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4,01

sur 289 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
D'hier à aujourd'hui. D'un auteur russe condamné à l'exil à un autre. Ma lecture récente d'Evguéni Zamiatine qui a quitté la Russie en 1931 étant persécuté par la censure stalinienne, m'a conduite à m'intéresser à Dmitry Glukhovsky qui risque actuellement jusqu'à dix ans de prison depuis sa prise de position publique très critique vis-à-vis de Poutine dès le début des combats en Ukraine. Cet auteur a été contraint lui aussi de fuir la Russie et vit désormais en Europe. C'est l'auteur, entre autres, de Métro 2033, de Sumerki, de Nouvelles de la mère patrie et donc de FUTU.RE. J'ai choisi ce dernier roman pour découvrir cet auteur et bien m'en a pris. Il s'agit d'un très bon livre de science-fiction accessible à tous - même les non férus de SF l'ovationnent c'est dire (si si, allez voir les différentes critiques) -, un véritable « page-turner » qui propose une vision effrayante et glaçante de notre monde au 25ème siècle (en 2455 très exactement).


Un monde surpeuplé. Trois trillions d'humains (cent-vingt milliards rien qu'en Europe). Nous pouvons très bien imaginer ce que cela représente en terme de villes hérissées de tours gigantesques aux milliers d'étages (et plus on est riche, plus on vit proche du ciel), de promiscuité, de bruit, d'odeurs, de chaos…mais monde dans lequel l'homme a trouvé le moyen de ne plus vieillir et de vivre éternellement grâce à une avancée médicale. Les cancers sont de vieux souvenirs, les maladies inexistantes. Par ailleurs, il n'y a plus de moyens de transport personnels mais des transports en commun ultra-rapides, la viande est synthétique et les insectes sont la base de toute nourriture. le bonheur quoi, qui vaut bien la peine de s'entasser, de manger et de se déplacer différemment, de ne plus voir la terre recouverte de béton et de composite, non ?

Je vous vois froncer les sourcils : comment peut-on concilier surpopulation et immortalité ? Paradoxale le monde imaginée par Glukhovsky, invraisemblable, voire incohérent ? Non. Les différentes régions du globe qui ont en leur possession le remède ont trouvé comment y faire face.
La Panamérique en proposant l'immortalité uniquement à ceux qui peuvent se la payer, solution capitaliste ;
la Chine en castrant sa population voilà deux cent ans, solution radicale ;
la Russie en la réservant seulement à l‘élite politique à coup de corruption et de mensonge à sa propre population, solution immorale ;
l'Europe, elle, pour faire face à ce problème de surpopulation et de limitation des ressources, propose à tous ses habitants, quelles que soient ses ressources, de faire un choix. C'est la loi du Choix. Solution terrifiante sous couvert d'éthique.

Un choix obligatoire décidé par la loi, un choix cornélien, un choix diabolique, un choix inhumain. Un choix qui touche à notre part la plus intime. Et c'est pour cela que ce livre fascine tous lecteurs quelle que soit sa familiarité avec la science-fiction.

Toute personne a droit à l'immortalité si et seulement si elle accepte de ne pas avoir d'enfant. Sinon, si un couple décide de procréer, la grossesse doit être déclarée et un des parents doit se sacrifier : il se verra injecteur un sérum métabolique qui va accélérer son vieillissement. Il aura environ dix ans à vivre au cours desquels ses fonctions vitales vont très vite se dégrader, son corps va se flétrir, la sénilité et l'incontinence deviendront son quotidien. Dix ans à profiter de son enfant et d'une vie familiale…enfin vie familiale sous réserve que l'autre conjoint, resté jeune, accepte cette dégradation. Un mort pour une vie.
Le hic, c'est lorsque la grossesse n'est pas déclarée, qu'elle devient donc illégale. Les femmes enceintes sont en général repérées soit par le taux de gonadotrophine dans les eaux usées, les canalisations étant truffées de senseurs, soit dénoncées par des voisins. Une organisation armée paramilitaire, la Phalange, intervient dans ce cas. Une armée d'hommes insensibles et brutaux portant un masque d'Apollon, des Tasers et des seringues, viennent confirmer l'illégalité de la grossesse, injectent à un des deux parents le sérum et kidnappent l'enfant afin que celui-ci soit placé dans un terrible internat dont le but est précisément de former les membres de cette effroyable et glaçante Phalange, et de devenir ainsi ceux qu'on appelle « les Immortels ».

