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4,02

sur 591 notes
Comme souvent avec cette maison d'éditions, la couverture est souvent très représentative de ce que l'on va trouver ensuite avec les mots.... Et ce n'est pas toujours le cas !

Quel beau roman et pourtant un huis clos entre deux hommes, un sujet qui peut se révéler ennuyeux : le narrateur, gravement blessé sur la route qui le mène au village de son enfance après un accident de voiture qui l'oblige à l'immobilité et Matthias, homme plus âgé, qui s'est lui aussi retrouvé coincé dans cette nature hostile, tous les deux contraints à se réfugier, ensemble, sous une véranda dont le toit se couvre de neige suite à une panne d'électricité générale qui dure et qui contraint l'ensemble de la population et eux deux à vivre en retournant à l'essentiel : manger, avoir chaud, survivre en un mot.

Le climat et la nature sont omniprésents : chaque chapitre fait état de la hauteur de neige extérieure et comme le climat du livre : elle progresse, elle monte en poids psychologique puis elle fond avec l'arrivée de la fin de l'hiver. La relation entre les deux hommes passent par différents stades de l'indifférence, du mutisme au dialogue, ils forment un couple contraint à une vie à deux qu'ils n'ont pas choisie.

La co-habitation entre les deux hommes est très bien rendue : elle passe par des moments de tension extrême mais également par des accalmies entre un homme d'expérience, de bon sens, rude parfois mais révélant un coeur tendre quand il évoque sa femme avec qui il est marié depuis 57 ans, ayant des réflexes de survie essentiels pour la guérison de l'autre, plus jeune, observateur, en recherche ses racines, de son devenir. 

La force de cette narration tient à la façon de traiter le sujet : on entre à pas feutrés dans l'histoire, découvrant peu à peu les raisons de leurs présences, leurs passés, les caractères se dessinent, leur environnement prend forme (je me suis très bien représenté leur refuge, la nature environnante) tout cela d'une écriture nette, concise, puissante. Tout est dit, sans développement inutile laissant le lecteur se représenter le décor, les acteurs et les tensions qui s'installent. 

C'est cette subtilité que j'aime dans les romans quand l'auteur nous laisse faire le chemin près de lui, sentir la progression du récit venir à nous et se rendre compte que nous intégrons, et dans ce cas précis, le refuge, nous sentons le froid, le poids de la neige, la nature feutrée enveloppée dans la gangue de l'hiver, les tensions entre les personnages, j'ai très bien imaginé les regards échangés, les rapprochements etc.

La solitude et l'isolement des deux naufragés est ponctuée par le passage d'autres habitants, personnages secondaires, mais sources d'informations sur l'extérieur, de soins ou de comportements.

La construction du récit est originale : tout n'est pas révélé :  pourquoi une panne si longue mais ce n'est pas primordial ni indispensable pour la lecture : elle n'est que le prétexte de la révélation des personnalités  : certains se révéleront égoïstes et lâches, d'autres prendront une décision capitale pour la suite de leurs vies.

