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4,25

sur 470 notes
♫Elle revient toujours, la colère
Chaque jour depuis des millénaires
Elle revient toujours la colère
Chaque jour sur un bras de mer
Elle revient toujours, la colère
Chaque nuit comme en plein coeur
Je crois qu'elle vient de la douleur
Chaque jour, même les plus ordinaires
Elle revient toujours la colère♫
-Gaëtan Roussel-2021-
---♪---♫----😡---👤---😡---♫---♪---

1956, C'est l'hiver
Ma ladie ou myster2 Winter
Abbé Pierre Vs Caténaire
Un corps s'arque au-dessus du wagon
Où va le blanc quand la neige fond ?
Indubitable Mousse que terre...
Ebloui par la nuit
A coup de lumière mortelle
Il ne reste presque rien
Que tes cendres au matin...
Triste réalité devenue cruelle
Presque Pas mort !
Sans l'indispensable envie !?
Démonstration par A + B virgule
Dire tout haut
Ce que les prothèses
Précieuses parfois ridicules
Ça n'empêche point à la ligne
Réel ou vrai,( les membres fantômes
Quasi maux d'os?
(tiens v'là du Hugo, ça c'est cadeau !!)
Oulipo dirait Tic
Appareillage, symptôme,
c'est pas automatique
Refus net, catégorique
ferme et, les parents taisent)



Style Oulipo, multiplie phonèmes
pour valider un digne phénomène
Il rassure le langage des outils
Well done Goby Valentine
Avec cet accent à la Jane Birkin
Une encre circule dans l'écrit veine
Interstices entre tes lignes
Tu te faufiles comme ton roman Anguille
Maintenant te voilà Promue Reine
Pro- Murène CQFD


Un merci aussi Omar Sy
Ton appareillage mieux vo s'y faire
Elle revient toujours ta colère
Depuis que t'as Plus d'bras,
L'effroi souffle lait chaud qu'aux las !
On meurt pas en une seule fois
Doigt te projeter pour deux mains
Un avenir à petits pas
Ne plus pouvoir baisser les bras
J'aimerais lever mon verre à pied
A ceux qui n'en ont pas.
Un hommage à celui qui fut mon P'pa
A pareil âge,18 ans, section Art Taire fait Morale
Redoutable le temps
Infirme à M'man...
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Oser plonger pour retourner à l'eau, la grande matrice. S'il veut survivre, il devra nager. S'il veut devenir un homme, ce sera un poisson. Depuis ses vingt-deux ans, François n'a plus de bras, jusqu'aux moignons. L'image de la murène, animal hideux aux mouvements gracieux, nichée dans des profondeurs insoupçonnées, pleines d'une humanité révélée, justifie le titre de roman éblouissant.

Une étreinte oubliée : celle de Nine dans ses bras. le choc de l'accident lui fera perdre une partie de sa mémoire, notamment celle, tactile, qu'il ne retrouvera jamais. de son coma, il se réveillera amputé.
«  La caresse brûlante de l'arc électrique qui traverse la chair, enflamme les tissus, projette le corps à plusieurs mètres  ». de son accident et de sa lente guérison, aucun détail ne nous sera épargné. Mais le plus dur reste à venir, car comment vivre sans pouvoir attraper un objet, s'habiller, manger, marcher droit ? Comment vivre sans ne pouvoir plus pisser seul ? Comment vivre sans ne plus jamais rien pouvoir toucher de ses mains ?

Nous sommes en 1956. A cette date, la prise en charge des grands brûlés et des handicaps qui peuvent en découler n'en est encore qu'à ses balbutiements. Cantonnés aux mutilés de guerre, les handicapés civils sont ignorés. C'est cette histoire que nous propose de suivre Valentine Goby dans ce roman particulièrement émouvant.
Cependant, vous n'y trouverez rien de voyeuriste, juste la description minutieuse, quasi clinique, d'un être humain désemparé :«  six litres de sang très rouge irriguent parfaitement son corps de vingt-deux ans, pulsent à travers cent mille kilomètres de vaisseaux  ».

