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sur 140 notes
Dans un contexte où le capitalisme semble s'être essoufflé au point de ne plus constituer un système viable pour notre société; il m'a semblé très intriguant d'apprendre à connaître ce « Trésorier-payeur » qui n'en est pas un, ce personnage fantasque que rien ne destinait à travailler dans une institution bancaire mais que son entêtement et son improbable quête de vérité ont amené à y faire carrière. A-t-on jamais entendu parler d'un banquier entièrement désintéressé ? Mieux, un banquier accueillant des pauvres surendettés dans la dépendance au fond de son jardin avant de collaborer avec Emmaüs pour leur trouver du travail ? Certains l'appelaient le « banquier-anarchiste », d'autres le prenaient véritablement pour un illuminé, mais Georges Bataille était bien plus que ça, un esprit libre, guidé seulement par sa recherche de transcendence et son amour de la volupté.

Soyons honnêtes, le début de ce récit a failli me faire abandonner cette lecture. Yannick Haenel n'a pas réussi à m'accrocher avec son propos introductif un peu perché où il explique sa participation à cette exposition dans les anciens locaux de la Banque de France de Béthune, laquelle l'a amené à s'intéresser au personnage du Trésorier-payeur. Pourtant, j'ai persévéré et beaucoup plus apprécié le récit par la suite, trouvant assez fascinant ce personnage complètement décalé. On ne comprend pas très bien ce qu'il cherche dans ce monde qui semble à mille lieues du sien, et pourtant, on finit par se passionner à ses côtés pour ses recherches nocturnes et ses envolées philosophiques.

C'est intéressant de voir comment, à travers un texte très littéraire, sur un sujet finalement assez romanesque, Yannick Haenel parvient à nous amener des réflexions sur l'état du capitalisme et ses dérives, sur les moments-clés qui ont entraîné la complète dérégulation du marché, sur les mécanismes idéologiques à l'oeuvre derrière ce qui n'était initialement qu'une monnaie d'échange. C'est donc toute une réflexion philosophique sur notre monde que le personnage atypique de Georges Bataille offre, et c'est une richesse incroyable, pour peu qu'on s'accroche un peu ! La prose de Yannick Haenel en elle-même m'a parfois perdue mais m'a également offert de magnifiques passages que je garde précieusement et aurais plaisir à relire.
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Le trésorier-payeur est un objet littéraire très particulier, rempli de références philosophiques, au style ondoyant et dont la petite musique finit de capter le lecteur et lui faire oublier le côté déroutant et peu crédible de l'histoire. C'est un roman mettant en scène toutes les obsessions de Yannick Haenel, notamment son admiration pour l'écrivain philosophe George Bataille, auteur de l'histoire de l'érotisme et de l'essai “la part maudite”. Ce très singulier essai d'économie politique, prend en compte l'ensemble des mouvements de l'énergie sur la terre, et en particulier ceux du vivant, et donc l'homme, et prône la dissipation de l'énergie excédante, la part maudite, et donc pour l'argent la dépense au lieu de l'économie!
C'est l'histoire d'un banquier qui n'aime pas l'argent - on ne peut mieux faire dans le côté paradoxal - qui dévient bon samaritain en sauvant de pauvres gens surendettés à Béthune, région délaissée après la disparition des mines et de l'industrie.
Le roman commence où Yannick Haenel se met en scène: il est invité dans les locaux désaffectés de l'ancienne banque de France qui utilisés pour une exposition d'art contemporain sur le thème de l'influence de George Bataille sur l'art. En face de l'ancienne banque se trouve une grande maison abandonnée qui est reliée par un souterrain à la banque. Et comme par hasard, on apprend que l'ancien trésorier de la banque qui habitait cette maison s'appelait Bataille. L'idée du roman prend corps nous explique l'auteur. Dans les cinquante premières pages l'écrivain nous propose plusieurs clés d'interprétation du récit qui va suivre en semant des noms, des références, des concepts pour étayer la partie romanesque qui se déroule dans les 350 pages qui suivent.
Ce banquier anarchiste est à la recherche du sacré, il est membre d'une vieille confrérie des Charitables. Yannick Haenel retrace la biographie imaginaire de l'avatar George Bataille, le trésorier-payeur, en essayant de dégager une métaphysique de l'argent où” l'économie serait à la base de la poésie”. Certaines scènes sont très réussies comme la visite de Ronald Reagan dans la “souterraine”, les coffres d'or enterrés à 30 mètres de profondeur, de même les mécanismes de l'excès du capitalisme financier sont dépeints avec justesse, pourtant cela ne saurait dédouaner les autres élucubrations pseudo économique du héros.
La palette littéraire de Yannick Haenel est riche, souvent poétique, même si parfois certaines phrases sont à la limite du pompeux. Personnellement je trouve que les scènes de sexe sont mal équilibrées avec beaucoup trop de femmes nymphomanes parmi les aventures du trésorier- payeur qui finira pourtant de trouver l'amour. Finalement on se laisse prendre par cette histoire très invraisemblable.
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Je n'ai pas été emportée par ce livre mais je pense sincèrement que ce n'est pas mon style de littérature, que je n'ai pas le bagage littéraire et culturel pour l'apprécier à sa juste valeur. C'est un livre très écrit, très littéraire, très poétique.

