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Tombée sous le charme nostalgique de « L'amour est très surestimé », j'attendais beaucoup de ce nouveau roman de Brigitte Giraud.

Sur un thème analogue, Daniel Pennac et son « Journal d'un corps » m'avaient également enthousiasmée.

Ca partait bien tout ça...

A l'instar de son homologue masculin, Brigitte Giraud relate les différentes étapes d'une vie, de femme cette fois, à travers l'évolution et les perceptions de son corps. Pourtant, là où j'avais adoré la gravité désinvolte et la tendresse espiègle de Pennac, je n'ai perçu ici que les observations sèches et amères d'un personnage à la limite de la neurasthénie chronique. Cette façon de nommer systématiquement l'homme de sa vie « le garçon » et son enfant « le bébé » suggère un peu plus encore un détachement morose qui m'a mise mal à l'aise tout au long de ma lecture. Quant à la longue évocation de l'accouchement.... amie future primipare, tu feras bien de zapper allègrement ce passage pour laisser place à tes propres impressions, un peu plus exaltantes on l'espère (j'dis ça, j'dis rien). L'horizon s'éclaircit à la toute fin mais pour le reste c'est un peu Martine au pays de la déprime.

Entendons-nous bien, ce n'est que mon ressenti et ce roman – ou plutôt journal intime – est assurément un ouvrage de qualité. En revanche il ne m'a pas véritablement touchée et, à mon étonnement un peu confus, je me suis très peu retrouvée dans cette narratrice et ses considérations pourtant bien féminines (devrais-je m'en inquiéter docteur...?)

A lire, sans doute, mais au moins sous Prozac à titre préventif.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Avoir un corps, en prendre conscience, savoir l'accepter voire l'aimer, se plier aux dures lois de la nature qui font que celui-ci se transforme, qu'on ne se reconnaît plus parfois. La narratrice nous raconte la trajectoire de ce corps, de son corps d'enfant qui change immanquablement. Enfant étriquée dans ses robes de princesse alors qu'elle ne rêve que d'un simple short, adolescente mal dans sa peau qui apprend bien vite que ne plus manger permet de le maîtriser, jeune fille qui découvre les toutes premières fois avec un jeune homme, qui se dévoile peu à peu, qui laisse les mains de l'autre le caresser et en prendre possession, jeu dangereux parfois lorsqu'on le connaît à peine. Puis vient le temps de l'apprivoisement, de l'acceptation, du garçon qui entre dans sa vie, qui l'accepte entièrement.

D'une écriture élégante, Brigitte Giraud nous livre son histoire, intimement et sans complexe. Ce corps mis à nu, dépouillé, presque analysé lui permettra par petites touches de le ressentir et se rendre compte à quel point le corps et l'esprit sont étroitement liés. Tel un journal intime, elle se livre délicatement, sans voyeurisme, avec un certain recul pour nous faire partager ses craintes passées, ses questionnements et l'apprentissage de ce corps. Avec des mots doux, une écriture raffinée, ce roman permet à tout lecteur de se reconnaître dans cet écrit et de faire son propre bilan quant aux relations qu'il entretient avec son propre corps.

Avoir un corps... et une âme...
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J'avais été intriguée lorsque j'avais entendu parler l'auteure, Brigitte Giraud, de son dernier ouvrage à "La Grande Librairie", émission qui passe tous les jeudi soirs sur France 5, mais cela je pense que vous le savez déjà !
Intriguée, attirée et finalement j'ai bien fait de me laisser tenter car ce livre est une pure merveille.

La narratrice que l'on découvre enfant, adolescente, femme puis enfin mère prend conscience, au fil des pages, et aux différentes étapes de sa vie, ce que c'est que d'avoir un corps. Enveloppe qui abrite un esprit, certes mais c'est aussi bien plus que cela puisque ce corps que nous devons supporter est aussi capable de nous procurer de la jouissance ou, au contraire, de nous faire souffrir !
Ces sensations opposées, la narratrice va les éprouver grâce ou à cause de celui qui va devenir le père se son enfant, enfant qui se prénommera Yoto. C'est important de le préciser car tout au long, de l'ouvrage, le lecteur ignore le prénom de la la protagoniste, tout comme celui de son compagnon qu'elle ne nommera que par cette appellation "Le garçon". Bien que lui aussi devienne homme puis père, il restera malgré tout "Le garçon".

