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4,02

sur 291 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"FUTU.RE" de Dmitry Glukhovsky.
Voici le dernier roman qu'il me restait de cet auteur que j'ai connu après avoir joué au jeu-vidéo Métro 2033, puis en ayant lu l'original de ce jeu.
J'ai toujours adoré son travail et il est un de mes auteurs préféré du 21e siècle.

J'ai retrouvé dans ce gros pavé (960 pages en poche quand même) une histoire surprenante. Au début je n'aimais pas le personnage de Jan mais je le comprenais d'une certaine manière. Il devient de plus en plus humain au fil du roman. Son histoire est horrible et touchante et on se prend à endurer ce qu'il a vécu et à le pardonner. L'histoire est vraiment bonne et la fin incroyable (je verrais bien une suite en série tellement cela laisse une ouverture de dingue !).
Les seuls points négatifs que je peux trouver est la longueur du roman (600 pages aurait largement suffit à mon avis) mais également le surplus de violence (même si elle reste compréhensible dans ce cas précis).

J'ai également retrouvé plusieurs références comme au "Meilleur des Mondes" de Aldous Huxley (avec les médicaments/drogues qui rendent heureux). Mais aussi une critique du gouvernement de l'Europe (avec les réfugiés africains) ou à la Russie et Poutine plus directement (comme on peut le voir dans ma citation), ce qui peut être en lien indirect avec sa peine de prison vu qu'il est contre la guerre en Ukraine.

Pour finir j'ai pu voir dans certaines critiques que l'auteur met du racisme dans son livre. Je ne suis mais pas du tout d'accord. Ayant lu les Métro (et ses autres livres) c'est plus une critique du mode de pensée Russe et de la société que le fait que l'auteur est raciste (tout cela car il y a des descriptions de couleur de peau allant de noir à jaune ou le N-Word). Les gars, ce sont que des mots et des expressions présentes dans le dictionnaire. C'est normal de voir le personnage qui parle à la première personne et qui a vécu une enfance extrémiste (proche des camps de concentration et des écoles nazies) qui donne des termes crus comme ceux-ci (surtout qu'il se remet en question à la fin du bouquin sur ce qu'il a pu dire et même penser).

En bref, j'ai adoré même si un peu long à mon goût. Je conseille fortement !
(9.5/10)
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Malgré une écriture qui me reboutait à premier abord, on s'y fait doucement en comprenant le personnage et assister à son évolution complexe est passionnant.
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J'ai suivi les recommandations de Mylena pour le challenge multi défis 2023, car j'avais déjà adoré la trilogie Métro de cet auteur.

Les hommes ont trouvé un vaccin contre la mort...Et tous les continents n'appliquent pas de la même façon la distribution de ce vaccin. Problème, en Europe, comme plus personne ne meurt, si on veut un enfant, il faut que l'un des deux parents donne sa vie en échange et l'enfant sera élevé dans un orphelinat où l'on fera de lui un milicien de la phalange à grands coups de lavage de cerveau. La phalange est chargée de faire appliquer la loi sur la procréation.

Le héros, matricule 717, va partir à la recherche de son histoire, et l'auteur ne se prive pas pour dénoncer les régimes politiques du monde et la folie des hommes.

C'est palpitant, on a du mal à lâcher ce livre ! J'ai adoré !
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Ce livre est un chef d'oeuvre - il plonge le lecteur dans une dystopie futuriste où l'immortalité acquise par la science a obligé les gouvernements à adopter des méthodes pour limiter la surpopulation. Les limites géographiques des continents sont devenues insoutenables et la nature en a payé le prix absolu.

L'Europe est devenue une cité unique avec pour seul horizon des tours babyloniennes où chaque naissance doit s'équilibrer par le renoncement irrémédiable d'un des deux parents à la vie éternelle : c'est la Loi du Choix ; une vie pour une vie.

Au coeur de ce système insoutenable rendu acceptable à la grâce de drogues et de réalités virtuelles, cinquante-mille nervis du régime font appliquer la Loi du Choix, sans Justice et sans appels. Notre « héros » est l'un d'eux : une ordure brutale et vulgaire dont le destin se chargera d'ouvrir les perspectives.

