Ce genre de romans m'attire irrésistiblement pour deux raisons : tout d'abord, parce que les histoires d'esclaves m'intéressent, malgré qu'elles soient souvent très dures et tristes. En effet, la notion même d'esclavage est totalement intolérable, pour moi ; je ne peux pas concevoir que l'on achète des êtres humains comme des objets et qu'ensuite on les traite pire que des animaux, que leur vie ou leur mort ne compte pas, qu'on se fiche de ce qu'ils ressentent, qu'on ne les considère même pas comme des êtres humains à part entière... du coup, ces histoires-là me révoltent et me passionnent à la fois.
La 2e raison, c'est le côté romantique de ces grandes plantations du sud, le côté "carte postale", avec les grandes maisons blanches, les femmes avec les grandes robes, façon Scarlett O'Hara...
Et ici, on a tout ça, et plus encore, puisqu'il y a un élément un peu original : le personnage principal est une petite fille blanche orpheline - qui va grandir et devenir une magnifique jeune femme - qui est amenée en tant que domestique et est élevée par les autres domestiques noirs de la "grande maison" - comme ils appellent la maison des maîtres - et les considère comme sa famille.
Il s'agit d'un récit à deux voix, les chapitres alternant le point de vue de la petite fille, et celui de Belle, la fille illégitime - et métis - du maître de la plantation, à qui l'orpheline est confiée pour qu'elle l'aide en cuisine. Mais les deux points de vue n'ont pas du tout la même proportion. La quasi-totalité du livre est racontée par Lavinia, la petite orpheline blanche, et les chapitres consacrés à Belle ne font que 2 ou 3 pages maximum, et sont surtout là, je pense, pour apporter des éclaircissement au lecteur sur des faits qu'il est indispensable de connaître, mais que Lavinia ignore.
La plume est fluide, très agréable, et riche à la fois. Au début, le style est très simple, car Lavinia n'a que 6 ans quand elle arrive à la plantation, et elle est complètement perdue. Elle a perdu la mémoire, et n'arrive plus à s'alimenter. Puis, au fur et à mesure que son état s'améliore, puis qu'elle grandit, son language devient plus riche et les phrases plus complexes. Pour cela, le roman est très bien conçu.
C'est une histoire très forte et bouleversante, passionnante, qu'on ne peut plus lâcher une fois commencée. Les personnages sont tous intéressants et très très bien campés.
Du côté des esclaves, ils forment tous une grande famille extrêment soudée et solidaire. On ressent un immense amour entre tous ces personnages, et une générosité extraordinaire. Et un courage fantastique, aussi. Ils acceptent et supportent des choses intolérables pour continuer à vivre tous ensemble, ne surtout pas être vendus ou séparés et garder leur statut de "domestiques de la grande maison" et ne pas retourner au quartier des esclaves (ceux qui travaillent dans les champs et dont la vie est infiniment plus dure). Ils se protègent les uns les autres, s'entr'aident, et ils acceptent immédiatement cette petite fille inconnue et blanche, la considérant comme l'une des leurs. Tout le roman est rempli de cet immense attachement réciproque entre Lavinia et cette famille. Et je crois que c'est ce côté-là qui m'a fait autant aimer ce roman.
Mais si tous les noirs sont bons, honnêtes et courageux, tout en ayant un caractère bien trempé, tous les blancs ne sont pas pour autant des des monstres cruels et injustes. En fait, il y a trois personnages réellement malfaisants, et ils font beaucoup de mal autour d'eux, mais les autres sont justes et plutôt ouverts, et même certains vraiment bienveillants, ce qui équilibre un peu les forces et donne de la crédibilité au récit.
Le personnage de Lavinia est le plus travaillé, bien sûr, puisqu'elle est l'héroïne. Ce qui la caractérise le plus, c'est son attachement à sa "famille", son innocence et sa timidité, même à l'âge adulte.
Sa fidélité, sa loyauté et son affection pour les siens la rendent extrêmement attendrissante et sympathique.
Mais elle ne se rend pas bien compte de certaines choses, et même quand elle a des doutes, n'ose pas poser de questions, ce qui l'amène à mal interpréter des événements ou des conversations entendues, et ainsi à se convaincre de choses fausses.
De même, elle est assez naïve et tombe dans des pièges que l'on a senti venir de loin. Et ceci m'a souvent agacé, au cours de ma lecture. Car à cause de ces traits de caractère, elle fait les mauvais choix, qu'elle regrette amèrement par la suite. J'ai eu souvent envie de la secouer pour lui ouvrir les yeux ou l'obliger à se battre quand elle baissait les bras. J'ai trouvé qu'elle subissait trop passivement ce qu'il lui arrivait. D'ailleurs, avec leur franchise caractéristique, les esclaves diront d'elle que c'est "une adulte avec un esprit d'enfant". Elle compte toujours sur sa Mama noire pour la protéger, alors qu'avec son statut de femme blanche, c'est elle qui devrait les protéger et les défendre.