De son infirmière dévouée, Nadine, à l'attention sensible et salvatrice ; de sa mère anglaise qu'il appelle Mum, à laquelle les médecins n'auront qu'un seul conseil : «  aimez-le sans relâche  », vous n'y trouverez rien de pathétique. Juste la lente reconstruction d'un homme à l'«  anatomie lacunaire  ». Ses membres atrophiés le feront entrer dans une nouvelle espèce d'humanité. le deuil de son corps d'homo sapiens sera sa seule porte de sortie.

Valentine Goby connaît l'art du kintsugi, cette méthode ancestrale d'origine japonaise consistant à réparer des vases brisés pour en créer de nouveaux. François trouvera sa résurrection dans l'eau. Puisant dans cette force aquatique, François nous amènera sur des terrains et des concepts qui n'existent pas encore, dans cette France d'après-guerre - jeux paralympiques, handisport -, posant habilement la question sociale du handicap et de sa reconnaissance personnifiée par la renaissance d'un homme :
«  C'est un combat, et le premier champ de bataille est celui de nos corps  ».

Passionnée par la mémoire et sa transmission, Valentine Goby nous offre dans ce treizième roman, un récit de mutilation étincelant d'humanité, car «  seules les fêlures laissent passer la lumière  ».

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Février 1956, un hiver sibérien sévit à Paris. François Sandre, un grand et beau jeune homme de vingt-deux ans a la vie devant lui. Il vient de rencontrer Nine et ne rêve qu'à la serrer dans ses bras. Il rejoint ce jour-là, Porte de Clichy, Toto, un camionneur qui doit le conduire dans une scierie près de Charleville-Mézières, dans les Ardennes, pour aider Georges, un cousin. Mais le camion se retrouve immobilisé sur la route gelée et François part dans la neige chercher de l'aide. Toto attendra en vain... le corps de François est retrouvé inanimé au pied d'un wagon désaffecté au lieu-dit hameau de Bayle, près des rails d'une voie ferrée, sous une caténaire. Grièvement brûlé, il ne devra sa survie qu'à l'amputation de ses membres supérieurs.
Magnifique écriture de Valentine Goby qui réussit à nous faire entrer dans la tête de François et à nous faire ressentir les souffrances de ce corps mutilé, à une époque où la chirurgie et la médecine en étaient encore à leurs balbutiements de même que les appareillages et prothèses, même si, avec les guerres, des progrès avaient été faits. Elle brosse également un très beau portrait de cette infirmière Nadine qui saura accompagner chacun de ses gestes de paroles lors de son hospitalisation.
Puis, ce sera le retour à Paris, chez ses parents. François va devoir combattre pour affronter cette nouvelle vie où " Il ne pourra plus se brosser les dents, boutonner une chemise, se raser, cirer-lacer-délacer ses chaussures, enduire un mur, pincer la joue de Sylvia, boire une chope, attraper un ballon, écrire une lettre, sculpter un bâton, glisser la clé dans la serrure, déplier le journal, rouler une cigarette, tirer la luge, décrocher le téléphone, se peigner, changer un pneu de vélo, ceinturer son jean, se torcher, payer à la caisse, couper sa viande, se suspendre aux branches, tendre un ticket de métro, héler le bus, applaudir, mimer Elvis à la guitare, signer, serrer une fille contre lui, danser avec une fille, donner la main à une fille, passer les cheveux d'une fille derrière son oreille, dénouer un ruban, toucher l'oreille d'une fille, la cuisse d'une fille, le ventre d'une fille, le sexe d'une fille, son sexe à lui, se pendre, s'ouvrir les veines, se tirer une balle, même se foutre en l'air il ne peut pas." Terrible, bouleversant, les mots me manquent pour exprimer ce que j'ai ressenti à l'évocation de l'avenir qui lui est réservé.
Mais une métamorphose, une mutation profonde va s'opérer lorsque, grâce à l'Amicale sportive des mutilés de France, il va pouvoir profiter de séances en piscine. Il faut dire que lors d'une visite à l'aquarium avec sa soeur Sylvia, la rencontre derrière une vitre, d'une murène, cette silhouette grossière, sans écailles ni nageoires pectorales et ventrales, d'apparence monstrueuse mais si gracieuse va le happer. À la suite de cette vision, il n'aura de cesse d'apprendre à nager. Cette murène va en quelque sorte lui réinventer un avenir. le sport va être pour lui l'occasion de se dépasser bien sûr, mais aussi de rencontrer d'autres gens, de discuter, de se trouver un travail... Ce sera une voix de salut, l'eau lui permettant de découvrir une nouvelle forme de sociabilité, ce sera une véritable renaissance. Il va de nouveau vivre, c'est à dire adhérer à l'existence.
Valentine Goby, à travers ce roman va retracer tous les balbutiements du handisport, un pari incertain pour ces sportifs, avec toutes les difficultés rencontrées pour être crédibles, jusqu'aux jeux paralympiques de Tokyo en 1964. Cette dimension historique contribue beaucoup à la force de ce roman.
Si ce roman est une totale fiction, Valentine Goby que j'ai eu la chance de rencontrer aux Correspondances de Manosque dit avoir été frappée par la beauté insolite de ce nageur chinois Tao Zheng triomphant aux jeux paralympiques de Rio en 2016. C'est cette image qui a tout déclenché !
Quel magnifique roman que Murène ! C'est un roman très riche, d'une grande sensibilité, d'une grande justesse de ton, dans un style dense et puissant sur un sujet pas facile qui sait nous faire partager la moindre émotion, le moindre découragement, le moindre espoir de François. C'est un roman qui continue à m'habiter, même une fois achevé.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Gros coup de coeur pour ce roman qui va me hanter longtemps!

