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sur 656 notes
Elle a sept ans de plus que lui, divorcée, catholique, travaille dans un cabaret, n'a pas fait d'études et son père est photographe de quartier. Lui prépare à vingt ans son doctorat en mathématiques, est luthérien et son père un industriel prospère. Ils n'ont rien en commun, ou du moins si peu. Nous sommes en 1926 à Vienne, "....une toute petite inflexion de l'angle du départ fait une énorme différence à l'arrivée. Dans quelle dimension, quelle version de notre histoire, ne m'a-t-il pas raccompagnée ce soir-là ?"
Une histoire de cinquante ans de vie commune, celle d'Adèle et de Kurt Gödel, le plus fascinant et hermétique mathématicien du XXie siècle.
Le sujet de ce livre part du "Nachlass", des documents scientifiques non publiés et supposés de grande valeur que Gödel légue à sa mort, à sa femme. L'université de Princeton charge Anna, une jeune documentariste de les récupérer à la veuve, qui semble loin d'y lâcher prise. À travers cette confrontation qui va les rapprocher, Yannick Grannec nous dresse deux portraits de femme, dont celle remarquable d'Adéle Gödel. Les pieds bien sur terre, à l'intelligence lucide redoutable, très loin d'être inférieure à celle de ce mari, génie de la logique et des mathématiques, elle gére avec brio un homme égoïste qui sombre fréquemment dans la folie, aux nombreuses manies, dont des problèmes d'anorexie et de terrorisme vestimentaire qu'il s'impose.....Entre amour, génie et folie, au prix d'une vie semée d'embûches et d'amertume, elle s'efforce de soulever des montagnes pour son Herr Warum ( Monsieur Pourquoi ). Une traversée époustouflante du XXe siècle, de la Vienne des nazis qui jetèrent dans le même sac les positivistes, la logique, les mathématiques et les Juifs, au Princeton provincial, où elle sera "une exilée entre les génies " pour finalement en arriver à lutter dans un ultime effort, à sauvegarder ce "Nachlass"( réduction, remise), derniers vestiges en sa possession d'une vie "d'incomplitude" avec le Génie.
Une prose superbe, très subtile, trés documentée ! J'ai adoré les personnages d'Adéle et d'Einstein dépeints avec beaucoup d'humour. Avec ou sans affinités avec les mathématiques, une lecture fascinante, où Adèle arrive toujours à temps avec son bon sens et son humour pour vous décomplexer sur les discussions de théorèmes et de logique....qui peuvent éventuellement dérouter.
Waouh Nastie, merci ! Ce bouquin gisait depuis 2013 dans les tréfonds de mes Pals et sans ton billet enthousiaste il allait probablement y rester encore longtemps !
Un coup de coeur !
Et en passant un clin d'oeil à la formidable BD « Logicomix »de Doxiadis/Papadimitriou/ Papadatos, que j'avais adoré aussi et si non encore lu, vous le conseille expressément ! Et vive les Maths !

"-Vous avez eu beaucoup de courage. Vous avez vécu une histoire absolue.
-Vous êtes naive ! À l'échelle d'une vie, l'absolu d'une vie est pavé de petits
renoncements."

"Le mental intuitif est un don sacré , le mental rationnel un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don......Un jour, les machines pourront résoudre tous les problèmes, mais aucun d'entre elles ne pourra en poser un ! " (Einstein)

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Confession préliminaire : La buse intégrale en matière d’axiomes et de théorèmes, la littéraire pur jus notoirement hermétique à la chose matheuse depuis la classe de sixième... c’est moi. Pour m’avoir séduite à ce point, La Déesse des petites victoires – brillant produit de littérature mais avec plein de maths à l’intérieur – relève donc à mes yeux du prodige absolu.

Autre étonnement à mi-parcours de ma lecture : à l’inverse d’un ex champion de raquette reconverti dans la ritournelle démagogique, Yannick Grannec est... une femme. Queuoi ? – m’étranglai-je à l’évocation soudaine de LA prof inflexible qui me dégoûta à jamais de tout ce qui ressemble même de loin à une racine carrée – c'est une femme qui va enfin lever mes inhibitions ? se permettant même de commettre sur le sujet un ouvrage émouvant, au style impeccable et fluide ? Vaazy décidément je kiffe ce bouquin, m’interpellai-je, toujours à mi-parcours de ma découverte.

