger des chroniques où mon mauvais esprit peut se donner libre cours. J'avais donc sur l'auteur une opinion mitigée et profondément injuste ; stupide en outre car fondée sur une partie très mineure de son oeuvre.
Donc mea culpa : L'histoire intime de la Cinquième République est un chef d'oeuvre avec lequel Giesbert a fait oeuvre de mémorialiste et d'historien ; son livre est indispensable à qui veut connaître cette époque.
Le premier volume est consacrée naturellement au premier et au plus grand Président de la Cinquième République ;
Pour ceux qui comme moi sont à peu près ses contemporains, , l'ouvrage donne en outre. le plaisir de revivre ces années 1958 – 1969, celles de notre enfance et de notre adolescence.
Si Giesbert admire en gros le personnage, dans les détails il n'en déboulonne pas moins sur plusieurs points la statue du Commandeur et révèle beaucoup de choses sur sa personnalité privée ; sans qu'on puisse parler évidemment de dédoublement de la personnalité, Charles de Gaulle hébergeait en effet en lui ce qu'on pourrait appeler en « psychanalyse de cuisine » un surmoi, personnifié, qu'il appelait « le Général de Gaulle » et dont il parlait à la troisième personne, allant jusqu'à dire parfois qu'il aurait souhait faire telle chose, mais que « le Général de Gaulle » n'aurait pas accepté. Si la personnalité publique a joué un rôle capital et admirable dans l'histoire de notre pays, non toutefois sans une certaine hubris, la personnalité n'était pas exempte de petitesses et de haines recuites dont il poursuivait ceux qu'il pensait lui avoir manqué.
Et les deux personnalités devaient coexister avec un trait généralement ignoré de son caractère, la dépression intermittente dont il souffrait, à l'instar de son ami-ennemi Churchill ; peut-êre d'ailleurs fraudait-il parler plutôt de trouble bi-polaire, les épisodes dépressifs alternant aves d'autres où il débordait de confiance en soi, mais en gardant une totale maîtrise de lui-même, au cours desquels il accomplit de grandes choses. Ces épisodes de dépression le plongeaient dans un profond découragement, qui le mena à plusieurs reprises aux portes de la démission ; ainsi il envisagea de ne pas se représenter à la Présidence en 1965, de démissionner au lendemain de son ballotage au premier tour, et encore de démissionner après sa réélection ; il y pensa encore après les législatives à demi ratée de 1967, et faillit lâcher prise à plusieurs reprises pendant les évènements de 68, alternant envie de tout laisser tomber et velléités répressives ; à la fin du mois, il alla chercher refuge auprès du général Massu, commandant l'Armée d'Allemagne ; on ignore le détail exact de leurs conversations, mais Massu déclara dans ses Mémoires , jamais démenties sur ce point que c'est lui qui le décida à ne pas abandonner, lui garantissant si besoin était le concours de ses divisions blindées.
Enfin le référendum raté de 1969 fut une forme de démission déguisée.
Ce contexte rend peut-être plus admirable le courage, la volonté, la lucidité de cet homme, qui malgré tout réforma la France en profondeur sur les plans constitutionnels, juridiques, économique, a réindustrialisa à coup de planification incitative et de grands projets(sait-on encore que durant ces années, a France connut des taux de croissance annuels supérieurs à dix pour cent?)