Des hommes et des femmes surentrainés, qui n'ont ensuite droit à aucune vie familiale, et dont l'objectif, ad vitam aeternam, est de remplir cette mission de briseur de famille. Perpétrer des pogroms inlassablement. le moindre manquement au règlement, le fameux Codex, les amène au broyeur afin de devenir du compost, poussière parmi la poussière. Il faut dire qu'ils ont été à bonne école. L'internat est pire que le pire de vos cauchemars. Ses méthodes sont d'ailleurs controversées et critiquées. C'est un centre de dressage d'enfants, sans fenêtre, tout le temps allumé et truffé de caméras et de micros, usant de torture, de bourrage de crâne, et d'entrainements intensifs, broyant toute âme et sentiments en eux. Un lieu où les règlements de compte et la loi du Talion sont légion. seule une heure de cinéma par jour constitue leur unique source de rêve, d'espoir et d'accalmie.

L'histoire est racontée par un des immortels, le Matricule 717 lorsqu'il était à l'internat, Jan désormais dans la vie civile. Sa vie dénuée de sens va basculer le jour où un sénateur lui propose d'éliminer en sous-main un activiste de l'opposition, le leader du Partie de la Vie. Ce faisant il va rencontrer Annelie…Et tout va basculer. Ses certitudes vont s'effondrer, sa part humaine va éclore telle une fleur sauvage. C'est haletant, captivant et touchant. Les imbroglios politiques et géopolitiques s'entremêlent à cette histoire d'amour qui éclaire d'une lumière magnifique ce roman terriblement trash par ailleurs, bousculent cette trajectoire personnelle aux innombrables fractures dont le destin était tout tracé. Destin qui va connaitre des rebondissements tout simplement captivants.

Bon il faut reconnaitre que, au départ, Jan est très dur à aimer, j'ai mis du temps à ne plus éprouver de malaise vis-à-vis de ce personnage principal du roman.
Raciste, misogyne, violent, son parcours explique son caractère mais il m'a fallu plusieurs dizaines de pages pour l'accepter et déceler en lui son côté émouvant, son véritable moi. Plusieurs dizaines de pages pour m'adapter au style du livre.
Et au fur et à mesure du récit, Jan l'est de plus en plus, émouvant. de plus en plus humain. Au fil des pages, il est de plus en plus passionnant, ce livre. Et entre des passages trashs, notamment quand ils ont trait à la vision des rares personnes âgées, la vieillesse étant vue comme une horreur absolue (et que dire de la vision d'un cadavre..), flottent de nombreux ilots de poésie d'une beauté renversante.

« Elle me dépose un baiser sur le front et, là où ses lèvres m'ont effleuré, s'allume un soleil ».

Il est passionnant de voir ce que cette immortalité engendre sur la spiritualité et la philosophie. L'homme étant devenu un dieu, il n'y a notamment plus aucune place pour la religion, les églises se transformant soit en musée, soit carrément en maison de passe de luxe. Sans la Mort, plus la peine de terrifier le peuple avec l'enfer et de lui faire espérer le Paradis. C'est glaçant, décadent, d'un cynisme et d'une provocation folle de la part de Glukhovski. Les européens sont désormais les maitres d'un nouvel Olympe, les hérauts d'une nouvelle Antiquité, dans lesquels ils se pensent être devenus des Dieux. Nous savons ce qu'il advient des humains lorsqu'ils se prennent pour des Dieux…
Passionnant d'imaginer ce que signifie la notion de beauté, lorsque tout le monde reste éternellement jeune.
Le livre aborde également brillamment les conséquences pour les peuples des pays qui n'ont pas accès à l'immortalité, conséquences en termes d'émigration et d'inégalité ressentie de façon terriblement injuste. Barcelone, dans ce livre, est une mégalopole bouillonnante où les réfugiés viennent en masse se réfugier à la porte de l'Europe unifiée.

