Cette anthologie de
la poésie chinoise des origines à la Révolution est à la fois frustrante et étonnante, pour le lecteur francophone et curieux comme je le suis.
Frustrante, parce que je ne suis pas parvenu à m'imprégner réellement de cette poésie, aux racines millénaires, sans doute en raison d'une connaissance trop superficielle de la culture chinoise, et de l'obstacle de la langue : je gage que la logique des idéogrammes et le phrasé de la langue jouent un grand rôle dans la beauté de ces textes.
Patricia Guillermaz fait pourtant de réels efforts pour nous faire toucher le sens profond de cette poésie, à renforts de mises en perspective historiques des époques et du contexte des poètes cités, et d'explications rapides sur les caractères et la rime chinoise. C'est intéressant mais, pour moi, insuffisant…
J'ai cependant pu apprécier, même en partie dénaturés par ma lecture ignorante en français, certains de ces textes. En particulier ceux des époques Sui et Tang. Comme l'explique
Patricia Guillermaz, les thèmes poétiques sont assez redondants ; le temps qui passe, les malheurs sociaux, la nature… comme dans mes lectures précédentes, je note à nouveau –et P. Guillermaz le dit aussi- un grand pragmatisme dans cette poésie, qui parle de ce que vit celui qui écrit –mandarin ou chef de gouvernement souvent-, et non de ses chimères intérieures.
On est très loin du romantisme européen, et cependant cette poésie « terre à terre » est aussi extrêmement sensible, quoique pudique, à sa façon. Ces poètes, hommes et femmes, chantent avec subtilité ce qu'ils vivent. Ils y mêlent une forme de détachement probablement liée aux philosophies confucéenne, taoïsme et bouddhistes. Il en ressort une poésie en apparence simple dans les mots et les images, jeu social ancré dans son époque, mais sans ruptures nettes dans l'inspiration (la tradition avant tout…)… alors que les échantillons choisis par P. Guillermaz s'étalent sur plus de 2000 ans !
Mais derrière cette apparence on sent toute la profondeur de la perception, et on imagine la recherche du mot, du ton, de l'assonance, qui aura donné à chacun de ces poèmes la justesse et le sens profond et global qu'il me semble percevoir dans l'art chinois en général.