Bon, on sait tous que chez les Atrides tout le monde s'entretue plus ou moins en famille, on sait donc à quoi s'attendre face aux personnages présents.
Rappel: le couple de parents = Agamemnon + Clytemnestre a eu 4 enfants: La pauvre Iphigénie (sacrifiée par son papa afin de gagner un épisode de la guerre de Troie),
Electre, dont l'unique raison de vivre est sa haine contre sa mère, Chrysothémis, dont personne ne sait rien, et le seul garçon, Oreste, destiné à venger son roi de père.
Car lorsque Agamenmnon revint de la guerre il fut assassiné vite fait par son épouse et son amant Egiste.
Des années plus tard, personne n'est au courant de la cause de la mort d'Agamamnon. Egiste continue de bien gérer la Ville (qui lui avait été confiée par son cousin Agamemnon dès le début de la guerre de Troie).
Ce n'est pas en tant que "tragédie" que la version de
Giraudoux fonctionne,
la portée philosophique que lui accordent certains ne m'intéresse absolument pas, ni le contexte historique de son écriture, mais,
théâtralement parlant, chapeau !
Le moment choisi par
Giraudoux est celui de la "révélation" des vérités de chacun : le moment où la destinée de chacun se "déclare" (selon le terme utilisé par le mendiant)
* pas pour très longtemps pour Egide, qui a tout pour faire un bon roi - sauf qu'il se fait tuer juste à ce moment;
* les dieux ayant prévu que ce niais de Oreste devrait venger son père, donc obéir à sa soeur, et tuer sa mère, il débarque à Argos pile au bon moment pour que les 3 Erinyes (qui venaient d'arriver dans la cité sous forme d'inquiétantes petites filles, "les Euménides") sachent sous quelle forme elles vont le persécuter pour son matricide;
* Clitemnestre aura (un peu) le temps de crier sa vérité de femme mal mariée ;
*
Electre, la plus odieuse de tous les personnages, va déclencher la destruction de sa famille et de la ville car sa haine lui est plus importante que tout le reste. Or la pauvre jeune fille ignorait les justifications de cette haine majuscule (elle devait se contenter de chercher des prétextes bidons et invérifiables comme la chute d'un bébé des bras de sa mère).
Afin qu'arrive la connaissance de cette fameuse vérité,
Giraudoux a ajouté à l'histoire quelques personnages improbables et drôles: un cocu (président du tribunal) et sa jeune épouse , et surtout un mendiant qui assure l'interface entre les personnages, entre les personnages et les dieux, entre le public et l'auteur.
Je pense qu'un metteur en scène qui voudrait raccourcir la pièce pourrait couper quelques répliques de
Electre par exemple , mais il ne faudrait surtout pas toucher à ce mendiant qui est une vraie réussite.