Il mit également fin à la Guerre d'Algérie ; pour nécessaire qu'ait été l'indépendance de cette dernière, la fçon dont il s'y prit contient cependant une part d'ombre qui apparaît dans le livre ; son exposé est hélas convaincant, d'autant plus que Giesbert n'a jamais été à quelque titre que ce soit partisan de l'Algérie française, ni issu d'une famille qui l'ait été. Si la volonté de De Gaulle de mettre fin à la guerre dès avant son accession au pouvoir peut être portée à son crédit, il n'en est pas de même des assurances données à plusieurs reprises en sens contraire, de l'intensification de la guerre qui aboutit à une destruction quasi-totale de l'ennemi sur le terrain, pour ensuite traiter dans la précipitation avec le FLN, c'est-à-dire la pire et la plus sanguinaire composante de la rébellion, qu'on laissa au printemps 62, alors que l'amée française, toujours présente sur le terrain, avait l'ordre de rester l'arme au pied dans ses casernes, pratiquer en toute impunité sur les Européens qui n'embarquèrent pas assez vite en direction de la métropole,, et sur les Harkis à qui on refusa cette possibilité, des exactions analogues à celles perpétrées par le Hamas le 7 octobre, mais à une échelle des dizaines de fois plus grandes
Le fait est que,selon Giesbert, De Gaulle manquait totalemet d'empathie.
Il est cependant un point sur lequel Giesbert est gravement injuste envers lui, niant ainsi l'un des plus grands services que le Général ait rendu à la France : au détour d'un paragraphe, il présente comme une absurdité et une forfanterie l'affirmation de De Gaulle selon laquelle la France avait gagné la guerre.
Mais elle l'a bel et bien gagnée ; grâce à l'obstination de De Gaulle, elle a pu participer à la dernière phase des combats et y jouer un rôle non négligeable ; elle a été présente à la signature de l'armistice, a obtenu une zone d'occupation en Allemagne et un siège permanent au Conseil de Sécurité ; elle lui a aussi permis de regagner immédiatement son indépendance après la Guerre, en déjouant avec l'aide de Churchill, mais aussi de Staline) les projets de Roosevelt, qui avait prévu l'instauration en France de l'AMGOT (American Government for occupied territories) qui aurait « coiffé » un gouvernement Pétain maintenu. On pourrait encore le créditer d'avoir évité une possible guerre civile analogue à celle que connut la Grèce.
Cela, Giesbert, dont les sympathies pour les USA sont évidentes, ne le dit pas ; cela dépasse certes le cadre de ce livre, mais mérite d'être rappelé dès lors qu'est écorné le rôle historique de De Gaulle pendant la guerre.
A cette réserve près c'est un livre remarquble
Il y est question de beaucoup d'autres choses, et c'est, je l'ai dit, une mine d'informations sur la période.Ni hagiographie, ni portrait à charge il donne de l'homme et de la période une image finalement équilibrée et exempte autant que faire se peut de parti pris
Magnifique et indispensable.
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Je termine, avec la lecture de ce tome 3, la lecture de la trilogie rédigée par "FOG" à propos de l'histoire politique de la 5ème République.
Sa plume est extrêmement plaisante (le vocabulaire qu'il utilise est un pur bonheur, varié, parfois désuet, mais toujours instructif!) et mêle intimement son histoire personnelle et la grande Histoire, ce qui permet de "donner vie" à cette dernière et de rappeler que l'histoire n'est pas qu'un vieux propos fossilisé figurant dans de poussiéreux manuels scolaires.

