L'auteur nous livre ici une oeuvre multiple : témoignage d'un projet concret pour créer de la résilience alimentaire, il aborde au fil des pages toutes les problématiques actuelles autour du bien manger et du lien à la terre.
A l'origine du livre, le constat dérangeant qu'aujourd'hui il est impossible de nourrir la population en cas de rupture des approvisionnements. Les supermarchés n'ont pas plus de 2 à 3 jours de stocks, que se passerait -il en cas de crise majeure ?
Il évite l'écueil d'un livre trop théorique ou versé dans les thèses survivalistes, et liste de nombreuses initiatives et solutions, avec des sources nombreuses et très utiles pour aller plus loin.
Un "guide pratique de la résilience" à conseiller à toutes les collectivités locales, afin de réfléchir aux projets concrets qui pourraient être menés.
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P85 le rapport à la viande et au végétal
Un couple entre, qui détaille le bas de la carte. « poulpe grillées, riz au piment (17 €). » une hésitation. « vous n'avez pas d'entrecôte frites ? » il ressortent, désappointés.
« c'est très facile d'en mettre à la carte tous les jours. Mais il faut avoir le courage, entre guillemets de proposer des produits moins vendables », expose Bianca.
[...]
Antoine et Bianca désirent «conscientiser » les gens à un changement culturel. Non, il n'est pas nécessaire de manger de la viande, midi et soir, tous les jours. Oui, manger des légumes et davantage nourrissant et sains que d'avaler des frites industrielles qui baignent dans l'huile.
À une autre table virgule Christine, Jean-François et leur fille Léa hésite. « pourquoi ne prendriez vous pas deux portions de poulet, et les pois chiches, à vous partager ? », propose Bianca. « très bonne idée ! ». Une petite victoire qui contre balance l'épisode régulier de l'entrecôte frites.
P144 l'aide alimentaire, la sécurité alimentaire
Balbot : "l'aide alimentaire, ce n'est pas droit à l'alimentation. On te remplit pour que tu tiennes debout. A aucun moment tu ne choisis ton alimentation. C'est tout ce qu'il y a de plus violent ".
Il cingle : " la surproduction agricole est écoulée à l'aide alimentaire. Elle permet d'ajuster la production ".
[...] Jean-Christophe Balbot plaide pour une sécurité sociale alimentaire (SSA) sur le même principe que la sécurité sociale de la santé mise en place en 1945. Une somme mensuelle serait réservée à l'unique achat d'aliments conventionnés. Les critères de conventionnement seraient élaborés par les citoyens au niveau local au sein de caisse de sécurité sociale de l'alimentation. La SSA, fondé sur des cotisations, serait universelle : chacun y aurait droit, quel que soit son revenu. Elle serait complétée par un processus d'éducation populaire.
P47, les pesticides
En 2021, un groupe d'experts réunis par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (inserm) a présenté une synthèse intitulée « pesticides et santé » conduite à partir d'un ensemble de 5300 documents.
[...] Elle confirme la « présomption forte d'un lien entre l'exposition aux pesticides et 6 pathologies : lymphome non hodgkinien, myélome multiple cancer de la prostate, maladie de parkinson, trouble cognitif, bronchopneumopathie chronique obstructive et bronchite chronique".
L'expertise a identifié « une présomption moyenne pour la maladie d'Alzheimer, les troubles anxieux dépressifs, certains cancers ouvrent la parenthèse leucémie, système nerveux central, vessie, rein, sarcome des tissus mous), l'asthme et les sifflements respiratoires, et les pathologies thyroïdiennes ».
P131 le bio
"Le bio c'est un truc de bobos". C'est ce que Philip ne cessait d'entendre lors de son année de BTS viticulteur, entre 2001 et 2002, ou quand il côtoyait des jeunes agriculteurs à la chambre d'agriculture. "On nous enseignait les processus conventionnels. [...] L'enseignant listait tous les produits à mettre à chaque période de l'année [...] 20 produits devaient être passés avec le tracteur. La consommation d'essence..."
Les précédents propriétaires possédaient 6 grosses cuves de plus de 500 hectolitres. "Ils produisaient beaucoup en volume et utilisaient beaucoup d'engrais aussi". Sandra et Philip vendangent manuellement et utilisent 6 à 7 cuves de 50 hectolitres.
P123 précarisation
Que ferait Antoine demain s'il devait arrêter la cuisine ?
[...] Il ne cotise pas depuis pas mal d'années puisqu' il ne se verse pas de salaire. Il devra travailler jusqu'à quel âge pour avoir un bout de retraite ? " tu te précarises pour tes idées". Il lui faudrait présenter son projet professionnel pour bénéficier du revenu de solidarité active (RSA). Quémander 400€ mensuels, lui qui nourrit les autres depuis de 2 décennies. Combien sont ils en France, ces grands ouvriers dans tous les domaines qui donnent leur corps (faut-il écrire "sacrifient"?) Pour les autres ? Qui travaille pour eux, en retour ?