Digressions mises à part, venons-en à la vie d’Adèle. Ici point de couleur chaude ou de cheveux bleus mais La Déesse des petites victoires, c’est bien elle, Adèle. Et ses « petites victoires » constituent le cœur de cinquante ans d’abnégation aux côtés d’un mari prestigieux, Kurt Gödel, mathématicien de génie, complexe et attachant mais néanmoins pas bien facile à vivre comme garçon. Victoires minuscules mais essentielles d’une femme pragmatique et décalée, qui consacrera son existence à soutenir – au propre comme au figuré – son illustre et fragile bien-aimé. Victoire de l’amour sur la raison pure, victoire de la volonté sur la démence, victoire de Yannick Grannec sur mon aversion pour les ma... Bref.

Bien que romancés dans cet ouvrage, les personnages d’Adèle et Kurt Gödel ont réellement existé, même si Gödel marqua moins les esprits qu’Einstein dont il fût par ailleurs un ami très proche. Mais Yannick Grannec est allée plus loin : à travers l’éclosion de liens inattendus entre une veuve acariâtre et une jeune femme désabusée, l’histoire gagne encore en profondeur et s’articule élégamment entre passé et présent.

Amitié, passion, génie, folie, Histoire du vingtième siècle, sciences et philosophie, autant de thèmes qui se mêlent admirablement pour offrir un récit habité, passionnant, et manifestement documenté à l’extrême. Un bijou d’humour et d’érudition, un doux pétillement qui a illuminé ma fin d’année, comme une petite victoire sur le marasme ambiant.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Voici une fiction historique d'une rare intelligence , instructive , brillante qui tisse une grande fresque du XX° siècle en même temps qu'une vulgarisation mathématique accessible malgré l'aride domaine de la logique formelle ....Pas de long commentaire : tout a été dit déjà ...


Une ode au génie humain à travers la rencontre entre Adéle, danseuse et serveuse , de sept ans plus âgée , qui n'a pas fait d'études en 1926, avec Kurt Gödel, un GÉNIE des mathématiques , de tempérament inquiet , fascinant ,
égoïste , rongé parfois par des accès dépressifs, anorexique , aux nombreuses manies , fragile physiquement , qui prépare son doctorat à l'époque..
Il est luthérien . Son père est un industriel aisé.

Adèle est catholique et divorcée, très mal accueillie par sa belle- mère .

Ils vont vivre cinquante ans de vie commune , Adéle, les pieds sur terre, pétrie de bon sens , à l'intelligence aiguisée va vouer sa vie à son génie de mari avec abnégation .. « Derrière chaque grand homme , il y a une femme .... »
Tel est le cas dans ce récit drôle , addictif , remarquable, stimulant, entre folie, génie et amour où Albert Einstein échangeait avec Kurt lors de balades digestives, un de leurs rares goûts communs , comme une sorte de gymnastique intellectuelle , Kurt qui dédia sa vie à l'élégance mathématique.
.Albert Einstein disait : « Nos promenades sont l'acmé de mes journées . ,...Personne n'ose plus me contredire à part vous. C'est assommant ... »
Un roman profond et érudit pétri de formules mathématiques, pourtant accessible pour une littéraire comme moi.
Grand merci à mes amis de Babelio qui me l'ont fait connaître.

«  J’ai vécu deux conflits majeurs . Je suis épuisé d’en craindre de nouveaux. Je ne sais comment sera la troisième guerre mondiale , mais je suis certain qu’il n’y aura plus beaucoup de monde pour voir la quatrième .... »
Albert Einstein .
.J’ajoute que c’est un premier roman d’une belle maîtrise !

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Quelle belle surprise que ce premier roman de Yannick Grannec, qui réussit à être à la fois drôle, sensible, intelligent, mordant… le tout en nous parlant de mathématiques ! Rassurez-vous, pas besoin d'être féru en la matière pour apprécier cet ambitieux et foisonnant roman ! Et quel joli titre pour définir Adèle Gödel !!!

Mais qui est Adèle Gödel ? La femme du plus grand mathématicien du XXe siècle, Kurt Gödel , ami d'Einstein ? Une danseuse de cabaret qui ne reçoit que le mépris de l'entourage de ce dernier ? L'aide-soignante, véritable (et seule) bouée de secours d'un mari hors normes pour le monde et son époque, incapable ne serait-ce que de survivre sans elle ? Une vieille folle recluse dans une maison de retraite, refusant de transmettre les archives de son mari, pourtant si précieuses pour l'humanité ? Adèle est tout cela et bien plus encore, et c'est ce que nous révèle ce magnifique roman au travers de la confrontation de deux femmes, Adèle et Anna Roth, jeune documentaliste chargée par l'université de Princeton de récupérer les archives du maître.

