AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,09

sur 51 notes
5
8 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman m'a ramenée dans les années 70, à l'époque du MLF, des Groupes Femmes, des manifs sauvages, des chants criés le poing levé, des slogans pleins d'humour...Madeleine donne sa voix à ces temps des premières luttes de ce MLF tout neuf, pour le droit à l'avortement en particulier, parmi d'autres revendications féministes, et elle fait écho à la jeune voix de Mathilde, qui elle, 50 après, lutte pour le droit à la PMA pour les lesbiennes. Un demi-siècle sépare ces deux histoires racontées à la première personne, et c'est à la fois peu et beaucoup. Beaucoup parce qu'il semble qu'aujourd'hui peu de jeunes femmes connaissent cette période et les noms féminins et féministes qui l'ont marquée, parce que certains acquis paraissent impossibles à remettre en cause, parce qu'il y a eu de vrais changements que l'on ne peut nier ; peu parce qu'on retrouve dans les récits des deux femmes, à un demi-siècle de distance, des questions identiques, des peurs jumelles, des hésitations qui se ressemblent. Evidemment ce texte m'a conquise grâce à la nostalgie qu'il a réveillée en moi pour ces moments qui m'ont en partie forgée, mais aussi grâce à l'habileté de l'autrice pour construire sa narration, avec son père comme facteur commun aux deux confessions, et pour en faire un roman aussi intime que politique. Un roman réussi qui en plus offre une synthèse intelligente des luttes féministes passées et présentes.
Commenter  J’apprécie          90
J'annonce la couleur : gros coup de coeur en vue. « Les oiselles sauvages » tire son titre d'une citation de Monique Wittig. Ce premier roman né sous la plume de Pauline Gonthier
est en effet parsemé de références littéraires : Colette, Françoise d'Eaubonne, Violette Leduc, Marguerite Duras... Cette toile de sororité imprègne le texte et les deux niveaux de lecture qui se répondent jusqu'à se rejoindre dans le point culminant du récit.

« Les oiselles sauvages » aborde la transmission, le droit de disposer de son corps, l'avortement et la maternité, le militantisme, le lesbianisme. Pauline Gonthier jette un pont entre le féminisme des années 70 avec la création du MLF et le féminisme d'aujourd'hui à l'ère #MeToo, entre les divergences des différentes générations, les différentes conceptions que l'on peut avoir de la liberté des femmes.

L'autrice marche dans les pas des illustres écrivaines qu'elle cite. Son écriture et ses personnages m'ont touchée en plein coeur.

Pour l'anecdote, j'ai été très surprise de découvrir ma ville natale, Namur, entre ces pages !

« Les oiselles sauvages » a été édité par Vanessa Springora.
Commenter  J’apprécie          40
Genre : Roman sociétal
Avis : INTÉRESSANT

À la jonction de l'envie de liberté et du poids du devoir, un roman emmêlé.
Ce premier roman entre essai militant et narration de l'intime m'a laissée dubitative. Pas d'émotion déclenchée par les sentiments éprouvés par les personnages et peu d'intérêt pour la façon dont sont décrits les évènements politiques. En revanche, la cause féminine vue à travers les yeux d'une auteure de trente ans est intéressante.
Nous sommes en 1970. Madeleine ne veut pas suivre le chemin de vie de ses soeurs, elle entre à l'université et rencontre une féministe aguerrie qui conforte ses opinions et ses envies. Saura-t-elle y répondre et s'extraire de l'éducation reçue ?
Nous sommes en 2017, Mathilde est en couple avec Adrien mais elle trouve Jeanne sur son chemin. Pourra-t-elle aller au bout de ses désirs ?
L'auteure m'a fait redécouvrir une époque, les années soixante-dix, sous le prisme du féminisme, diversement vécu par les hommes et les femmes. le rappel autour de la défense de l'avortement m'a fait ressentir combien les prises de position avaient été houleuses et divergentes ; le constat étant que plus de 40 ans après il y a toujours des discussions et des oppositions.
J'ai perçu l'idée de raconter des vies ordinaires sur des problématiques politiques et sociales comme très intéressante. le roman aurait pu être lourd mais la documentation mise à notre portée est intelligemment absorbée dans les récits de vies, des vies que l'on sent proches mais qui restent mystérieuses jusqu'à la fin. Les thèmes d'hier et d'aujourd'hui se mélangent mais touchent aux femmes, à leurs désirs, à leurs libertés, au patriarcat, à la suprématie des hommes. C'est propice à la réflexion et générateur d'envies de recherches complémentaires.
Cela peut aussi être lu comme un roman plus classique car les personnages principaux, Mathilde et Madeleine, chacune à leur façon, mènent la danse et nous entraînent dans la recherche de leur vérité.
Je remercie Mon Poche et Virginie de CentreFrance pour ce roman que je n'aurais pas acheté mais que je conseille à ceux et celles qui aiment remonter le temps pour mieux en comprendre les événements. C'est le premier roman de Pauline Gonthier, gageons qu'au vu de la qualité d'écriture, ce ne sera pas le dernier.

