AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,66

sur 87 notes
5
3 avis
4
5 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis
L'histoire débute par l'assassinat d'un homme (Hale) dans la ville de Brighton. L'homme y était venu déposer des cartes pour un jeu et est malheureusement tombé sur une mauvaise personne. 
Ce meurtre va créer une opposition entre ceux qui l'ont commis, et Ida Arnold, qui ne croit pas du tout à la mort naturelle d'Hale. On va notamment suivre « le gamin / Pinkie », qui est le leader du groupe de malfrats, et la façon dont il cherche à ne pas se faire prendre.



J'ai trouvé ce livre pas mal pour ce qui est de l'intrigue. Ça tient bien en haleine, et l'histoire est assez originale. 
Étant fan de la ville de Brighton, j'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur y a situé son histoire. Je visualisais les lieux avec une certaine aisance tout en les imaginant, en même temps, sous l'angle sombre donné par l'auteur. 
Dans la préface, l'auteur nous indique qu'au cours de sa vie, il est devenu catholique et qu'il est vain de chercher un lien entre ça et son livre… pourtant, ce lien est assez omniprésent. le gamin est un tueur, mais en même temps, certains pêchés le répugne totalement (surtout l'alcool et les rapports intimes). Lui et Ida s'opposent constamment sur la question de ce qui est bien et mal, ce qui est juste et ce qui ne l'est pas. Quant à Rose (la serveuse qui en sait un peu trop) et le gamin, ils finissent par être à la fois opposés et identiques sur ce sujet.
Ce lien vers la religion ajoute quelque chose de très pertinent à l'histoire.



J'ai bien aimé ce que Graham Greene nous fait ressentir pour le gamin. D'un côté, on le déteste : c'est un manipulateur meurtrier très égoïste, et en même temps, il ressent tant de colère que cela peut provoquer en nous de la pitié et nous demander pourquoi/comment il en est arrivé là.



Par contre, j'ai trouvé ce livre très long : c'est un pavé de plus de 500 pages, dans lequel il y a de nombreux moments où il ne se passe pas grand-chose, des moments qui sont parfois répétitifs, et donc pas forcément utiles. le résultat est que cela donne parfois un livre qui s'essouffle, alors qu'au départ, il est vraiment intrigant.

