C'est souvent amusant de lire un essai avec des années de recul, une petite centaine dans le cas présent. Aussi ai-je récupéré ce livre, abandonné par son ancien propriétaire.
Un homme politique français y tentait de rallier ses pairs à ses vues. Selon lui, les monarques ne se préoccupaient jadis nullement d'imposer leur culture à leur conquêts, auxquelles ils ne demandaient que du loyalisme, des impôts et des soldats. Les classes élevées assimilaient la culture du vainqueur par intérêt et arrivisme, tandis que le peuple n'avait rien à dire. Mais l'avènement de la démocratie est venu bouleverser tout ça et il s'avère que le commun des mortel est viscéralement attaché à sa langue maternelle. Pour se rallier les masses qui ont désormais le droit à la parole, on utilise des idées simplistes et c'est ainsi que, passant du terrain culturel au terrain politique, certains font coïncider langue et nation/patrie, dangereuse théorie susceptible de mettre l'Europe à feu et à sang puisque frontières linguistiques et étatiques ne correspondent nulle part sur notre continent. Il ne faudra pas 10 ans pour que l'Histoire lui donne raison sur ce point !
La première moitié du livre est consacrée à l'Alsace. En 1930, la France semblait redouter les autonomistes du cru. J'avoue ne rien savoir de l'Alsace si ce n'est qu'elle a été ballotée entre la France et l'Allemagne au gré des victoires des uns et des autres. Il y a quelques années, cela pétait régulièrement en Corse et quelques échos d'indépendantisme bretons sont arrivés jusqu'à moi, mais rien en provenance du Nord-Est. le déferlement nazi a-t-il brisé à jamais toute velléité en ce sens, la situation s'était-elle calmée avant ou y a-t-il encore eu des soubresauts ? S'il y a des Alsaciens qui me lisent, je serais ravie d'avoir quelques éléments de réponse de leur part.
L'hégémonie anglo-saxon était encore à venir et l'auteur croyait encore à la grandeur inégalable de la France, de sa civilisation, sa langue - à jamais la seconde langue de ceux qui n'avaient pas la chance de l'avoir pour première ! - et il ne se privait pas de le dire. En revanche, il ne pensait que du mal de l'administration française, de sa lourdeur, son centralisme, son anticléricalisme, et appelait de sa part à plus de respect de la diversité et des particularismes régionaux.
La seconde moitié du livre est consacrée à la Flandre, mais il n'y est quasiment pas question de la Flandre française. Il s'agit essentiellement des problèmes politiques belges. Disons que la Belgique est un peu l'exemple à ne pas suivre ! le démantèlement du pays est toujours en cours… Etant belge, je suis évidemment bien plus au courant de ce dont il est question dans cette seconde partie, même si certains rappels historiques sont bien intéressants, surtout pour les Wallons qui les ont moins intégrés que les Flamands. Petite anecdote : En 2006,
Yves Leterme, ministre-président de la région flamande et futur Premier ministre (qui confondait la Brabançonne et la Marseillaise), avait fait sensation en déclarant que les Belges francophones étaient intellectuellement incapables d'apprendre sa langue. Eh bien ! figurez-vous qu'il n'a pas trouvé ça tout seul, eux-mêmes (enfin, certains) le disaient il y a 100 ans.