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3,74

sur 1442 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je connaissais le film de 1963 de François Leterrier, pas encore le livre. Les deux s'avèrent fort différents. le film condense, aussi bien dans la durée que des personnages. Il explique également, un peu trop peut-être, là où le livre laisse tout le champ des possibles ouvert à l'interprétation, et ne fait que distiller des indices.

Un petit village dans la montagne, en hiver. La neige recouvre tout. La vie est comme arrêtée. Chaque jour passe, blanc de neige et semblable au précédent. Jusqu'au jour où une jeune fille disparaît. Pas une trace, rien. Elle s'est comme volatilisée. Quelques jours plus tard, un porc est bizarrement mutilé, un jeune gars manque de se faire tuer par un homme surgi de nul part, aussi vite disparu et dont personne n'a pu voir le visage. La peur s'installe sur le hameau. Un chasseur se prend d'organiser la surveillance, de patrouiller, monter la garde. Vient le printemps. On respire. Mais l'hiver suivant, le chasseur disparaît...

Cette fois, c'est la panique. de Grenoble, le procureur du roi envoie un peloton de gendarme. A leur tête, un dénommé Langlois. Homme de peu de mots et de beaucoup de silence. Mais pour trouver l'assassin, il faut comprendre pourquoi il fait ça. Rentrer dans sa tête. Voir les choses comme il les voit. Et après cela, peut-on les voir comme on les voyait avant ? Pas sûr...

Bien qu'étant son oeuvre la plus connue, je pense de plus en plus que 'La trilogie de Pan' est loin d'être ce que Giono a fait de mieux. de sa plume les mots coulent comme les boisseaux de grains dans les sacs, mais il cherche à saisir son propos comme un forgeron maladroit tâtonnerait dans le feu à la recherche d'un petit morceau de fer. Ici, en quelque phrases qu'il ne dit pas, il réussit à agripper au corps et coucher sur papier ce malaise profond des campagnes, quand le silence, la neige et la solitude recouvraient tout jour après jour...
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La neige, l'hiver, la campagne alpine, l'ennui, des disparitions mystérieuses, des faits qui remontent du temps jadis, de 1843 à 1848, à l'époque de la Monarchie de Juillet, qui signe la fin de la royauté en France. Le tueur mystérieux est débusqué par Frédéric II, propriétaire de la scierie, puis abattu par le capitaine Langlois sans aucune forme de procès. du sang sur la neige, une chasse au loup, des dames élégantes au passé parfois douteux, la fascination pour l'aventure, la traque, la mort.

Un roman à plusieurs voix, sur plusieurs époques, un peu déconcertant, les traces du crime se perdant dans la neige comme la cohérence des personnages, avides de ce divertissement sans lequel l'existence n'a aucune saveur. le risque, la mort violente, le crime, étant préférables à la langueur monotone du confort conjugal. Un lien à travers les temps, la présence d'un arbre qui est l'unique témoin de ces drames.

Un texte énigmatique et à énigmes, une très belle langue qui nous replonge dans une époque pas si lointaine où la nature était encore omniprésente, la neige étendait son poids sur les journées d'hiver et les bougies avaient peine à lutter contre leur obscurité précoce, où les loups rodaient encore aux portes des villages, et les dames brodaient de la dentelle pour nourrir leurs orphelins...

"Qu'on laisse un roi tout seul sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin dans l'esprit, sans compagnies, penser à lui tout à loisir, et l'on verra qu'un roi sans divertissement est un homme plein de misères." avait dit le philosophe Pascal.
Langlois était ce roi.

