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sur 480 notes
Murène, c'est l'histoire de François et du hasard implacable qui le propulse dans une vie qui n'est plus la sienne. C'est la mort qui n'a pas voulu de lui mais qui l'a engloutie et l'a consumé avant de le recracher en lambeaux. C'est elle encore qui s'insinue dans son esprit quand le découragement l'emporte. Et puis il y a la lumière incarnée par des soignants, une famille aimante, des coachs sportifs, des amis handicapés déterminés qui vous redonnent le goût de la vie et du défi. François veut devenir murène pour être apaisé, enfin libre dans l'eau. Il deviendra bien plus en faisant don de son expérience et de son intelligence. Un récit tout simplement magnifique loin du pathos qui nous transpose dans les prémices de la prise en charge du handicap jusqu'aux premiers jeux paralympiques. Un hymne poignant au dépassement de soi et à la persévérance qui font fi des préjugés. Je termine ce roman les yeux pétillants, le coeur gros et le sourire aux lèvres avec cette image que ce qui est cassé puis réparé devient plus précieux alors. A l'heure du culte de l'apparence et de la sur consommation, nous devrions tous retenir cette leçon.
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Très bon roman dans un style particulier qui rend le personnage éminemment sympathique. Quelle volonté implacable et détermination à vivre! Un bel hymne au courage et au dépassement de soi.Intéressant également de découvrir les prémices du handisport et des jeux paralympiques..
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François a 22 ans, de l'avenir, de l'amour, du dynamisme à revendre. Et puis, à cause d'une imprudence, sa vie bascule et il se retrouve sans bras. Nous sommes en 1956.

Ce roman passionnant, poignant, désespérant au départ puis petit à petit plein de promesses, ce roman s'attache aux pas de François, depuis le mois avant son accident, en passant par les secours qui viennent le ramasser, à moitié cadavre calciné dans la neige, carbonisé par une ligne à haute tension, les opérations (amputation des 2 bras, greffes de peau…), la lente remontée vers la conscience et la souffrance, la revalidation, le retour à la maison, l'adaptation à la vie quotidienne, et puis le handisport, qui le sauve.

Mais en-dessous de ces faits bruts décrits avec précision, sans complaisance mais avec une empathie incroyable, que ce soit vis-à-vis de François, de sa mère, de son père, de sa soeur, de l'infirmière qui l'a ramené à la vie par ses paroles et son regard, il y a tous les sentiments, toutes les sensations, toutes les idées qui traversent ces personnages.
L'auteure elle-même, à un moment, se sent obligée de s'excuser, en plein dans le texte, vis-à-vis de ses personnages. J'ai adoré ce moment !

J'ai d'ailleurs adoré tous les moments, toute cette progression vers le réveil, vers la vie, vers le sport, pour se dépasser soi-même, pour prouver qu'on est encore capable de faire partie de cette société. L'amour est présent tout le temps, l'amour qui porte mais aussi celui qui fait mal. le handisport est mis en scène, expliqué de façon détaillée, mis en situation, défendu, exalté.

Bref, c'est un roman qui heurte, qui flagelle et qui donne l'espoir. L'espoir pour tous ceux qui sont différents, qui doivent s'adapter à leur corps défendant, et l'espoir aussi pour ceux qui les entourent afin de construire une société plus humaine, plus inclusive.
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Un très beau livre sur le handicap. Valentine Goby nous permet de suivre François, un jeune homme d'une vingtaine d'années, qui dès le début du livre subit un grave accident. Grâce à une écriture sensible et délicate, nous suivons les différentes épreuves que va traverser François et que vont traverser aussi ses proches : l'annonce à la famille, sa propre acceptation , l'évolution de son quotidien, les réactions des autres. On se questionne aussi dans ce livre sur le sens de la vie ainsi que sur le rapport au corps. Un coup de coeur!
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Le roman débute sur des gestes du quotidien, avec des descriptions anatomiques et biomécaniques mettant l'accent sur la complexité de mouvements qui paraissent généralement si simples puisqu'ils sont acquis, automatisés même. Cela peut sembler ennuyeux. Et pourtant, justement dosée, cette particularité de l'introduction prépare la suite de la lecture, renforce le sentiment d'effroi de ce qui s'annonce, car le lecteur sait que, d'un moment à l'autre, un tournant dans l'histoire viendra compromettre cette fluidité de mouvement.

