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3,75

sur 1449 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ah ! Comme ce roman commençait bien ! Transporté complet dans l'univers gelè de cette vallée alpine, alors que des cadavres d'habitants jalonnent la forêt. S'ensuit une chasse à l'homme puis une chasse au loup. Une chasse au roi en quelque sorte. Une chasse au mal.

Construit à partir de pensées de différents personnages et à différentes époques, on sombre peu à peu dans un récit mélancolique, comme une suite de faits des principaux habitants du village et notamment de celui qui, parti après la résolution des affaires, revient s'installer : Langlois.

Alors, évidemment on est ravi de l'écriture et du style de l'auteur, au service d'un écheveau complexe de narrations. qui s'apparente à "Les âmes fortes". On est loin ici du Giono de la Provence et du soleil. On a affaire à un Giono probablement désabusé, désenchanté et qui cherche à montrer la froideur, la noirceur de chacun d'entre nous comme ces arbres tristes de la forêt en hiver.

Bref, un sentiment mitigé à cette lecture.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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En 2022, quand ce fut la San Jordi, fête qui célèbre également le livre et les droits d'auteur, on a demandé à de nombreux auteurs de nous partager leurs 10 livres marquants. J'ai beaucoup entendu parler d'Un roi sans divertissement de Jean Giono. J'avoue, qu'affectionnant beaucoup l'auteur Nicolas Mathieu dont je n'ai encore rien lu, mais dont j'aime beaucoup le regard et sa compréhension sur notre monde actuel dans ses nombreuses interventions et partages, j'ai été sensible à sa liste où à nouveau ce titre était mentionné... Avec ces retours dont le sien, je ne pouvais que me procurer livre... Et comme tout celles et ceux qui ont une bonne Pal, j'ai enfin pris le temps de le découvrir...

Et Ouf! Quel bonheur de retrouver la langue de Jean Giono. Quel bonheur de retrouver ce sud de la France au travers de son style. Cette langue brute et chantante qui ne s'encombre pas d'artifices pour atteindre le subtil de l'imaginaire !

Voilà en effet une histoire pour laquelle j'ai dû un peu la laisser décanter avant de vous revenir... Un temps nécessaire tant l'histoire continue de ce dilater après lecture pour continuer à nourrir votre imaginaire et même à vous donner une certaine part cachée qui ne se donnait pas si facilement... Jean Giono ayant eu à coeur de nous obliger à rechercher à résoudre l'énigmatique qui se donne à voir derrière les mots!

Du côté de la région à proximité de Grenoble, entre Chichiliane, Clelles et Mens, Marie Chazotte,fille du coin qui n'a jamais connu de drame, disparaît. On est en plein hiver, en plein mois de décembre où la neige, les nuages bas, confèrent une atmosphère... Un climat où chacun sait qu'il ne fait pas bon être dehors à certaines heures! Que s'est -il passé ?

Le début d'un fait divers qui va dépasser cette disparition pour venir nourrir chaque question qui naîtra après une découverte qui en cachera une autre, comme une matrioshka qu'on ouvre pour en découvrir une autre... Une alternance de vécus qui ont, à leurs tours, la faculté de nous emmener à un lieu pour se rendre compte que celui - ci n'en était pas là finalité.... Nous desarçonnant par la même occasion... Alors qu'en parallèle, on viendra de plus en plus se focaliser sur le personnage de Langlois... Un être trouble suscitant la curiosité et qui ne se satisfera pas de la dernière matrioshka pour se révéler... Bien au contraire, puisque c'est à partir d'elle que vous allez reconstruire l'histoire...

Un aller retour nécessaire pour donner tout son sens à celle - ci! C'est en effet à partir de là, qu'il vous en sera donné d'en saisir l'ensemble et surtout toute la densité... Une explosion du fond qui continuera de se révéler même après avoir refermé le livre!

