Il fait beau
Je suis attentif
À chaque geste que je fais
Pour ne surtout pas te heurter
Ni même le silence
Que je remercie les lèvres fermées
Pour ne pas le troubler
Que je remercie
Pour la façon
Qu'il a de nous prendre dans ses bras
Puis je te brosse les cheveux
En faisant très attention
Pour que tu n'aies jamais mal
Pendant que s'ouvre (pour nous contenir)
Silencieusement
Le poème
Peindre pour
Faire tomber la vie dans la vie
Mais dans la vie originelle
Qui est frémissement
D’un presque silence
Contenant pourtant tout l’espace
Un merle sautille sur la pelouse
J'ai tourné la tête au bon moment
Pour entendre les quelques notes
De la mélodie de son geste
Mais pas toi
Je n'attends pas qu'il repasse
J'ai la vie près de moi
Tu es la vie
La mort n'existe pas
Elle ne prendra pas les dernières images
Que j'ai de toi
Je te regarde
Je continue
De lever mon bras lentement
J'ai des gestes très lents
Pour t'habiller
Juste avant que Balthus ne meure
L’ensemble des êtres
Vivant dans ses tableaux vivants
S’est réuni à son chevet
Et chacun a posé ces mots
Sur son front brûlant
Pour atténuer la brûlure de la perte
Devenant peu à peu elle-même
Par une lente métamorphose
Du silence au silence
“La mort ne garde rien pour elle
Elle souffle les sourires des morts
Dans la bouche des enfants”