AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,64

sur 169 notes
5
9 avis
4
22 avis
3
12 avis
2
4 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avoir un corps, en prendre conscience, savoir l'accepter voire l'aimer, se plier aux dures lois de la nature qui font que celui-ci se transforme, qu'on ne se reconnaît plus parfois. La narratrice nous raconte la trajectoire de ce corps, de son corps d'enfant qui change immanquablement. Enfant étriquée dans ses robes de princesse alors qu'elle ne rêve que d'un simple short, adolescente mal dans sa peau qui apprend bien vite que ne plus manger permet de le maîtriser, jeune fille qui découvre les toutes premières fois avec un jeune homme, qui se dévoile peu à peu, qui laisse les mains de l'autre le caresser et en prendre possession, jeu dangereux parfois lorsqu'on le connaît à peine. Puis vient le temps de l'apprivoisement, de l'acceptation, du garçon qui entre dans sa vie, qui l'accepte entièrement.

D'une écriture élégante, Brigitte Giraud nous livre son histoire, intimement et sans complexe. Ce corps mis à nu, dépouillé, presque analysé lui permettra par petites touches de le ressentir et se rendre compte à quel point le corps et l'esprit sont étroitement liés. Tel un journal intime, elle se livre délicatement, sans voyeurisme, avec un certain recul pour nous faire partager ses craintes passées, ses questionnements et l'apprentissage de ce corps. Avec des mots doux, une écriture raffinée, ce roman permet à tout lecteur de se reconnaître dans cet écrit et de faire son propre bilan quant aux relations qu'il entretient avec son propre corps.

Avoir un corps... et une âme...
Commenter  J’apprécie          540
Parcourir Avoir un corps, c'est retrouver le journal intime que vous aviez rédigé dans votre enfance, caché sous un télécran et une pile de Fripounet et Marizette. Un flux continu d'émotions, de sensations oubliées mais combien familières, avec quelques touches de contextuelles qui datent le propos et ravivent autant de souvenirs. C'est un peu le pendant du Journal d'un corps de Daniel Pennac,version féminine. Avec un parti pris de simplicité, de sincérité pour nous livrer ses états d'âme, amours, deuils, désir, angoisses.....

L'auteur nous promène sur une quarantaine d'années, de la petite enfance jusqu'à la maturité alors qu'une visite chez le coiffeur révèle la pente savonneuse de la deuxième moitié de la vie :

"Je ne suis qu'à la moitié de mon existence, j'ai encore une vie qui m'attend. Je le comprends ce jour-là chez le coiffeur. Une vie avec des cheveux blancs".

La tendance n'est pas cependant à la mélancolie. C'est plutôt un constat, sans apitoiement, presque détaché comme si l'auteur assistait en spectatrice au film de sa vie.
Et pour le lecteur une totale identification tant le récit met en scène un vécu suffisamment conformé aux références d'une époque.

Un regret : trop court. La fin m'a fauchée en plein élan, d'autant que le numérique supprime le repère de l'épaisseur restante d'un livre...

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          285
« Au commencement je ne sais pas que j'ai un corps. Que mon corps et moi on ne se quittera jamais. Je ne sais pas que je suis une fille et je ne vois pas le rapport entre les deux. »

Au début, on ne se rend compte de rien, et peu à peu tout se bouscule, le corps change. C'est un bouleversement intime. Un contour flou qui se forme, des hanches qui se dessinent. C'est se découvrir petite fille, puis adolescente. C'est devenir femme et être conditionnée à plaire, avec nos doutes et nos humiliations. C'est un reflet de société qui nous apprend à cadrer dans un modèle de séduction, l'importance d'une image de féminité qu'on cherche à nous faire croire, un corps rond qu'on nous enseigne à appréhender….