Un roman bouleversant puisqu'il nous fait réfléchir ou à prendre conscience à notre tour, non pas que nous avons un corps (cela, je pense que nous le savons tous et toutes) mais quels moments marquants de notre vie peuvent avoir une grande influence sur notre enveloppe corporelle et pourquoi !
Un roman extrêmement bien écrit, qui se lit très rapidement grâce à des paragraphes courts et rempli de pensées sur la vie, la mort mais aussi l'amour. L'amour des autres mais aussi l'amour de soi ; apprendre à s'accepter tel que l'on est : voilà l'une des plus grandes forces de ce livre ! A découvrir !
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Naître fille, grandir, découvrir les obligations imposées par la féminité quand on a envie d'être libre, d'être juste un corps, devenir une femme puis une mère… Dans « Avoir un corps », Brigitte Giraud raconte étape par étape l'évolution d'un corps de femme, ses différents passages, pas toujours obligés (l'avortement), mais toujours délicats à gérer. Qu'est-ce que c'est que d'avoir un corps ? Comment l'habiter ?

D'une écriture délicate et précise, Brigitte Giraud détaille toutes ces expériences, ces évolutions d'un corps, du point de vue de ce corps et donc d'un point de vue forcément extérieur, où les sentiments et le psychique ne sont pas réellement de mise, pas souvent convoqués. Il en résulte un roman certes intéressant, mais que j'ai trouvé extrêmement froid et qui n'échappe pas à l'effet de liste (le bébé devient petite fille, puis adolescente, puis femme, etc.). Je n'ai pas réussi à m'attacher au personnage principal de ce fait, et même si j'ai apprécié ce roman, souvent très juste (notamment le passage où la jeune femme refuse d'envisager d'avoir un enfant, puis change d'avis ; les pages sur la maternité, cette découverte d'un autre corps issu du sien, pour les vivre, m'ont semblé très exactes), je n'ai pu occulter l'impression de lire plus un essai de style (l'ouvrage a d'ailleurs été écrit en vue d'une "lecture dansée") qu'une véritable intention de raconter une histoire.
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Parcourir Avoir un corps, c'est retrouver le journal intime que vous aviez rédigé dans votre enfance, caché sous un télécran et une pile de Fripounet et Marizette. Un flux continu d'émotions, de sensations oubliées mais combien familières, avec quelques touches de contextuelles qui datent le propos et ravivent autant de souvenirs. C'est un peu le pendant du Journal d'un corps de Daniel Pennac,version féminine. Avec un parti pris de simplicité, de sincérité pour nous livrer ses états d'âme, amours, deuils, désir, angoisses.....

L'auteur nous promène sur une quarantaine d'années, de la petite enfance jusqu'à la maturité alors qu'une visite chez le coiffeur révèle la pente savonneuse de la deuxième moitié de la vie :

"Je ne suis qu'à la moitié de mon existence, j'ai encore une vie qui m'attend. Je le comprends ce jour-là chez le coiffeur. Une vie avec des cheveux blancs".

La tendance n'est pas cependant à la mélancolie. C'est plutôt un constat, sans apitoiement, presque détaché comme si l'auteur assistait en spectatrice au film de sa vie.
Et pour le lecteur une totale identification tant le récit met en scène un vécu suffisamment conformé aux références d'une époque.

Un regret : trop court. La fin m'a fauchée en plein élan, d'autant que le numérique supprime le repère de l'épaisseur restante d'un livre...

