AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782955853078
309 pages
Éditions Cenusia (05/12/2017)
5/5   2 notes
Résumé :
Alaric Dorn est le dernier des Erzählers, un ordre ancien de Conteurs pourchassant les créatures tapies dans les Ombres.

Au cœur des Légendes, qu'il retranscrit et narre par-delà le temps, se cache une part de sinistre vérité dont il ne faut espérer aucune fin heureuse.

Il porte désormais seul le fardeau du déclin de ce monde, ainsi que les brandons de l’espoir, qui ne l’habite plus.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Erzähler : Le Conteur aux mille RecueilsVoir plus
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Après une interminable attente, Alaric fixa le jeune homme, mains en cloche.
- Sais-tu ce qu’est exactement un Erzähler, Tom Wood ?
Il avait lu bien des livres depuis son arrivée, ou du moins des bribes de nombre d’entre eux. Certains avaient des mots si longs et complexes que le simple fait de les prononcer lui donnait mal au crâne. Pourtant il n’avait rien découvert de plus que ce qu’il savait déjà.
- Ce sont des chasseurs de monstres, répondit-il avec assurance.
Alaric hocha la tête, visiblement dépité. Il se releva, portant son regard sur le soleil montant lentement sur l’horizon azuré.
- L’homme… L’homme a toujours cru être au sommet de la chaîne alimentaire, mais c’est faux. L’homme est simplement trop stupide pour se souvenir que nombreux sont ses prédateurs. Il n’est qu’un maillon de cette lourde chaîne, faible et pathétique. Nous sommes la mémoire de l’homme, sa conscience et son garde-fou. Un Erzähler est un Conteur, un Narrateur. Nous lisons, nous apprenons, nous écrivons. Mais plus important que tout, nous nous souvenons. Il y a cent ans à peine, nous étions des milliers. Les gens nous respectaient et nous écoutaient. Tous se réunissaient le soir venu devant l’âtre de nos Tours, à cet endroit même où nous nous tenons aujourd’hui, écoutant nos mises en garde et nos conseils, apprenant comment se protéger de ces monstres, respectueux à l’idée que nous ayons acquis ce savoir au péril de notre vie… Puis les hommes ont cessé de croire, ont déserté nos âtres pour mieux se parquer comme du bétail dans des églises. Et de Conteurs nous sommes devenus Bardes, Scaldes, Chanteurs… Notre mission jamais ne devait s’arrêter. Nous nous sommes adaptés. Nous continuions à les avertir grâce à nos comptines, à nos ballades et à nos jeux. Mais les hommes ont cessé de nous écouter, certains qu’ils étaient en paix, libres et protégés de ces « histoires » et de ces « légendes » païennes grâce à de faux Dieux. Alors les Ombres ont grandi, et nous nous sommes de nouveau adaptés. Nous avons pris les armes. Nous avons sacrifié notre chair et notre sang, notre âme et notre esprit. Et encore le monde des hommes tient bon, Tom Wood. Bien que je sois le dernier. Et les Ombres me traquent, cherchant à m’abattre pour enfin être libres. Je suis le dernier reliquat d’une époque révolu. Et le jour où mon cœur cessera de battre scellera le destin du monde des hommes.
Commenter  J’apprécie          00
« Il était une fois un riche roi qui n’avait qu’un fils. Valy l’Héritier était son nom. Quand il fut en âge, son père l’encouragea à prendre épouse. Aussi un soir invita-t-il tous ses gens, demandant prestement aux plus belles filles de la tribu à se présenter au palais. Durant de longues heures elles défilèrent une à une, parées des plus beaux atours. Mais à chaque fois le prince trouva à redire, au point que son père et tous ses seigneurs le qualifièrent d’enfant difficile voire de bougre. Il chercha à calmer leur colère, leur promettant de se marier dès le jour où il trouverait femme à son gout.
Et ce jour vint où, tandis qu’il partait chasser, il croisa la plus belle des ingénues dans la brousse. Elle était si douce, si gentille et intelligente qu’il s’en éprit en l’instant. Il la ramena donc, et partout dans le village on ne parla plus que de sa beauté trois jours durant.
Valy retourna voir son Roi et lui annonça qu’il avait trouvé sa dulcinée, et qu’il exigeait de l’épouser sur l’heure.
Le Roi, inquiet, lui demanda malgré tout qui elle pouvait bien être. Car jamais encore on ne l’avait vue, et aucun marchand ni aucun voyageur ne pouvait gager d’elle. De son côté, la jeune fille refusait de donner le nom de sa tribu ni celui de son père, se contentant de l’évoquer comme un Roi plus grand qu’aucun autre dans la savane.
Mais le jeune prince était impatient et quelque peu stupide, aussi imposa-t-il son choix et la prit-il pour épouse comme il l’exigeait.
Les noces furent somptueuses, et même le Roi ne put que se ranger à l’avis de Valy lorsqu’il conversa avec elle plus longuement. Car elle connaissait tout du monde des hommes autant que de celui des bêtes, de la vertu des plantes comme des dangers des steppes.
