Je n'ai jamais été déçue avec
Robert Goolrick, et ça se confirme une fois de plus à la lecture de ce roman avalé en quelques heures le week-end dernier. J'aime surtout cet auteur quand il parle de lui. Oui, je sais, on pourrait dire que tous les livres disent quelque chose sur ceux qui les ont écrit, plus ou moins directement. Certains en disent plus long que d'autres, c'est tout. C'est le cas ici, et j'aime la personne que je devine derrière le texte,
Robert Goolrick a quelque chose qui me parle, quelque chose de fragile et fort à la fois, quelque chose d'humain, d'intelligent et d'une lucidité redoutable.
Dans cette histoire qui est la sienne, on sent qu'il cherche à expier, et pour cela il dissèque avec minutie l'univers incandescent des jeunes loups de Wall Street dans les années 80. de l'agent, beaucoup, de l'alcool et de la drogue, beaucoup aussi, et du sexe, beaucoup bien sûr. Trop en fait. Jusqu'au dégoût. Dès les premiers mots on comprend que cette flamme ne peut pas brûler avec un tel éclat pendant bien longtemps : “Quand vous craquez une allumette, la première nanoseconde elle s'enflamme avec une puissance qu'elle ne retrouvera jamais. Un éclat instantané, fulgurant. L'incandescence originelle.
En 1980, j'ai été l'allumette et je me suis embrasé pour n'être plus qu'une flamme aveuglante. Cette année-là, j'étais un missile pointé droit sur vos tripes - dégage de mon chemin ou je t'abats.”
Au fil des pages on assiste à la brutale et inévitable désescalade,
la chute des princes comme le dit si bien le titre. le rêve américain rend riche et puissant, certe, mais surtout il vous déchiquète, vous vide de toute substance avant de vous jeter par un jeu fatal d'engrenages plus bas que terre. En réalité, les êtres humains n'ont pas leur place dans ce monde d'argent et de réussite et le mirage fini forcément par voler en éclat. Cependant, je tiens à souligner que
Goolrick parvient à nous dire tout ça sans essayer de nous faire la morale, sans vouloir donner de leçon (il n'en a pas besoin, c'est suffisamment parlant comme ça pour tout dire).
En conclusion, j'ai envie de vous conseiller à tous la lecture de ce roman fascinant peuplé de personnages sordides et flamboyants, véritable mélange entre American Psycho et Gatsby le Magnifique…J'admire aussi le fait que - dans l'histoire comme dans la réalité - la rédemption vienne finalement des livres, de la lecture et de l'écriture pour
Goolrick qui a su transcender l'enfer de sa vie passé par la thérapie des mots.
Bref, en trois mots : je suis fan.