Un loup pour l'homme

C'est un roman intéressant, bien construit, fort documenté et émouvant. On y découvre la vie de ces jeunes soldats qui ne connaissent pas la guerre et à qui l'armée française cache, volontairement, la vérité. Des jeunes gens qui ont avant tout envie de vivre et d ‘aimer, et ne comprennent pas les véritables motifs de cette guerre. Des jeunes gens qui vont mourir et d'autres qui vont revenir mutilés ou gravement blessés, et dans tous les cas, traumatisés.
En filigrane, et de manière discrète, par petites touches, l'auteure évoque la trahison, la lâcheté, les atrocités commises par les deux camps.
On ne peut rester insensible à ce roman, qui nous rappelle une période de notre histoire encore suffisamment proche pour que l'on s'en souvienne.
Un reproche : le manque de dialogue rend quelquefois la lecture un peu monotone. L'auteure a quelquefois tendance à trop « maîtriser » ses personnages en ne leur laissant pas suffisamment de place pour s'exprimer. Ainsi, lorsqu'elle écrit « ce n'est pas Oscar qui l'écrit mais Antoine qui l'imagine » en évoquant une lettre d'Oscar envoyée à Antoine, pour ma part, j'aurais préféré pouvoir lire la lettre et entendre de plus près la voix de cet homme.
A noter également, de belles descriptions du paysage algérien, en particulier de la lumière.

Brigitte Giraud réussit la prouesse de nous faire vivre la guerre d'Algérie de "l'extérieur". Elle évoque les massacres, les attentats sans pour autant que les protagonistes les vivent... ou presque. Avec pudeur, elle décrit l'horreur de cette page sombre de l'histoire de France. L'amitié entre Antoine et Oscar reste évasive, mais sincèrement réelle. L'un s'accroche à l'autre pour ne pas chuter, tandis que l'autre se raccroche à l'un pour ne pas plonger. L'arrivée du personnage de Lila est comme un bouquet de jasmin sur un tas de fumier. Une vraie bouffée de fraîcheur. Très bel ouvrage de Brigitte Giraud.

Plus qu'un roman sur la guerre d'Algérie, "Un loup pour l'homme" est un roman sur la force de l'amour qui pousse une femme à accompagner son mari appelé en Algérie.
J' ai beaucoup aimé ce roman qui fait entrer la grande histoire dans l' histoire intime de ce couple. Antoine, est en effet embarqué dans une guerre qui n'est pas la sienne mais il refuse de prendre les armes et tentera de donner un sens à tout cela en soignant et réconfortant les soldats blessés.
Un roman fort et émouvant, qui donne un éclairage inédit à cette période de l'histoire.

Antoine, 23 ans, télégraphiste dans la banlieue lyonnaise est appelé pour servir en Algérie pendant les "évènements". Lila, sa femme enceinte, le rejoint. Leur enfant naitra au bord de la Méditerranée.

Non, ce n'est pas une belle romance sous le soleil, c'est une tragédie. Certes, nous avons un décor de rêve, les plages, le soleil, les odeurs de lys, de figues, de cannelle, d'iode, les familles qui vont à la mer, mais derrière ces aspects de bonheur se dessinent en toile de fond les conséquences d'un conflit violent. Une guerre qui ne sera pas nommée par son nom.

Oscar en une des victimes, amputé d'une jambe, il continue le combat dans un mutisme total. Mais, couché sur son lit d'hôpital ses pires ennemis sont ses souvenirs.

Les premières évocations de tortures apparaissent, la cruauté de l'homme surgit et la belle carte postale se déchire.

A l'école, nous n'avions jamais le temps d'aborder cette période et encore aujourd'hui il est source de tension. Des évènements qui étaient en fait une guerre civile.

Merci à Babelio de nous avoir permis de découvrir ce livre, en attendant la rencontre avec l'auteure, je vous recommande ce livre.

Parler de la guerre d'Algérie, c'est marcher sur un volcan mal éteint.
Nous sommes en 1960, Antoine n'a pas le choix, il doit aller là-bas, en Algérie, faire son service. Ne voulant pas combattre, c'est à l'infirmerie de l'hôpital de Sidi-Bel –Abbès qu'il est affecté, pour soulager, panser, mais aussi combattre le mutisme d'un grand blessé…

Antoine est un tout jeune marié ; il laisse Lila à Paris qui ne peut se résoudre à rester seule, et y mettre au monde son enfant.

Brigitte Giraud nous raconte une guerre d'Algérie sous le regard particulier d'Antoine, et à hauteur d'Antoine entièrement dévoué à Oscar ; il le protège, le materne, l'isole ; tout cela sous le regard impuissant de Lila arrivée en Algérie bravant le danger et l'incertitude d'un pays en ébullition.

Derrière l'histoire compliquée d'Oscar, se dessine la relation compliquée entre les deux pays, entre les hommes , et se découvre la difficulté des hommes à entrer dans un conflit qui n'était pas le leur, le difficile équilibre entre la loyauté et la volonté d'humanité.