On navigue donc entre l'histoire contemporaine qui se noue entre les deux femmes, bien loin des clichés et de la bienséance, sur fond de maison de retraite glauque, et le récit d'Adèle, de ce que fut sa vie aux côtés de son génie de mari durant 50 ans. Celle-ci retrace leur couple atypique - en mettant à nu ses rouages- et leur incroyable parcours, ancrés dans un XXième siècle mouvementé, de la Vienne bouillonnante des années 30 jusqu'au Princeton d'après-guerre où Einstein et Oppenheimer, voisins et amis, étaient fréquemment conviés à goûter la cuisine Mitteleuropa d'Adèle, entre autres...

Yannick Grannec nous raconte une histoire fascinante, croque des personnages complexes, avec un sens redoutable des dialogues, une narration rythmée et juste… Réflexion sur le génie, la connaissance et la folie, il s'agit avant tout de la retranscription d' une histoire d'amour tourmentée, mais insubmersible, mettant en présence deux personnalités hautement dissemblables : "un homme qui ne savait pas vivre" et "une femme qui ne savait qu'aimer". Equation difficile, pour ne pas dire insoluble... Qui fournit la matière, en tout cas, d'un livre aussi passionnant qu'instructif dont les 460 pages se dévorent quasiment d'une traite.
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« Derrière chaque grand homme, il y a une femme. » dit le dicton, dont le couple Gödel est une illustration parfaite.
Kurt Gödel était un mathématicien et logicien autrichien. L'un des plus grands du vingtième siècle.
Un génie à qui l'on doit des travaux d'une importance scientifique capitale.
Un génie tourmenté, un génie fragile. Physiquement et psychologiquement.
Mais derrière Kurt, il y avait Adèle.
Adèle qui n'a pu empêcher Kurt de sombrer, de se noyer dans ses névroses, mais qui a sans cesse lutté pour ralentir la chute.
Kurt n'a pas eu la vie facile, Adèle non plus.
Vivre dans l'ombre d'un être torturé, tout en jouant le rôle de l'indispensable tuteur qui lui permet de rester debout. Et sans rien attendre en retour : Kurt aimait Adèle, mais à sa façon, comme peut aimer quelqu'un qui vit dans un monde parallèle.
Arrivée au bout de son parcours, Adèle tire un bilan sans concession de sa vie de couple, et l'auteur lui fait dire ces mots cruellement lucides : « C'était bien lui qui m'avait usée, lui qui s'était servi de moi comme d'une batterie d'appoint. »
Yannick Grannec m'a enthousiasmée avec son livre remarquablement documenté et très bien construit.
C'est une double biographie à cheval sur deux époques : la jeunesse et la vieillesse d'Adèle.
L'auteur y réussit le tour de force d'aborder une multitude de sujets et d'aspects sans que jamais rien ne soit confus, ne soit lourd ou superflu.
Sciences, philosophie et histoire s'imbriquent parfaitement.
Imaginez un peu la vie à Princeton à partir de la fin de la seconde guerre mondiale.
Princeton, cette faculté américaine qui concentre tous les cerveaux de l'époque, dont beaucoup ont fui la guerre et l'Allemagne nazie.
Princeton, intellectuellement bouillonnante.
On y croise des prix Nobel et des récipiendaires de la Médaille Fields à chaque coin de rue ou presque.
Gödel, Oppenheimer, Einstein et bien d'autres : avec de tels convives un dîner tout à fait informel se transforme en un passionnant débat d'idées, en un échange scientifique, mais aussi philosophique sur les différentes façons de concevoir la science et de voir le monde.
Yannick Grannec nous invite à ces soirées et nous offre une place de choix pour suivre toutes les conversations.
N'ayez crainte : nul besoin d'être un as des mathématiques pour apprécier, l'auteur met plus en avant l'enchaînement des pensées que le contenu scientifique proprement dit. De plus, le texte est agrémenté de nombreuses notes explicatives très claires. Là encore, chapeau bas devant la qualité du travail documentaire accompli !
Si vous n'êtes pas vous-mêmes scientifiques, vous vous imaginez peut-être que les mathématiciens, physiciens et autres logiciens sont de purs esprits, vivant à demeure dans leur monde abstrait. La déesses des petites victoires vous fera comprendre qu'il n'en est rien et que derrière une façade de grands chercheurs se cachent des êtres humains, avec leurs failles et leurs faiblesses, comme tout un chacun.
Yannick Grannec nous parle de sciences, d'histoire, de politique et de philosophie, mais en définitive, c'est d'humain qu'il s'agit, et c'est pour cette raison que son texte nous touche autant.
Cerise sur le gâteau : de l'humour, justement dosé, complète parfaitement ce merveilleux mélange.
Un immense plaisir de lecture, un livre que je ne peux que recommander.
Venez découvrir à votre tour les petites victoires d'Adèle, venez rencontrer Kurt, dont Einstein disait : « Je ne vais à mon bureau que pour avoir le privilège de rentrer à pied avec Kurt Gödel. »
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"La femme est l'avenir de l'homme", disait le poète.