Voilà une très jolie découverte, couronnée par un prix (mérité) pour une oeuvre originale, qui aurait pu être ennuyeuse de par le sujet, majoritairement un huis clos entre deux hommes, mais qui se révèle être passionnante, bien écrite, une ode à la nature, la plus forte, toujours, et qui est surtout une étude de caractères et de comportement parfaitement réussie.
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Figurez-vous qu'au moment même où j'ouvrais les premières pages de ce livre, quelques flocons commençaient à tomber sur mon village normand. Maintenant, une couche de neige bien épaisse recouvre tout le paysage. Personne dans les rues. Difficile alors d'être plus en phase avec un livre qui raconte le quotidien de deux hommes coupés du monde dans un paysage enseveli sous la neige ! Bon, ma maison a l'air plus solide que la leur (enfin j'espère!), on trouve encore de quoi manger dans l'épicerie du coin et ce soir, je pourrai allumer la lumière (le dire porte malheur, alors je me tais !) Passons...
Le Poids de la neige m'a fait penser à d'autres livres que j'ai lus récemment et qui racontaient le quotidien de gens privés d'électricité, dans une atmosphère de fin du monde (comment pourrait-il en être autrement?) : le merveilleux livre de Jean Hegland Dans la forêt et celui d'Emily St. John Mandel : Station eleven. Comme quoi, la privation d'électricité est visiblement LA phobie du XXIe siècle : plus de chauffage, d'eau chaude, de téléphone, d'ordinateurs et de tout ce qui est informatisé (je vous laisse faire la liste, elle est infinie !) Une autre vie quoi !
Dans ce roman, deux hommes sont amenés à partager leur quotidien dans une maison abandonnée : l'un, le narrateur, un jeune mécanicien, est revenu au village pour voir son père mourant. Mais, sur la route, il a eu un très grave accident et a perdu momentanément l'usage de ses jambes. Il est alité et muet.
L'autre, Matthias, un homme âgé, était de passage lorsqu'il a dû trouver refuge à cause du froid. Il espère repartir au plus vite pour retrouver sa femme restée en ville. En attendant, il est coincé. Il s'occupe de soigner son coloc' (en échange, on lui a promis une place dans un convoi qui partira au printemps), fait la cuisine, le ménage, alimente le poêle, lit, part dans le village à la recherche d'une nourriture qui se raréfie. Il tente aussi d'engager la conversation mais le plus jeune ne répond pas.
Il y a du En attendant Godot dans cette oeuvre, ce huis clos, où l'on attend de pouvoir repartir mais vers quoi exactement ? Y a-t-il encore quelqu'un ailleurs ? Une âme qui vive ? Et où ? Dans quelle direction ? Et que faire de ce moment présent qui s'étire infiniment ? Comment le remplir, l'occuper, faire en sorte de ne pas devenir fou ? Regarder la neige tomber, s'accumuler, rendant impossible tout désir d'évasion est-il un divertissement « suffisant » ? (Je repense, veuillez m'en excuser, c'est obsessionnel chez moi, à un de mes romans préférés : Un Roi sans divertissement de Giono dont le thème central est précisément celui de l'ennui et de la nécessité pour l'homme de se divertir, de se détourner de sa condition de mortel en se divertissant - chasse, pêche, balades, meurtres (eh oui!). Des disparitions étranges ont lieu l'hiver dans un petit village de montagne recouvert de neige… Je ne vous en dis pas plus...) Faut-il profiter du moment présent, admirer la beauté de ce paysage à la fois fascinant et dangereux, contempler la beauté qui est offerte ? Ou bien faut-il tenter de fuir au plus vite au risque de rester bloqué et de mourir ?
Et cet autre, là, celui avec lequel on partage ce quotidien étrange, faut-il le supporter, l'aider, le soigner ou... le tuer ? Doit-il devenir un ami ou un ennemi ? Plus on avance dans l'oeuvre, plus la tension est palpable entre les deux hommes. La relation oscille sans cesse entre la solidarité et la méfiance, mais jusqu'à quand tiendront-ils ainsi ?
La seule chose qui change, chaque jour, c'est l'épaisseur de la couche de neige dont la mesure précise est indiquée en tête de chapitre - d'ailleurs, dans un premier temps, je me suis demandé à quoi ces nombres correspondaient. le narrateur observe ces variations sur un piquet planté à l'extérieur et il peut les surveiller de loin grâce à la longue vue que Matthias lui a donnée. Et chaque jour, ça empire, rendant impossible toute évasion comme si l'hiver prenait en otage deux hommes , les obligeant à demeurer loin de tout dans une solitude oppressante. L'auteur, interviewé, avoue qu'il adore les récits dans lesquels il ne se passe rien car tout peut arriver à chaque instant. Et c'est vrai qu'il y a une tension réelle dans ce roman.
Je regarde par la fenêtre, la neige s'épaissit, la nuit va bientôt tomber. La lumière est étrange ce soir. Je vois mon voisin, plus tout jeune, qui sort. Je m'interroge sur ce que deviendraient nos rapports si l'électricité venait à manquer, entraînant l'absence de nourriture et de chauffage. Reste-t-on humain dans un monde sans électricité ? Une seule chose en moins,(bon d'accord, l'électricité, ce n'est pas rien) et le monde serait tout autre, comme quoi, finalement, notre civilisation ne tient pas à grand-chose... Ce serait très probablement l'effondrement de la vie en société, de notre comportement civilisé. Nous redeviendrions des bêtes sans morale, prêtes à tout pour survivre.
Mon voisin retourne à pas tranquilles vers sa maison, il me voit derrière ma fenêtre et me fait un petit signe : j'ouvre. « ça vous dirait un peu de mâche ? de ce temps-là, on va la perdre, je vous en mets dans un sac. »
Tout va bien.
S'il savait ce que j'avais en tête deux minutes plus tôt, il serait horrifié...
Je vous aime, frères humains, à condition que l'électricité parvienne jusque chez moi…
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“La neige règne sans partage. Elle domine le paysage, elle écrase les montagnes.”