« Nous ne faisons rien de notre éternité. Quel grand roman a-t-il été écrit au cours du dernier siècle ? Quel grand film tourné ? Quelle grande découverte réalisée ? Je n'ai rien qui me vienne à l'esprit. Nous n'avons rien fait de notre éternité. La mort nous fouettait, Jacob. Elle nous obligeait à nous hâter. Elle nous obligeait à faire usage de notre vie. Jadis, la mort était visible partout. Chacun l'avait présente à l'esprit. C'est une structure : voici le début, voici la fin ».

Un livre qu'on ne lâche pas facilement tant sa beauté vénéneuse est à la fois fascinante et troublante, tant son rythme est soutenu et haletant. La loi du Choix touche à l'intime, à ce qui constitue notre essence, loi qui se déploie dans un contexte d'un réalisme saisissant. La mort de la mort, narrée dans ce ton parfois trash peut déstabiliser. L'auteur russe est très loin du politiquement correct mais il insère entre deux passages violents ou glaçants des passages poétiques hallucinants. Un excellent livre de SF qui me donne envie de découvrir les autres livres de cet auteur russe courageux et actuellement loin de sa Terre natale. A noter que certains de ses livres s'accompagnent d'une bande-son ce qui a particulièrement le don de me plaire (et me rappelle bien sûr La horde du contrevent pour laquelle Alain Damasio a également composé une bande-son à écouter en lisant le livre) et que Metro 33 peut être lu gratuitement sur internet et commenté par les lecteurs eux-mêmes. Soulignons également, à l'heure des Utopiales (le salon international de la SF) ce week-end même dans ma région, que Dmitry Glukhovski a obtenu le prix européen des Utopiales pour son roman Sumerki en 2014.

Visionnaire, contemporain, créatif et talentueux, un auteur russe à suivre assurément !

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Bonne pioche! Tout ce que j'aime dans l'anticipation : un univers imaginaire qui a des allures de vraisemblable, en filigrane une analyse sociale qui renvoie clairement aux travers de notre époque, des personnages en équilibre entre fatalité et révolte, des questions philosophiques que l'étrangeté du décor nuance, permettant au lecteur de faire un pas de côté pour y réfléchir.

Nous sommes en 2455. le monde civilisé est planté serré de tours de mille étages où vivent plus ou moins haut selon leur rang social trois trillions d'humains (cent-vingt milliards rien qu'en Europe). Autant dire que seuls quelques privilégiés s'offrent le luxe de contempler le ciel t le soleil. Des splendeurs passées ne restent que quelques monuments sous cloches sous les constructions de composite.
Une avancée médicale a modifié l'équilibre de la démographie : cela fait plus de trois cents ans qu'il est possible de ne pas vieillir et de ne pas mourir. Mais c'est donnant donnant. Une vie pour une vie : si un enfant est conçu, son père ou sa mère sera « injecté », il recevra l' « accélérateur », qui le transformera en quelque années en vieillard chevrotant , puis en macchabée à recycler.
Quant à l'enfant il sera confié à un internat et formaté pour devenir un milicien garant de l'ordre public et du respect des lois sur la natalité.

C'est le cas de Jan, matricule 717, qui, malgré les années d'humiliation, de sévices et de lavage de cerveau a du mal à faire taire en lui le petit enfant qui rêvait devant les premières images d'un vieux film imaginant sa vie dans un jardin de Toscane. Ce n'est pas pour autant un doux idéaliste et quand un riche sénateur lui propose d'éliminer un adversaire politique, il n'hésite pas. sauf que la compagne de la cible est présente lors du raid, et que tout ne se passe pas comme prévu…

Cette contre-utopie fait la part belle à la violence : immortels ou pas les hommes trouvent toujours de bons alibis pour s'entretuer. Et malgré les pilules de la sérénité, les instincts les plus ancestraux servent d'arguments pour passer à l'acte.
Le roman pioche également son inspiration dans une thématique bien actuelle, celle des migrants, qui s'entretuent dans les bas-fonds de Barcelone : hindous contre pakis, chassés de leur contrée d'origine rendue inhabitable par une catastrophe écologique. Caricature certes, mais oh combien plausible!

il n'empêche qu'il difficile de lâcher le roman, pourtant un joli pavé. L'écriture et le scénario sont très efficaces et convaincants. C'est un peu l'ambiance de 1984 ou de le meilleur des mondes, mais en plus réaliste et donc plus effrayant. J'ai la certitude qu'il ne sombrera pas de sitôt dans ma réserve personnelle des romans sitôt lus-sitôt oubliés.