Notre trésorier-payeur est un être totalement lunaire, émerveillé, passionné, désabusé aussi, rejeté, aimé. Pourquoi pas ? Mais dans les personnages qui l'entourent trop ont cette même originalité qui frise le grain de folie pour que cela me paraisse crédible. Et en l'écrivant, je me questionne : qui parle de crédibilité ? C'est un roman dans lequel l'auteur lui-même se met en scène, un roman qui commence avant l'histoire du trésorier-payeur par l'histoire de Yannick Haenel qui va inventer le trésorier-payeur. Et puis c'est tout de même le trésorier-payeur que nous suivons, que nous habitons tout au long du livre. Et c'est peut-être un peu son regard qui déforme les gens autour de lui, qui les rend fantasques ou au moins qui ne retient que leur originalité.
Et finalement toutes les invraisemblables du scénario, pas que ce ne soit pas possible mais plutôt que cela relève d'un hasard trop grand, se justifient par le parti pris de l'auteur dans la présentation du bureau du trésorier-payeur et dans la genèse de ce trésorier-payeur.

Merci à babelio d'organiser masse critique et aux éditions Gallimard d'y participer.
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Invité à participer à une exposition consacrée à l'influence de Georges Bataille sur l'art contemporain, Yannick Haenel est impressionné par les locaux dans lesquels elle se tient, à Béthune, ceux de l'ancien siège de la Banque de France.
Il invente une histoire dans laquelle, un jeune homme, timide, grand lecteur, féru de philosophie, décide de se dédier à l'étude de l'économie et de devenir trésorier-payeur de la Banque de France, à Béthune, posant la question : « Comment peut-on aimer Raimbaud et travailler à la Banque de France ? ».
Sous une apparence discrète, ce Georges Bataille cache une exaltation, un lyrisme, un amour des femmes qui lui font vivre une alternance de périodes de solitudes studieuses, parfois dépressives et d'autres d'amour et d'intense érotisme : « Quelque chose de farouche s'opposait en lui aux sympathies ; il avait pris des habitudes de loup ». Bataille a des théories : « Seul ce qui est gratuit nous sauve. La solution, ce n'est pas l'argent. La solution, c'est la gratuité ».
Il ne faut pas se laisser rebuter par ce titre peu séduisant de « Trésorier-payeur ». le livre l'est au contraire, beaucoup. Après une première partie, courte mais qui devient fastidieuse dans laquelle Haenel nous explique la genèse de son livre, il faut tenir jusqu'à la page 61, le lecteur se régale des aventures et des questionnements de cet attachant Georges Bataille. L'auteur nous emmène dans la Rennes des années 80, où Bataille suit les cours de l'école de commerce, à la rencontre de « Marquis de Sade » et « Marc Seberg » à la salle de la cité, sur la place Sainte-Anne, dans la brasserie « La belle étoile » de la rue de Fougères et aussi à Béthune, au contact de personnages très divers, des directeurs et bureaucrates de la Banque de France aux populations pauvres et surendettées de la région, de mineurs insolvables, qu'il a prises sous sa coupe.
Le style de Yannick Haenel est très beau. On prend note de certaines phrases telles que : « Il pourrissait dans une bourgade malheureuse du nord de la France, où il crevait de froid et de solitude, lui le jeune surdoué de la Banque de France, l'anarchiste charitable, le mystique en costume-cravate, le vieillard de trente-cinq ans » ou « Ainsi, lorsqu'elle traversa le salon pour se diriger vers lui, le Trésorier fut pris d'une crise de timidité qui embarrassa ses gestes. L'apparition de cette femme illuminait cette ennuyeuse soirée, qui avait pris des couleurs étincelantes. le Trésorier avait compris tout de suite l'importance de ce moment : vivre n'a d'intérêt que pour ces instants où la poussière de l'existence est mêlée de sable magique ».