On passe aussi parfois d'un endroit à un autre sans réelle coupure, ce qui peut déstabiliser le lecteur. Pourtant l'histoire m'a quand même donné envie de découvrir d'autres livres de Graham Greene.
Commenter  J’apprécie          10
Graham Greene n'a jamais si bien conjugué roman noir et étude de caractères que dans le « Rocher de Brighton ».
L'intrigue se déroule dans la ville balnéaire de Brighton, au sud de l'Angleterre. le décor insouciant d'un lieu récréatif très populaire avec ses jetées mêlant attractions foraines, cafés et salles de concert possède son envers misérable fait de pensions miteuses, de lotissements neufs bon marché, de quartiers déshérités. Cette toile de fond sert de théâtre à une guerre du racket des bookmakers entre deux bandes rivales, celle du Gamin et celle du puissant Colleoni.
Très vite l'attention du lecteur est aimantée vers deux électrons libres qui vont entrer en collision. D'un côté, il y a le Gamin, Pinkie, petite frappe de dix-sept ans boursouflée par l'ambition et la haine, obsédée par la damnation, et qui sature l'intrigue par sa force destructrice. À l'opposé, Greene le confronte à son exact contraire, Ida Arnold, une femme entre deux âges, généreuse, têtue qui veut que l'on rende justice à Fred Hale, une rencontre de hasard dont elle apprend la mort par les journaux.
Greene poursuit le contraste jusque dans le physique de ses personnages et leurs comportements. Pinkie est frêle, osseux, chétif, mal nourri tandis qu'Ida s'impose par l'opulence de ses formes, sa taille plantureuse, ses seins généreux, ses « grandes et fraîches mains de pâtissier ». le Gamin ne boit pas, n'éprouve que répulsion face à l'acte sexuel, Ida est souvent entre deux vins ou deux bières, et s'accorde sans chichis le plaisir physique, même s'il est décevant.
Choc des personnalités, lutte entre le Bien et le Mal, l'affrontement se cristallise autour d'un enjeu : arracher la fade Rose à l'influence du concurrent.
Le récit, noir, très noir, est haletant, étouffant et conduit dans un style éblouissant.
Je ne peux terminer cette chronique sans évoquer l'antisémitisme qui affleure tout au long du roman de Greene. Je me suis dit tout d'abord que ses remarques sur les juifs n'étaient que le reflet du regard malveillant, raciste de ses personnages, que je confondais l'auteur et ses créatures. Hélas, je n'ai pu me résoudre à cette explication au fil des annotations outrées qui parsèment le texte. Pourquoi ? Parce que l'angle d'attaque – si je puis m'exprimer ainsi – se rapporte toujours à un physique supposé « sémitique », à la dissimulation de ces traits sous des artifices, à la richesse ostentatoire des juifs et à la manière qu'a l'écrivain de les distinguer (je dirai de les isoler) dans un dancing, un hall d'hôtel, un restaurant, au champ de courses comme s'ils formaient un groupe particulier, identifiable en toute circonstance. Nous sommes là dans un antisémitisme primaire, très courant dans l'entre-deux-guerres (le roman date de 1938), mais pas plus excusable.
Cependant, mis à part cette réserve, il s'agit d'un chef-d'oeuvre du roman noir, où le passé conditionne la dérive pathologique des personnages, où la cruauté du mal s'épuise dans un combat avec l'innocence (Pinkie, Rose : un même prénom pour leur incarnation), où le dogme religieux égare des consciences malades. Une plongée en apnée dans les obsessions morbides d'un Gamin voué au tragique.
Commenter  J’apprécie          140
Nouvelle échappée de Graham Greene dans l'univers des cabossés de la vie, des mal-partis, des loosers contraints à vivre d'expédients, de larcins petits ou grands, et engagés dans le cycle infernal d'une violence endémique.
Ici, dans le coeur du réacteur, c'est une pitoyable bande de pieds-nickelés dirigée par un gamin de 17 ans qui tente de survivre à coups de rasoir dans le milieu propre aux arnaques des courses hippiques. En voulant défier le parrain de la mafia locale, Pinkie et ses sbires vont inéluctablement tomber sur un os. Et pire, s'inscrire dans une spirale infernale, lorsqu'ils décident d'éliminer un témoin de leurs combines.
Mais Ida, femme forte, éprise de justice, veille. Elle venait juste de rencontrer Fred avant qu'il disparaisse et soit retrouvé sans vie. Mort naturelle, conclut le médecin : elle n'y croit pas un seul instant et remonte la piste du meurtrier, Pinkie bien sûr, qu'elle accule à faire de multiples erreurs dont un nouveau meurtre.
Ce roman a tout du thriller, sauf que Greene va bien au-delà de la simple histoire criminelle, mettant en exergue la lutte implacable du bien et du mal (sans manichéisme pour autant) et la fatalité qui pèse sur les êtres humains victimes d'un milieu défavorable et de mauvais choix en cascade. Chez Greene, il y a toujours un arrière-plan métaphysique qui donne à son oeuvre toute sa richesse et le place parmi les grands écrivains du XXe Siècle.
Commenter  J’apprécie          190
Brighton capitale du crime organisé. Certes, l'appellation semble tirée par les cheveux. Tout comme d'affirmer que la ville balnéaire est un bastion de la gastronomie outre-manche, si bastion il y a. En fait de spécialité, il semble que la plus connue soit le rocher de Brighton, qui donne son titre au roman, un bâtonnet dur de sucre cristallisé et aromatisé, un cauchemar pour les dents. le rêve.

Hors il s'agit bien d'un roman noir que nous offre Graham Greene, ce caméléon littéraire. Pinkie Brown est un adolescent de dix-sept ans, précoce chef d'une bande de malfrats à la manque, qui a repris la succession, après que son prédécesseur et protecteur, Kite, se soit fait rectiifier. le Gamin, comme on l'appelle, n'a pas encore de vice : il ne boit pas, ne joue pas, ne fume pas, ne ... , non plus. le seul frisson qu'il éprouve, lui le catholique qui croit, certes plus à l'enfer - d'ici-bas, qu'au paradis, c'est d'aider un journaliste indélicat à claquer du palpitant et un congénère trop peu sûr à avoir un malencontreux et prévisible accident. Problème, Ida Arnold, une femme de caractère, qui a de la suite dans les idées, avait eu, immédiatement avant sa disparition, une très brève "idylle" dans un taxi avec le défunt reporter, et Colleoni, le caïd de la ville, aimerai bien avoir les coudées franches et mettre un terme à la carrière du sadique jeune bandit. Bref deux problèmes, deux de trop pour tout dire, pour notre équipe de bras cassés.