challenge Pavés Babelio 2015-2016
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Au XXVe siècle, la Terre est surpeuplée, des milliers de milliards d'humains vivent amassés dans des tours à plusieurs milliers d'étages. L'homme a trouvé le secret de l'immortalité et en paye le prix. Les gens s'entassent dans des immeubles vertigineux. Jan, matricule 717, partie de la Phalange, ce groupe de miliciens qui traquent les contrevenants à la loi et doivent faire le choix, leur vie ou celle de l'enfant. Un jour, on lui donne un ordre différent, celui d'arrêter une personne qui lui permettra de monter en grade...
Un sacré morceau ! Tant en termes de dimensions de l'ouvrage que par son contenu. J'ai mis 3 ou 4 chapitres à rentrer dans l'histoire. J'ai compris qu'il n'y avait qu'un seul narrateur mais des allers-retours entre passé et présent. Jan est un sacré personnage, son enfance n'a pas été simple, il est élevé à la dure dans des centres. Il fait son travail sans se poser de questions, jusqu'il fasse connaissance avec Annelie.
Jan est très bavard, ça donne de longues réflexions sur lui, le monde, sa place, ses excès de colères... Parfois un peu difficile à rester concentrée sur le sujet mais Dmitry Glukhovsky y arrive de belle façon. Les voyages en Italie et en Espagne donnent un aperçu de ce monde futuriste.
On parle d'amour,du désir de maternité, de surpopulation, de l'immigration... avec une recherche implicite sur son enfance. Ce Jan, on le hait pour ces décisions parfois violentes ou haineuses et pourtant, on espère toujours... Un roman parfaitement construit, on imagine facilement un tel monde même si on aurait pu trouver une façon plus simple et moins violente pour empêcher la population de grandir toujours plus...
Dmitry Glukhovsky m'a tout de même scotché avec son roman qui monte doucement en puissance et je pense lire ses autres romans !
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Un excellent roman de SF comme je les aime !
Presque cinq siècles après nous, le remède contre la mort est trouvé et diffusé en Europe via l'eau courante . Les européens sont donc immortels, alors que sur les autres continents le remède n'est offert qu'à certains. Mais il y a un prix pour les européens : c'est l'immortalité ou 1 enfant ! Si l'on a un enfant on se fait injecter un virus qui enlève l'immortalité et ne laisse que 10 ans de vie au maximum.....Et pour contrôler tout ça , il y a l'armée des Immortels et leur masque d'apollon , qui font régner la justice à coup d'injection de virus . Jan est l'un d'eux et, à travers lui, on découvre ce futur un peu glaçant : les injections pour les contrevenants à la condition de l'immortalité, le principe des internats et les effets de l'immortalité sur la société , qui dépasse l'ennui avec une bonne gorgée de pilule du bonheur ! Ce que j'ai particulièrement appréciée c'est qu'on a un peu tous les points de vue, toutes les situations présentées et on peut donc se faire son propre avis sur cette société européenne futuriste. Jan va d'ailleurs découvrir à ses dépends que l'immortalité a un prix : une histoire qui a multiples rebondissements ,fluide , passionnante , qui vous laisse un peu chaos à la fin ! Il y a un peu des Monades urbaines de Silverberg et un peu de Carbone modifié de Richard Morgan mais l'auteur de Métro 2033 réussit à se démarquer et à faire un roman original et formidable , qui marque, qui nous fait passer par pleins d'émotions, nous fait réfléchir ! J'ai eu un petit coup de coeur pour ce pavé alors merci à Sarahbarbier de l'avoir sortie de ma PAL !!
Pioche dans ma PAL mai 2019
Challenge Mauvais genre
Multi-défis 2019
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Un excellent roman de Science-Fiction qui réunit beaucoup de qualités. Dans le désordre les points forts sont l'univers futuriste créé, l'intrigue, le personnage central, les thématiques abordées. L'histoire se passe au milieu du XXVème siècle, depuis 300 ans l'humanité a trouvé le moyen d'être immortelle, il y a trois trillions d'humains sur la planète, tout est bétonné, l'Europe (plus de 120 milliards d'habitants) est une mégalopole couverte d'immeubles de 1000 étages. Ces chiffres sont bien sûr invraisemblables mais les descriptions, elles, sont crédibles : les gens vivent dans des cases de quelques mètres cubes, il n'y a plus de nature, le ciel n'est pratiquement visible de nulle part, les villes du passé sont toujours là, sous les villes modernes, partout des parois reconstituent des apparences de visions supportables voire agréables, l'alternance du jour et de la nuit. Cet univers est déjà visuellement oppressant, Dmitri Glukhovsky arrive à nous donner à percevoir un univers aérien aussi fermé que l'univers de Métro 2033, d'autant que le héros souffre un peu de claustrophobie (surtout dans les ascenseurs). Certains sont particulièrement bien décrits : les bas-fonds de Barcelone, les usines robotisées à viande, l'établissement de bains «La source», la cathédrale de Strasbourg, …