À la nuit tombée, le Prince rejoignit la mariée dans leur chambre, impatient de célébrer leurs épousailles. Au milieu de la nuit, on entendit des hurlements à fendre l’âme venir de leur case. Les gardes et les hommes présents accoururent. Le Prince gisait là, mort et à moitié dévoré, ses vêtements en lambeaux et ses chairs déchiquetées par une lionne furieuse qui bondit contre toute attente de l’intérieure même, fondant dans la brousse. Et jamais personne ne la revit. »
Commenter  J’apprécie          00
Alaric servit de la bière dans deux brocs usagés, lui en tendant un sans ajouter un seul mot. L’homme esquissa un rictus de dégoût en humant l’odeur du breuvage, et le déversa sans ménagement sur le plancher.
- N’avez-vous rien de plus raffiné, mon ami ? Depuis cette année que nous nous sommes quittés, mon palais est devenu plus délicat et sensible.
- C’est ce que je vois… cracha-t-il entre ses dents en portant son propre verre à ses lèvres. On dirait que tu as pris tes aises. À croire que ce monde te sied mieux qu’à moi.
Son invité secoua la tête d’un air peiné en fixant dans ses yeux son regard vide de toute iris. Ce n’étaient que des opales laiteuses sur lesquelles on avait comme peint deux taches noires.
- Ce n’est point par fierté, vous en conviendrez, que je vous le demande ; mais comme tout homme libre, et avec mes connaissances, sans parler de ma position nouvelle et de l’ampleur de ma fortune ; je désire que vous ne me tutoyiez plus.
- Que je… tempêta le Erzähler en peinant à garder son calme. Ne penses-tu pas que tu dépasses les limites de notre accord ? N’oublie pas qui est l’homme.
Il gloussa, dissimulant sa bouche et étouffant son rire du dos de sa main.
- Très cher, de nous deux ne vous demandez-vous point qui est le plus digne d’être appelé « homme » désormais ? Sans doute le fûtes-vous jadis, du moins ce me semble, mais au point de trois jours je serai monarque. Et vous, dites-moi je vous prie, quelle évolution a connu votre piètre existence en une pleine année ?
Alaric reposa son broc sans heurt, caressant sans même s’en rendre compte les trois grenouilles d’argent sculptées sur la garde de sa canne-épée. Ainsi allait-il être couronné roi ? Lui ? Les humains n’étaient que des fous s’ils n’étaient pas même parvenus à comprendre sa véritable nature. Pourtant telles étaient les clauses de leur pacte, signé voilà trois ans déjà, à une époque où tout espoir envers ces piètres hommes ne l’avait pas encore quitté. Il lui laissait son libre arbitre, et la possibilité d’agir à sa guise ; en échange de quoi il jurait de ne jamais dire à personne ce qu’il était réellement. Si d’aventure quiconque le découvrait, il serait à jamais banni de ce monde.
Commenter  J’apprécie          00
La journée était froide et claire, annonciatrice de l’équinoxe qui ne tarderait plus à poindre. Avec elle viendrait l’automne, sa nature mourante et ses journées trop courtes. Pour la plupart des gens, cette saison était synonyme de fêtes et de rires, de joie et d’insouciance. Comment avaient-ils pu oublier ces sombres jours passés où ils se terraient comme des chiens, la peur au ventre et les joues creusées de larmes à l’approche de ces trop longues nuits ? Combien encore se souvenaient de cette ère guère lointaine où voir un jour nouveau était un fardeau plus qu’une chance, où de l’aube au crépuscule on dressait bières et sépulcres pour nos pères, nos mères, nos frères, nos enfants ?
Un homme solitaire s’arrêta à l’orée des bois aux ramures déjà jaunissantes. Sous sa large cape couleur cendre dépassaient deux mains gantées tenant fermement la hampe d’un bourdon aussi noir que la nuit surmonté d’une gourde d’argent. Il semblait hésiter à s’engouffrer dans cet endroit, à en affronter les ombres et les dangers. Il n’en avait guère le choix, il en était conscient, pourtant cette perspective ne le réjouissait pas, tout au contraire. Il se savait depuis quelques temps déjà suivi, épié, traqué. Entrer dans cet endroit, c’était s’exposer à une embuscade, à un piège dont il ne pourrait s’échapper.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : contesVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Portraits d'écrivains par des peintres

Bien avant de devenir Premier peintre du roi, et de réaliser les décors de la galerie des Glaces à Versailles, Charles Le Brun fut élève de Simon Vouet. De quel tragédien fit-il le portrait en 1642 ?

Corneille
Desmarets de Saint-Sorlin
Molière
Racine

12 questions
68 lecteurs ont répondu
Thèmes : portraits d'écrivains , Peinture française , peinture anglaiseCréer un quiz sur ce livre

{* *}