J'aurais aimé savoir ce que Adèle Gödel aurait pensé de cette phrase, mais ce qui est certain c'est que sans elle, Kurt Gödel, son mari, n'aurait pas eu l'avenir qu'on lui prédisait en 1926.

A Vienne, à cette époque, à 20 ans, Kurt est déjà un prodige des mathématiques, un futur génie dont les travaux auront une importance capitale. Il est aux maths et à la logique ce qu'Einstein est à la physique, le charisme en moins. Les deux sont d'ailleurs contemporains et deviendront de proches amis.
Quand Kurt et Adèle se rencontrent, on ne donnerait pas cher de leur couple, tant ils sont de milieux et de tempéraments différents. Elle est divorcée, catholique, danseuse et serveuse dans un cabaret, a sept ans de plus que lui et n'a pas fait d'études, elle vient d'un milieu modeste et a un tempérament de feu, terre à terre, solide. Lui, qui termine son doctorat, est luthérien et fils d'un industriel prospère, a la santé et le mental fragiles, ne comprend pas grand-chose aux relations humaines et vit dans son monde de sciences à des années-lumière de la "vraie" vie. Et pourtant, leur histoire d'amour durera 50 ans, jusqu'au décès de Kurt en 1978. Et s'il n'est pas mort plus jeune, c'est uniquement grâce à Adèle, qui l'aura soutenu, porté, tiré, au propre et au figuré, tout au long de ces années, de Vienne à Princeton où ils se sont exilés au début de la deuxième Guerre mondiale.
Un demi-siècle de vie commune, certes, mais de bonheur et d'amour ? C'est à se demander si Kurt en était capable. Il a un caractère compliqué, connaît des épisodes anorexiques et dépressifs, est interné à plusieurs reprises, il est maniaque et tend à la paranoïa, autant de troubles qui iront en s'aggravant, jusqu'à ce qu'il sombre dans la folie à la fin de sa vie. Et Adèle, infirmière et mère plus souvent qu'épouse et amante, le soigne, le nourrit, le protège, lui démontre un dévouement et une abnégation sans faille, sacrifie ses besoins, ses désirs, sa santé, sa vie, à ceux de son homme. Sans être payée de retour, mais fidèle et loyale jusqu'au bout. L'aimer, elle ne sait faire que ça.

Le roman commence en 1980, à Princeton, quand Anna, jeune documentaliste désabusée, est chargée d'amadouer la désormais acariâtre et mourante Adèle, pour la décider à confier les archives de Kurt à l'université. Revêche, Adèle ne claque pourtant pas la porte au nez d'Anna, et au fil des visites de la jeune femme, lui raconte son histoire, son versant de son histoire avec Kurt Gödel.
Et quelle histoire ! Quel homme ! Quelle femme ! Comment a-t-il pu se torturer, se laisser couler à ce point ? Comment a-t-elle fait pour ne pas craquer et le planter là ? Que de souffrance morale pour ces deux-là, et pourtant, que seraient-ils devenus l'un sans l'autre ?
Bien sûr, tout ceci est romancé, mais c'est tellement bien écrit que cela semble crédible. Portraits d'un génie fragile et d'une femme amoureuse pour le meilleur et pour le pire, ce roman raconte aussi l'histoire du 20ème siècle, avec la montée de l'antisémitisme et du nazisme, la fuite des cerveaux, le statut des ressortissants allemands et autrichiens aux USA pendant la guerre, la bombe atomique, l'histoire des sciences et de leurs liens avec la philosophie. Une histoire de transmission, des archives de Gödel, mais aussi de l'expérience de vie d'Adèle à Anna. Des personnages complexes et attachants (le portrait d'Einstein est savoureux), pour un roman riche et dense, documenté et érudit mais très lisible, captivant et émouvant, dans lequel le mystère vertigineux de l'amour et des mathématiques confine à la poésie.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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- Brillant : instructif, émouvant et drôle.