Ce fut un REGAL et, à titre personnel, j'ai eu un faible pour le second et le troisième tome, probablement parce que je suis fort peu au fait des événements liés à la guerre d'Algérie et que je ne suis pas certaine d'avoir tout saisi...

Je conseille à tous la lecture de ces livres qui offrent un grand moment de douce nostalgie sur fond de craintes relatives par rapport à l'avenir de cette belle nation française...!
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Le livre "Histoire intime de la Vème République, tome 1: le sursaut" de Franz Olivier Giesbert est une exploration fascinante et méticuleusement détaillée de la politique française. Giesbert, connu pour sa plume incisive et son accès privilégié aux coulisses du pouvoir, se surpasse dans ce premier tome qui s'attache à dépeindre avec finesse et acuité les rouages de la Vème République.

Dès les premières pages, Giesbert capture l'attention du lecteur en plantant le décor de l'après-guerre en France, période tumultueuse et riche en rebondissements politiques. le titre "Le sursaut" est parfaitement choisi, évoquant la réaction de la France face aux défis immenses de l'après-guerre et la naissance de la Vème République sous la houlette de figures emblématiques comme Charles de Gaulle.

L'auteur démontre une maîtrise narrative exceptionnelle, entrelaçant habilement les grands événements politiques avec des anecdotes plus personnelles, ce qui donne vie à l'histoire et humanise les figures politiques souvent perçues comme distantes. Sa capacité à contextualiser chaque événement montre une compréhension profonde de l'impact historique et social de la Vème République sur la France contemporaine.

La recherche exhaustive qui sous-tend l'ouvrage est impressionnante. Giesbert ne se contente pas de raconter les événements, il les analyse avec une perspicacité qui n'est possible que grâce à des années d'expérience et de réflexion sur le sujet. Son écriture est à la fois accessible et riche, permettant à un large éventail de lecteurs de s'engager avec le texte, qu'ils soient néophytes en politique ou experts chevronnés.

Ce volume brille particulièrement par les portraits qu'il dresse des acteurs clés de l'époque. Chaque personnage est traité avec une attention au détail qui révèle non seulement leurs motivations politiques mais aussi leur psychologie et leurs interactions personnelles. Cette humanisation de la politique est l'une des plus grandes forces du livre.

En outre, Giesbert ne tombe jamais dans la simplification ou le manichéisme. Son analyse des événements reste nuancée, reflétant la complexité des situations politiques et des décisions prises. Les succès comme les erreurs des dirigeants sont exposés avec une impartialité qui force le respect et incite à une réflexion plus profonde sur la nature de la gouvernance et du pouvoir.

En conclusion, "Histoire intime de la Vème République, tome 1: le sursaut" est plus qu'un simple livre d'histoire; c'est un travail de mémoire, une réflexion sur l'identité française et un hommage aux acteurs d'une époque déterminante. La prose de Giesbert, à la fois élégante et incisive, fait de ce tome un incontournable pour quiconque s'intéresse à l'histoire contemporaine de la France. Il pose les bases d'une série qui promet d'être aussi instructive qu'envoûtante.
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La Vème République : le sujet a été maintes fois étudié, commenté … Franz-Olivier Giesbert tente une approche personnelle dans un premier tome d'une « Histoire intime de la Ve République » baptisé « le sursaut »... La clarté du propos tient à une synthèse, orientée sur les intentions, les non-dits, les contradictions…, qui paraît réussie . Franz-Olivier Giesbert développe sa démonstration « sur le fil du rasoir » : le sursaut s'incarne dans la personne du général mais l'homme politique associe l'habileté, la ruse, le cynisme... Il arrive au pouvoir sur la duplicité, il s'appuie sur la communauté des français d'Algérie avec la conviction que l'indépendance de la colonie est inévitable. Les relations avec ses soutiens politiques (Michel Debré, Georges Pompidou…) sont abordées dans leur complexité, non exemptes de calculs, l'intime n'est plus loin. La démarche aborde là ses limites, elle offre néanmoins une analyse « crédible ». L'auteur est né en 1956, c'est dire que ses souvenirs sont ceux de sa première jeunesse soumise à l'influence familiale. Ils apportent une valeur d'illustration mais restent secondaires (voire anecdotiques) quant au propos. le statut de l'homme providentiel est révisé, la légende tombe son masque: le général menait une vie privée « élargie » à quelques rencontres féminines…Son implication, possible, dans l'assassinat de l'amiral Darlan, sa complicité avec Jacques Foccart, « Monsieur Afrique », révèlent des combinaisons politiques moins avouables. Franz-Olivier Giesbert souligne l'âge du Général dans les dernières années de son pouvoir pour en marquer les erreurs. Au final, « Histoire intime de la Ve République, le sursaut » est bien documenté, intéressant. Un livre qui ajoute au débat.
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J'aime beaucoup Franz-Olivier Giesbert, son intelligence, son érudition, son indépendance d'esprit, tellement rare de nos jours (on ne la retrouve guère que chez Jean-François Kahn). Alors bien sûr Franz-O a été Mitterrandiste sous Mitterrand, chiraquien sous Chirac puis Sarkoziste sous…Sarkozy. Et puis la lumière est venue et alors il n'aime pas du tout, mais alors pas du tout Emmanuel Macron.
J'ai lu tous ses essais politiques passionnants, même si je voue une tendresse particulière pour Un si grand amour, qui décrit si bien ma façon de vivre…mais bref.