Pour l'histoire qu'il conte, une tragédie épouvantable qui vient faucher un destin prêt à éclore, et de la façon la plus terrible. Je me suis tellement glissée dans la peau de ce personnage, qu'après une séance de lecture, c'est avec beaucoup de bonheur que j'ai constaté que je disposais de deux membres supérieurs fonctionnels et sacrément utiles! On partage ses souffrances multiples, physiques et psychiques, on le soutient dans ses efforts, parfois vains, de repousser ses limites, et on suit à son entourage, blessé lui aussi de ne pouvoir l'aider sans l'humilier.

L'auteur explore aussi les réactions de tous ceux qui de près ou de loin constatent le manque : les soignants, qui font ce qu'ils peuvent avec plus ou moins de délicatesse, limités eux-aussi dans leurs possibilités thérapeutiques (nous sommes dans les années 50), la famille, effondrée, aimante, envahissante parfois, les rencontres aléatoires, comme l'écrivain public, et puis la foule des témoins anonymes, dans la rue, entre dégoût et compassion…

C'est aussi l'histoire d'une reconstruction, inouïe, presque qu'inconcevable mais qui advient, malgré tout, après les étapes de sidération, puis de révolte.


Une reconstruction personnelle qui va jusqu'au plus tard jusqu'au prosélytisme, avec la volonté de tirer d'affaires d'autres blessés de la vie.

Et si cette histoire m'a tellement cueillie, émue, bouleversée, c'est grâce à la magie de cette écriture, riche, envoutante, tellement juste. On ressent l'empathie qu'elle éprouve pour ses personnages, qui transparait parfois en clin d'oeil, lorsqu'elle s'excuse auprès d'eux de leur faire subir un tel sort.