Princeton, 1980. Anna, documentaliste de vingt-huit ans, doit rassembler pour l'IAS les archives de Kurt Gödel*, mathématicien/logicien de génie du XXe siècle. Elle rend visite à Adèle, sa veuve, dans une maison de retraite pour accéder à ces écrits. L'affectif prend vite le pas sur l'intérêt professionnel, même si la vieille femme a la dent dure, la repartie mordante, l'agression rapide, et ne ménage pas Anna. Elle souffle le chaud et le froid à merveille, alternant tendresse, ironie, franchise brutale, méchanceté fatiguée - ce qui donne lieu entre elles à des échanges percutants et jubilatoires pour le lecteur...

Autrichienne émigrée aux Etats-Unis, Adèle a désormais soixante-dix neuf ans. Elle a côtoyé les 'grands' intellectuels du XXe siècle originaires de la 'mitteleuropa' - et désormais américains : Einstein, Thomas Mann, Oppenheimer... Elle dévoile ses souvenirs, sa vie éreintante et frustrante auprès d'un homme atrocement égoïste, rongé par une psychose paranoïaque... donc absolument invivable. Elle évoque aussi avec tendresse leur amitié avec Albert Einstein, les joutes verbales interminables entre les intellectuels qu'ils reçoivent, et sa propre manière de ne pas épargner son mari par des répliques cinglantes devant leurs invités.

Fabuleux roman-doc ! Tout est fascinant : les personnages (ah, Adèle !), les dialogues entre les deux femmes dans la maison de retraite, les réflexions sur le vieillissement, le couple, la vie, la maladie de l'époux. Mais aussi la richesse documentaire de cet ouvrage : historique (émergence et ascension du nazisme en Europe, fuite des cerveaux aux USA, maccarthysme contre les intellectuels...) et scientifique (mathématiques, logique, philosophie et physique...).

Roman érudit, donc, mais aussi plein d'humanité et d'humour. J'avoue ne pas avoir lu toutes les notes en fin d'ouvrage, et avoir parfois décroché lors de certaines discussions scientifiques de plus en plus ardues ! L'auteur fait le point en postface sur la part de fiction dans cette 'biographie'...