Un procédé qui rend cette histoire unique et dont seul un auteur comme Jean Giono, à la langue unique, en a la maîtrise!
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UN ROI SANS DIVERTISSEMENT de JEAN GIONO
Quel bonheur de plonger dans ce roman, s'immerger dans cette langue simple et poétique. le « héros « du livre, c'est Langlois, officier de gendarmerie qui va venir enquêter sur des disparitions, des meurtres dans cette campagne enneigée. Mais on assiste à tout, sauf à une enquête policière, elle est secondaire. Tout est dans l'étude et l'analyse des différents protagonistes de cette campagne isolée. le titre du livre tire d'une citation de Pascal démontre à lui seul qu'on est bien au delà d'un « polar rural »
Pour l'anecdote, le livre n'a pu être publié qu'en 1947, l'union des écrivains français ( contrôlé à l'époque par les communistes) en avait interdit la sortie pour soupçon de collaboration pendant la guerre.
Un auteur à redécouvrir et un merci à l'accro qui a fait un retour sur le hussard sur le toit qui m'a donné le goût de replonge dans Giono.
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Encore une fois me voilà bien loin de mes premiers -à-prioris- avec cet écrivain à multiples facettes !
Certes l'ambiance bucolique reste sa marque de fabrique , une patine qui lui permet de mettre en scène diverses tragédies humaines dont il tirera partie pour "mettre dans l'ombre" ce qu'il veut mieux mettre en lumière , dans le comportement humain au sein de la vaste comédie universelle .
A travers l'enquête policière racontée telle une chronique , Giono nous entraînera dans une belle embuscade : qu'on ne s'y trompe pas , il est rusé notre écrivain ..... à l'image de Langlois , le protagoniste de l'histoire .(Il ne serait pas improbable que Giono ait pu créer ce personnage avec quelques traces d'introspection ) .

Certes,on s'amuse de toutes les malices Gionesques , le verbe est goûteux , délicieux à entendre .....de grandes envolées lyriques à de brusques passages laconiques ...de l'ellipse au grand développement , le roman se caractérise par une capacité à "distraire" le lecteur justement sans jamais laisser place au vide et à 'ennui ....d'ailleurs c'est bien de cela dont nous parle Giono ! le titre parle à lui seul , faisait référence à la pensée Pascalienne ....
On s'attachera à ce personnage énigmatique qu'est Langlois , on cherchera à en percer le mystère , on le suivra dans ces pérégrinations de la chasse à l'homme , à la chasse au loup et autres aventures quelquefois insolites et incompréhensibles , on relira plusieurs fois les différentes réparties des personnages qui l'entourent pour trouver des pistes de solution ....Le bougre , il nous met la barre haute : à nous de nous hisser ....Giono possède un talent inimitable pour jouer avec le lecteur dès lors que celui-ci veuille bien rentrer dans son jeu qui consiste à faire croire qu'il veuille lui faire prendre des vessies pour des lanternes !

Jusqu'où peut mener l'ennui , celui qui se cache dans les couches souterraines de l'âme humaine , celui qui peut mener au plaisir quasi sublimé du crime , dans sa plus belle esthétique liée à l'acte gratuit , celui qui fait courir les hommes depuis la nuit des temps , celui qui conduit à l'absurdité de la guerre et autres atrocités ....
Et ....est -ce cela aussi qui caractériserait l'homme ? Vision bien pessimiste de l'humanité !

Je retrouve dans Un roi sans divertissement une façon d'aborder l'humanité dans toute sa complexité et sa noirceur déjà rencontrée dans "Le grand chemin" ; les procédés stylistiques se ressemblent , les personnages ambivalents et incernables , le grand décor naturel menaçant et sécurisant à la fois ....Mais dans cette oeuvre magistrale ,nous sommes face à une sorte d'aboutissement spectaculaire !
Une lecture qui peut se faire à multiples niveaux avec des réponses sans fins aux questionnements induits dans le discours narratif de Giono :
On en ressort perplexes , destabilisés, mais éblouis par ce coup de maître !
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C'est un roman déroutant, c'est ma première impression après avoir refermé le livre. C'est une première découverte de Giono dont j'avais bien entendu parler de l'univers.
L'histoire commence avec un arbre, passe à l'histoire de disparition et enchaîne pour une bonne part du roman sur le policier Langlois qui investit le village, personnage curieux et inquiétant. On ne sait pas très bien qui il est, ce qu'il cherche et les épisodes le concernant sont assez mystérieux car beaucoup de choses m'ont échappé notamment le passage chez la brodeuse, le fait qu'il veuille se marier subitement et sa manière de régler les affaires policières de manière pour le moins expéditive...
Le rapport au titre ne vient qu'à la fin du roman et laisse le lecteur en réflexion, très intéressant.
Quant au style de l'histoire, c'est vraiment particulier et on n' en attend pas moins d'un grand écrivain. le narrateur semble changer au fil de l'histoire, extérieur à l'histoire puis l'un des personnages avec des interventions dialoguées avec des personnages extérieurs à qui l'on raconte l'histoire. C'est assez changeant et participe au côté déroutant du roman. On sent que l'écrivain est très sensible aux sonorités des phrases, certaines sont vraiment magiques et sublimes.
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Cela commence par une série de meurtres au plus profond de l'hiver, dans un petit village perdu dans les montagnes du Vercors. Cela continue par une chasse au loup et ça se termine par la mort d'un homme un peu trop fasciné par le sang sur la neige.
Cela évoque la beauté obscure de la nature, et la sauvagerie cruelle qu'elle inscrit au fond de nous. de la puissance et des risques de l'ennui.