Graham Greene est un admirable touche-à-tout, il s'est frotté à beaucoup de genres littéraires, avec des fortunes diverses certes, mais Rocher de Brighton est sans contredit parmi les tout meilleurs de ses romans. C'est un admirable récit qui dépasse de beaucoup la simple dimension du polar, grâce à ses qualités littéraires, du fait de son humour macabre. On aime l'ambiance un peu glauque, qui a certainement influencé le "nouveau désagréable" (new unpleasantness) de Martin Amis. Très réjouissant.
Commenter  J’apprécie          70
Hale est employé par un journal, ce jour-là il est envoyé à Brighton pour faire gagner de fidèles lecteurs. A déambuler dans les rues, il remarque Ida, chanteuse désabusée dans un cabaret. Dans une autre partie de la ville, Pinkie remarque Hale. Hale se sait suivi et en danger, il tente d'utiliser Ida pour se protéger. Hale est retrouvé mort, Ida commence à se poser des questions sur le comportement étrange de cet inconnu. Dans une autre partie de la ville, Pinkie et sa bande croit avoir réglé leurs comptes. Mais sont-ils maintenant réglos ? Peuvent-ils espérer à retourner à leurs vies tranquilles faites de petits larcins ? L'enchainement de circonstances, de hasards, de petites maladresses conduira Ida à défaire la pelote, confondre les assassins et sauver une jeune fille innocente.
Un bon livre au style un peu désuet dans la Grande-Bretagne des petits malfaiteurs de l'entre deux guerres.
Commenter  J’apprécie          20
« D'un pas rapide, elle s'en alla, dans le clair soleil de juin, vers la pire horreur qui fût. »
Ceci est la dernière phrase du livre, autant dire que c'était noir, vraiment très noir.
Dans le joyeux décor de bord de mer et de fête foraine mêlés que devait être Brighton en 1938, Graham Greene dépeint la « lower-class », celle qui ne peut s'offrir comme plaisir luxueux qu'un bock de bière ou la friandise qui donne son nom au roman. Enfances saccagées, apprentissage précoce du crime et de la cruauté, innocence bafouée, demi-sels éliminés comme des insectes par un jeune chef de bande aussi psychopathe que sexuellement inhibé, le décor est sombre, la fête vire à l'aigre. Une jeune serveuse, témoin indirect du premier meurtre, pourrait être gênante pour le jeune gangster que Greene appelle le Gamin. Il s'assure qu'elle n'a pas été contactée par la police et qu'elle ne dira rien. La pauvre fille est-elle amoureuse de lui ? Il la hait. Jamais une plainte, toujours contente, pour lui, elle n'est qu'un meuble : « elle lui appartenait comme une chambre ou comme une chaise». Pour qu'elle ne risque pas témoigner pas contre lui, il va jusqu'à l'épouser en achetant le consentement de ses parents. Mon Dieu, le jour du mariage ! Les quarante-cinq pages qui y sont consacrées (version poche) sont un sommet du roman. Rose, elle s'appelle Rose, va subir tout ce qu'il est possible de subir, on atteint le sublime du sordide et c'est pourtant le plus beau jour de sa vie. le lendemain matin, elle s'étonne juste de ne pas avoir à travailler.
Et Dieu, là-dedans ? On sait que Graham Greene s'est beaucoup interrogé sur Dieu, ses romans en témoignent. Ici, les deux « amoureux » ont eu une enfance catholique, le jeune chef de bande a même pensé un instant se faire prêtre avant de choisir la damnation. le Mal a gagné, le Gamin y entraîne sa victime, complice consentante. La police ne voit rien et ne veut rien voir, le scénario est implacable et inexorablement s'enchaînent les meurtres de sang froid, prémédités, glaçants.
Un seul personnage échappe à la noirceur et ose défier la fatalité dont tous les autres personnages s'accommodent. « Ida Arnold était du bon bord. Elle était gaie, elle était bien portante, elle était capable de prendre une petite cuite avec les meilleurs d'entre eux. Elle aimait s'amuser, sa grosse poitrine proclamait franchement le long de l'Old Steyne, sa charnelle générosité, mais l'on avait qu'à regarder Ida pour savoir qu'on pouvait compter sur elle. Ce n'est pas elle qui irait raconter des histoires à votre femme, elle ne vous rappellerait pas, le lendemain matin, les choses que vous préférez oublier, elle était honnête, elle était bienveillante, elle appartenait à la grande classe moyenne respectueuse des lois ». Doit-on lui faire endosser le costume de l'envoyée du Dieu de Miséricorde en la transformant en une Madone bienveillante ? A chaque lecteur de décider. le peut-on ? Assurément, car face à l'ultime abjection qui, on le pressent, va clore le roman, il n'y a qu'elle, Ida avec sa grosse poitrine, son rire un peu gras, son à-propos et son souci des autres, les faibles à qui elle tend la main.
Le final est terrifiant d'angoisse, on en sort nerveusement épuisé. Un grand roman inoubliable !
Commenter  J’apprécie          153
Un bon roman sur le bien et le mal par un grand auteur. Une petite intrigue avec une rivalité meurtrière entre gangs, mais là n'est pas l'essence de l'oeuvre qui comprend une formidable construction de personnages. L'histoire se déroule à Brighton, station balnéaire du Sussex dans une ambiance assez miséreuse où se mêlent amour, sexualité et religion ce qui n'est pas nouveau. de très bons dialogues entre les personnages. Je l'ai préféré au très célèbre "La puissance et la gloire".
Commenter  J’apprécie          20
Je n'ai pas pu terminer. Cela m'a semblé terriblement désuet. Peut-être la traduction ? La description de ce gang sordide, dominé par la figure d'un Gamin psychopathe assez repoussant m'a profondément ennuyée. La seule chose qui m'ait un peu intéressée, c'est la peinture du Brighton des années 30. Il y a aussi un personnage assez attachant de chanteuse de bastringue au grand coeur.
Sinon ...
J'avais eu le même problème avec La Puissance et la Gloire que je n'avais pas fini. Si je m'accroche avec Graham Greene, c'est que je garde un vague mais plutôt bon souvenir du livre Les Comédiens qui se passe à Haïti du temps de « Papa Doc ». Tiens, je devrais peut-être le relire celui-là !
Commenter  J’apprécie          52
Brighton Rock fait suite à l'oeuvre précédente de Greene, A Gun for Sale. le meurtre de Kite par Raven dans A Gun for Sale est important dans l'histoire de Brighton Rock.
Les deux livres, d'ailleurs, partagent plusieurs points narratifs communs: des antihéros antipathiques au possible, une demoiselle naïve et innocente qui va tenter de les sauver de la damnation, et un sous-texte catholique assez fort.
Mais malgré ces points communs, Brighton Rock prend le chemin inverse de son prédécesseur: là ou A Gun for Sale montrait un antihéros qui finissait par se racheter, Brighton Rock les fait tous damner.