Le monstre rencontrera l'humanité, et l'amour, et la peur, et la paternité aussi.

Dmitry Glukhovsky a créé une odyssée terrible où le sens de la vie est remis en question. Que reste-t-il de précieux à vivre quand l'éternité est devant soi ? En quoi la mort est-elle garante du progrès ? Ne pas mourir revient-il à ne pas vivre ?
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D'hier à aujourd'hui. D'un auteur russe condamné à l'exil à un autre. Ma lecture récente d'Evguéni Zamiatine qui a quitté la Russie en 1931 étant persécuté par la censure stalinienne, m'a conduite à m'intéresser à Dmitry Glukhovsky qui risque actuellement jusqu'à dix ans de prison depuis sa prise de position publique très critique vis-à-vis de Poutine dès le début des combats en Ukraine. Cet auteur a été contraint lui aussi de fuir la Russie et vit désormais en Europe. C'est l'auteur, entre autres, de Métro 2033, de Sumerki, de Nouvelles de la mère patrie et donc de FUTU.RE. J'ai choisi ce dernier roman pour découvrir cet auteur et bien m'en a pris. Il s'agit d'un très bon livre de science-fiction accessible à tous - même les non férus de SF l'ovationnent c'est dire (si si, allez voir les différentes critiques) -, un véritable « page-turner » qui propose une vision effrayante et glaçante de notre monde au 25ème siècle (en 2455 très exactement).


Un monde surpeuplé. Trois trillions d'humains (cent-vingt milliards rien qu'en Europe). Nous pouvons très bien imaginer ce que cela représente en terme de villes hérissées de tours gigantesques aux milliers d'étages (et plus on est riche, plus on vit proche du ciel), de promiscuité, de bruit, d'odeurs, de chaos…mais monde dans lequel l'homme a trouvé le moyen de ne plus vieillir et de vivre éternellement grâce à une avancée médicale. Les cancers sont de vieux souvenirs, les maladies inexistantes. Par ailleurs, il n'y a plus de moyens de transport personnels mais des transports en commun ultra-rapides, la viande est synthétique et les insectes sont la base de toute nourriture. le bonheur quoi, qui vaut bien la peine de s'entasser, de manger et de se déplacer différemment, de ne plus voir la terre recouverte de béton et de composite, non ?

Je vous vois froncer les sourcils : comment peut-on concilier surpopulation et immortalité ? Paradoxale le monde imaginée par Glukhovsky, invraisemblable, voire incohérent ? Non. Les différentes régions du globe qui ont en leur possession le remède ont trouvé comment y faire face.
La Panamérique en proposant l'immortalité uniquement à ceux qui peuvent se la payer, solution capitaliste ;
la Chine en castrant sa population voilà deux cent ans, solution radicale ;
la Russie en la réservant seulement à l‘élite politique à coup de corruption et de mensonge à sa propre population, solution immorale ;
l'Europe, elle, pour faire face à ce problème de surpopulation et de limitation des ressources, propose à tous ses habitants, quelles que soient ses ressources, de faire un choix. C'est la loi du Choix. Solution terrifiante sous couvert d'éthique.

Un choix obligatoire décidé par la loi, un choix cornélien, un choix diabolique, un choix inhumain. Un choix qui touche à notre part la plus intime. Et c'est pour cela que ce livre fascine tous lecteurs quelle que soit sa familiarité avec la science-fiction.