Une superbe découverte, et un classement dans mon top 3 personnel de cette année.
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Quel roman extraordinaire !
Je sors de cette lecture passionnante et émouvante complètement bouleversé. de la première à la dernière page, Valentine Goby que j'avais déjà appréciée dans Un paquebot dans les arbres, m'a fait vivre une histoire d'une importance primordiale pour celles et ceux qui se disent valides et j'ajoute que ce roman est aussi essentiel – une formidable bouffée d'oxygène – pour celles et ceux qui souffrent d'un handicap.
Avec François Sandre, grand jeune homme, sportif, amoureux, qui adore l'escalade, j'ai vécu des moments si intenses que j'ai de la peine à trouver les mots justes, ces mots que l'auteure a si bien su agencer et faire vivre avec un souci de la documentation d'une précision remarquable.
Tout débute au cours du terrible hiver 1956 dont je me souviens. L'intérieur des fenêtres était complètement gelé malgré les couvertures et les protections installées par mes parents… François part de Paris, passager d'un camion qui l'emmène chez un cousin, dans les Ardennes. Tombés en panne sur une route déserte, le chauffeur du camion l'envoie chercher du secours. François part, suit des rails, trouve des wagons immobilisés par le gel, grimpe sur l'un d'eux pour tenter de voir où il peut trouver de l'aide et une déflagration électrique le propulse sur le sol, un arc de 25 000 volts depuis la caténaire qui aurait pu le tuer ! C'est une fillette qui trouve ce corps brûlé au deuxième et au troisième degré. Un bras est carbonisé complètement, l'autre presque autant.
Commence alors une période terrible tellement bien racontée par Valentine Goby, avec des déferlantes de mots, de phrases qui prennent aux tripes. Il faut vraiment lire tout ça ! Je dois tout de même révéler que François s'en sort, revient dans sa famille qui tient un atelier de couture mais il n'a plus de bras. Nous sommes à la fin des années 1950 et l'appareillage qu'on lui propose, il ne le supporte pas.
Lui qui est très attiré par l'eau – quelle scène dans ce lac du col de la Loze, au-dessus de Méribel, où le Tour de France 2020 arrivera pour la première fois !… - découvre une murène, poisson sans nageoires, lors de la visite d'un aquarium en compagnie de Sylvie, sa soeur. Au passage, il faut que je salue Mum, sa mère, anglaise, qui fut d'une admirable patience durant son hospitalisation.
Insensiblement, j'ai découvert les débuts de ce que nous appelons aujourd'hui le handisport, mal vu, pas accepté au début des années 1960. Ce qui était, au début, en France, réservé aux mutilés de guerre, s'étend peu à peu. C'est en regardant les Jeux Paralympiques de Rio, en 2016, que l'auteure a été épatée par Zheng Tao qui bat le record du monde du 100 m dos. Depuis 1960 et Rome, que de chemin parcouru !
Hommage vibrant s'il en est, Murène est un livre qui fait honneur à la littérature française, un livre qui redonne dignité et humanité à toutes celles et à tous ceux qui souffrent dans leur corps et trouvent dans le sport, à condition qu'on regarde comme des sportifs, une occasion de se sublimer et d'oublier leur différence.
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Un roman que l'on peut aimer ou non mais qui , en tout état de cause ne peut laisser personne indifférent. Personnellement , j'avoue en avoir eu une approche favorable dans la mesure où j'ai déjà lu et apprécié certains ouvrages de Valentine Goby et où j'ai suivi avec intérêt son interview par Marina Carrère d'Encausse dans le magazine de la santé sur la 5 . Enfin , les critiques des ami(e)s babeliotes et des chroniques dans des revues spécialisées ont levé mes derniers doutes ( d'autant plus facilement que je n'en n'avais aucun .... mais le dire ajoute à votre curiosité , non ? )
Bon , pour la présentation, c'est fait .
Passons aux choses sérieuses : François , 22ans , beau mec , toute la vie devant lui ....le drame , la perte des membres supérieurs, à pleurer, à se dire que , parfois , la " faucheuse " est d'une cruauté diabolique , parce que , vivre sans bras ....il aurait mieux valu que....
Il y a l'hôpital , le retour à la maison , les humiliations de la dépendance, l'amour maladroit des proches , l'amour , l'autre , qui s'en va ...Terrible.....Émouvant...A pleurer....
L'enfermement dans un ghetto où chacun observe l'autre , le jalouse ou le plaint , les rencontres , valorisantes ou ...désespérantes, l'alcool.....
Et puis des projets , des projets fous en 1962 , retrouver une dignité , envers soi , tout d'abord ..... car il est là le gros problème...la résilience....
Le parcours de François m'a ému comme rarement , je n'ai pas pleuré comme certains , mais j'ai revu des images , des situations . Dans ce roman , vous irez déjeuner dans un restaurant avec François et un ami qui mange ...avec ses pieds .Une image que j'ai vécue dans un restaurant de Limoges il y a une vingtaine d'années...On nous a placés plus loin....nous n'avons pas demandé une table plus proche....J'ai revu aussi cette voiture garée sur le seul accès possible aux handicapés alors que le parking était quasi vide...Evidemment , une jeune femme en fauteuil roulant s'est présentée...elle n'a pas pu rejoindre ses ami(e)s au gymnase voisin ....( depuis , la municipalité a interdit le stationnement à cet endroit , suite à notre coup de fil ...) et on doit aujourd'hui menacer de 135 euros d'amende ....Tout ça , on le retrouve , on le devine dans ce roman sans pathos mais humaniste , un roman fort , très bien écrit et très bien documenté, mêlant habilement espoir et désespoir, insistant sur l'importance ,humaine et matérielle ,d'un environnement pas toujours disponible et souvent égoïste et maladroit......
Certes , je vous l'accorde , certains passages peuvent sembler un peu longs , voire un peu techniques mais peut - on reprocher à l'auteure d'avoir " fouillé " un sujet dont il est encore bien difficile de parler sereinement? Pour ma part , je suis sorti " lessivé " de ce roman lu pratiquement d'une traite . François m'a profondément marqué et au moment où je clos mon modeste propos , je l'imagine l' écrivant ....avec le pied ....Vous auriez ce courage , vous ? Moi , sûrement pas ...Mais l'être humain a de telles ressources...
Un coup de coeur , assurément.
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En 1956, un accident laisse François pour mort. Contre toute attente et après un long comas, le jeune homme de vingt-deux ans survit. Mais il est grièvement brûlé et a dû être désarticulé des deux épaules. A la torture de la douleur s'ajoute celle d'une vie à réinventer, malgré le refus de soi et le regard d'autrui, dans l'humiliation de la dépendance et de mille renoncements quotidiens. A cette époque, les possibilités d'appareillage sont extrêmement limitées pour son cas. C'est dans le sport, plus précisément la natation, que François va progressivement retrouver l'estime de soi et le goût de vivre.