* Kurt Gödel, mathématicien, dont Einstein disait : "Je ne vais à mon bureau que pour avoir le privilège de rentrer à pied avec Kurt Gödel."
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Anne Roth a une mission , elle doit prendre contact avec la veuve du célèbre mathématicien Kurt Godel , vieille femme aigrie qui est maintenant dans une maison de retraite , pour retrouver les archives de son mari .
Les premières rencontres se passent très mal car Adèle Godel a un caractère épouvantable mais Anne Roth ne renoncera pas facilement à sa mission , peu à peu Adèle va raconter sa vie si singulière , son départ d' Autriche au moment de l'Anschluss vers les Etats -Unis , sa vie difficile avec Kurt Godel , qui est paranoïque , égoiste , qui ne sait rien faire dans la vie de tous les jours , c'est Adèle qui devra prendre en mains les tâches de la vie quotidienne , une vie sans enfants , sans amis , loin de sa famille .
Le couple sera ami avec Albert Einstein ...
Ce livre aurait pu être passionnant mais je ne sais pas pourquoi je n'ai pas aimé , je n'ai pas aimé les personnages trop stéréotypés , la vieille dame acariâtre et la jeune femme célibataire , déjà considérée comme une future vieille fille , ces relations m'ont paru manquer de naturel .
Il y a bien le côté historique intéressant mais l'écriture , le style ne m'ont pas permis d'être passionnée , je le regrette dautant plus que j'ai lu ce livre suite aux nombreuses critiques très positives lues sur Babélio et le net .
Voilà parfois une lecture ne fait pas l'unanimité et ce n'est pas grave en soi .
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C'EST l'excellente critique de Bookycooky qui m'a conduite jusqu'à La Déesse des petites victoires et je l'en remercie beaucoup car c'est un roman d'une grande qualité. Je ne vais pas paraphraser ce que mon amie babeliotte a si bien décrit mais simplement confirmer la richesse de de cette histoire qui m'a fait découvrir Kurt Godel et sa femme Adèle, et traverser 50 ans d'histoire au côté de personnes fascinantes comme Enstein, Freud...Si l'univers mathématique n'est pas mon royaume,j'ai tout de même pu suivre avec plaisir ma lecture et peut être même que mon ignorance en la matière a contribué à me rapprocher d'Adèle et à ressentir cet abîme de solitude qui a souvent été le sien.
La relation qui s'instaure entre Adèle, au seuil de la mort et Anna, jeune documentaliste chargée de mission auprès d'elle m'a beaucoup fait penser au roman de CH.Commencini :Matriochka.que j'avais également bien aimé pour les beaux portraits psychologiques qu'il offre.. comme dans ce roman .
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Princeton, 1980. Un peu malgré elle, beaucoup grâce à son père, Anna est documentaliste à l'IAS (Institut de Recherche Avancée). le directeur lui confie la tâche de récupérer les documents laissés par le grand mathématicien Kurt Gödel après sa mort. Mais cet héritage, si précieux pour la science, est entre les mains de sa veuve. La revêche Adèle a des comptes à régler avec l'université et compte bien faire attendre les chercheurs le plus longtemps possible. D'autres, avant Anna, ont essayé de l'amadouer, en vain. Pourtant, cette fois-ci, la vieille dame indigne accepte de revoir Anna, à condition qu'elle l'écoute raconter son histoire. C'est ainsi que la jeune documentaliste découvre comment une petite danseuse de cabaret viennoise rencontre en 1928 un génie de la théorie des mathématiques, saura l'apprivoiser et ne le quittera plus jusqu'à sa mort 50 ans plus tard, malgré l'hostilité de sa famille, malgré aussi ses manies, son hypocondrie, sa folie, son égoïsme. Elle sera sa femme, sa mère, son infirmière, le sauvera de l'Europe en guerre et surtout le sauvera de lui-même et cela sans jamais espérer une marque de reconnaissance, d'affection ou d'attention en retour. Une vie de sacrifice au service d'un génie, mais au nom de l'amour.


Pour moi qui sais tout juste compter jusqu'à 10, lire la vie d'un mathématicien logicien était une gageure. Mais j'ai relevé le défi et ce fut un bonheur de chaque instant. Alors bien sûr, je me suis souvent sentie dans la peau d'Adèle face aux explications de son mari. Comme elle, je n'ai rien compris à toutes ses théories et cela ne s'est pas amélioré quand Gödel s'est soudain passionné pour Husserl et la phénoménologie...J'ai alors tellement compris les sentiments d'Adèle, petite danseuse autrichienne sans culture, sans éducation, qui tous les jours vivait aux côtés de cet homme hermétique et froid, dans un monde d'universitaires, un cercle d'amis tous férus de sciences, dont le plus célèbre n'était rien de moins qu'Albert Einstein! Et j'ai surtout compris la force de son amour! Car il fallait une bonne dose d'amour pour supporter la condescendance de certains, le sentiment perpétuel d'infériorité. D'autant que Gödel, tout génie qu'il soit, est totalement inadapté socialement, incapable de s'occuper de lui-même, sujet à des névroses, anorexique, paranoïaque, monstrueusement égoïste. Celle qui a souvent été considérée comme l'autrichienne inculte, la mégère vulgaire, prononce à un moment une phrase très juste. Elle s'indigne que tout le monde se soit toujours interrogé sur le choix du génie pour une telle femme et que personne ne se soit jamais posé de questions sur son choix à elle. C'est qu'il n'était pas facile à aimer ce Kurt! Son amour, son abnégation, ses sacrifices, si peu reconnus, si souvent bafoués, ont pourtant été la force qui permettait au grand homme de travailler sans soucis d'aucune sorte.
Au final, La déesse des petites victoires est un livre bouleversant et fort qui nous promène de la Vienne des années folles jusqu'à l'austérité de Princeton, en passant par les grands évènements qui ont marqué le siècle : la montée du nazisme, l'Anschluss, la deuxième guerre mondiale, le maccarthysme, l'assassinat de Kennedy. Et toujours, au delà les aléas de l'Histoire, l'amour,le génie, la folie, la vie en sont les fils conducteurs. Alors même si vous êtes réfractaires aux maths et allergiques à la logique, n'hésitez pas à découvrir l'incroyable destin de cette femme qui comme souvent, se cachait derrière le grand homme.
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