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Paru en 1948, ce livre ne date pas d'hier.
Et pourtant l'écriture n'a pas vieilli et le charme opère toujours.
Je n'ai pas très bien compris quand ça se passait, certainement début du siècle.
Je n'ai pas très bien compris qui racontait cette histoire, à part quand elle était reprise par un des personnages principaux.
Je n'ai pas très bien compris le comportement de Langlois
Bref, je n'ai pas compris grand-chose, mais je me suis complue dans cette ambiance de villageois mêlés à de bien étranges histoires pas toujours très claires (enfin, pour moi du moins)
Je me suis laissée portée par les mots, par l'atmosphère, par la poésie, par l'imaginaire.....et ce fut bien agréable.
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Après la lecture mitigée du Hussard sur le toit, me voilà réconciliée avec Giono! La lecture de celui-ci n'est pas pourtant pas aisée, comme Faulkner le bonhomme est avare d'éclairages.
C'est qu'on y voit pas très clair dans les ténèbres profondes de l'âme humaine, là où gisent les élans vitaux les plus puissants. Et rien de mieux qu'un village de montagne où la vie est crue et âpre pour exprimer ces élans... ou leur absence.
Beaucoup se joue dans la plume de Giono qui raconte comme au coin du feu et d'un ton presque badin les crimes qui ensanglantent cette communauté retirée. Mais le ton change une fois que l'homme venu régler le problème se retrouve face à l'angoisse existentielle générée par la solution qu'il a mise en oeuvre : au fond de chaque homme, nous dit Giono, gît un instinct de mort si puissant pour les êtres éclairés qu'il écrase tous les autres.
La violence de ce propos, c'est pour moi le formidable personnage de Saucisse qui à la fois l'éclaire et le nuance le mieux, avec sa clairvoyance désabusée de femme qui a tout vécu.
J'ai aimé être dérangée par ce livre.
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Pourquoi j'aime Giono et voudrait le faire aimer.
C'est un parler du quotidien, pas de vocabulaire surfait, prétentieux ou élitiste. Il parle à l'humain, à l'âme en priorité et principalement aux âmes poétiques.
Le langage employé est plutôt populaire voir familier, du genre « péter sec », « pauvre «couillon ».
Le vocabulaire, il n'est pas simple mais typé campagnard. Il utilise parfois des mots tombés en désuétude. Dans l'ensemble n'est pas complexe mais maîtrisé et manié avec art. Les mots sont mariés avec justesse, pour le plus grand plaisir du lecteur.
La description de la nature, C'est là que son lyrisme poétique est le plus intense. Parfois des morceaux de poésie pure. C'est là que le rythme est le plus saccadé, staccato.(p38 un morceau de choix).
Je trouve ses métaphores et analogies succulentes, car constamment il fait appel à des termes inattendus, qui me surprennent, et très souvent me font sourire, du genre "le plus extraordinaire carrelage de rides".
Un style vif et vivant, plein d'entrain et de charme. Des phrases plutôt courtes qui donne un rythme soutenu.
De la façon dont il acoquine les mots il vous les rend sympathique tout comme ses personnages qui sont si attachants car d'une humanité joyeuse qui va à l'essentiel.
L'histoire elle, débute par une énigme et des évènement mystérieux dans une ambiance pesante de village isolé au milieu de paysages lourdement enneigés (un peu à la Shining). Ensuite elle se centre sur le personnage qui à résolu l'énigme, un certain Langlois, qui revient s'installer dans ce village et qui semble changé et devenu mystérieux...
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Quelle étrange histoire ... L'auteur aurait pu cloturer son livre au tiers du roman : Des disparitions, des meurtres, une enquête, découverte de l'assassin et mort de celui-ci. Mais Jean Giono ne s'arrête pas là, il continue l'histoire et nous explique l'Après ... Que se passe t'il dans la tête d'un enquêteur une fois qu'il a abattu le coupable ? C'est là que le titre du livre prend tout son sens ... J'ai beaucoup aimé cette lecture même si j'avoue n'avoir pas tout compris ^^ Un classique à découvrir ou à redécouvrir !
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Procédé peu ordinaire ici. Dans ce roman les narrateurs se succèdent pour conter, chacun à sa manière, chacun de son point de vue, les événements survenus durant les années 1840 dans un canton des flancs du Trièves : une série de meurtres dont l'auteur reste longtemps inconnu, puis une attaque de loup qui sème la peur dans la contrée. Langlois, un capitaine de gendarmerie, sera envoyé sur place et tuera l'assassin de sang froid alors qu'il pouvait le faire prisonnier, et plus tard organisera une chasse au loup et abattra derechef de ses mains l'animal acculé.
Fasciné par le mal, il en viendra à la dernière extrémité : le suicide.
Ce qui est fascinant dans ce roman c'est le talent de Giono, un style ici épuré, direct, purgé de toute boursouflure (au point que l'on a pu parler à ce sujet de « seconde manière ») et puissamment imagé.
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Dans un village isolé, au milieu de la blancheur ouatée hivernale, Marie Chazottes disparaît sans trace. Elle ne sera que la première des disparitions et le début d'un roman étonnant, où plusieurs narrateurs successifs nous content le drame, la peur, puis l'arrivée de Langlois, capitaine de gendarmerie lucide sur les hommes et lui-même, un des personnages les plus intéressants que j'ai croisés depuis un moment, la traque et finalement le cheminement étonnant de Langlois, jusqu'au bout d'une pérégrination qui ne peut que finir violemment.
Superbe, Un roi sans divertissement est parfois un tout petit peu déboussolant. Surtout la dernière partie: je suis sûre et certaine qu'il y a quelques nuances, ou non-dits qui m'ont totalement, mais alors totalement échappés !
Peu importe, ceci dit. Je l'ai déjà dit, c'est superbe, puissant, cruel et à découvrir !
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Jean Giono, je ne connaissais pour ainsi dire que de nom.
Quelle écriture ! Quel écrivain !
J'avais lu Regain quand j'étais adolescente. J'avais aimé, mais trop néophyte dans la lecture pour pouvoir apprécier cette écriture à sa juste valeur.
Du coup, je gardais un bon petit souvenir assez vague.
J'achète Un roi sans divertissement, un peu au hasard...
Je m'attendais à un livre un peu classique à la limite du désuet, mais avec un charme un peu sauvage.
Détrompez-vous, mon zami ! Une écriture que l'on dirait de ce matin.
Cela démarre un peu comme un polar rural, un narrateur raconte des événements que l'on a voulu effacer de la mémoire collective locale. Une série de disparitions, de meurtres... Des détails s'amoncellent... Un arbre, un homme accroupi dans la neige, des gouttes de sang, le vide.
Un témoignage recueilli par ci, des rumeurs par là, un souvenir flou, un sentiment de menace dans ces longs hivers où la neige recouvre tout.
Mais le roman prend rapidement une autre tournure, plus contemplative, plus subtile.
Ceux qui s'attendent à des rebondissements et des détails sordides en seront pour leur frais.
Le gendarme qui a mené l'enquête devient le centre de tous les récits, qui s'orientent petit à petit vers ce gaillard apprécié et insaisissable.
Chacun raconte, répète, dit son ressenti : une image de l'homme se dessine à la façon des impressionnistes.
L'incompréhension des villageois, à travers leurs souvenirs est de plus en plus palpable et cette sensation gagne doucement le lecteur.
On referme le livre, aussi perplexe que tous ces témoins, comme si on nous avait joué un mauvais tour.
J'ai donc lu d'autres critiques de ce roman et je vous conseille vivement de lire celle de Woland qui explique merveilleusement bien l'aspect philosophique du roman.
Un livre énigmatique et d'une subtilité incroyable, qui laisse une impression de désarroi étrange.