Les époques changent, adieu les rondeurs et bonjour la minceur (maigreur ?). Attention aux bourrelets ! Ne mangez pas trop de crème glacée ! Vous avez vu ses fesses ? Oui, on les a vu, elle ne sait pas encore qu'elle est unique et que la beauté se dessine sur les contours du coeur. Avoir un corps, c'est réaliser que les hommes et les femmes ne sont pas assujettis aux mêmes règles. C'est un cri d'injustice auquel j'ai envie de répondre, bouffez-en des desserts, vous serez encore plus belles !

« Ça commence avec une parole de ma mère. Désignant le sandwich que je viens de me confectionner avec une épaisse couche de beurre, elle espère que je ne vais pas « manger tout ça ». Comme je la toise du haut de mes treize ans, elle ajoute que je vais prendre des formes. Je comprends et puis je doute, et pour la première fois, je regarde mon corps comme un objet sur lequel je peux agir. »

Le corps c'est prendre des formes et ne pas trop savoir si on doit s'en réjouir ou non…

« Ma mère me confectionne un manteau. le tissu ne me plaît pas, marron à gros carreaux. Elle prend une nouvelle fois les mesures, prétextant que j'ai grandi. Elle pousse toujours un cri quand elle en vient aux épaules et m'accuse d'être trop carrée. Je ne sais pas ce qu'il faut comprendre par carrée. J'entends dire que ma cousine Pauline est ronde. Je me demande s'il vaut mieux être ronde ou carrée, j'espère que cela n'est pas grave. »

Ce superbe roman de Brigitte Giraud est écrit avec une pudeur et une délicatesse incroyable, sans toutefois ménager les mots. Elle y va d'un style incisif et franc pour rendre compte du voyage d'une femme à travers son enfance, son adolescence, sa vie de femme et de mère. Elle nous fait prendre conscience de nos propres tabous, du chemin que nous empruntons dans ce corps qui nous appartient.

Le corps …

… c'est un vêtement sur la peau, la fragilité de la nudité. C'est celui de l'autre que l'on découvre, différent du sien. L'acceptation d'une peau inconnue qui touche la sienne. C'est une confirmation qu'on est vivant. le manque physique quand l'autre n'est pas là, une envie de plaire, un corps qui respire. C'est faire l'amour et ressentir du plaisir. C'est une suite d'émotions enfouies à l'intérieur de soi, tantôt douces, tantôt fragiles, mais aussi excessives, fougueuses. Un apprivoisement de soi. C'est la sensation du chaud et du froid. D'un glaçon sur la peau, un frisson des sens. C'est le jeu des enfants qui jouent au docteur. Mais c'est parfois aussi un corps que l'on viole, maltraite. Une violence. Un chagrin dont le corps se souvient. La capacité de donner la vie, un corps dans son corps. C'est aussi un avortement, un vieillissement, un corps malade. C'est le corps qui nous habite tous…

« Je me demande à quoi tient le désir, pourquoi le corps tressaille, pourquoi le ventre se creuse quand l'autre apparaît. À quoi tient cette fascination, cette façon de changer chaque détail du corps de l'autre, chacune de ses paroles, chacune de ses attitudes en une exception ? Pourquoi tout en l'autre est événement, étonnement ? La voix surtout, le grain unique, la façon de composer les phrases, les intonations, les silences, les sous-entendus. Pourquoi, une fois que l'amour aura passé, s'il passe, les mêmes gestes, la même démarche deviendront invisibles voire insupportables ? »

Avoir un corps, s'en soucier, se réjouir de manger un mille-feuille double crème pâtissière, triple chantilly et extra glaçage.

Parce qu'on ne passera pas notre vie à être à trois kilos du bonheur...