Toute personne a droit à l'immortalité si et seulement si elle accepte de ne pas avoir d'enfant. Sinon, si un couple décide de procréer, la grossesse doit être déclarée et un des parents doit se sacrifier : il se verra injecteur un sérum métabolique qui va accélérer son vieillissement. Il aura environ dix ans à vivre au cours desquels ses fonctions vitales vont très vite se dégrader, son corps va se flétrir, la sénilité et l'incontinence deviendront son quotidien. Dix ans à profiter de son enfant et d'une vie familiale…enfin vie familiale sous réserve que l'autre conjoint, resté jeune, accepte cette dégradation. Un mort pour une vie.
Le hic, c'est lorsque la grossesse n'est pas déclarée, qu'elle devient donc illégale. Les femmes enceintes sont en général repérées soit par le taux de gonadotrophine dans les eaux usées, les canalisations étant truffées de senseurs, soit dénoncées par des voisins. Une organisation armée paramilitaire, la Phalange, intervient dans ce cas. Une armée d'hommes insensibles et brutaux portant un masque d'Apollon, des Tasers et des seringues, viennent confirmer l'illégalité de la grossesse, injectent à un des deux parents le sérum et kidnappent l'enfant afin que celui-ci soit placé dans un terrible internat dont le but est précisément de former les membres de cette effroyable et glaçante Phalange, et de devenir ainsi ceux qu'on appelle « les Immortels ».

Des hommes et des femmes surentrainés, qui n'ont ensuite droit à aucune vie familiale, et dont l'objectif, ad vitam aeternam, est de remplir cette mission de briseur de famille. Perpétrer des pogroms inlassablement. le moindre manquement au règlement, le fameux Codex, les amène au broyeur afin de devenir du compost, poussière parmi la poussière. Il faut dire qu'ils ont été à bonne école. L'internat est pire que le pire de vos cauchemars. Ses méthodes sont d'ailleurs controversées et critiquées. C'est un centre de dressage d'enfants, sans fenêtre, tout le temps allumé et truffé de caméras et de micros, usant de torture, de bourrage de crâne, et d'entrainements intensifs, broyant toute âme et sentiments en eux. Un lieu où les règlements de compte et la loi du Talion sont légion. seule une heure de cinéma par jour constitue leur unique source de rêve, d'espoir et d'accalmie.

L'histoire est racontée par un des immortels, le Matricule 717 lorsqu'il était à l'internat, Jan désormais dans la vie civile. Sa vie dénuée de sens va basculer le jour où un sénateur lui propose d'éliminer en sous-main un activiste de l'opposition, le leader du Partie de la Vie. Ce faisant il va rencontrer Annelie…Et tout va basculer. Ses certitudes vont s'effondrer, sa part humaine va éclore telle une fleur sauvage. C'est haletant, captivant et touchant. Les imbroglios politiques et géopolitiques s'entremêlent à cette histoire d'amour qui éclaire d'une lumière magnifique ce roman terriblement trash par ailleurs, bousculent cette trajectoire personnelle aux innombrables fractures dont le destin était tout tracé. Destin qui va connaitre des rebondissements tout simplement captivants.

Bon il faut reconnaitre que, au départ, Jan est très dur à aimer, j'ai mis du temps à ne plus éprouver de malaise vis-à-vis de ce personnage principal du roman.
Raciste, misogyne, violent, son parcours explique son caractère mais il m'a fallu plusieurs dizaines de pages pour l'accepter et déceler en lui son côté émouvant, son véritable moi. Plusieurs dizaines de pages pour m'adapter au style du livre.
Et au fur et à mesure du récit, Jan l'est de plus en plus, émouvant. de plus en plus humain. Au fil des pages, il est de plus en plus passionnant, ce livre. Et entre des passages trashs, notamment quand ils ont trait à la vision des rares personnes âgées, la vieillesse étant vue comme une horreur absolue (et que dire de la vision d'un cadavre..), flottent de nombreux ilots de poésie d'une beauté renversante.

« Elle me dépose un baiser sur le front et, là où ses lèvres m'ont effleuré, s'allume un soleil ».

Il est passionnant de voir ce que cette immortalité engendre sur la spiritualité et la philosophie. L'homme étant devenu un dieu, il n'y a notamment plus aucune place pour la religion, les églises se transformant soit en musée, soit carrément en maison de passe de luxe. Sans la Mort, plus la peine de terrifier le peuple avec l'enfer et de lui faire espérer le Paradis. C'est glaçant, décadent, d'un cynisme et d'une provocation folle de la part de Glukhovski. Les européens sont désormais les maitres d'un nouvel Olympe, les hérauts d'une nouvelle Antiquité, dans lesquels ils se pensent être devenus des Dieux. Nous savons ce qu'il advient des humains lorsqu'ils se prennent pour des Dieux…
Passionnant d'imaginer ce que signifie la notion de beauté, lorsque tout le monde reste éternellement jeune.
Le livre aborde également brillamment les conséquences pour les peuples des pays qui n'ont pas accès à l'immortalité, conséquences en termes d'émigration et d'inégalité ressentie de façon terriblement injuste. Barcelone, dans ce livre, est une mégalopole bouillonnante où les réfugiés viennent en masse se réfugier à la porte de l'Europe unifiée.

