Citations sur Intrigue à Venise (23)
Mes bourreaux, quand j'étais enfant, c'étaient les profs de gym !
Vois-tu, jamais je n'abandonnerai l'argentique. Avec ton appareil, tu élimines tout de suite les photos ratées. Une photo ratée, ma vieille, c'est un chef-d'oeuvre trente ans plus tard, parce qu'on y voit la grosse poubelle qui faisait que vingt ans avant on trouvait que c'était une photo ratée. Et les photos où on trouvait qu'on avait l'air moche, trente ans après on se regrette, on est content de les avoir, tu verras. Notre époque ne va plus produire que des photos réussis, ça va être un désastre artistique de plus.
Le sort des tableaux provocants est de finir dans les musées pour que les groupes scolaires défilent devant eux.
On a beau détester ses ennemis, les cadavres broyés ça produit toujours un certain effet.
« Cette manière de tuer les chats, Pénélope, est typiquement vénitienne, une recette ancestrale. On appelait cela "le jeu du chat". Il se pratiquait pour la Chandeleur. On attachait les pauvres petites bêtes à des poteaux et on les lapidait. Avec un nombre de points à marquer par caillou, une pétanque qui tue. Les Vénitiens sont cruels depuis longtemps, et joueurs, et pas toujours subtils. Ce sont les Florentins qui sont subtils, mais il n'y en a pas ici. Comment ferait-on pour être florentin à Venise ? Les chats finissaient par mourir en hurlant. Et au moment de l'extrême-onction, comme pour la mise à mort des taureaux en Espagne, on leur portait l'estocade. On ne leur coupait pas les oreilles et la queue, pauvres chéris, il suffisait de leur trancher la tête avec un canif, pour séparer le petit corps brisé et tuméfié. Je croyais qu'on avait oublié cette tradition !
— J'aime les chats, vous savez...
Tous les arcs de triomphe sont creux, Wandrille vient de l'apprendre et il est assez fier de donner un cours d'architecture à l'académicien. Ils sont creux, ça les rend plus solides. Craonne murmura : "J'en connais d'autres..."
On dit qu'elle a un Titien...
— Un vrai ?
— Ou pas, c'est le Titien à sa mémère, comme on dit.
alors que les vraies valeurs du sport, aujourd’hui, c’est l’amour de l’argent, la compétition mesquine, l’esprit de clocher, les hooligans, les dopés, les drogués, c’est l’école de la triche et du pas-vu-pas-pris, ça apprend la haine de l’autre et le narcissisme, les logos et les sponsors, l’idée que les plus forts piétinent les faibles. Se dépasser, aller plus haut, être plus rapide, plus grand ! L’ olympisme a conduit aux JO de Berlin, aux statues du stade de Rome de Mussolini, elles sont toujours là, le stade sert encore. Le sport cristallise tout ce qu’il y a de plus bas chez l’homme
Il rêvait désormais, non pas de gloire littéraire - en ce domaine, il avait tout obtenu, on l'enseignait même dans les lycées... - mais de succès populaire, des ventes à Carrefour, des espaces culturels Leclerc à l'entrée des villes. Il aurait voulu être en piles sur les escaliers du Virgin Megastore des Champs-Elysées, être coup de coeur des libraires de la FNAC et il se retrouvait dans les boîtes des bouquinistes sur les quais.
Car je sais, Romain, que tu aimes toi aussi la compagnie de ces grands lambeaux de nuit, cette lumière insoumise au soleil, qui brille chez Rembrandt comme l'âme du monde au fond d'une crypte.