Evidemment qui dit remède contre le vieillissement conduisant à l'immortalité dit surpopulation. La Terre du futur est partagée entre différentes entités géopolitiques sur lesquelles en dehors de l'Europe, l'auteur s'étend peu. L'essentiel à retenir est que l'utilisation du remède immortel n'est pas régulée partout de la même manière. La Russie l'a inventé mais ne la propose pas à sa population dont l'espérance de vie est très basse (curieusement il semble que ses dirigeants ne vieillissent guère!), Panam prône l'égalité des chances, et le remède n'est fourni qu'à ceux qui ont le moyen de se le payer, le prix augmentant de plus en plus au fil des générations. La Chine est plutôt dans l'expansion territoriale, en Sibérie (dont les ressources ont été complètement épuisées) et en Inde (ravagée par une guerre nucléaire). Pour les autres régions du monde, hors Europe, le reste de l'humanité cherche à rentrer en Europe, car celle-ci propose l'égalité d'accès de tous ces citoyens à l'immortalité. Avec, bien sûr, une contrepartie : si l'on veut un enfant, l'un des deux parents doit offrir sa vie (par un vieillissement accéléré en dix ans). le choix est cornélien, et en cas de naissance non déclarée, les enfants sont enlevés et élevés dans un orphelinat terrible où ils sont coupés du monde, éduqués à penser que leurs parents sont des criminels, endoctrinés pour devenir les « Immortels », ceux qui traquent justement les parents fraudeurs. le thème de la surpopulation est peu abordée dans la SF récente, comme si c'était devenu tabou. Il faut dire aussi que Dmitri Glukhovsky est russe et qu'en Russie fantastique et SF sont depuis longtemps un bon moyen de dénoncer pas mal de chose en contournant la censure. Quand on sait que la Russie est plutôt en butte avec une dénatalité et une dépopulation, pas étonnant que l'auteur n'y aille pas de main morte sur ce thème ni que le lecteur trouve une richesse thématique qui dépasse largement ce sujet.
L'intrigue est bien ficelée, avec une histoire qui se tient, du suspens, des surprises, des rebondissements et retournements. Un vrai thriller avec un bon équilibre entre action, souvent très cinématographique et réflexion. Les thématiques abordés sont variés : l'attitude d'une société par rapport à ses personnes âgées, ce que pourrait donner une société sans enfants, la religion, la gestion des migrants (avec le choix de Barcelone comme point d'entrée en Europe), les conflits interethniques qui se poursuivent en dehors des terres d'origine, les magouilles géopolitiques et les dirigeants qui se sentent l'égal de dieux.
Le narrateur, Jan Nachtigal 2-T, ou 717 (et divers alias : Jacob, Eugène, …) passe sans prévenir du récit du présent à des récits de souvenirs, ce qui demande au lecteur un temps d'adaptation et au début du moins, pas mal d'attention. Ce personnage est le reflet de sa société : égoïste, violent, pas très sympathique. Pourtant, au fil des pages, à force de découvrir ses souvenirs dans des flash back le lecteur commence à le comprendre et à le trouver humain. On comprend d'où lui viennent sa rancoeur, sa haine des femmes, mais il reste en lui quelque chose du petit garçon qui s'était imaginé une autre vie dans un jardin de Toscane grâce aux premières images d'un vieux film. le personnage est crédible. Et puis il évolue, il est attiré par Annelie (on saura bien plus tard ce qui a déclenché cette attirance), peu à peu en tombe amoureux, remet en cause des tas de choses, une évolution très progressive jusqu'aux décisions finales qu'il prend. Au début sa vision de la femme n'est pas terrible, dominée par des femmes-enfants et des femmes-objets, avec beaucoup de violence, puis cette vision évolue, parallèlement à l'évolution de Jan, en particulier avec la scientifique prix Nobel et la médecin de la Croix Rouge, et puis on s'aperçoit que parmi les couples qui choisissent d'avoir un enfant, le renoncement à l'immortalité est assez bien partagé entre père et mère (sauf évidemment quand le père s'est barré). L'ensemble est très sombre, avec peu de personnages vraiment positifs (Annelie, la famille hindoue) mais quelle fin ! de la science-fiction de haute volée, vraiment intelligente.
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Résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui, certes, peut se révèle dérangeant devant le ton violent, trash et sans concession qu'il montre, mais qui nous propose une intrigue nerveuse, efficace et sans temps morts ainsi que de nombreux points de réflexions que ce soit sur l'acceptation des autres ou encore sur la jeunesse éternelle. L'Europe développée par l'auteur se révèle être un monstre de bétons, ou les gens vivent dans des tours qui touchent le ciel, où des milliards de personnes s'entassent dans des logements d'à peine quelques mètres carrés. le pouvoir se retrouve concentré et façonné dans les mêmes mains depuis des années. La perfection et la superficialité sont devenues des normes et y déroger revient à se retrouver rejeter complètement de cette humanité ; les vieux et les parents deviennent ainsi ostracisées. le personnage principal est un pur produit de cet époque, égoïste, violent, xénophobe et il est difficile de s'attacher à lui, pourtant on fil des pages il nous accroche que ce soit dans les flash back qui, à défaut de nous le faire aimer le rendent humain, mais aussi par ses évolutions et ses changements qui vont apparaitre au fil de ces rencontres. Alors après, c'est vrai, quelques longueurs se font parfois ressentir, surtout vers la fin, mais rien de non plus bien méchant tant l'ensemble se révèle captivant. La plume de l'auteur se révèle efficace, percutante entrainante et nous happe assez facilement. Je lirai sans soucis d'autres écrits de l'auteur.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Un récit de SF exceptionnel, il est vrai que c'est un roman très dur voir hyper violent pour certaines scènes mais c'est aussi un roman très riche qui ne fait pas 726 pages pour rien.

