Avis : PUISSANT
Il y a des recueils, des fascicules, des livrets, qui ne paient pas de mine mais qui ont plus de force d'expression et de puissance que certains romans de six cents pages plats et sans couleurs.
C'est le cas ici avec le recueil de
Rémy Guisset qu'il a intitulé « le temps d'écrire un dessin » et qui est une deuxième édition augmentée d'un ouvrage paru précédemment. Je l'avais lu il y a quelques mois, il m'avait séduit et j'en attendais tout autant de celui-ci. Ce fut le cas, pourquoi ? Parce qu'il est brut, que l'auteur ne retient pas ses mots, qu'il les laisse trouver leurs cibles et leur donner l'écho que le lecteur mérite. Car oui, il y a des textes qui doivent se mériter, ce sont ceux qui cachent leurs pensées derrière une façade austère, un vocabulaire torturé, des formes d'expression malmenés. La forme n'est pas parfaite, les erreurs sont nombreuses mais la musique des mots entre en nous, fuit l'oeil et gagne le coeur.
Nous avons ici des mots qui prennent une résonance particulière avec des dessins tout aussi bruts, en noir et blanc. Les thèmes développés sont intemporels et portés par un humanisme qui se ressent en transparence et en permanence. La révolte est sous-jacente ; elle est là pour dire, interpeller, réveiller.
J'ai particulièrement aimé Etranges touristes à l'humour caustique et désabusé, Ombres particulières qui montre l'interrogation de l'auteur face à « cette pudeur assassinée par des mots publiés », mais aussi Tout fout l'camp, poème en prose avec une belle argumentation poétique. Quant à la nouvelle... Surprenante et percutante.
Si vous aimez les textes forts, de ceux qui bloquent ou intensifient la respiration, prenez le temps de découvrir un recueil dénué de toute envie de plaire.
Je remercie
Rémy Guisset et l'assure de mon soutien dans ses projets. Je sais qu'il prépare une suite à Uguel, le roi oublié, chroniqué il y a quelques mois.
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