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J'avais déjà lu Un roi sans divertissement de Jean Giono, il y a quelques années, sans vraiment réussir à en comprendre toute la portée.
Récemment, j'ai eu l'occasion d'écouter son adaptation en feuilleton radiophonique sur France Culture, ce qui m'a donné envie de le relire.

Au milieu du XIXème siècle, dans un village perdu du Vercors, des personnes disparaissent pendant l'hiver, deux années de suite : une jeune paysanne, puis un braconnier solitaire, un villageois sanguin. En marge, d'étranges évènements se produisent et frappent les imaginations populaires : mutilation d'un cochon, agression d'un villageois, traces de sang sur la neige… le dégel ne rend aucun cadavre
Un capitaine de gendarmerie, Langlois, est appelé en renfort mais son enquête ne donne rien. Il finit par en faire une affaire personnelle, revient passer ses congés et s'installe au café du village tenue par une femme au grand coeur que tout le monde appelle Saucisse à cause de son obésité.
Un nouveau meurtre, avec cadavre, scène de crime et témoin, celui-là.
Un personnage mystérieux : Monsieur V.
Jusque-là, nous suivons une sorte de thriller rural autour d'une enquête policière, puis le roman bascule dans l'étude des tourments intimes du personnage principal, Langlois.
J'ai retenu de beaux portraits de femmes, dont surtout celui de Saucisse, qui voue une belle amitié amoureuse à Langlois, des moments d'humour et d'ironie, d'émotion parfois, mais souvent une certaine absurdité qui a pu me laisser perplexe.