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Une existence racontée essentiellement en rapport avec le corps et ses transformations. Depuis l'enfance jusqu'à la quarantaine ;
Je n'ai pas beaucoup aimé l'emploi du « je » quasiment en début de chaque phrase, puis du « nous » quand elle est en couple. Pas plus que sa façon d'appeler son compagnon « le garçon ». On ne saura jamais leurs noms.
Il en résulte une impression de manque de construction et fait penser à une énumération, une froide constatation d'une vie qui s'écoule. le sentiment qu'elle est plus spectatrice de son corps qu'actrice de sa vie.
En arrivant à la deuxième moitié du livre, c'est la scène de l'accouchement, qui, par contre est très bien racontée, de même que l‘émerveillement et la croissance de l'enfant.
Donc, pas très enthousiaste au début, j'ai parfaitement apprécié la suite, où l'on sent la narratrice beaucoup plus impliquée et où l'histoire prend une consistance.
Et au final, je serais tentée de dire que c'est un bon livre.
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Même si j'ai donc quelques réserves à formuler sur son précédent roman, il y a une chose qu'on ne peut que louer chez cette romancière, c'est sa capacité à se renouveler, et sur la forme et sur le fond, et à tenter des projets pour le moins audacieux et aventureux sur le papier.

Témoin sa dernière oeuvre en date, "Avoir un corps", qui est sortie pour cette rentrée littéraire 2013 et qui n'est ni vraiment un essai, ni vraiment un roman, mais un récit né de rencontres avec la chorégraphe Bernadette Gaillard un récit vu le prisme de l'évolution d'un corps de femmes, sur une vie de sa naissance jusqu'à maintenant ( lorsqu'elle a la quarantaine, après une maternité)

Les rapports que l'on entretient avec son enveloppe charnelle, Brigitte Giraud nous en parle dans son touchant dernier livre autobiographique, puisqu'elle part de sa propre histoire qui arrive à devenir universel, grâce à l'écriture de Giraud, sensible et sèche à la fois.

La belle idée de départ est ici exploitée de bien belle façon, et jusqu'au bout du récit.

La romancière lyonnaise arrive à nous narrer toute une vie de femme (un peu comme le faisait d'une autre façon, Sylvie germain, dans son dernier roman) sauf que là, la vie de cette femme est aussi celle de l'auteur et qu'on reste sous la sphère de l'intime, et jamais de l'extérieur. Par le biais de courts paragraphes décrivant toutes les sensations diverses que traverse le corps au fil du temps, on vit à travers cette femme qui va traverser des épreuves, et à chaque fois les traduire par des émotions corporelles.

" Avoir un corps" nous raconte donc une enfance, la naissance du frère, les jeux, les premiers cycles menstruels, les premiers émois amoureux, et l'envie d'enfanter contre lequel on lutte d'abord puis se soumet plus ou moins délibèrement. Rarement on nous avait montré ce que c'était d'avoir un corps d'enfant, qui se mue progressivement pour devenir celui d'une femme puis d'une mère, en gardant toujours la conscience des différentes transformations de celui ci.