Comme j'avais beaucoup aimé A Gun for Sale, j'étais impatient de lire Brighton Rock, surtout qu'au vu de sa réputation il semblait être encore meilleur.
Pourtant, j'ai été déçu par cette lecture. D'abord, j'ai eu du mal à suivre l'histoire, que j'ai trouvé assez confuse. Quelques passages, notamment la fin, m'ont demandé quelques relectures avant que je ne comprenne ce qui s'y passait. Ensuite, les personnages, même Pinkie, qui avait pourtant tout pour me plaire, m'ont déçu, la faute à des personnages secondaires trop secondaires et un couple principal (Pinkie et Rose) pas assez bien nuancés pour être vraiment intéressant.

Au final, en dépit des ses idées de départ alléchantes, Brighton Rock déçoit.
Commenter  J’apprécie          10
Un roman qui nous fait découvrir le milieu des bandes, de la racaille et du racket organisé. Beaucoup de bêtise et de violence. le gamin qui se retrouve à la tête d'une bande n'est finalement pas à la hauteur et ceux qui l'entourent s'en rendent compte. Il vit dans la peur et se sent obligé de se marier avec Rose, une pauvre fille naïve, qui a tout vu, sait mais doit se taire. Ida aussi a vu et perçu des affaires louches et ne peut s'empêcher d'intervenir au nom de la justice, pour sauver cette petite Rose. A ses risques et périls... C'est finalement la seule personne sympa dans l'histoire et heureusement qu'elle est là pour mettre un peu d'humour. Cela a beau être bien écrit, ce n'est pas le milieu le plus passionnant à mes yeux...
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (244) Voir plus



Quiz Voir plus

Graham Greene, in english in the text !

Orient Express ?

Orient Express Train
Stamboul Train

5 questions
27 lecteurs ont répondu
Thème : Graham GreeneCréer un quiz sur ce livre

{* *}