Langlois pose un regard étranger mais pragmatique sur ce qui l'entoure ; il se sent proche de la vérité sans pouvoir la toucher. Il a une manière bien à lui de prendre les choses en main, en marge des règlements. En effet, il décide de faire justice lui-même comme pour épargner au coupable les épreuves d'un procès parce qu'il a compris qu'il est surtout victime de sa condition humaine.
Tout le roman tourne autour du personnage de Langlois, même après la résolution des meurtres et sa démission de la gendarmerie. Sa « dégaine » fascine et intrigue ainsi que sa manière récurrente de traiter les crimes, ceux des hommes comme ceux des bêtes, ses propres pulsions aussi…
Car, dans la deuxième partie du roman, Langlois se sentira à son tour envahi par le désir de meurtre et développera une forme de fascination esthétique pour l'image du sang dans la neige ou les instruments liturgiques, tel l'encensoir. Rendu à la vie civile, il revient sur les lieux des crimes comme Commandant de louvèterie et mène une vie qui aiguise la curiosité des habitants, notamment par ses fréquentations : le procureur du roi, la châtelaine de Saint-Baudille ou encore la brodeuse, veuve de Monsieur V… On débat de la rivalité entre les femmes qui l'entourent, on parle du « bongalove » où il finit par s'installer avec celle qu'il épouse.
Les années passent, les gens vieillissent et évoluent mais continuent à s'interroger sur Langlois, même après sa mort, particulièrement spectaculaire.

L'écriture est alerte et captivante, dépouillée, dans un style plutôt oral ; la narration dépeint avec réalisme toute une ambiance villageoise, un isolement géographique dans une trame de polar rural, puis de vie montagnarde. le schéma narratif est complexe, polyphonique, entrecroisé, donnant la parole à tour de rôle à plusieurs protagonistes : un narrateur principal, des narrateurs secondaires, Saucisse, un groupe d'anciens... L'ensemble est réaliste et très visuel ; les lecteurs peuvent se projeter et s'imaginer partie prenante du récit, témoins directs de certaines des péripéties relatées.
Le thème général du roman porte un message pessimiste sur la nature humaine : tout être humain peut être tenté par le crime, non comme moyen d'obtenir quelque chose, mais pour le divertissement, pour le plaisir de tuer. Langlois cherche à comprendre les hommes, la « marche du monde » ; ainsi, certains passages sont moins captivants que d'autres, plus introspectifs, liés à la personnalité complexe de Langlois, pleins de détails et de digressions.
Ce qui avait commencé comme un polar rural prend peu à peu une tonalité philosophique, ce qui rend la lecture moins évidente, déconcertante. C'était annoncé dans le titre ; Un roi sans divertissement renvoie à une citation des Pensées de Pascal : « qu'on laisse un roi tout seul sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin dans l'esprit, sans compagnies, penser à lui tout à loisir, et l'on verra qu'un roi sans divertissement est un homme plein de misères ». Cependant, le parcours de Langlois n'est pas limpide, car il ne livre pas le fond de sa pensée ; seuls ses actes parlent pour lui où alors la métaphore du labyrinthe. de même, les différents narrateurs relatent des faits et n'en donnent pas vraiment d'interprétations tandis que le JE se perd dans le ON ou dans les NOUS et que la chronologie est souvent bousculée.

Jean Giono a écrit ce livre à un moment de sa carrière où il avait besoin de se renouveler un peu, d'explorer de nouvelles formes narratives, après des déboires éditoriaux et des remises en question personnelles suite à un séjour en prison, condamné pour antimilitarisme et sympathies communistes.
L'essentiel de ce roman a été écrit en quelques semaines à la fin de l'été 1945 ou 1946 (mes sources diffèrent) dans une petite ferme à une vingtaine de kilomètres de Manosque. C'est là que l'auteur a vu le fameux hêtre rouge qu'il a transposé dans son récit. Jean Giono est-il le narrateur principal de ce livre, celui qui englobe tous les récits dans le sien ? Jusqu'à quel point est-il investi dans son récit ?

Un roi sans divertissement demeure pour moi une lecture un peu difficile, parfois même un peu ennuyeuse, mais toujours intéressante : un livre à aborder en ayant à l'esprit l'abondante littérature critique qu'il a suscité.

https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/un-roi-sans-divertissement-de-jean-giono?actId=ebwp0YMB8s0¤££¤13CampaignType25¤££¤9bi¤££¤33De Monsieur V38XXev-swTWi23¤££¤6X5VW98SkIKwMoFh&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=570513#xtor=EPR-2-[LaLettre28022020]


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