Un livre brillant, assez érudit, parfois torride qui se lit d'une traite.
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En 2015, à Béthune, dans une ancienne banque transformée en musée, s'organise une exposition sur le thème de «la dépense», inspirée par l'oeuvre de l'écrivain Georges Bataille. Yannick Haenel y participe. Lors d'un séjour préparatoire en compagnie d'autres artistes, la nature de sa contribution prend forme à mesure qu'émergent de troublantes coïncidences : le dernier trésorier de la banque se nommait lui aussi Georges Bataille, et on dit qu'un tunnel reliait sa maison à la salle des coffres. Dans une atmosphère qui tend au fantastique, à travers les nuits d'ivresse passées dans les bars du Nord, l'esprit de l'auteur s'embrase...
Et le roman commence : un étudiant passionné de philosophie, Bataille, voit sa vie bouleversée par le hasard d'un stage à la Banque de France. Il accède au sens de l'Histoire, celle d'un monde en voie de dissolution, miné par la course effrénée du capitalisme. Au coeur du système, devenu le trésorier-payeur, il vient en aide aux surendettés et s'abandonne, aussi bien dans les profondeurs de son être, que dans les rencontres amoureuses, toujours en quête d'absolu.
Avec le «Trésorier-payeur», l'écrivain dilapide. Il n'est pas avare d'images, de sensualité, de croyances et de féeries. Ainsi, comme il l'affirme «Écrire, c'est vider les coffres».
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C'est une interrogation commune durant les études supérieures : est-il possible d'allier sa passion avec le métier pour lequel on se forme ? Passionné d'opéra, fou de littérature, insatiable sur la philosophie : les métiers en relation avec ces disciplines ont-ils des débouchés ? Et sinon, suis-je prêt à prendre un métier plus « traditionnel » me garantissant la sécurité de l'emploi et un revenu conséquent ? C'est là toutes les questions que se pose le jeune Georges Bataille (un autre !) à l'orée de sa carrière dans la Banque de France.


La première partie du roman se révèle, avouons-le, plutôt pénible : Yannick Haenel se met en scène à l'occasion de la préparation d'une exposition à Béthune. le style est assez ampoulé, et les conclusions péremptoires : « la littérature appartient aux bienheureux », « tout se déployait avec élégance, jusqu'à son rire qui se moquait de notre prétention à nous croire vivants »… Pour autant, Haenel nous entraîne dans un véritable tourbillon : celui de la préparation d'une exposition consacrée à l'influence de Georges Bataille (celui que vous connaissez) sur l'art contemporain. Ne sachant quelle direction prendre, Haenel accumule les objets qu'il se représente figurer dans le bureau d'un banquier type. Avant de tomber sur un autre Georges Bataille, qui aurait travaillé longtemps à l'antenne de la Banque de France de Béthune.


Nous sommes à la fin des années 1980 et au début des années 1990. La période est importante : Thatcher, Reagan et Friedman, entre autres, sont passés par là pour détricoter l'Etat-Providence et installer les bases du néo-libéralisme. le jeune Georges Bataille, passionné par la philosophie et plus globalement la lecture, a traditionnellement étudié en hypokhâgne et khâgne. Considéré comme un traître par ses camarades, Bataille s'inscrit en école de commerce. Et, lors d'un stage, c'est le choc : « La porte de la Banque de France avait allumé dans sa vie un feu inattendu auquel il se devait, désormais, de rester fidèle ; peu importait qu'il ne fût pas à sa place dans le monde de l'économie : c'était précisément parce qu'il n'était nulle part à sa place que l'existence exigeait de lui des révélations ».