Un projet littéraire original et parfaitement maitrisé qui démontre que ma seconde rencontre d'afilée avec l'univers de Brigitte Giraud m'a plus convaincu que la prémière..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Avoir un corps ou la vie d'une femme à travers différentes étapes qui façonnent, forgent, modifient le corps. Il y a tout d'abord l'enfance et la prise de conscience de ce corps à travers des jeux, l'éducation des parents et sa place dans la famille. A treize ans alors qu'elle se prépare un sandwich, sa mère lui dit qu'elle espère qu'elle ne va pas manger tout ça. « Cette phrase de ma mère, sa mise en garde brutale me signifie que je peux décider, maîtriser cette matière-là. C'est le jour où mon corps existe, il m'appartient. C'est le commencement du tourment, puisque, désormais, je vais y penser ». La graine est semée et la narratrice se trouve donc forcément pas assez mince. Corps restreint en nourriture et fini de sa passion la gymnastique, la volonté s'impose, écrasante et avec elle la joie de régner sur ce corps. Puis l'adolescence et le corps qui se métamorphose, se féminise avec des courbes et des arrondis. Plaisir de séduire et les premiers émois amoureux qui font vibrer. La fille et le garçon se voient en cachette, ivresse des sens et des interdits repoussés plus loin. Mais ce sont aussi les cours de biologie où les élèves regardent leurs pieds quand il est question des relations sexuelles entre homme et femme. Sujet mal connu, flou, incertain. Puis, l'entrée dans la vie active, s'installer en couple « et c'est la vie domestique qui se tisse à la vie amoureuse », partager le même espace à deux et les tâches. le travail qui fait du corps un automate : gestes répétés des centaines de fois dans la journée. Choisir de devenir mère avec à nouveau un changement du corps, l'amour pour cet enfant et des responsabilités. Les premiers pincements au coeur quand elle laisse Yoto pour aller travailler. Puis sans prévenir le deuil qui fauche une vie trop tôt, inhibe tout. Des gestes de survie pour s'occuper de Yoto mais le corps semble sec, aride. Il lui faut réapprendre et ce sont autant de premières fois.

Il ne faut pas réduire ce livre à un livre sur le corps des femmes car il y a bien plus !
Avec sensibilité, et dans une écriture très sensorielle, sans jamais être grave et avec de l'humour, Brigitte Giraud décrit les liens entre le corps et l'esprit, ces attaches mystérieuses entre ces deux entités ou quelquefois l'un n'obéit pas. Car le corps se rebelle, se révolte ou puise dans sa mémoire.

Un magnifique livre ancré dans l'histoire (je fais partie de cette génération qui enfant n'a pas connu le ceintures de sécurité mais la fumée des paquets de cigarette entiers aux repas de famille ou dans la voiture), roman intime mais tout à la fois social.


la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2013/08/brigitte-giraud-avoir-un-corps.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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« Au commencement je ne sais pas que j'ai un corps. Que mon corps et moi on ne se quittera jamais. Je ne sais pas que je suis une fille et je ne vois pas le rapport entre les deux. »

Au début, on ne se rend compte de rien, et peu à peu tout se bouscule, le corps change. C'est un bouleversement intime. Un contour flou qui se forme, des hanches qui se dessinent. C'est se découvrir petite fille, puis adolescente. C'est devenir femme et être conditionnée à plaire, avec nos doutes et nos humiliations. C'est un reflet de société qui nous apprend à cadrer dans un modèle de séduction, l'importance d'une image de féminité qu'on cherche à nous faire croire, un corps rond qu'on nous enseigne à appréhender….

Les époques changent, adieu les rondeurs et bonjour la minceur (maigreur ?). Attention aux bourrelets ! Ne mangez pas trop de crème glacée ! Vous avez vu ses fesses ? Oui, on les a vu, elle ne sait pas encore qu'elle est unique et que la beauté se dessine sur les contours du coeur. Avoir un corps, c'est réaliser que les hommes et les femmes ne sont pas assujettis aux mêmes règles. C'est un cri d'injustice auquel j'ai envie de répondre, bouffez-en des desserts, vous serez encore plus belles !

« Ça commence avec une parole de ma mère. Désignant le sandwich que je viens de me confectionner avec une épaisse couche de beurre, elle espère que je ne vais pas « manger tout ça ». Comme je la toise du haut de mes treize ans, elle ajoute que je vais prendre des formes. Je comprends et puis je doute, et pour la première fois, je regarde mon corps comme un objet sur lequel je peux agir. »

Le corps c'est prendre des formes et ne pas trop savoir si on doit s'en réjouir ou non…

« Ma mère me confectionne un manteau. le tissu ne me plaît pas, marron à gros carreaux. Elle prend une nouvelle fois les mesures, prétextant que j'ai grandi. Elle pousse toujours un cri quand elle en vient aux épaules et m'accuse d'être trop carrée. Je ne sais pas ce qu'il faut comprendre par carrée. J'entends dire que ma cousine Pauline est ronde. Je me demande s'il vaut mieux être ronde ou carrée, j'espère que cela n'est pas grave. »

Ce superbe roman de Brigitte Giraud est écrit avec une pudeur et une délicatesse incroyable, sans toutefois ménager les mots. Elle y va d'un style incisif et franc pour rendre compte du voyage d'une femme à travers son enfance, son adolescence, sa vie de femme et de mère. Elle nous fait prendre conscience de nos propres tabous, du chemin que nous empruntons dans ce corps qui nous appartient.