Merci ma gentille NADAEL de m'avoir fait découvrir ce superbe roman! Je me suis régalée autant que d'une pointe de gâteau…

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
Commenter  J’apprécie          90
J'avais été séduite par la démarche de Pennac dans « journal d'un corps » et intéressée d'approcher sous cet angle un corps d'homme. La démarche de Brigitte GIRAUD dans ce roman sûrement fortement teinté d'auto biographie m'a touchée de façon plus intime puisque le corps en question est un corps de petite-fille , puis d'adolescente, puis de femme.
L'auteure décrit remarquablement le chemin parcouru pour se reconnaître dans ce corps, et elle nous fait traverser avec elle les étapes fondamentales de sa transformation. D'abord la découverte qu'il existe, puis le pouvoir que l'esprit et la volonté peuvent exercer sur lui, puis l'étrange moment de la puberté, la découverte du plaisir sexuel, la grossesse qui vous tombe dessus et l'avortement qui s'en suit, le corps au travail, le corps qui jouit et qui teste certains excès, le corps qui séduit, le corps en danger, le corps habité lorsque le moment de l'enfantement choisi est venu, le corps déconnecté face au deuil brutal et impensable, le réveil du corps qui se remet à sentir, tout doucement.
Le livre se compose de courts paragraphes, la langue est simple et riche à la fois pour dire toutes ces sensations, toute cette mémoire incrustée.
Reste sans doute à écrire le vieillissement du corps car le livre s'arrête aux premiers cheveux blancs de l'auteure.
Un très beau travail qui donne envie de s'intéresser de manière plus respectueuse à notre corps sans lequel nous n'existerions pas et à ce qu'il nous dit de ce que nous sommes.


Commenter  J’apprécie          80
Sans doute son livre (roman ? Récit ? essai ? ) le plus personnel. Brigitte Giraud raconte sa vie à travers le prisme de son corps. de l'enfance à la cinquantaine : les maladies infantiles, les modifications hormonales pendant l'adolescence, la découverte de la sensualité, la grossesse, la tristesse....Une écriture très précise mais en même temps de la pudeur et une certaine distance. Très touchant, très beau. Un peu le pendant du "Journal d'un corps" de Pennac au féminin. Cet auteur est toujours capable de se diversifier, elle a aussi écrit un très beau recueil de nouvelles "l'amour est très surestimé" il y a quelques années.
Commenter  J’apprécie          50
J'ai lu ce roman de Brigitte Giraud en fin d'année, à un moment où je peinais à écrire mes billets, je n'ai donc rien écrit à ce sujet. Ce huit mars, journée de la femme, je suis dit que ce serait tout de même bien de mettre à l'honneur "Avoir un corps" car c'est un livre écrit par une femme et qui évoque bien un aspect de la féminité, celui qui concerne le corps. Ce sera un billet succinct.
Après Daniel Pennac et son "Journal d'un corps" (que je n'ai toujours pas lu alors que je l'ai dans ma Pile A Lire), Brigitte nous offre une géographie du corps féminin, de l'enfance à l'âge adulte. Il manque la maturité et la vieillesse (c'est un peu dommage mais cela s'explique, ce livre est d'inspiration autobiographique et l'auteure a une cinquantaine d'années).
Après l'enfance, marquée entre autres par la prise de conscience de ce que la société attend d'une fille, il est question de l'adolescence avec l'étape cruciale d la découverte du corps de l'autre et l'interaction entre deux corps, puis arrive la maternité et le monde travail, qui tous deux marquent pour la narratrice l'entrée dans le monde des adultes. La narratrice connaît ensuite un deuil, la mort du "garçon", son compagnon. C'est alors le manque cruel du corps de l'autre et la prise de conscience qu'un corps n'est qu'une enveloppe charnelle.
Née à la même époque que la narratrice, j'ai retrouvé dans ce roman des souvenirs et sensations oubliées. Je ne suis pas surprise que Brigitte Giraud ait écrit ce livre à la cinquantaine, l'âge où les femmes réalisent plus que jamais qu'elles ont un corps et qu'il change au fil du temps. J'aimerais une suite à ce livre, la vie ne se termine pas à cinquante ans...
Lien : http://www.sylire.com/articl..
Commenter  J’apprécie          40
Et si notre corps pouvait prendre la parole, si nous lui laissions la place pour s'exprimer, un peu, beaucoup, toute une vie. Voici un roman qui m'a totalement surprise par sa forme et qui m'a pourtant totalement enchanté.
Découvrir la vie d'une femme par son corps et c'est fou comme chaque petite chose de notre quotidien à une conséquence sur notre corps et inversement notre corps aura un impact sur notre vie car à chaque moment de la vie il change, se déforme, s'enrichit de quelques marques ou quelques passages de la vie. Ce corps que nous détestons et que parfois nous avons du mal à comprendre. Ce que corps qui parfois nous impose un rythme et une vision de la vie. Un corps parfois tabou, parfois trop expressif.
Aucun dialogue dans ce roman et des paragraphes courts et pourtant ce roman rebondi à chaque instant, ne laissant aucun temps mort dans cette lecture très fluide.
J'ai totalement adoré ce roman que je conseille vivement.

