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3,67

sur 878 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On est là dans la tragédie antique : Agamemnon, le Roi, a sacrifié sa fille Iphigénie aux Dieux. de retour de la guerre de Troie, il est assassiné à son tour, par son épouse, Clytemnestre aidée de son amant, Égisthe.
Oreste, le fils unique banni, il ne reste plus qu'Électre. Aussi Égisthe veut-il la marier… Bon débarras !
C'est sans compter avec le retour d'Oreste… Dès lors Electre n'est plus que haine et désir de vengeance dans le conflit qui l'oppose à sa mère. Ni l'un ni l'autre des deux frère et soeur, ne savent comment leur père est mort. La pièce tourne à l'enquête policière en même temps qu'elle évoque la condition de la femme dans notre monde contemporain ; et c'est là toute la modernité de Giraudoux.

Une pièce qui fut donnée pour la première fois le 13 mai 1937 au Théâtre de l'Athénée dans une mise en scène de Louis Jouvet. Une réécriture d'un mythe antique qui ne manque pas de nous questionner.
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Une heureux hasard -ou destin- a mis sur ma route le théâtre de Giraudoux. Ayant pu admirer une dynamique troupe lyonnaise jouant Electre, puis Laetitia Casta en Ondine, je ne pouvais que m'intéresser à cette réécriture des mythes dans ce théâtre contemporain. Habituellement prudent lorsque je lis "contemporain", j'ai adoré ces réécritures de Giraudoux !

Giraudoux met de la magie moderne dans la tragédie, et y transpose son regard critique sur la bourgeoisie et la femme du XXème siècle.

J'aime ses images marines, mêlant le burlesque à une certaine préciosité ; Giraudoux est un travesti, glissant ses mots joueurs tour à tour dans le personnage du mendiant, des Euménides, ou d'Agathe.

Epoussetant ce cher vieil Homère, bravant Sophocle et Euripide, et tournant presque à l'Agatha Christie, il glisse entre deux actes ce magnifique lamento du jardinier : "moi je ne suis pas dans le jeu. C'est pour cela que je suis libre de venir vous dire ce que la pièce ne pourra vous dire"... mais qu'il nous dit quand même...

L'analyse des personnages, luttant pour le pouvoir, enferrés dans leurs névroses familiales freudiennes, le personnage d'Egisthe, véritable héros nietzchéen, rappellent au lecteur ou spectateur l'année de publication d'Electre : 1937.

Oui, décidément j'aime beaucoup le théâtre de Giraudoux, cette façon de respecter outrageusement les régles de la tragédie antique, tout en y glissant incongruités, anachronismes, fantaisie et jeu parodique. Ce faisant, il exorcise le tragique, exorcisme dont avait tant besoin l'année 1937, et sûrement aussi l'année 2019... et c'est au jardinier qu'échoit le dernier mot, philosophie des bisounours certes, mais ô combien précieuse : "Joie et amour, oui. Je viens vous dire que c'est préférable à aigreur et haine."

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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de pièce de théâtre. Celle-ci m'intriguait énormément car j'aime beaucoup les réécritures du XXème des pièces antiques.
J'ai vraiment adoré cette oeuvre. L'auteur a su préserver toute la magie, la profondeur et la gravité du mythe tout en le rendant très moderne et original. J'ai aimé l'absurdité de certains dialogues, les petites touches d'humour tout en légèreté. On est vraiment pris dans l'histoire, les pages se tournent d'elles-mêmes. J'ai parfois un peu de mal à accrocher aux pièces de théâtre : j'oublie les relations entre les différents personnages... Là il n'en a rien été, j'ai été irrémédiablement plongée dans la tragédie.
Le personnage d'Electre est très particulier, elle m'a fait penser à Antigone. Elle refuse le petit bonheur facile, les compromissions. Electre c'est la pureté, l'entièreté de l'être. Elle est prête à mettre en péril la cité, à accabler sa propre mère pour que la vérité éclate et que la mémoire de son père soit réhabilitée. Elle défend bec et ongles un père qu'elle a si peu connu. Il y a énormément de ressentiment et de haine dans cette famille des Atrides. La pièce est un crescendo qui finit en apothéose. Il y a aussi cette mère détestable mais qui cache sa vérité à elle depuis si longtemps...
Les personnages s'attachent quelques fois à de petits détails qui semblent sans importance, comme la barbe d'Agamemnon pour Clytemnestre. Cela illustre le caractère très fin et subtil de cette tragédie.
Certains personnages apportent vraiment un plus à l'histoire, un côté décalé et plus métaphysique qui m'a bien plus : le Mendiant, les Petites Euménides... Ils offrent à la pièce une perspective plus large, un aspect un peu absurde, voire comique.
Je ne peux que vous conseiller cette oeuvre qui est un véritable coup de coeur pour moi. Je pense que c'est l'une des meilleures réécritures qu'il m'ait été donné de lire (avec Antigone, bien évidemment)
Je vais sans doute me pencher plus avant sur les réécritures du XXème car ce sont des pièces qui me plaisent énormément. Auriez vous des recommandations ?