Dans ce livre, la forme sert le fond, notablement. Valentine Goby adapte sa plume aux circonstances du récit, crée des ambiances fluctuantes et nous téléporte ainsi directement sur la scène de l'accident, dans la chambre d'hôpital à V., dans la maison familiale au retour de François, la Murène en devenir… Elle parvient toutefois à maintenir une certaine distance entre le lecteur et la souffrance de François, que l'on perçoit et comprend sans la vivre à travers lui. Rien de larmoyant donc malgré le drame à la base du roman.

Murène, c'est avant tout une histoire de résilience. Pas fulgurante. Lente. La réappropriation du corps et l'acceptation de sa nouvelle condition prend du temps. J'ai aimé cette histoire touchante, la richesse de la narration, les réflexions sur la notion de handicap, les flashforwards sur la progression du handisport… Une belle lecture !
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Etonnant et très bien fait.
Valentine Goby ménage son héro et ses lecteurs.
Quand cela risque d'être trop difficile, elle nous fait sortir de la chambre, nous fait rejoindre la petite soeur et son cour de danse, le papa dans l'atelier de couture et elle fait de longues listes pour que notre esprit et notre coeur puisse prendre du repos, tout comme Nadine, l'infirmière, demande à François de suivre le violon ou le piano dans le symphonie, pour supporter les soins douloureux.
Petit à petit, à mesure que François accepte ce corps, le style s'allège et notre regard aussi.
Un beau livre, sur un sujet difficile.
Lien : https://www.babelio.com/monp..
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François est jeune (22ans), dynamique, fougueux, amoureux… Il possède une stature athlétique et l'avenir lui appartient.
Sa vie va hélas brusquement basculer un jour de février 1956, dans la neige et le froid glacial des Ardennes. Victime d'un arc électrique puissant, électrocuté, le corps gravement brûlé, il est transporté à l'hôpital dans un état désespéré. Les médecins ne lui laissent que peu de chance de survie…
Par miracle, François ne mourra pas – un diagnostic qui rassure pour peu de temps ses parents - mais il sera amputé des deux bras et même désarticulé au niveau de chaque épaule.

Ce beau roman de Valentine Goby, poignant, touchant, commence brutalement par un drame qui brise un corps et par là même une existence. le monde de François s'effondre du jour au lendemain, il se retrouve handicapé – on ne dit plus infirme – et entièrement dépendant. Des journées d'hospitalisation, des souffrances physiques et psychologiques, le regard des autres et l'humiliation, l'isolement, le désespoir et l'envie parfois de tout abandonner, mais aussi, de temps en temps, quelques lueurs fugitives autour de lui. L'autrice réussit à faire entrer habilement le lecteur dans la tête du patient et à partager ses états d'âme et ses pensées souvent désordonnées.

Comment continuer à vivre dans cet état qui inspire pitié et dégoût ? Pourquoi, pour qui lutter ? Existe-t-il une chance aussi minime soit-elle de se réadapter au monde environnant et de reprendre goût à la vie ? Tout est à faire à réinventer. C'est le sport en particulier la natation qui va permettre à François de se relever.

Depuis les années 50, heureusement, la médecine et les technologies ont évolué de manière fulgurante ; que dire des dernières greffes chirurgicales à la limite du miracle et des prothèses légères, articulées permettant des mouvements presque naturels et la pratique handisport de haut niveau ? Les jeux paralympiques qui au fur et à mesure des années comportent de plus en plus de disciplines sportives et sont retransmis dans le monde entier en sont la preuve vibrante. Les premiers jeux furent organisés à Tokyo en 1964. Que de chemin parcouru depuis lors !

J'ai beaucoup aimé ce roman puissant et sensible qui nous conte le calvaire de François, mais surtout son combat, sa lente reconstruction et sa résilience. C'est un bel hommage à toutes les personnes souffrant de handicap ou de grave maladie.
Les mots et le ton de Valentine Goby sont justes, son écriture est ciselée, précise ; on sent que l'autrice s'est longuement documentée. Toutefois, j'ai regretté son style très dense, surtout en première partie de roman, les chapitres et paragraphes longs (peu d'alinéas ni d'interlignes), et je me suis un peu lassée des accumulations de phrases sans verbe et des énumérations excessives.

Je recommande néanmoins cette lecture qui donne au lecteur une belle leçon de vie.