Je vous avouerais que au début j'ai eu un peu de mal avec l'écriture, c'était difficile de tout comprendre, de par les mots utilisés mais aussi a cause de flashback sous forme de souvenirs mais aussi de rêves, finalement une fois habitué après quelques chapitres on rentre vraiment dedans et c'est génial.

Notre personnage principal 717 est un homme dur, violent, sanguin et un peu antipathique, c'est déjà un bon point car c'est vrai que des romans ou les personnages principaux sont tout beau tout gentil il n'y à pratiquement que ça ces derniers temps.
Ici il lui arrive plein de péripéties que le mène à réfléchir, à se prendre la tête à changer. A changer oui car personne n'est parfait et il se rend compte que sa vie n'a pas de vrai sens, l'amour s'immisce en lui sans qu'il s'y attende.

Je ne vous en dit pas plus sur l'histoire sinon cela vous gâcherait le plaisir, on ne peut pas en dire trop sans spoiler.

Pour ce qui est de l'environnement on est dans de la pure anticipation, il y à sur Terre 170 millards d'humains, ils sont immortels. Notre histoire se déroule en Europe qui est devenue une ville, une "Gigapole" de 70 milliards d'âmes ou la verdure n'existe plus, le ciel n'est pas visible, l'horizon non plus si ce n'est que par les très très riche habitants des penthouse en haut des buildings qui jouissent de jardin privatif sur les toits.
Car l'Europe cette Gigapole est remplie d'immeubles, de tours et de building allant de 1 à 2 kilomètres de hauteur, en bas se trouvent les pauvres, au milieu les classes moyenne vivent dans des petites boite de 2 mètre sur 2 pour une personne seule et les riches on le haut et toute la place qu'ils veulent.

J'ai littéralement été absorbé par cette histoire, un livre à vraiment découvrir, pour ma part il fini dans mes coups de coeur de 2016 (le premier), je suis certain que je me souviendrais longtemps de cette histoire et que je vais repensé à des détails et des scènes souvent.