Je crois que le narrateur n'est jamais nommé. On le voit, on le comprend, on sait qui il est. Après un gros accident, il se retrouve en convalescence chez Matthias, un grand gaillard qu'il ne connaît pas. Il ne peut vraiment bouger mais son lit est près de la fenêtre d'où il regarde la neige tomber … ça n'arrête presque jamais et le village devient de plus en plus isolé. On nous raconte la cohabitation, les pensées, les ravitaillements, les repas, la neige …
C'est une sorte de "slow'' thriller donc on s'attache aux personnages, on ne sait ce qui arrivera, … J'ai trouvé ça beau, contemplatif. J'ai réfléchi à ce que je ferais en ces circonstances … Je croyais m'ennuyer mais finalement je me suis laissé prendre !
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Dans ce presque huis-clos, deux hommes se trouvent par la force des choses obligés à cohabiter. Rien ne les relie au départ, Matthias, l'homme le plus âgé, est tombé en panne près d'un village juste avant une coupure d'électricité généralisée qui l'a obligé à se réfugier dans une maison en bordure de la forêt. le plus jeune, le narrateur, a réchappé de justesse d'un accident de voiture, et les villageois l'ont confié à Matthias, pour qu'il le soigne et le nourrisse, en espérant sa guérison. Au début, le plus jeune reste allongé à observer le temps, la neige qui s'accumule, il ne parle pas. Matthias lui fait la conversation, prépare les repas, lui raconte des passages des livres qu'il lit. Ils reçoivent des visites, celle de la jeune vétérinaire qui reste la seule médecin du village, celles de villageois qui leur apportent des vivres.

Plus qu'un roman post-apocalyptique, c'est surtout le face à face qui est au cœur du texte, et la question de l'isolement qui devient de plus en plus préoccupante au fur et à mesure que les centimètres de neige s'accumulent, qui fait évoluer les rapports entre les deux hommes. L'envie de dialoguer ou non, la dépendance, la méfiance ou la confiance, la peur, la colère, vont les animer tour à tour et modifier leur relation. Comme dans le roman de Jean Hegland, Dans la forêt, se pose, mais peut-être moins fortement, la question de ce qui est préférable, la vie dans les grandes villes ou une certaine forme de retour à la nature, choisie ou consentie. J'ai beaucoup apprécié le côté très nuancé du roman, aucune réponse n'est assenée, aucune situation n'est exagérée, ni dans un sens dramatique, ni dans un sens optimiste.

Ce roman fait partie de ce qui devient depuis peu un genre à part entière, le roman de survie, dont on peut trouver de nombreux exemples dans la littérature contemporaine, notamment venant du continent nord-américain, et qui pose de nombreuses questions. À partir de quel moment la vie devient-elle survie, à partir de quel manque, nourriture, électricité, eau courante ? À partir de quelle hauteur de neige ? Et quelle part d'humanité va rester en l'homme, au fur et à mesure que les besoins naturels vont avoir du mal à être satisfaits ?
J'ai été complètement conquise par le style. Raconté du point de vue du jeune homme qui au début, après son accident, a du mal à reprendre pied dans la réalité, le texte s'accroche à de petits détails quotidiens sans jamais être lassant, et au contraire, devient de plus en plus prenant. Les pages tournent rapidement, en surveillant d'un oeil la hauteur toujours plus impressionnante de la neige, jusqu'au dénouement. Une découverte enthousiasmante, et un grand bravo aux éditions de l'Observatoire pour cette très jolie couverture qui a encouragé mon choix !
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Nous sommes dans un village isolé, dans une région froide. L'électricité a été coupé depuis plusieurs mois pour des raisons inconnues et l'hiver est là. le narrateur a été grièvement blessé dans un accident de voiture dans lequel il a perdu son père. Il est confié au bon soin de Matthias, un bonhomme parfois acariâtre qui ne pense qu'à quitter la vieille maison qu'il squatte pour rejoindre sa femme mourante à l'hospice. S'il n'était le poids de la neige, la pénurie d'essence, les kilomètres à parcourir dans un désert glacé…