C'est un roman étrange, puissant, mais un peu trop obscur parfois, lorsque le style s'égare un peu trop en allusions assez peu évidentes à comprendre pour qui n'est pas dans la tête de l'auteur. Certains passages sont superbes, d'autre m'ont laissée assez désagréablement perplexe, un peu comme face à une mauvaise traduction dont le sens s'est perdu en route. L'impression générale n'en reste pas moins une indéniable fascination.

Je serais curieuse de voir le film, pour la beauté du sang sur la neige et la profondeur des gris de brouillard.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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J'apprécie toujours mes lectures de Giono. J'ai commencé celle-ci peu avant de partir en bivouac à coté du mont aiguille. Giono est époustouflant lorsqu'il s'agit de retranscrire la magie des Alpes. C'est une lecture que je recommande à tous les amoureux de nature, d'aventure, de montagne et d'histoire !
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Roman très riche qui donne envie d'être relu dans l'immédiat. Jean Giono nous emmène dans une campagne neigeuse, morne et triste, suivre une histoire qui commence autour d'un arbre, un hêtre magnifique. Les narrateurs se succèdent conférant au roman un rythme bien particulier, inspiré par la narration orale. La première partie du roman nous conte les aventures de M.V. La seconde, construite de manière parallèle nous rapproche de Langlois, un commissaire qui traque un meurtrier, un loup, une femme à marier puis la mort. Car dans ce monde figé, l'ennui peut vous emmener bien loin.
-un roi sans divertissement est un homme plein de misères
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C'est non sans difficulté que j'aborde ce qui paraîtra dans la catégorie ”critique” et que je qualifierai de commentaire comme souvent lorsqu'il s'agit d'oeuvres majeures, et d'auteurs incontestables comme Jean Giono.
Car « Un roi sans divertissement » est une oeuvre majeure, à plusieurs niveaux de lecture, ce qui le rend si difficile d'accès. le thème de ce récit est la descente progressive et inexorable, non pas aux enfers mais aux tréfonds de l'âme d'un homme pour qui la mort est devenu un venin.
Au coeur de la montagne du Dauphiné, les disparitions humaines s'enchaînent sans qu'on soit sûr qu'il s'agisse de crimes… Homme, animal, démon ? Qui en est l'auteur ?
C'est pour enquêter qu'arrive le gendarme Langlois, qui va s'imprégner de la vie de ces montagnards taiseux, vie terne et répétitive, sans loisir, sans répit, sans repos. Au terme d'une investigation plutôt hasardeuse au fil des saisons et surtout des hivers interminables, Langlois mettra la main sur le coupable, un autre montagnard dont le “seul” tort (?) était l'ennui, qui le poussait donc à enlever puis tuer ses victimes…
Plutôt que de livrer l'assassin à la justice qui de toutes manières le condamnera à mort, Langlois l'abat simplement, prétendant qu'il voulait s'enfuir. Une façon sans doute de lui faire payer cette traque exténuante. Fin de l'histoire ? Non, mais une introduction en quelque sorte.
Le capitaine Langlois reviendra quelque temps plus tard, démissionnaire de la gendarmerie mais auréolé d'un nouveau titre : lieutenant de louveterie. Ah, il faut le voir arpenter le village dans son bel uniforme, vouloir ci et ça, fréquenter les bistrots d'un côté, les dames de l'autre. Seulement vivre seul n'est pas une sinécure et l'ennui s'installe… Il lui faudra l'entregent de quelque personne du “sexe”, pour se trouver une femme, dévouée en tout mais pas bien futée pour le divertir. L'ennui gagne… Et malgré toute l'imagination dont il est capable, Langlois n'arrivera jamais à oublier cette mort qu'il a donnée gratuitement, pour le simple plaisir de tuer. le venin de l'ennui, de la mort, s'insinuera au coeur de l'être pour le terrasser un jour, à son corps “non” défendant.
D'où l'expression : un ennui mortel, sans doute !