Sa carrière débute à la Banque de France, à l'antenne de Béthune, ville sinistrée par la fermeture des mines. Mais qu'importe, Bataille, surnommé le « Trésorier-payeur », fera consciencieusement son métier, développant des théories à l'encontre de la doxa économique. Si son maître de stage à Paris lui sermonne « que si ce n'était pas pour gagner un maximum d'argent, faire carrière dans la banque n'avait aucun sens », Bataille, lui, cultive des idées proches de celles de David Graeber, notamment sur la dette (« la dette est le coeur de l'économie, la crise est sa vérité. Tout s'effondre et tient debout. Tout tient en s'effondrant. »).


Porté par une splendide langue, "Le Trésorier payeur" raconte comment il est possible de s'épanouir dans une institution a priori mortifère et archaïque. Si, au bureau, Bataille défend l'intérêt des surendettés, il s'ouvre aux plaisirs de la vie avec ses partenaires sexuelles (« est-il possible de ne faire que l'amour, de ne plus avoir d'autre usage du temps que celui de s'aimer ? ») et croit de plus en plus aux bienfaits de l'entraide en s'engageant dans la confrérie des Charitables. Ou comment, face à un univers froid, rationnel et calculateur qui va petit à petit gangrener toutes les sphères de la vie, il est possible de résister et d'être heureux.
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J'ai choisi ce roman pour son auteur dont l'écriture m'avait intriguée il y a déjà quelques années.
Et j'ai retrouvé cette même "surprise" teintée d'agacement, je dois en convenir : j'ai eu souvent l'impression qu'il s'écoute un peu écrire, le monsieur.
J'ai souri, voire ri aussi parfois car il faut le trouver le trésorier- payeur, supporté par le patron de la banque, qui "pille" peu à peu sa banque pour aider les clients les plus endettés. Critique de notre système néo-libéral, oui, sans doute, mais pas seulement ! Une lecture que j'ai envie de qualifier d'actualité.
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Tout ça pour ça…
Ce livre m'est littéralement tombé des mains, par sa pesanteur, par son absence de souffle, par son absence de vie…
Bref j'ai déclaré forfait après une centaine de pages, comme un pensum maniéré, tout le contraire des grands romans.
Au suivant…
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"Le Trésorier-payeur" de Yannick Haenel est un bijou. J'ai lu ce livre avec énormément de plaisir car l'auteur nous offre une histoire surprenante (voire improbable), truffée de références littéraires et philosophiques. le style est superbe. Quel bonheur de lire un roman si bien écrit et si profond sur tout un tas de sujets (le sens de la vie, l'amour, le sexe...). L'auteur brouille les pistes, sait mettre la bonne dose d'humour et d'ironie afin de ne pas alourdir son propos. Ce personnage de banquier anarchiste est vraiment marquant !
Lien : https://inthemoodfor.home.bl..
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Ce livre m'aurait probablement plu (un peu) avec deux fois moins de pages (et j'aime pourtant les livres longs !). Mais chaque idée est dite et redite et répétée et périphrasée que c'en est légèrement insupportable. On passe la majeure partie du roman dans la tête du protagoniste, dont on ne sait pas franchement ce qu'il recherche réellement. Bon, soyons humble : je n'ai pas compris ce qu'il cherchait, disons-le ainsi.

Les considérations sur le sexe sont lourdingues, et j'ai saturée de fentes et de cuisses écartées et de salive et d'exhibitionnisme pas très très crédible.

Alors l'immersion dans le monde de la banque est intéressant, la construction de ce personnage atypique l'est aussi, et la plume de Yannick Haenel offre souvent des formules qui incitent à poursuivre la lecture.

Mais combien de ciels fauves, carmins, écarlates, orangés, enflammés, de peaux pâles, laiteuses, poudreuses, nacrées, bref de descriptions hyper répétitives pour ne plus dire grand chose, au final, que l'amour de cet écrivain pour sa propre écriture.
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