L'âge venant, il décide de se tourner vers son passé en publiant des Mémoires de la Vème République. Il était encore tout gamin, dans une famille très anti De Gaulle (comme la mienne d'ailleurs) et il raconte, grâce aux Mémoires laissés par tous les grognards du Général, le de Gaulle secret.

Il passe finalement les 400 pages du livre autour de deux grands thèmes : d'une part, l'Algérie et d'autre part la réforme des Institutions. On apprend plein de choses, non pas sur l'essentiel. Tout le monde sait depuis longtemps que De Gaulle a trompé son monde et qu'il voulait dès le départ l'Algérie indépendante. Ce qu'on sait moins ce sont les raisons de cette position : son sentiment profond qu'on a rien à faire avec « ces gens-là » et qu'il faut les maintenir dans leur pays pour éviter qu'ils ne viennent en France. Raté, raconte Giesbert, avec parfois quelques relents nauséabonds qui sont très discutables, surtout sous la plume d'un esprit aussi brillant que lui.

Puis il nous décrit un De Gaulle vieillissant et à côté de la plaque, l'âge venu. Il fait passer la fameuse incantation « Vive le Québec libre ! » pour une formule d'un vieillard gâteux…

En résumé, ce livre est intéressant et on partage la plupart des idées qui y sont développées. Cependant, quelques propos de fin de Banquet (du grand oncle à demi aviné en bout de table qu'on laisse pérorer…) auraient pu être évités (ainsi ceux sur « la fin de l'homme blanc » pour n'en prendre qu'un seul), ou alors faire l'objet d'un essai polémique digne de ce nom. Là c'est distillé dans la grande Histoire et ça devient gratuit…
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Cette histoire intime de la Ve république c'est aussi l'histoire intime de FOG, c'est aussi la mienne et comparer nos histoires intimes est un exercice passionnant. Ce premier volet porte sur la période 58-70 mort du général De Gaulle. La guerre d'Algérie et sa fin, la nouvelle constitution, mai 68 le référendum sur la régionalisation.
Je n'y ai pas reconnu mon De Gaulle et c'est bien car j'ai lu un grand Charles dont les propos, les idées le langage repoussent certains "polémistes d'extrême droite", comme ils disent, au pays des bisounours. Un homme d'état qui ne s'occupe pas des désirs des français mais de l'intérêt de son pays. J'avoue que j'aimerais que ce type de personnages politiques reviennent sur la scène ; mais je rêve.
J'ai pu comparer le mai 68 de FOG, à gauche toute avec le mien à droite toute et le fait, c'est très particulier, que nous sommes rejoints en un no man's land politique. Qui l'eut cru ?
J'attends avec impatience les deux autres volets de cette histoire intime. Beau travail FOG !