Ce roman, en différents actes, un peu comme au théâtre, révèle pour ceux qui ne le connaissent pas assez (comme moi) l'immense talent de Giono. Capable de magnifier la nature dans des récits comme « Le Chant du Monde » ou l'humanité avec « Un de Baumugnes », il utilise toutes les ressources du vocabulaire français comme le provençal pour composer les plus belles pages de la littérature du XXe siècle. Ses nombreux écrits inspireront le cinéma, de Marcel Pagnol à Jean-Paul Rappeneau, ou d'autres écrivains dont Pierre Magnan qui lui rendra hommage, mais c'est une véritable gourmandise que de se plonger dans ces lignes où la nature fait plier l'homme, lui donne sans cesse des leçons d'humilité, et c'est non sans malice qu'il fut capable de “portraiturer” ses contemporains, du notable le plus arrogant, au paysan le plus roué !
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Un roi sans divertissement /Jean Giono (1895-1970)
Vers 1843, dans un village isolé du Trièves (Isère), non loin du col de la Croix-Haute, des habitants disparaissent sans laisser de traces, l'hiver, par temps de neige. C'est le cas de Marie Chazottes d'abord, une jeune femme de 22 ans. Puis c'est le tour d'un homme adulte de disparaître sans laisser de traces.
Mandé par quatre émissaires choisis par la population, le capitaine Langlois de la gendarmerie de Clelles mène l'enquête avec une compagnie de 6 gendarmes à cheval. Les recherches restèrent vaines.
C'est Frédéric, plus tard, qui observe depuis sa scierie un curieux manège dans le centenaire hêtre, le plus beau hêtre qu'on ait jamais vu, qui se dresse juste en face de sa scierie. Il aperçoit un inconnu qui descend de l'arbre et s'éloigne furtivement vers la montagne. Frédéric, monté dans l'arbre pour examiner la cache de l'inconnu découvre un cadavre gisant sur des ossements au creux d'une maîtresse branche. le cadavre est celui de Dorothée, jeune fille qu'il avait vue bien vivante quelques minutes avant. Frédéric suit la trace de l'inconnu dans la niege jusqu'au village de Chichiliane et apprend là le nom de l'homme : M.V. !
le capitaine de gendarmerie Langlois, en vacances dans le village pour 3 mois chez une célèbre lorette surnommée Saucisse, tenancière du Café de la Route, est informé de l'évènement par Frédéric et veut tenter une nouvelle fois d'élucider le mystère de ces disparitions. La suite est inattendue…
L'action de ce roman s'étend sur cinq années entre 1843 et 1848 avec le capitaine Langlois D abord à la poursuite d'un tueur, puis après avoir démissionné de la gendarmerie, devenu commandant de louveterie : l'épisode de la chasse au loup est un moment d'anthologie du récit.
Toujours aussi imprévisible et évaporé, Langlois veut s'installer au pays définitivement et prendre femme. Son extravagance se manifestera jusqu'au terme de l'histoire, mais je n'en dis pas plus.
Il faut noter la complexité narrative du récit caractérisée par la multiplicité des narrateurs, une technique originale visant à restituer la tradition orale d'événements anciens, ce qui permet de diversifier les points de vue sur le principal personnage, le mystérieux et fantasque capitaine Langlois.
Ce roman fut publié en 1947, et son titre renvoie à la phrase qui clôt le roman et que Giono emprunte aux pensées de Pascal : « Un roi sans divertissement est un homme plein de misères. » En clair, l'homme pour sortir de son ennui existentiel par le divertissement peut aller jusqu'à la fascination du mal. Et dans le monde figé du grand silence blanc de l'hiver montagnard, cet ennui atteint son paroxysme.
Un roman qui ressemble à une chronique et marque un virage dans l'oeuvre de Giono que l'on a connu très lyrique dans la trilogie de Pan. Ce changement d'orientation fait place à l'ironie et à l'humour et à une écriture plus concise pour mettre en lumière son observation lucide et sans illusions de la nature humaine. D'où la phrase terminale empruntée à Pascal.





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