Ce récit lent mais extrêmement magnétique m'a fortement fait penser au Mur invisible de Marlen Haushofer (encore !) : isolement, milieu montagneux, mode de vie rudimentaire, catastrophe indéfinie, point de vue interne du narrateur à la première personne, séparation des proches, attente, espérance bousculée. S'y ajoute quelques rares relations humaines qui viennent intensifier et questionner l'ensemble. Lentement, les liens entre les différents protagonistes se tissent, se resserrent, se desserrent au gré du quotidien précaire. Il ne se passe en acte presque rien d'important et pourtant en refermant l'ouvrage tout est dit. le poids de la neige est un passage, une étape, un deuil achevé, un nouvel élan…
Un livre à lire, en somme. Et un auteur à suivre (pour peu qu'il s'exporte en France).
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Sous cette neige qui, au fil des pages, s'accumule et efface l'au-dehors, le narrateur, blessé, se remet lentement grâce aux soins du vieux Matthias, lui-même blessé au-dedans. C'est très lent, les visites sont rares car les chemins dangereux. Il se passe peu de choses mais les sensations sont réelles, humaines, présentes. Un très beau roman qui parle d'entraide, de silence et de souffrance humaine.
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C'est un roman d'atmosphère et, comme tel, c'est assez réussi. Les personnages sont plutôt crédibles dans leur dimension psychologique mais d'autres aspects m'ont agacée… comme le manque de repères: j'ai eu du mal à croire à cet isolement complet du monde extérieur et, finalement, à la sortie improbable que nos héros en font.
Si ce roman n'avait pas été primé et encensé par moult lecteurs, si, de plus, je ne l'avais pas trouvé à un prix raisonnable dans une vente de garage, j'aurais fort bien pu passer à côté et je n'aurais sans doute pas manqué grand chose. Je n'arrive pas à recommander ce livre sans réserves. Il y a tant de bons écrivains… Christian Guay-Poliquin a fait un belle percée; il doit encore se hisser à un niveau supérieur pour que je revisite ses écrits.
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Un huit clos entre deux hommes dans une maison, près d'un village isolé et cerné par une neige épaisse, qui se trouve être privé d'électricité et de tout contact avec le reste du monde.
Des paragraphes courts qu'on lit les uns après les autres dans l'attente d'un évènement quelconque.
Mais de la neige à l'infini et ces deux hommes qui apprennent à se connaître au fil des jours, à s'accepter, à s'entraider.
Une lente traversée d'un hiver long et enneigé une lutte de chaque jour pour la survie.
Assez fascinant finalement dans sa simplicité et contemplatif aussi.
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Un roman très particulière, se situant à la limite de plusieurs genres. L'ambiance est prenante, sombre, silencieuse. Certains points resteront flou, jusqu'à la fin du livre. Les personnages centraux sont extrêmement bien décrits et beaucoup de questions se posent.
En tant que lectrice, je me suis retrouvée également piégée par la neige et cette ambiance post-apocalyptique, cherchant désespérément des réponses et tentant d'en savoir un peu plus sur le passé ou les motivations de certains.
Une toute bonne lecture, à lire au calme, seul(e) et de préférence en hiver, l'ambiance du livre s'y prêtant parfaitement.
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Le poids de la neige – Christian Guay-Poliquin

Huis clos entre deux hommes qui n'auraient peut être du jamais se rencontrer.
J'ai été fascinée par cette histoire. Je me suis longtemps demandée où l'auteur voulais m'emmener.
J'avais l'impression qu'il ne se passait rien mais si des choses se passaient et peu à peu on découvre certaines choses et l'on en comprend d'autres. Mais toujours cette atmosphère très étouffante. La neige partout, le froid tout le temps. Ce jeune homme qui ne veut pas parler et l'Ancien qui est décidé à le faire réagir.

C'est une très belle histoire d'amitié, de solidarité mais aussi de peur et d'angoisse. La nature est toujours présente hostile ou pas, cela dépend.

C'est aussi un livre étrange, les numéros des chapitres ne se suivent pas, ils sont dans un ordre désordonné et la fin...
Et bien la fin laisse une montagne de questions dont les réponses sont sûrement enfouies au plus profond de la forêt.

Très très bonne lecture, l'auteur à une écriture superbe.

A lire absolument
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