« Nous ne faisons rien de notre éternité. Quel grand roman a-t-il été écrit au cours du dernier siècle ? Quel grand film tourné ? Quelle grande découverte réalisée ? Je n'ai rien qui me vienne à l'esprit. Nous n'avons rien fait de notre éternité. La mort nous fouettait, Jacob. Elle nous obligeait à nous hâter. Elle nous obligeait à faire usage de notre vie. Jadis, la mort était visible partout. Chacun l'avait présente à l'esprit. C'est une structure : voici le début, voici la fin ».

Un livre qu'on ne lâche pas facilement tant sa beauté vénéneuse est à la fois fascinante et troublante, tant son rythme est soutenu et haletant. La loi du Choix touche à l'intime, à ce qui constitue notre essence, loi qui se déploie dans un contexte d'un réalisme saisissant. La mort de la mort, narrée dans ce ton parfois trash peut déstabiliser. L'auteur russe est très loin du politiquement correct mais il insère entre deux passages violents ou glaçants des passages poétiques hallucinants. Un excellent livre de SF qui me donne envie de découvrir les autres livres de cet auteur russe courageux et actuellement loin de sa Terre natale. A noter que certains de ses livres s'accompagnent d'une bande-son ce qui a particulièrement le don de me plaire (et me rappelle bien sûr La horde du contrevent pour laquelle Alain Damasio a également composé une bande-son à écouter en lisant le livre) et que Metro 33 peut être lu gratuitement sur internet et commenté par les lecteurs eux-mêmes. Soulignons également, à l'heure des Utopiales (le salon international de la SF) ce week-end même dans ma région, que Dmitry Glukhovski a obtenu le prix européen des Utopiales pour son roman Sumerki en 2014.

Visionnaire, contemporain, créatif et talentueux, un auteur russe à suivre assurément !

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Un livre sombre décrivant un futur distopique et surpeuplé.
Un héros tout aussi sombre auquel on s'attache. Au fil des pages nous suivons son évolution, découvrons ses réelles blessures, victime lui aussi du système en place.
De l'action du début à la fin, une vraie traque dans cet univers de grattes ciels qui recouvrent les vestiges de notre planète.
De la science fiction accessible à tous avec une fin que j ai trouvée PARFAITE après avoir passée 945 pages dans ce futur oppressant.
Très bonne lecture pour moi !
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wahouu. Enorme. En voyant ce pavé je me suis dis "pff je vais pas accrocher" mais c est juste incroyable cette histoire tous ces evenements qui s enchainent pour ne former qu'un. J ai eu du mal a refermer ce livre et c est avec regret que je le finis. c est tellement touchant, ce personnage principal improbable qui devient humain par la force des choses. Tres belle histoire, assez emouvante, et qui se lit tres bien malgres des chapitres assez long. On n a pas le temps de s ennuyer quand on est absorbé.
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Woah.

J'ai littéralement été transporté dans cet univers riche, fort et vraisemblable. J'adore la façon dont Glukhvovsky parle de la société et des problèmes qui y figurent. En lisant le livre, j'avais envie de me révolter. Et puis surtout, il nous tient en haleine, on VEUT connaitre la fin.
C'est magistralement bien écrit et j'ai été touché par tant de personnages aussi différents que pareils.