Lien : http://lantredemesreves.blog..
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Électre est une pièce de Jean Giraudoux, représentée pour la première fois en 1937.

Giraudoux réactualise le mythe d'Electre, mythe qui a inspiré les trois grands dramaturges de la Grèce antique : Eschyle, Sophocle et Euripide.
En France, la période d'entre-deux guerres vit l'éclosion de nombreuses réécritures parmi lesquelles nous pouvons compter "La machine infernale" et "Orphée" de Jean Cocteau, "Les Mouches" de Jean-Paul Sartre et la célèbre "Antigone" de Jean Anouilh.
Jean Giraudoux ne fut pas en reste, il écrivit "Electre" bien sûr, mais aussi "Amphytrion 38" et "La Guerre de Troie n'aura pas lieu".
Après avoir été abandonnée au profit du drame, la tragédie revient au XXème siècle grâce à ces réécritures. D'ailleurs, Giraudoux qualifia sa pièce de "tragédie bourgeoise".
Mais ne vous y méprenez pas, ces pièces ne sont pas de simples reprises, elles sont extrêmement riches et complexes.

Le mythe d'Electre s'inscrit dans l'histoire des Atrides, famille qui porte sur elle la malédiction des dieux. Tous les membres de cette famille connaitront une fin tragique et violente.

Je ne vais pas vous raconter l'intrigue de cette pièce. Elle ne peut être résumée en quelques mots sans être appauvrie, parce que la beauté du théâtre vient avant tout du style et de la mise en scène.
Il se peut que vous n'appréciiez pas cette pièce, mais elle ne vous laissera pas indifférents soyez-en sûrs.



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J'ai encore passé un merveilleux moment avec une pièce de théâtre de M. Giraudoux. Cette fois-ci, on situe après "La guerre de Troie n'aura lieu" (je vous invite à voir ma chronique ), et même une dizaine d'année après le retour et la mort d'Agamemnon en son royaume. Ces deux pièces sont "fabriquées", pensées de la même façon : reprendre un mythe antique grecque pour dénoncer des événements, des façons d'être, de penser très contemporains.
J'ai particulièrement aimé la métaphore avec le sort des hérissons qui ne peuvent s'empêcher de traverser la route pour trouver un idéal, l'amour en l'occurrence, au risque de se faire écraser. C'est clairement une revendication sur le fait de retourner vers une 2eme guerre mondiale.
Il dénonce également les mauvaises intentions et/ou gestion des puissants (représentés par Egisthe, le Président) et la clairvoyance et la rationalisme du peuple (le jardinier, le mendiant).
De nombreuses allusions sont également faites à la croyance chrétienne, aux "pouvoirs" des Dieux, et à leurs conséquences.
Et encore une fois, il met en avant la condition féminine au travers du discours de Clytemnestre notamment.

J'ai trouvé détestable le personne d'Electre : réac, égocentrique, limite psychopathe tout de même. Elle n'a pas dépassé son complexe d'Oedipe (on pourrait appelé le pendant féminin le complexe d'Electre) :elle n'entend rien au mariage arrangé de sa mère, du besoin d'amour nécessaire pour l'accomplissement d'une femme, du meurtre orchestré de sa fille par son propre père (pour les "beaux yeux d'Hélène"). Elle reste dans son petit monde, dans l'amour de père qu'elle idolâtre alors qu'elle l'a vu cinq minutes au retour de la guerre, et au delà de ça, à l'entendre, elle aurait enfanter son frère, elle est dans cette toute puissance relative à ce stade oedipien, et ne l'a pas dépassé.
Alors qu'Electre représente le passé, Clytemnestre serait plutôt la femme moderne qui dénonce les mariages sans amour, et la quête d'une reconnaissance de soi en tant que femme d'exister autre que par son mari. Pour cette différence, la scène 5, acte II est vraiment superbement orchestrée.

Et Orestre, me direz-vous, dans tout ça ? Eh bien, ce pauvre Orestre, dès le départ il a les Euménides sur lui qui le poursuivent tout au long de la pièce puisqu'elles connaissent l'issue tragique. Lui, il est content de revenir dans son pays, de voir sa soeur, et essaye de renouer avec sa mère mais Electre qui tient les ficelles le conduira à sa perte, à ce matricide. Mais tout comme "Le guerre de Troie n'aura pas lieu", il est plutôt attentiste et manipulé par une femme.
Lien : http://chezsabisab.blogspot...
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Bon, on sait tous que chez les Atrides tout le monde s'entretue plus ou moins en famille, on sait donc à quoi s'attendre face aux personnages présents.
Rappel: le couple de parents = Agamemnon + Clytemnestre a eu 4 enfants: La pauvre Iphigénie (sacrifiée par son papa afin de gagner un épisode de la guerre de Troie), Electre, dont l'unique raison de vivre est sa haine contre sa mère, Chrysothémis, dont personne ne sait rien, et le seul garçon, Oreste, destiné à venger son roi de père.
Car lorsque Agamenmnon revint de la guerre il fut assassiné vite fait par son épouse et son amant Egiste.
Des années plus tard, personne n'est au courant de la cause de la mort d'Agamamnon. Egiste continue de bien gérer la Ville (qui lui avait été confiée par son cousin Agamemnon dès le début de la guerre de Troie).