C'est avec ce livre que je découvre agréablement la plume douce et sensible de Brigitte Giraud, qui sans aucun doute aura mis beaucoup d'elle-même dans cette histoire. Néanmoins, il m'aura manqué ce petit supplément d'âme pour en faire un livre fort.
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Antoine et Lila sortent à peine d'une vaine virée à Genève (et à scooter, depuis Lyon !), où Lila espérait qu'un médecin compréhensif approuverait sa demande d'un avortement pour cause de conscription du conjoint et d'envoi en Algérie, qu'Antoine traverse la Méditerranée. L'administration militaire, dans sa grande bonté, a bien voulu accéder à sa requête de ne pas être affecté au service armé. C'est donc à l'hôpital de Sidi Bel Abbès qu'il remplira sa mission, et s'il ne participe pas directement aux opérations de "maintien de l'ordre", il en voit tous les jours le résultat sur les soldats blessés ou traumatisés dont il doit prendre soin. Parmi eux, il y a Oscar, amputé d'une jambe et mutique depuis son admission. Antoine se prend d'affection pour ce handicapé boudeur qui semble ne renoncer à sa colère sourde qu'en sa présence et qui finira par lui révéler le secret qui le mine.
Lila, persuasive cette fois, a obtenu des autorités qu'elle puisse accoucher en Algérie et s'installer "en ville" avec mari et bébé, non loin de l'hôpital. Elle s'acclimaterait bien à ce pays tant célébré par les pieds-noirs mais, au tournant des années 1960-1961, la situation y devient explosive, au propre comme au figuré, et Lila devra reprendre l'avion pour la métropole, rejointe quelques mois plus tard par Antoine. Lui n'aura droit qu'au même bateau qu'à l'aller et sera donc à même de rendre tripes et boyaux pour clore en beauté cette période indélébile de sa vie.
Brigitte Giraud analyse avec acuité les sentiments changeants d'un jeune homme brusquement plongé dans un conflit qui le dépasse, comme la plupart des appelés d'alors, mais aussi la tendresse insoupçonnée qui peut naître entre un soignant et son patient choisi.

La guerre d'Algérie vue au travers du regard d'un jeune infirmier qui ne verra quasiment rien des combats mais soignera les blessures. Une guerre qu'il ne comprend pas, qui détruit et fait taire, une guerre qui l'isole, coupe les liens avec sa femme pourtant venue près de lui pour lui donner son enfant. Une guerre dont ils parlent à peine entre eux, collègues de chambrée.

Puis il y a ce blessé qu'il veut sauver malgré lui, qui lui permet de tenir même s'il ne comprend pas l'attachement qu'il lui porte.

Une belle histoire qui met en avant ce qui nous dépasse et avec quoi nous devons vivre malgré tout. L'incompréhension générale de cette guerre aussi bien du coté des appelés que des pieds noirs ou des algériens eux mêmes.

Un roman sur l'art de soigner, la patience, et l'écoute. Un roman plein de douceur malgré parfois la dureté des propos et des situations. Une belle écriture pour un beau moment de lecture.
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L'histoire/Le sujet : Une complexe histoire d'amour et d'amitié avec pour toile de fond ce que l'on nomme pas encore la guerre d'Algérie.

Le style : Un style narratif assez lent, qui pose les choses avec délicatesse, chapitre après chapitre.

Et la couverture alors ? Très simple, avec juste ce bandeau coloré, extrait d'un dessin du douanier Rousseau me semble-t-il ... pour rappeler les chauds citronniers d'Algérie ?



En conclusion ? Ce roman est très court, l'histoire y va à l'essentiel. Pourtant, le lien entre Antoine et Lila, celui qu'il créé ensuite avec Oscar, et avec ses compagnons d'armes, tout est posé au fil des pages avec délicatesse et lenteur. C'est ce contraste qui en fait la particularité.
Le personnage d'Antoine est très attachant, car il semble absolument perdu au milieu de sa propre vie, des choix qu'il doit faire, alors qu'il est si jeune encore. Lila m'a semblé tellement plus directive, mais pas vraiment sympathique, voir antipathique, empêchant en quelque sorte Antoine De vivre comme il le souhaite cette période difficile. Oscar reste mystérieux jusqu'à la fin du roman, où tout s'éclaire soudain. Les autres restent des compagnons, plus ou moins proches, parties du décor en quelques sortes. D'ailleurs, les trois grandes parties du roman s'intitulent Lila, Antoine et Oscar.
Quelques descriptions nous apportent la chaleur de l'Algérie et cette ambiance inquiétante et électrique des "événements", alors qu'un voile pudique est posé la plupart du temps sur ce qu'il se passe vraiment dans ces contrées à ce moment (à l'exception de rares passages où l'on se trouve, comme Antoine, immergé d'un coup, malgré nous, dans cette dure réalité).