Lisez ce livre, vous n'allez pas le regretter.
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Un excellent roman de Science-Fiction qui réunit beaucoup de qualités. Dans le désordre les points forts sont l'univers futuriste créé, l'intrigue, le personnage central, les thématiques abordées. L'histoire se passe au milieu du XXVème siècle, depuis 300 ans l'humanité a trouvé le moyen d'être immortelle, il y a trois trillions d'humains sur la planète, tout est bétonné, l'Europe (plus de 120 milliards d'habitants) est une mégalopole couverte d'immeubles de 1000 étages. Ces chiffres sont bien sûr invraisemblables mais les descriptions, elles, sont crédibles : les gens vivent dans des cases de quelques mètres cubes, il n'y a plus de nature, le ciel n'est pratiquement visible de nulle part, les villes du passé sont toujours là, sous les villes modernes, partout des parois reconstituent des apparences de visions supportables voire agréables, l'alternance du jour et de la nuit. Cet univers est déjà visuellement oppressant, Dmitri Glukhovsky arrive à nous donner à percevoir un univers aérien aussi fermé que l'univers de Métro 2033, d'autant que le héros souffre un peu de claustrophobie (surtout dans les ascenseurs). Certains sont particulièrement bien décrits : les bas-fonds de Barcelone, les usines robotisées à viande, l'établissement de bains «La source», la cathédrale de Strasbourg, …
Evidemment qui dit remède contre le vieillissement conduisant à l'immortalité dit surpopulation. La Terre du futur est partagée entre différentes entités géopolitiques sur lesquelles en dehors de l'Europe, l'auteur s'étend peu. L'essentiel à retenir est que l'utilisation du remède immortel n'est pas régulée partout de la même manière. La Russie l'a inventé mais ne la propose pas à sa population dont l'espérance de vie est très basse (curieusement il semble que ses dirigeants ne vieillissent guère!), Panam prône l'égalité des chances, et le remède n'est fourni qu'à ceux qui ont le moyen de se le payer, le prix augmentant de plus en plus au fil des générations. La Chine est plutôt dans l'expansion territoriale, en Sibérie (dont les ressources ont été complètement épuisées) et en Inde (ravagée par une guerre nucléaire). Pour les autres régions du monde, hors Europe, le reste de l'humanité cherche à rentrer en Europe, car celle-ci propose l'égalité d'accès de tous ces citoyens à l'immortalité. Avec, bien sûr, une contrepartie : si l'on veut un enfant, l'un des deux parents doit offrir sa vie (par un vieillissement accéléré en dix ans). le choix est cornélien, et en cas de naissance non déclarée, les enfants sont enlevés et élevés dans un orphelinat terrible où ils sont coupés du monde, éduqués à penser que leurs parents sont des criminels, endoctrinés pour devenir les « Immortels », ceux qui traquent justement les parents fraudeurs. le thème de la surpopulation est peu abordée dans la SF récente, comme si c'était devenu tabou. Il faut dire aussi que Dmitri Glukhovsky est russe et qu'en Russie fantastique et SF sont depuis longtemps un bon moyen de dénoncer pas mal de chose en contournant la censure. Quand on sait que la Russie est plutôt en butte avec une dénatalité et une dépopulation, pas étonnant que l'auteur n'y aille pas de main morte sur ce thème ni que le lecteur trouve une richesse thématique qui dépasse largement ce sujet.
L'intrigue est bien ficelée, avec une histoire qui se tient, du suspens, des surprises, des rebondissements et retournements. Un vrai thriller avec un bon équilibre entre action, souvent très cinématographique et réflexion. Les thématiques abordés sont variés : l'attitude d'une société par rapport à ses personnes âgées, ce que pourrait donner une société sans enfants, la religion, la gestion des migrants (avec le choix de Barcelone comme point d'entrée en Europe), les conflits interethniques qui se poursuivent en dehors des terres d'origine, les magouilles géopolitiques et les dirigeants qui se sentent l'égal de dieux.