Ce n'est pas en tant que "tragédie" que la version de Giraudoux fonctionne,
la portée philosophique que lui accordent certains ne m'intéresse absolument pas, ni le contexte historique de son écriture, mais,
théâtralement parlant, chapeau !

Le moment choisi par Giraudoux est celui de la "révélation" des vérités de chacun : le moment où la destinée de chacun se "déclare" (selon le terme utilisé par le mendiant)
* pas pour très longtemps pour Egide, qui a tout pour faire un bon roi - sauf qu'il se fait tuer juste à ce moment;
* les dieux ayant prévu que ce niais de Oreste devrait venger son père, donc obéir à sa soeur, et tuer sa mère, il débarque à Argos pile au bon moment pour que les 3 Erinyes (qui venaient d'arriver dans la cité sous forme d'inquiétantes petites filles, "les Euménides") sachent sous quelle forme elles vont le persécuter pour son matricide;
* Clitemnestre aura (un peu) le temps de crier sa vérité de femme mal mariée ;
* Electre, la plus odieuse de tous les personnages, va déclencher la destruction de sa famille et de la ville car sa haine lui est plus importante que tout le reste. Or la pauvre jeune fille ignorait les justifications de cette haine majuscule (elle devait se contenter de chercher des prétextes bidons et invérifiables comme la chute d'un bébé des bras de sa mère).

Afin qu'arrive la connaissance de cette fameuse vérité, Giraudoux a ajouté à l'histoire quelques personnages improbables et drôles: un cocu (président du tribunal) et sa jeune épouse , et surtout un mendiant qui assure l'interface entre les personnages, entre les personnages et les dieux, entre le public et l'auteur.

Je pense qu'un metteur en scène qui voudrait raccourcir la pièce pourrait couper quelques répliques de Electre par exemple , mais il ne faudrait surtout pas toucher à ce mendiant qui est une vraie réussite.
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Une version bien contemporaine d'Electre où l'intensité est énorme dans la portée aussi bien de la théâtralité des faits que de la délicatesse de chaque personnage...
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Un drame classique par un des meilleurs auteurs francais modernes du style.Euripide avait ecrit une version de ce drame et Giraudoux reactualise ce drame dans cette piece en deux actes ecrite en 1937 et jouee pour la première fois au théâtre Louis Jouvet avec l'acteur dans la distribution.
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Giraudoux s'est engouffré dans un grand mythe de l'antiquité grecque pour produire une pièce vibrante dans laquelle Electre prend une dimension de véritable femme insoumise et vengeresse, certes aidée par Oreste qui tombe à point nommé au moment où la résignation la gagnait. Giraudoux n'a pas dénaturé cette oeuvre, il lui a donné un nouveau souffle.
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Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore la légende de base.

L'histoire d'Electre tout bien considéré commence avec celle de sa soeur Iphigénie. Lors du départ pour la guerre de Troie, les grec ayant offensé Artémis, celle-ci a obtenu que les vents ne soufflent pas tant que l'offense ne serrait pas levé et pour cela elle demandait un sacrifice : celui d'Iphigénie, fille du roi Agamemnon, frère de Ménélas et mari de Clytenmestre.

Celui-ci accepte et attirant sa fille sur le faux prétexte d'un mariage l'envoie sur un autel bien différent que celui de l'hymen.

En bonne mère Clytenmestre n'acceptera jamais le sacrifice de sa fille. Et lorsque Agamemnon reviendra de la guerre de Troie en compagnie de sa captive Cassandre (la seule l'unique) elle l'accueillera avec le sourire, lui proposera un bain, et après lui avoir fait enfiler une chemise sans manche, elle l'assassinera avec l'aide de son amant Egiste.

Mais en dehors de Iphigénie, elle a également deux enfants: Electre qui restera au palais car en tant que fille elle n'est pas considéré comme dangereuse. Oreste, un garçon plus jeune, sera sauvé par Electre qui le confiera au bon soin de son oncle.

Mais Electre est donc obligée de rester vivre au palais avec sa mère meurtrière et son complice, qu'elle déteste profondément, et attend silencieusement l'heure ou Oreste sera assez âgé pour pouvoir venger son père.


Là s'ouvre la pièce. Insupporté par le silence accusateur d'Electre - qui dans la version de Girodoux accuse sans "savoir" pourquoi - Ctytemnestre la marie contre son gréé à un jardinier. Celle-ci prend conscience du crime de sa mère et espère le retour de son frère pour venger leur père.

Girodoux tout en s'inspirant fortement du mythe en bouscule un peu l'ambiance et les détails pour étudier ses propres thématique et dilemmes.

La pièce ainsi modernisé malgré ses quelques infidélité n'en est pas moins plaisante et intéressante, plus actuelle.

Une lecture dont je garde un bon souvenir, et que j'aimerais bien voir être joué un jour.
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