Béné
Commenter  J’apprécie          40
Je l'avais pris un peu au hasard sans réellement savoir à quoi m'attendre et puis je peux dire que je l'ai quasi lu d'une seule traite.
L'écriture y est superbe et au-delà de ça je suis admirative du texte. C'est bizarre mais vivant avec son corps tous les jours on ne se rend plus compte de son importance et de ce qu'il ressent. Nous avons toujours l'impression que nous ne sommes plus qu'un cerveau que c'est lui seul qui fait de nous ce que nous sommes, le seul être pensant. Mais le corps prend dans ce roman une ampleur incroyable.
C'est un état des lieux sensibles de la vie d'un corps et c'est fou tout ce qu'il vit et ressent à chaque moment de sa vie. Je me suis sentie d'autant plus proche de ce roman que la narratrice est une femme. Celle-ci prend la parole dans de cours paragraphes pour nous conter les sensations que son corps a vécu à chaque moment important de sa vie. Aucun dialogue ne berce ce roman sauf celui que la narratrice entretien avec son corps.
Je ne me suis pas ennuyée un seul instant, trouvant chaque petit moment de sa vie totalement passionnant car l'angle vue était nouveau pour moi.

Une très jolie découverte.
Commenter  J’apprécie          40
La conscience que l'héroïne a de son corps à différentes périodes de sa vie est parfaitement décrite dans ce texte. le corps mène la danse ! La perception de ses états, de ses modifications au cours de l'enfance,de l'adolescence, puis de l'âge adulte pilote l'état d'esprit de son habitant. le rythme de la narration augmente au fil des pages, accompagnant des ressentis corporels saccadés figurés par des phrases plus courtes enchaînant les situations. L'esprit semble finalement prendre le pas sur les injonctions corporelles en offrant un calme salutaire. Bel hommage au corps et à ses métamorphoses qui ont le pouvoir de s'imposer pour trouver sa place dans le monde.
Commenter  J’apprécie          30
Dans ce livre, Brigitte Giraud s'interroge : qu'est-ce qui fait la spécificité d'un corps de fille ? Naît-on fille ou le devient-on ? Peut-on maîtriser son corps ? le dominer ? En faire ce que l'on veut ? Non, évidemment, on ne peut pas, mais on peut y être plus ou moins à l'écoute. L'angle est original, l'écriture agréable et travaillée, et toute femme pourra se reconnaître à un moment ou à un autre, dans le vécu de ce corps, dans les différentes étapes d'une vie : enfance, puberté, adolescence, premiers baisers, grossesse, maladie, accident, début du vieillissement (même si on s'arrête dans la trentaine)... Un petit regret tout de même : la plupart du temps le rapport au corps est douloureux, le corps souffre, il est difficile à comprendre, il est parfois presque un ennemi, et il y a peu de place pour les plaisirs physiques pourtant nombreux dans la vie, c'est dommage. Un beau regard de femme sur les femmes, sans complaisance ni mièvrerie.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (347) Voir plus



Quiz Voir plus

Avoir un corps : Brigitte Giraud

Qui est le narrateur du roman ?

La protagoniste
Le corps de la protagoniste
La mère de la protagoniste
L'amant de la protagoniste

5 questions
5 lecteurs ont répondu
Thème : Avoir un corps de Brigitte GiraudCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..