Lien : https://www.facebook.com/Les..
Commenter  J’apprécie          30
Dans une alternance de récits à double temporalité, ce journal de pensées suit Madeleine qui débarque dans la vie parisienne pour ses études en octobre 1970, et Mathilde, jeune femme un peu perdue dont le coeur chavire en mars 2017.
×
Premier roman de Pauline Gonthier, c'est une réussite flamboyante avec une plume qui nous offre une belle qualité de texte qui happe avant même le début du roman. Rien que le prologue de la Madeleine soixantenaire toujours réfractaire au rang dicté par la société est clair : ce roman sera excellent et intéressant, c'est certain. C'est une plume éclairée sur le sujet qui vient nous offrir un texte truffé de belles références d'écrits, d'artistes, de citations féministes ou leur contraire justement qui nous paraissent totalement lunaires aujourd'hui (tout en sachant qu'encore bien trop de personnes pensent ces phrases à voix basse, ou pas d'ailleurs).
J'avais déjà remarqué que les mouvements féministes comptent souvent beaucoup de lesbiennes, de trans, de queers, etc. Est-ce que les femmes qui aiment les autres femmes ont d'avantage envie de défendre leurs droits que celles qui préfèrent les hommes ? Est-ce qu'on est naturellement plus enclines à défendre les droits et la liberté de la personne qu'on aime ? Ou est-ce plutôt lié à un affranchissement de la société, des codes, une certaine forme de liberté acquise qui ouvre les yeux sur le monde une fois la barrière sociétale passée ? Voilà un roman qui invite à se poser beaucoup de questions, qu'on soit déjà sensibilisé à ce sujet ou non je pense.
À la suite d'une année incroyablement marquante où les droits des femmes ont historiquement reculé comme jamais après tant d'avancée continue, ce genre de récit est important. L'histoire de Madeleine nous rappelle comme le chemin fut long pour que la femme soit considérée comme un être humain et non comme inferieure. le recul de plusieurs pays dernièrement nous rappelle que les droits des femmes ne seront jamais acquis, seulement en sursis, et que ces combats ne seront jamais obsolètes, ces romans toujours aussi importants et indispensables.
Ce fut une lecture percutante et éclairante, je ne peux que remercier Babelio et les Éditions Mon poche pour cette masse critique de qualité.
Commenter  J’apprécie          20
Ce roman se déroule sur 2 périodes de temps : dans les années 1970 Madeleine arrive à Paris et à l'université. Très vite, elle se désintéresse de ses études pour passer du temps dans les cercles féministes, notamment à l'invitation de Catherine.  Dans les années 2010, Mathilde rencontre Alix, elle découvre l'amour lesbien et de nouveaux cercles.

Lecture coup de coeur avec ce roman très bien construit ou les 2 époques se répondent. Par ce jeu de miroir l'autrice montre combien les combats féministes sont similaires, à plus de 40 ans d'écart. Les liens qui unissent les 2 femmes sont nombreux, certains évidents, d'autres tenus.

J'ai trouvé le portrait des 2 personnages principaux, et des personnages secondaires très sensibles. A la lecture de ce roman j'ai retrouvé le bouillonnement et l'effervescence des luttes collectives. Bouillonnement d'idées et d'énergies qui me manque aujourd'hui !

J'ai aimé le fait que les combats féministes des années 70 ne sont pas idéalisés. L'autrice montre bien les points de fractures et les différents courants se dessiner. Il est frappant de voir comment ces différentes pensées ont façonnées les féminismes contemporains ; les points d'achoppement et de rencontre entre les différents groupes.