#Challenge illimité des Départements français en lectures (08 - Ardennes)
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Eh bien, c'est quelque chose cette histoire ! Jamais nous ne nous serions crues capables de lire un récit pareil !

L'hiver 1956 très rigoureux, un beau jeune homme de vingt-deux ans, un panneau danger caché sous la neige et un terrible accident improbable... Blessé à mort, le corps en étoile dans la neige, les souvenirs récents envolés, peut-il survivre ?
Le jeune homme, François Sandre, mettra des mois à se remettre à l'hopital puis dans sa famille ; mais les médecins n'ont pas pu sauver ses bras ; commence alors une période très difficile, faite de doutes - cette vie vaut-elle la peine - mais aussi d'espoirs - un appareillage est possible, il y a l'amitié et peut-être l'amour - de retour de l'envie de vivre, malgré tout.

Le récit serait insupportable sans le génie d'écriture de l'autrice : maîtrise parfaite de l'écriture qui nous transmet les ressentis du blessé, de ses parents, de sa soeur. Chacun essaie, avec et par amour, de vivre cet événement imprévisible et inimaginable.

Et puis, un jour après l'autre, le bout du tunnel s'éclaire pour François : nager, comme la murène qu'il a vue à l'aquarium ? Donner des cours d'anglais puisqu'il est bilingue grâce à sa mère ? Faire partie de l'Amicale sportive des mutilés de France ?

Il a des parents couturiers, François Sandre, qui ont l'habitude d'habiller toutes sortes de corps, d'adapter les tissus aux singularités des gens, et de travailler sur des mannequins-bustes sans bras .. À l'Amicale des handicapés, on commence à parler de jeux olympiques et de handisports, même si ce n'est que le début... Une certaine Nadine va traverser la vie du jeune Sandre, peut-être le préparer pour le grand amour...

Et il se métamorphose, François, c'est le "mutant magnifique" dit l'autrice dans une interview ; ce qui au départ de la lecture semblait tellement horrible qu'on avait presque envie de refermer le bouquin et de se dire ce n'est pas pour moi, évolue d'une telle façon que ce que l'on se dit à la fin, c'est que la vue d'une personne handicapée ne résonnera plus en nous de la même façon qu'avant et surtout que l'être humain est extraordinaire dans sa capacité d'acceptation et de rebondissement !
C'est ce qui s'appelle la résilience, non ?
Un livre exceptionnel, à lire même si le début de l'histoire fait peur...

Extrait p 204 : " Quand même, il te manque la danse, dit Sylvia. Elle met un disque, ramène dans la pièce les violons qui font vibrer la peau, préparent aux mouvements gracieux. Elle lui apprend le saut de chat, presque un sur place, les ronds de jambe qui ancrent dans le sol, le pas de bourrée qui te soulève à peine, les entrechats - c'est sans danger, à ras de plancher on ne vacille pas même sans le balancier des membres supérieurs. Elle passe un bras autour de sa hanche, le guide dans un lent pas de deux qui les soude. Tu te débrouille pas mal elle dit, mieux qu'un ficus."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Hiver 1956. le froid s'abat sur la France. François, un jeune homme de 22 ans, part dans les Ardennes pour un travail. Et puis sa vie bascule lors d'une tempête de neige qui bloque sa progression : cherchant refuge près d'un wagon, une électrocution le fauche. Il va être amputé des deux bras et se heurter aux manques auxquels le handicap le confronte. le voilà à présent infirme, mutilé, diminué à ses yeux et dans le regard des autres. Il va devoir apprendre à se construire autrement, à composer avec le manque, à retrouver sa dignité. Long chemin de résilience qui ne lui rapportera certes pas sa vie d'avant, mais des projets et, in fine, de l'espoir.

« Murène » est un roman écrit par Valentine Goby. C'est une oeuvre juste, poignante et bouleversante qui porte en elle de multiples thématiques, la plus centrale étant celle du handicap dans ses résonances physiques et psychiques.