Le sujet est grave et ne peut laisser de marbre. Symbolisé avec force par l'image du mannequin Stockman sans épaules, le thème de l'infirmité physique est ici exploré posément et sans pathos, au travers d'un personnage fictif d'un parfait réalisme et d'une lumineuse humanité. Ce livre est d'abord le portrait bouleversant, tout en nuances et sans la moindre complaisance, d'un être dépossédé de ce qui faisait sa vie, son identité sociale et sa dignité humaine, en même temps que de son intégrité corporelle et de ses capacités physiques. Infirme, François sort de la sphère qui était la sienne, pour se retrouver marginalisé sur un bas-côté de la vie. A peine s'il se sent encore considéré comme un humain à part entière, tant seule sa différence tend à le définir dans les regards portés sur lui.


Lorsque François se met en tête d'apprendre à nager sans bras à la fin des années cinquante, personne n'imagine alors que le sport, la compétition et l'exploit puissent être du ressort de personnes estropiées. Son parcours du combattant est l'occasion de retracer l'émergence du handisport et la création des jeux paralympiques, dans une intéressante rétrospective historique qui fait prendre conscience du chemin parcouru depuis. C'est d'ailleurs la médaille d'or et le record mondial du nageur chinois sans bras Tao Zheng, en 2016, qui a servi de déclic à l'écriture de ce roman, clairement sous-tendu par une documentation approfondie.


Ce livre plein d'empathie et d'une grande beauté d'écriture est un magnifique hommage à toutes les personnes souffrant d'infirmités et aux extraordinaires capacités de résilience dont l'espèce humaine sait faire preuve. Si la science n'a pas fini de faire progresser chirurgie et appareillages, du chemin peut aussi être encore parcouru dans l'acceptation et l'oubli de la différence. Alors que la malchance ou la fatalité contraignent certains d'entre nous à faire face au handicap ou à l'infirmité, l'obstacle supplémentaire de la discrimination et de la dévalorisation ne devrait jamais venir alourdir le destin.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Dans ce roman, Valentine Goby décortique le handicap. Tel qu'il soit... La différence, le désespoir, l'espoir, la naissance, la renaissance, la reconstruction... La famille, le regard de soi sur soi, le regard de soi sur les autres, le regard des autres. Valentine dissèque, approfondit le sujet, les sentiments, les valeurs. Elle nous emporte, elle nous émeut.