Le corps …

… c'est un vêtement sur la peau, la fragilité de la nudité. C'est celui de l'autre que l'on découvre, différent du sien. L'acceptation d'une peau inconnue qui touche la sienne. C'est une confirmation qu'on est vivant. le manque physique quand l'autre n'est pas là, une envie de plaire, un corps qui respire. C'est faire l'amour et ressentir du plaisir. C'est une suite d'émotions enfouies à l'intérieur de soi, tantôt douces, tantôt fragiles, mais aussi excessives, fougueuses. Un apprivoisement de soi. C'est la sensation du chaud et du froid. D'un glaçon sur la peau, un frisson des sens. C'est le jeu des enfants qui jouent au docteur. Mais c'est parfois aussi un corps que l'on viole, maltraite. Une violence. Un chagrin dont le corps se souvient. La capacité de donner la vie, un corps dans son corps. C'est aussi un avortement, un vieillissement, un corps malade. C'est le corps qui nous habite tous…

« Je me demande à quoi tient le désir, pourquoi le corps tressaille, pourquoi le ventre se creuse quand l'autre apparaît. À quoi tient cette fascination, cette façon de changer chaque détail du corps de l'autre, chacune de ses paroles, chacune de ses attitudes en une exception ? Pourquoi tout en l'autre est événement, étonnement ? La voix surtout, le grain unique, la façon de composer les phrases, les intonations, les silences, les sous-entendus. Pourquoi, une fois que l'amour aura passé, s'il passe, les mêmes gestes, la même démarche deviendront invisibles voire insupportables ? »

Avoir un corps, s'en soucier, se réjouir de manger un mille-feuille double crème pâtissière, triple chantilly et extra glaçage.

Parce qu'on ne passera pas notre vie à être à trois kilos du bonheur...

Merci ma gentille NADAEL de m'avoir fait découvrir ce superbe roman! Je me suis régalée autant que d'une pointe de gâteau…

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Avoir un corps. Et prendre conscience de son poids, au fil du temps qui passe. S'en étonner, le considérer comme un fardeau, en avoir honte, se réconcilier, enfin, avec lui. Quarante ans de la vie d'une enfant, d'une fille, d'une adolescente, d'une femme, d'une mère. Pendant féminin du Journal d'un corps de Daniel Pennac, Avoir un corps de Brigitte Giraud donne l'impression de feuilleter un journal intime. Mais sans voyeurisme aucun, le style de l'auteure, riche en verbes d'action, s'il ne bride pas l'émotion, la contient et lui donne au fil des pages une densité qui doit beaucoup à une extrême lucidité et acuité des sentiments. Car tout est là, dans ce difficile compromis à trouver entre la tête et le corps, un travail de chaque jour sans cesse remis en question par les événements et accidents de la vie. Avoir un corps est comme un film en accéléré dont les séquences s'enchaînent sans relâche. La linéarité est dans un premier temps gênante d'autant que Brigitte Giraud se garde bien de s'arrêter trop longuement sur des moments clés de l'adolescence. Ce sont les corps des autres, leur délabrement ou leur absence définitive, qui donnent au texte une plus grande densité. A partir de sa deuxième partie, il est impossible de lâcher le récit. Il a enfin pris corps et nous parle directement, que l'on soit lecteur ou lectrice. de ce qui n'aurait pu être qu'un exercice de style avec ses douleurs et ses épiphanies attendues (des premières règles à l'enfantement), Brigitte Giraud réussit à faire un roman qui se lit d'une traite.
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