L'intrigue happe dès le début grâce à l'écriture ciselée de l'auteure. On plonge d'emblée dans le monde de François, adoptant son point de vue narratif, le monde d'avant – qui n'est qu'une parenthèse – écrit en contrepoint du monde d'après. Et c'est le jour de Bayle qui en constitue la frontière, étanche, imperméable. Au fil des longs mois d'hospitalisation, en ces années 1950 où la médecine a certes fait des progrès mais n'en est qu'à ses débuts pour ce qui concerne les amputations, la rééducation et l'appareillage, on tremble aux côtés de François ; on assiste – impuissant – à sa douleur, ses déchirures, le désespoir sans fond qui s'ouvre à lui ; et puis se font des conquêtes à la faveur de sa créativité, de sa combativité et d'un entourage porteur.

Le propos est d'une grande justesse, d'un réalisme poignant, tant au niveau physiologique que psychologique. L'auteure s'est remarquablement documentée, en témoignent ses remerciements à la fin. « Murène » est une oeuvre vaste, longue (près de 400 pages), qui part de l'intime d'une situation pour ouvrir vers le dernier tiers sur l'évolution de la représentation du handicap en France, avec notamment l'essor du handisport. L'intention est louable mais l'auteure ouvre, à mon sens, trop de pistes, l'intrigue devenant ce faisant un peu trop ambitieuse, le côté documentaire prenant le pas sur la fiction et, surtout, sur l'intime d'un vécu. En effet, les qualités d'écriture de Valentine Goby sont très manifestes pour dire la souffrance de François : allers-retours entre les temps de la narration, longues phrases sans ponctuation, que l'on retrouve chez Maylis de Kerangal par exemple, descriptions et métaphores sublimes, ouvrant un souffle poétique en creux des noirceurs. Elles perdent un peu de leur éclat lorsque le côté documentaire prend le pas.

En bref, « Murène » est un roman bouleversant, juste de réalisme, plein d'un regard poignant sur l'autre dans son altérité radicale qui, pour autant, nous rejoint. En somme une rare humanité couchée en mots sur le papier dans l'espace-temps d'un livre.
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En 1956, un accident laisse François pour mort. Contre toute attente et après un long comas, le jeune homme de vingt-deux ans survit. Mais il est grièvement brûlé et a dû être désarticulé des deux épaules. A la torture de la douleur s'ajoute celle d'une vie à réinventer, malgré le refus de soi et le regard d'autrui, dans l'humiliation de la dépendance et de mille renoncements quotidiens. A cette époque, les possibilités d'appareillage sont extrêmement limitées pour son cas. C'est dans le sport, plus précisément la natation, que François va progressivement retrouver l'estime de soi et le goût de vivre.


Le sujet est grave et ne peut laisser de marbre. Symbolisé avec force par l'image du mannequin Stockman sans épaules, le thème de l'infirmité physique est ici exploré posément et sans pathos, au travers d'un personnage fictif d'un parfait réalisme et d'une lumineuse humanité. Ce livre est d'abord le portrait bouleversant, tout en nuances et sans la moindre complaisance, d'un être dépossédé de ce qui faisait sa vie, son identité sociale et sa dignité humaine, en même temps que de son intégrité corporelle et de ses capacités physiques. Infirme, François sort de la sphère qui était la sienne, pour se retrouver marginalisé sur un bas-côté de la vie. A peine s'il se sent encore considéré comme un humain à part entière, tant seule sa différence tend à le définir dans les regards portés sur lui.


Lorsque François se met en tête d'apprendre à nager sans bras à la fin des années cinquante, personne n'imagine alors que le sport, la compétition et l'exploit puissent être du ressort de personnes estropiées. Son parcours du combattant est l'occasion de retracer l'émergence du handisport et la création des jeux paralympiques, dans une intéressante rétrospective historique qui fait prendre conscience du chemin parcouru depuis. C'est d'ailleurs la médaille d'or et le record mondial du nageur chinois sans bras Tao Zheng, en 2016, qui a servi de déclic à l'écriture de ce roman, clairement sous-tendu par une documentation approfondie.


Ce livre plein d'empathie et d'une grande beauté d'écriture est un magnifique hommage à toutes les personnes souffrant d'infirmités et aux extraordinaires capacités de résilience dont l'espèce humaine sait faire preuve. Si la science n'a pas fini de faire progresser chirurgie et appareillages, du chemin peut aussi être encore parcouru dans l'acceptation et l'oubli de la différence. Alors que la malchance ou la fatalité contraignent certains d'entre nous à faire face au handicap ou à l'infirmité, l'obstacle supplémentaire de la discrimination et de la dévalorisation ne devrait jamais venir alourdir le destin.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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