Seul point négatif avec le personnage de Mathilde : encore un personnage dans une relation hétéro qui quitte son couple toxique à la faveur d'une rencontre avec une femme ! On veut des lesbiennes, lesbiennes dans les romans !  Cependant j'avais connaissance de ce « défaut » avant ma lecture alors je n'ai pas été surprise et cela n'a pas gâché le plaisir que j'ai eu en le lisant.  J'ai aussi été très sensible aux questionnements autour de la maternité d'Alix et Mathilde.

C'est un premier roman à la fois doux, bienveillant mais aussi plein de lutte et de colère !  Je serai attentive aux futures publications de l'autrice.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai choisi ce roman car je voulais en apprendre plus sur la naissance des mouvements féministes sans avoir recours à l'enseignement empirique et je dois dire que ce choix a été très judicieux.

J'ai beaucoup aimé ce récit à double temporalité et comment les deux histoires finissent par se rejoindre, la construction narrative est vraiment bien faite et le style de Pauline Gonthier est très plaisant et facile à lire.

Ce roman est très actuel car il parle de la position de la femme dans notre société, de la maternité, du droit à l'avortement et de disposer de son propre corps, d'homosexualité, du féminisme et de l'évolution parfois bien trop lente des mentalités... Bien loin de l'opportunisme médiatique, ce roman est profond et bien documenté. Madeleine, lègue en quelque sorte 50 ans d'histoire à Mathilde. Ces deux femmes ont des parcours de vie dissemblables mais qui finissent par se rejoindre et cela fait la beauté du roman. Rien n'est jamais acquis, une cause vaut la peine que l'on vive pour elle et à travers elle.

Ce que j'ai apprécié dans ce roman, c'est que les protagonistes ne sont pas lisses, elles subissent les aléas de la vie, ses difficultés, ne sont pas parfaites et se cherchent encore parfois. Pour moi c'est ce positionnement imparfait qui fait la différence.

J'ai appris des choses sur les premières artistes féministes, sur le MLF et sur beaucoup d'autres thèmes, notamment la détresse psychologique et c'est pour cela que je ne peux que recommander cette lecture au plus grand nombre !
Lien : http://taste-for-troubles.ov..
Commenter  J’apprécie          10
Très joli roman sur deux visages du féminisme, des fondations du Mouvement de Libération de la Femme aux batailles modernes du droit à la PMA pour toutes.

Les histoires croisées de Madeleine, militante de la première heure en bataille pour le droit à l'IVG, et de Mathilde, homosexuelle en bataille pour le droit de devenir mère, se répondent pour dresser un portrait documenté, instructif et sans complaisance des progrès et enjeux du féminisme des années 70 à nos jours.

La plume sensible et fluide de l'auteur, ainsi que la construction efficace du récit, alternant époques et personnages et à chaque chapitre, m'ont emportée facilement et durablement dans ma lecture. Les personnages principaux, profonds et nuancés, sont attachants et l'on est touchés de découvrir au fil du récit les liens qui les unissent ; et les personnages secondaires, bien brossés, apportent une ouverture bienvenue sur une foule de thématiques périphériques d'importance (homosexualité féminine, liberté sexuelle, militantisme, poids de la société patriarcale, place des hommes dans le féminisme...).

Au delà des histoires personnelles fortes des 2 héroïnes, dont les questionnements personnels avancent en même temps que les progrès de l'Histoire, c'est un survol efficace des combats du féminisme, qui permet autant de voir autant les combats que la lutte a permis de gagner, que tous ceux qui restent fragiles ou encore à relever.

De quoi nous rappeler pourquoi il ne faut jamais baisser les bras, pour qu'un jour les femmes puissent avancer à leur propre rythme, sans avoir, sans cesse, à se battre au quotidien pour le simple respect de leurs droits.
Commenter  J’apprécie          10
Tout simplement génial, j'ai adoré voir en parallèle ces deux époques qui pourraient sembler éloignées mais pourtant se recoupent sur les mêmes questionnements.
L'écriture est très poétique et fluide, agréable à lire. Comme si en lisant ces lignes on est transporté dans une bulle temporelle.
Commenter  J’apprécie          00

Lecteurs (136) Voir plus



Quiz Voir plus

Philosophes au cinéma

Ce film réalisé par Derek Jarman en 1993 retrace la vie d'un philosophe autrichien né à Vienne en 1889 et mort à Cambridge en 1951. Quel est son nom?

Ludwig Wittgenstein
Stephen Zweig
Martin Heidegger

8 questions
157 lecteurs ont répondu
Thèmes : philosophie , philosophes , sociologie , culture générale , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}