Lire Valentine Goby, c'est prendre son temps. C'est profiter de chaque mot, de chaque rythme...
C'est du bonheur littéraire, tout simplement, même si l'histoire est dure.
Une écriture majestueuse. J'adore...
Encore une fois, bravo à elle. C'est une des plus belles auteurs françaises. Quelle écriture, quel littérature.
Je recommande, j'encourage chaque lecteur à la découvrir... et en même temps, j'aimerais égoïstement la garder juste pour moi, car c'est un tel régal de découvrir son écriture et un supplice d'arriver à la fin d'un de ces romans.
Bravo Mme Goby pour ce magnifique roman !
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J'en étais déjà convaincue, et ce livre n'a fait que
renforcer cette conviction : on devrait se lever chaque matin en remerciant le ciel d'être en bonne santé et valide comme ce fut le cas de François jusqu'à l'âge de 22 ans, beau jeune homme plein de vie qui perd ses bras suite à une électrocution.

Ce roman très bien écrit, invite fortement le lecteur à réaliser ce que peut être le calvaire d'un homme sans bras, et qui, dans les années 50 ne peut espérer de prothèse efficace. Regard des autres, vie quotidienne réclamant une assistance pour chaque geste : se laver, s'habiller, manger… dépendance totale. On imagine alors l'état de déprime dans lequel François se retrouve après sa résurrection : il n'est pas mort, mais il n'est pas vivant non plus, ainsi se qualifiera-t-il de « non mort ». Comment recommencer à mordre à belles dents dans ce cadeau qu'est la vie quand le cadeau devient empoisonné.

Ce récit, et c'est merveilleux, n'a rien de pessimiste : François va devoir s'adapter, et au terme d'un travail de deuil, deuil d'un corps valide, et avec bien des moments de découragement, apprendre à se réjouir d'une réussite aussi petite soit-elle, il va s'ouvrir aux autres, et sauver des proches qui partagent sa condition d'handicapé.

Ce livre s'adresse à tout lecteur qui ne réalise pas ce que c'est d'être mutilé, de subir le regard d'autrui, d'être rejeté, de trouver sa sécurité au milieu d'autres personnes partageant une condition similaire (ce que François appellera un ghetto).

Admirable la documentation de l'auteur, tant d'un point de vue médical que matériel, et de la psychologie d'une personne lourdement handicapée.

Un livre que je recommande !

Challenge MULTI-DEFIS 2019
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Hiver 1956... François Sandre, un beau jeune homme de 22 ans, est en pleine fleur de l'âge. le corps et le coeur vaillants, il a exercé divers boulots manuels, à l'usine, aux vignes, à la forge. Et est amoureux de Nine depuis plusieurs mois. En ce mois de février, l'hiver sibérien gèle Paris et toute l'Europe. Aujourd'hui, il part pour les Ardennes donner un coup de main à son cousin, Georges, dans une scierie près de Charleville-Mézières. Il fait le trajet en camion, avec Toto. Malheureusement, le froid et la neige auront eu raison du dix tonnes. Stoppés en pleine campagne. François se charge d'aller chercher de l'aide, à Signy, tandis que Toto surveille le camion. La région lui étant inconnue, c'est en apercevant une voie de garage et des wagons immobiles que lui vient l'idée de grimper sur l'un d'eux afin de pouvoir se situer... C'est une petite fille, courant après un lièvre, qui apercevra la première le corps de François dans la neige. Transporté d'urgence avec les moyens du bord. le médecin ne pourra que constater les graves brûlures. Haut de la poitrine, une partie de la jambe droite, le dos et surtout les deux bras, calcinés...

François n'est pas mort. Mais, lui, se sent-il réellement, littéralement, viscéralement vivant, après que le chirurgien lui ait amputé les deux bras ? Comment vivre ainsi, à 22 ans, quand on est un jeune homme plein de vivacité, un jeune homme qui aime manier et toucher de ses mains, grimper aux arbres ? François n'a pas le choix puisqu'il n'est pas mort. Durant quelques années, l'on suit son long cheminement. de son hospitalisation à la découverte de la natation, un sport qui lui redonnera vie et espoirs et le métamorphosera. François, ce personnage sans bras, d'une incroyable richesse et humanité, nous émeut et nous étreint. Autour de lui, l'amour inconditionnel de ses parents et de sa petite soeur, la bienveillance de Nadine, l'infirmière, le soutien de la "tierce personne" et la main tendue et salvatrice de l'Amicale Sportive des Mutilés de France. Bien que le sujet soit sombre, ce récit irradie d'espoir, de vie, de lumière. Valentine Goby, de par son écriture dense et sensible, nous offre un roman étincelant et véritablement émouvant...
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