X-men : SWORD - No time to breathe

Ce tome comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2010, écrits par Kieron Gillen, dessinés par Steven Sanders, encrés par Craig Yeung, avec une mise en couleurs de Matt Wilson. Il comprend également une courte histoire (7 pages) dessinée par Jamie McKelvie, en fin du premier épisode.

Abigail Brand (personnage apparu pour la première fois dans Gifted de Josh Whedon) est la responsable de l'organisation S.W.O.R.D. (Sentient World Observation and Response Department), chargé de protéger la Terre des invasions extraterrestres. L'histoire commence alors qu'Henry Peter Gyrich est assis dans le fauteuil de Brand (à bord de la station orbitale The Peak) et qu'il prend connaissance des affaires du jour : une flotte de Drenx souhaite envahir la Caroline du Nord, un réfugié politique demande l'asile, et un individu requiert la protection du SWORD car il est poursuivi par un chasseur de primes. Brand demande à Sydren (son adjoint) de s'occuper de recevoir la délégation des Drenx, pendant qu'elle se charge de recevoir Lothi (son demi-frère) qui est poursuivi par Death's Head (chasseur de primes robotique, créé en 1987 par la branche anglaise de Marvel -Marvel UK-, par Simon Furman et Geoff Senior, voir Death's Head). Sur ces entrefaites, Hank McCoy (Beast des X-Men, et ami de Brand) arrive sur The Peak. Lockheed (le dragon de Kitty Pride) est en train de prendre une cuite à la cantine pour noyer son chagrin après la disparition de sa maîtresse. Avant de partir en mission dans l'espace à la poursuite du vaisseau de Death's Head, Abigail Brand demande de l'aide à un prisonnier de The Peak, dénommé Unit.

Kieron Gillen est un scénariste qui travaille régulièrement pour Marvel (Journey into Mystery, Thor, Young Avengers, Iron Man, Uncanny X-Men) et cette minisérie est l'un de ses premiers travaux pour cet éditeur. Il reprend donc un personnage et un concept créé par Josh Whedon lors de la première saison d'Astonishing X-Men. Gillen écrit une histoire dense, balançant entre aventure à grand spectacle, et humour légèrement moqueur. Dès la première séquence, il apparaît que Peter Henry Gyrich est dépeint comme un arriviste incompétent, un dispositif narratif permettant de déséquilibrer l'organisation SWORD, tournant ce personnage en dérision. Gillen va ainsi se servir de plusieurs personnages pour introduire des éléments perturbateurs à dimension comique : le demi-frère d'Abigail Brand (au nom imprononçable de Lothithanrianiaxus) bon à rien et menteur, Lockheed (dragon doué de conscience au caractère irascible), Hank McCoy (amoureux dépassé par la vivacité d'Abigail, avec des remarques sarcastiques), les Drenx avec leurs exigences déraisonnables, Death's Head en robot très professionnel et très intéressé par ses bénéfices, etc. Il règne donc un humour bon enfant tout au long de cette histoire.

Outre la composante humoristique, Kieron Gillen écrit une vraie aventure, avec combats et superpouvoirs, trahisons, suspense, poursuite dans l'espace, et quelques apparitions rapides d'autres personnages Marvel (tels que les Dark Avengers de Norman Osborn -car l'histoire se déroule pendant le Dark Reign-, ou encore tout un tas d'extraterrestres déportés de la Terre). Les rebondissements imaginés par Gillen restent dans un registre très classique des aventures de superhéros, sans grandes surprises, avec un rythme un peu haché qui ne tire pas le meilleur parti de l'inventivité de l'intrigue. L'idée d'extraterrestres de type termites dotés d'une intelligence collective est bien amenée, mais Gillen n'arrive pas en tirer tout le bénéfice, passant d'une idée à l'autre un peu trop vite.

Malheureusement les dessins présentent un peu les mêmes défauts que le scénario. Sanders adopte un style clair, réaliste de type simplifié. Sa mise en page est très conventionnelle, et ses mises en scène également. Chaque page est facilement lisible, mais le lecteur ressent parfois l'impression de lire des pages à destination d'un public de jeunes adolescents, avec des visuels un peu communs. D'un côté, il sait réaliser des personnages saisissants tels que Death's Head (imposant et impressionnant), de l'autre il n'arrive pas à dessiner des émotions crédibles sur les visages. du coup, les dessins viennent plutôt souligner le rythme irrégulier du récit, au lieu de le fluidifier avec des visuels spectaculaires.

Avec cette histoire, Kieron Gillen introduit un nouveau personnage dans l'univers partagé Marvel : Unit. Il s'agit d'un robot doté d'une intelligence artificielle hors du commun dont l'origine est racontée dans l'épisode 3. Il a été créé par une race extraterrestre pour accomplir une mission peu commune. Gillen arrive à le dépeindre comme un stratège hors pair, à la fois ingénu et machiavélique. Il le réutilisera avec la même dextérité dans 2 séries consécutives des X-Men : Breaking point, puis Uncanny X-Men by Kieron Gillen 2 (à partir de l'épisode 9).

Kieron Gillen et Steven Sanders exposent les actions d'Abigail Brand pendant une journée passée à défendre la Terre contre des extraterrestres et une forme de bureaucratie. Alors qu'ils font preuve d'une réelle inventivité et d'une bonne humeur communicative, l'exécution de leur narration souffre de dessins pas toujours inspirés et de séquences qui ne mettent pas en valeur la saveur des situations et des personnages. Il reste la première apparition d'un personnage exceptionnel : Unit.

Rigolo.
Comédie mettant en scène la défense terrienne contre les invasions extra-terrestres, on aborde aussi les rafles et l'obligation faite aux immigrés de rentrer chez eux. le grand écart est un peu compliqué et c'est bien évidemment la comédie qui prend le dessus.
Il faut dire qu'elle fonctionne plutôt très bien et qu'on s'amuse plutôt beaucoup de voir Brand et Beast courir dans tous les sens, Lockheed être violent* et les situations "diplomatiques" qui partent en sucette.
L'histoire est ancrée dans la période "Dark Avengers" et c'est par elle que sont introduites les rafles. C'est cohérent, rattache la série à l'univers et ajoute le sérieux nécessaire pour ne pas paraître trop vain. Bon, ça n'aura pas spécialement fonctionné puisqu'il n'y aura que ces 5 numéros de produit.
Le dessin est plus que correct même si je ne m'explique pas pourquoi on a la version Quitely de Beast alors qu'il était repassé en mode "normal" depuis Whedon comme le montre la couverture de Cassaday.

*un peu comme Rocket Racoon sans la logorrhée