Bref, l'auteur a une plume délicate et conte ici les liens entre Antoine, sa femme et l'un de ses patients, comme une métaphore de ses liens avec la France ou l'Algérie. le rythme est lent, posé, comme endormi par la chaleur du maghreb, malgré quelques passages plus surprenants et animés. J'ai du mal à dire si j'ai vraiment aimé ce livre. Je me suis attachée à ce personnage que j'ai voulu suivre jusqu'au bout, et j'ai même été un peu frustrée de ne pas en savoir plus "après", mais malgré tout, cette lenteur m'a un peu génée. Je dirai que c'est un roman...particulier ...



Pourquoi ce livre ? Car il fait partie de la sélection du Jury La Galerne, dont je fais partie cette année (Il s'agit qu'une librairie locale qui organise chaque année un Jury, auquel j'avais déjà participé dans son ancienne forme il y a trèèèès longtemps - j'étais à la fac ! )
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Brigitte Giraud est une écrivaine française, née en 1960 à Sidi-Bel-Abbès en Algérie. Elle a déjà remporté le Goncourt de la nouvelle en 2007 pour « L'amour est très surestimé » et le prix Giono en 2009 pour « Une année étrangère ».
« Un loup pour l'homme » est son treizième livre.

France, 1960. Antoine et Lila sont un jeune couple d'amoureux et ils attendent un bébé. Mais Antoine est alors mobilisé pour l'Algérie. Ne voulant pas porter d'arme à feu, il décide d'être incorporé comme infirmier. A ce moment-là ça lui semble moins dur, moins risqué que de participer à d'éventuels combats.

Débarqué sur l'autre rive de la Méditerranée, il va découvrir la vie militaire, et progressivement l'Algérie des arabes et l'Algérie des pieds-noirs. Et puis surtout, l'un des devoirs du militaire, celui de l'attente, de l'ennui que les nombreuses parties de cartes et les centaines de cigarettes ne peuvent vraiment atténuer.

Mais les évènements les rattrapent et des hommes blessés viennent remplir l‘hôpital militaire de Sidi-Bel-Abbès. La dure réalité des combats et des embuscades hantent maintenant leurs pensées. Heureusement pour Antoine, deux faits majeurs faits viennent renforcer l'homme : tout d'abord il tisse un lien très fort avec Oscar, un jeune soldat amputé à qui il va apporter toute l'aide possible. Et ensuite, fait rarissime, Lila enceinte vient le rejoindre en Algérie. Cela suffira-t-il pour qu'Antoine sorte indemne de cette guerre ?

Ce livre de Brigitte Giraud est une biographie romancée puisqu'il s'agit en partie de l'histoire de ses parents. Et c'est sans doute pour cela qu'elle a écrit un roman de guerre à « hauteur d'hommes ». Ici les dates et évènements politiques de ce conflit sont quasi inexistants. Sont ici mis en avant les doutes, les inquiétudes et les peurs des soldats, et pour certains leurs folies cruelles, ou des moments de joie.

L'écriture de Brigitte Giraud est très sensible, ses phrases et chapitres courts nous agrippent avec facilité. Un conflit qu'elle décrit avec objectivité, en évitant le plus possible l'ironie malvenue et surtout un parti pris aujourd'hui inutile.

Brigitte Giraud signe un beau roman intimiste et psychologique à propos de la guerre d'Algérie, vue par un appelé qui, ne voulant pas prendre les armes, a été assigné au rôle d'infirmier. Un roman d'apprentissage, aussi : cette courte période où Antoine quitte l'adolescence pour basculer dans l'âge adulte. Une entrée chez les adultes en 1960, au temps de la décolonisation et du général De Gaulle, au temps où les lettres étaient le seul moyen de communication pour prendre et donner de ses nouvelles et où leur attente plongeait tout le monde dans l'incertitude et l'angoisse.
Antoine s'est retrouve projeté dans un monde doublement inconnu pour lui : l'Algérie, sa mer, sa chaleur, ses parfums d'une part, et d'autre part, l'armée et la violence inhumaine de la guerre. Il doit apprendre à composer avec son caractère doux et timoré pour supporter la brutalité de ce qui fait maintenant son quotidien : l'hôpital, les appelés blessés et les morts. Il se sent particulièrement investi d'une mission de salut envers un jeune blessé amputé, Oscar. Par ailleurs, il doit supporter l'éloignement de sa famille, et surtout de sa toute jeune femme Lila, enceinte.
Le roman est écrit au présent, les phrases sont courtes, aucun dialogue : il y a comme une urgence latente dans ce style. Urgence de vivre car l'avenir est plus qu'incertain. Brigitte Giraud décrit la peur de tous jeunes hommes : seront-ils pris dans un attentat ? une exécution ? Survivront-ils mutilés ? mourront-ils ? Comment réagiront leurs familles, leurs fiancées ?Elle dépeint aussi très bien l'atmosphère algérienne, son ciel bleu, sa chaleur.
L'analyse psychologique des 2 personnages principaux, Antoine et Lila, est bien menée. On sent les prémisses de la libération de la femme : Lila est obligée de prendre des décisions, esseulée dans son appartement. La paternité fait basculer aussi Antoine dans un monde plus moderne : il prend le bébé dans ses bras, lui donne son bain…
Une belle réussite.