Le narrateur, Jan Nachtigal 2-T, ou 717 (et divers alias : Jacob, Eugène, …) passe sans prévenir du récit du présent à des récits de souvenirs, ce qui demande au lecteur un temps d'adaptation et au début du moins, pas mal d'attention. Ce personnage est le reflet de sa société : égoïste, violent, pas très sympathique. Pourtant, au fil des pages, à force de découvrir ses souvenirs dans des flash back le lecteur commence à le comprendre et à le trouver humain. On comprend d'où lui viennent sa rancoeur, sa haine des femmes, mais il reste en lui quelque chose du petit garçon qui s'était imaginé une autre vie dans un jardin de Toscane grâce aux premières images d'un vieux film. le personnage est crédible. Et puis il évolue, il est attiré par Annelie (on saura bien plus tard ce qui a déclenché cette attirance), peu à peu en tombe amoureux, remet en cause des tas de choses, une évolution très progressive jusqu'aux décisions finales qu'il prend. Au début sa vision de la femme n'est pas terrible, dominée par des femmes-enfants et des femmes-objets, avec beaucoup de violence, puis cette vision évolue, parallèlement à l'évolution de Jan, en particulier avec la scientifique prix Nobel et la médecin de la Croix Rouge, et puis on s'aperçoit que parmi les couples qui choisissent d'avoir un enfant, le renoncement à l'immortalité est assez bien partagé entre père et mère (sauf évidemment quand le père s'est barré). L'ensemble est très sombre, avec peu de personnages vraiment positifs (Annelie, la famille hindoue) mais quelle fin ! de la science-fiction de haute volée, vraiment intelligente.
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Je ne suis en général pas adepte des pavés, mais celui-ci, avec ses plus de 700 pages (1500 pour moi en numérique...) m'a captivée du début à la fin. Futu.re narre une dystopie dans laquelle les êtres humains ont réussi à vaincre le problème de la mortalité. L'Europe est devenue une immense mégalopole. Au coeur de celle-ci, les hommes, devenus éternels, font croître leur population vers le ciel, en amoncelant les espaces de vie hiérarchisés selon le rang social.Le contrôle des naissances étant devenu un enjeu majeur, les couples choisissant d'enfanter doivent alors faire le Choix: il faudra que l'un des deux accepte de devenir mortel et de se dégrader et périr en quelques années. le roman suit l'histoire de l'un des membres de l'organisme chargé de traquer ceux qui transgressent cette loi : la phalange. Futu.re est un roman particulièrement bouleversant, tant la dystopie proposée est réaliste. Glukhovsky prend son temps pour installer un monde totalitariste, tellement crédible que sa lecture m'a souvent dérangée.C'est tout l'enjeux de la surpopulation qui est abordé en en prenant le parti pris extrême : que se passerait-il si les hommes devenaient immortels ? Si l'immortalité n'était plus un rêve, mais qu'elle existe depuis si longtemps qu'elle soit une évidence, un acquis. Quels sacrifices seraient alors consentis par la population ? Dans notre société dans laquelle la mort est déjà mise de côté, dans laquelle les personnes âgées sont déjà mises au ban de la société, toutes ces réflexions prennent tout leur sel... Dans l'univers sordide du livre, le héros est l'un des personnage les plus travaillé qu'il m'ait été donné de lire ces derniers temps. L'intrigue se cristallisant autour de son parcours, il est l'atout majeur du récit. Absolument détestable presque tout au long de l'histoire, c'est au fur et à mesure de la levée du voile sur son passé que j'ai fini par le comprendre à défaut de m'identifier. En effet, le sordide côtoie l'innommable, et on se rend compte au fil du récit de ce qu'implique vraiment la société qui nous est décrite : contrôle de la population et contrôle des masses, enlèvement d'enfants, conditionnement... La prise de conscience est longue et chaotique, elle laisse un goût de bile dans la bouche. Fort d'un cynisme et d'une noirceur folle, le récit est cru et sans concession, ce qui le rend d'autant plus réaliste. le cheminement moral du héros ne sera pas parvenu à me le rendre sympathique une seule seconde, mais m'aura permis de profondes réflexions. L'auteur réussi avec ce roman un énorme tour de force, un livre d'une intensité inouïe qui est en prime tellement prenant qu'on en oublie très vite la longueur. Sa lecture aura fortement raccourcie mes nuits, pour mon impossibilité à le lâcher, et pour les abîmes de réflexions dans lesquelles il m'a plongée, et qui me hantent encore.…
Lien : https://atraverslamarelle.org/
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