Attention aux personnes sensibles, c'est un roman de SF noir, très noir, cru, cash, réaliste avec des scènes choquantes par moment, ce n'est vraiment pas un livre pour les plus jeunes, même pour les fan de dystopie jeunesse je pense qu'il faut être assez mûre pour s'attaquer à ce pavé.
Pour les autres, si vous aimez la SF et les romans noir, allez y sans hésiter.
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« Nous ne sommes plus un homo sapiens. Nous sommes l'homo ultimus.»

L'Humanité on est là. Un vaccin contre la mort a été découvert. La plupart des hommes sont immortel. Mais à quel prix ? Au détriment d'une descendance, l'homme accède à l'immortalité.
Matricule 717, alias Jan, immortel, membre de la phalange, et là pour faire respecter la loi du choix. Une vie est égale à une vie.
Lorsque le sénateur Schreyer le contact pour une mission spéciale, Jan n'imagine pas l'impact que celle-ci aura sur sa vie.

FUTU.RE de Dmitry Glukhovshy, est le premier roman de cette auteur que je lis. Ce fut une belle surprise. On plonge dans un univers futuriste et utopique.
L'auteur nous fait suivre Jan, membre de la phalange, en alternant le passé et le présent, ce qui nous permet de comprendre l'Organisation, la formation des membres, ainsi que leurs missions.
Ce roman Sf, nous laisse plein de questionnement sur le futur de l'humanité, l'auteur soulève pas mal de questions interessantes qui nous laisse curieux de certaines réponses.
Cette lecture est un coup de coeur, malgré quelques longueurs.
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J'ai suivi les recommandations de Mylena pour le challenge multi défis 2023, car j'avais déjà adoré la trilogie Métro de cet auteur.

Les hommes ont trouvé un vaccin contre la mort...Et tous les continents n'appliquent pas de la même façon la distribution de ce vaccin. Problème, en Europe, comme plus personne ne meurt, si on veut un enfant, il faut que l'un des deux parents donne sa vie en échange et l'enfant sera élevé dans un orphelinat où l'on fera de lui un milicien de la phalange à grands coups de lavage de cerveau. La phalange est chargée de faire appliquer la loi sur la procréation.

Le héros, matricule 717, va partir à la recherche de son histoire, et l'auteur ne se prive pas pour dénoncer les régimes politiques du monde et la folie des hommes.

C'est palpitant, on a du mal à lâcher ce livre ! J'ai adoré !
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Au début, j'avoue que la couverture et la taille du livre de 726 pages m'ont fait un peu douter … et finalement dès que je l'ai commencé, je n'ai pas pu m'arrêter.
Cette histoire que je considère comme une dystopie, d'autres y verront de la pure Science-Fiction, est impressionnante. le monde dans lequel cela se passe c'est tout simplement l'Europe, oui mais l'Europe dans un futur lointain ! Nous sommes 1 trillion sur terre, la seule façon de vivre tous ensemble est de vivre dans des cubes qui se trouvent dans des tours faisant quelques km de haut … Ce qui m'a essentiellement plus, c'est que tout paraît plausible c'est-à-dire que rien ne parait extrême ou complètement insensé ou fou.
Ensuite sans vous raconter l'histoire comme d'habitude je peux vous dire que je qualifierai ce roman d'étonnant, décapant, percutant, dérangeant, philosophique, violent, captivant, noir, prenant et bluffant ! Et je manque de qualificatifs !!
Sachez que l'histoire permet à Glukhovsky de réfléchir sur la parentalité, les enfants, la vieillesse, la religion, la Vie, la transmission, l'immortalité …. En traitant ces questions, Glukhovsky écrit, je trouve, merveilleusement bien… Aucun ennui, aucune longueur, mais beaucoup de réflexions à la lecture.
Et enfin, on suit avec beaucoup de plaisir l'évolution de notre personnage principal Jan ou le matricule 717 à qui il va arriver beaucoup de choses. le travail réalisé par ce personnage au cours des péripéties est intéressant et il me semble rassurant pour l'espère humaine.
Donc, oui, je conseille ! Lancez vous dans cette aventure sans tarder !
Lien : https://ideeslivres.jimdo.co..
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