J'ai découvert la plume de
Romain Guérin avec ses poésies qui m'avaient laissé sans voix, puis avec son roman
le journal d'Anne-France, considéré par feu
Jean Raspail comme un chef d'oeuvre - et l'on ne saurait contredire à ce sujet le consul générale de Patagonie sans se déshonorer.
J'étais donc curieux de le lire à nouveau.
Dans ce nouveau roman autobiographique,
Romain Guérin, auteur et narrateur, décide de dire non aux frivolités familiales auxquelles on s'astreint par habitude, passivité et souvent aussi par lâcheté.
Ce livre vient venger, non seulement le père de l'auteur, mais aussi ses lecteurs, de toutes les bassesses et mesquineries que l'on doit supporter au sein de nos familles en dynamitant le statut quo bien sage que l'on se plaît à respecter en se convainquant que notre politesse ne se confond pas encore tout à fait avec l'hypocrisie, même si la frontière censée les distinguer, s'érode et devient de plus en plus ténue.
Le récit revêt une forme hybride, entre roman et pièce de théâtre et nous plonge aux confins de l'intimité familiale de l'auteur via une galerie de personnages archétypaux hauts en couleurs et en saloperie, ce qui rend cette lecture universelle et délectable.
À longueur de pages, l'auteur vilipende les coquins et rit à la gueule des cons, à coups de phrases assassines dans une prose pleine de bons mots toujours bien sentis et qui ne dénoteraient pas dans les meilleurs long-métrages dialogués par Audiard.
L'excellent préfacier Jonathan Sturel qualifie le roman de Houellebecquien, je n'irais pas jusque là car loin d'une vision du monde défaitiste et un peu léthargique Guerin vient ici mettre un coup de pied dans la fourmilière de nos petites conventions familiales bien proprettes et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça swing !
Ceci dit, on ne saurait reprocher ce mot au préfacier tant il est difficile de résumer ce jeune auteur à la bibliographie naissante car il s'obstine en effet à passer d'un style à l'autre à chacune de ces oeuvres avec une maestria frisant la désinvolture.
Qu'entendra t-on bientôt par l'adjectif « Guérinien » ? L'avenir nous le dira mais à ce jour on peut entrevoir une essence qui renverra à la polymorphie des formes littéraires et des styles sans jamais trahir un esprit de gaulois indomptable.
Pour finir, s'il fallait résumer chacun des livres de
Romain Guérin en un mot:
La Chorale des cadavres: Sublime
Le Journal d'Anne-France: Grandiose
Drôles de Funérailles: Jouissif
À vous de choi
sir. Et vivement le prochain !