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Curieux bouquin. Franz-Olivier Giesbert nous livre un survol des débuts de la Ve république, de l'accession au pouvoir du Général de Gaulle en 1958 jusqu'à son départ en 1969. Comme de nombreux ouvrages ont déjà été consacrés à cette période – à commencer par la monumentale Histoire de la république gaullienne de Pierre Viansson-Ponté - Giesbert emprunte des chemins de traverse tortueux afin de faire preuve d'originalité à tout prix. On sent néanmoins qu'il n'est pas très à l'aise avec son sujet : il se triture la plume pour éviter l'hagiographie, mais il finit par donner raison à De Gaulle sur tous les sujets.
Il commence par tenter d'écorner les vertus parfois attribuées au Général, rappelant que celui-ci fut un consommateur de comtesses polonaises avant son mariage, puis alléguant qu'il fut un mari volage. Ainsi lui prête-t-il une liaison en 1940 avec sa secrétaire Elisabeth de Miribel et évoque-t-il de douteuses rumeurs de paternité concernant Pierre Lefranc. Ceci n'est ni convaincant, ni intéressant.
Giesbert intitule son deuxième chapitre « Il a du sang sur les mains ». Ah bon ? Il s'agit de l'assassinat de l'amiral Darlan par Fernand Bonnier de la Chapelle, dont Giesbert prétend qu'il fut commandité par De Gaulle – une théorie parmi d'autres. Darlan était une vieille baderne pétainiste, antisémite et incompétente et personne n'a pleuré sa mort. Son exécution a facilité la réorganisation de l'autorité française en Afrique du Nord et l'entrée de l'armée d'Afrique dans la guerre aux côtés des Alliés. À cette occasion Giesbert se plante dans ses repères chronologiques, affirmant que le conflit de Gaulle-Giraud est antérieur à l'assassinat, alors qu'il lui est largement postérieur.
Après ces débuts tâtonnants, plusieurs chapitres sont évidemment consacrés à l'Algérie. Giesbert évoque interminablement les « mensonges » et la « duplicité » de de Gaulle, critique des détails de son action tout en lui donnant raison sur l'inéluctable indépendance. À cette occasion, il a l'aplomb de rapprocher le Général de François Mitterrand : ceux-ci auraient en commun selon lui « la pratique cynique du pouvoir » dès lors qu'il s'agit « d'oeuvrer pour le bien commun ». Giesbert a-t-il oublié que Mitterrand n'oeuvrait que pour son bien personnel ?
Passée la guerre d'Algérie, le livre se complaît dans une sorte de « langueur monotone » où l'on sent chez l'auteur un intérêt morbide pour les ravages de la vieillesse. Élection présidentielle de 1965, tragi-comédie de mai 68, référendum-suicide, départ et mort. Giesbert ne nous apprend pas grand-chose. Il conclut sur plusieurs pages de nostalgie, constatant que depuis le départ du Général, la France n'est plus gouvernée sur quasiment tous les plans, de l'économie à l'immigration.
Franz-Olivier Giesbert a beaucoup lu sur son sujet, à commencer par Alain Peyrefitte et Jacques Foccart. Il mentionne l'évolution de sa propre histoire familiale et personnelle au cours des années gaulliennes, ce qui n'est pas dénué d'intérêt. Dommage cependant qu'il use parfois de jugements saugrenus et péremptoires, notamment lorsqu'il traite de Gaulle de « pompier pyromane » ou de « politicien d'arrière-cour », ce qui ne le grandit pas ; de même n'est-il pas crédible quand il compare la France à une « république bananière ».
Il est également regrettable que son livre soit entaché de quelques menues erreurs factuelles, notamment sur l'anecdote concernant Tati (à qui le Général déclara « J'aime beaucoup votre neveu »), sur l'origine des « barbouzes » (dont le nom est issu de l'imagination fertile de Lucien Bodard et dont l'action ne dépassa pas trois mois), sur la participation effective de Bastien-Thiry à l'attentat du Petit-Clamart (c'est lui qui donna le signal de l'arrivée de la DS présidentielle) ou sur l'affaire Markovic (jamais les Pompidou ne jouèrent aux cartes avec Alain Delon dans la cuisine des Lazareff).
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Étrange livre…
Le personnage de Charles de Gaulle y apparaît tour à tour génial et opportuniste, inspiré et perdu, calculateur et improvisateur, novateur et dépassé. Mais peut-être était-ce cela, le Général de Gaulle, après tout !
L'analyse de son retour au pouvoir en 1958 est la partie la plus intéressante du livre, plus subtile et fouillée que dans le "monument" de Julian Jackson, ai-je trouvé. Par la suite, je me suis senti souvent gêné par des analyses à l'emporte-pièce, ne parvenant pas à comprendre où Giesbert voulait en venir.
°
Pour autant, si le personnage historique vous passionne, cette lecture ne pourra que compléter votre vision de cette période hors normes de notre Histoire.
°
Note : Quand l'auteur intercale les anecdotes de son histoire personnelle, il m'a paru moins heureux. Art difficile s'il en est !
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