La Grande maison est un personnage à part entière, car elle a une place énorme dans le récit et tous les protagonistes y sont extrêmement attachés, les noirs comme les blancs.
Le récit est captivant et on ne s'ennuie pas une seconde car il se passe énormément de choses. Des choses très dures et tristes, mais il y a aussi des événements heureux, beaucoup de joies, et surtout beaucoup, beaucoup d'amour.
Conclusion : Un roman passionnant, bouleversant, sublime, avec des personnages incroyablement attachants et inoubliables. Une histoire de courage, de solidarité, d'amour, qui montre que ce n'est pas la couleur qui compte mais les liens du coeur.
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Fin 18ème, début 19eme. Lavinia, enfant de 7 ans est recueillie par le capitaine Pyke suite au décès de ses parents sur le bateau. Cette enfant, blanche, arrive ainsi à la grande maison du capitaine. Ce sont les domestiques, esclaves qui vont s'en occuper, l'aimer. L'avenir découvre le monde de l'esclavage, le manque de libertés. Elle ira peu à peu dans la grande maison. Une histoire d'amour oubplus exactement de lien fera tout basculer
Roman captivant, avec beaucoup de rebondissements
J'ai bien aimé
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Je pense que j'ai déjà lu ce livre car le récit m'était très familier. Mais cela ne m'a pas gâché le plaisir de le (re)lire car il est vraiment bien écrit et j'adore les récits historiques.
Bien que le personnage principal m'horripilait par sa naïveté et son égocentrisme, j'ai compatit à son histoire. Les autres personnages sont plus intéressants, même si assez typiques, voire clichés, à ce genre d'histoire. Cependant, ils sont, pour certains, très attachants.
L'écriture de l'auteure est vraiment agréable et dynamique. Il n'y a pas vraiment de temps morts dans le récit et donc le lecteur n'a pas le temps de s'ennuyer. J'ai lu que c'était son premier roman et je dois dire que franchement cela ne se voit pas. Je regarderai si elle en a publié d'autres depuis par curiosité.
Bien que l'histoire se suffise à elle-même, j'aurai aimé une suite ou une petite prolongation pour savoir comment évoluent les personnages et la vie qui se reconstruit dans cette plantation. Mais je suppose que cela aurait été compliqué pour l'auteure qui aurait dut se débattre avec les mentalités de l'époque qui n'aurait pas permis à Lavinia, une blanche propriétaire, de retrouver ses liens avec sa famille noire.
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Un beau moment de lecture. L'auteure nous fait vivre les expériences de chacun, sans tombé dans le cliché et les quiproquo trop important.
J'ai eu rapidement de l'attachement pour chaque personnages et j'ai aimé que malgré le statut d'escaves, on ne soit pas tombé dans le cliché tout en restant dans le réalisme.
J'ai eu souvent les larmes aux yeux et des pauses on étés nécessaire pour prendre un peu de recul.
Malgré de nombreuses frustrations, car tout aurait pu être beaucoup plus simple, on en comprends comment les personnages en arrive là où ils sont.
Peut être que quelquefois l'auteure en a trop dit... C'est mon seul regrets. Certaines informations auraient pu rester "cachées" jusqu'à la fin pour une grand final tel que l'un des personnages la subit alors que nous, lecteurs, savions depuis longtemps comment cela allait finir.
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C'est l'histoire de Lavinia, une enfant orpheline irlandaise est recueillie par le capitaine du bateau sur lequel ses parents ont péri, elle servira comme domestique pour compenser le coût de son entretien et est confié aux soins de la jeune Belle, qui l'elevera comme sa fille. Mais la petite va vite se retrouver tiraillée entre deux mondes, celui de ceux qui l'ont élevée et qu'elle considère comme sa famille et la société blanche dans laquelle elle est destinée à évoluer une fois qu'elle sera devenue une adulte.
J'ai beaucoup apprécié toute la partie où Lavinia était enfant, et la découverte des nombreux et différents personnages, la seconde partie est traitée avec moins de détails c'est dommage et Lavinia adulte est un peu passive face a sa situation.
Enfin je regrette encore une fois,de ne pas lire les résumés.... Car je m'attendais vraiment a lire un roman dont le thème principal est l'esclavage mais celui-ci passe au second plan....
C'est cependant une très belle histoire de famille et de vie. J'aime quand les romans "s'étalent" sur plusieurs années comme ici.
C'est loin d'être un coup de coeur mais j'ai apprécié ma lecture...
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Une orpheline irlandaise confiée à une esclave noire pour devenir domestique dans la maison des maîtres d'une plantation. Quel sera son destin ? L'histoire nous est relatée, tantôt à travers le regard de cette petite fille, puis par celui de sa Mama désignée. J'avais un peu peur de me trouver face à un roman à "l'eau de rose", mais finalement j'ai été agréablement surpris par ce roman.
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