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3,14

sur 338 notes
Après avoir lu ce livre puis relu certains passages, je ne sais toujours pas quelle pensée ou quelle émotions Yannick Haenel cherche a susciter chez son lecteur. Peut-être, finalement, qu'il n'en n'a rien à cirer et qu'il cherche seulement à confesser quelques fantasmes : écrire un scénario de 700 pages sur la vie d'Herman Melville, rencontrer Michael Cimino à New-York et se gausser ensemble de la statue de la Liberté, dîner en compagnie d'Isabelle Huppert à la Bastille, sauter la conservatrice du musée de la Chasse, cracher sur le retable d'Issenheim, visionner cent fois "Apocalypse Now" ... C'est un livre qui parle de l'impuissance de l'écrivain ou du cinéaste à saisir et exprimer la quintessence de son art et, comme de juste, l'auteur-narrateur est aussi atteint de cette impuissance qu'il va tenter de conjurer par des excès systématiques : excès d'alcool, excès de dinguerie, excès dans l'étirement des scènes (notamment celle du restaurant) – où il rejoint en cela son maître Cimino, excès de provocation, excès de noms qu'il épingle sur son mur comme d'autres punaisent leurs lieux de vacances, excès de mots finalement là où un haiku aurait pu faire l'affaire :


Je la tenais au bout de ma carabine
Haenel mais elle s'est tirée
Quoi ? L'éternité.


"Tiens ferme ta couronne" (ce titre est une citation de Proust, elle-même inspirée de l'Apocalypse de St Jean, ah, cette obsession des références ...) est un roman foutraque et horripilant mais que quelques fulgurances m'ont quand-même rendu sympathique, par moment.
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Le narrateur est un type mal au monde, ne « vivant » que dans le cinéma et l'écriture. Son dieu est Michael Cimino. Il s'est lancé dans l'écriture d'un scénario sur la vie d'Herman Melville, rejeté par tous les cinéastes, jusqu'à ce qu'une occasion lui permette de le remettre en main propre à son idole Cimino. Voilà le fil du rouge du livre qui nous entraînera dans des aventures rocambolesques, loufoques où nous croiserons Isabelle Huppert, un sosie de Macron, un dalmatien, et quelques femmes.
Il y a de bonnes pages, mais je suis sans doute passé à côté de l'essentiel.
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Avis très mitigé ...je me suis laissé emporter au début par ce récit puissant et audacieux, j'ai bcp aimé l"histoire déglinguée et les nombreuses références cinématographiques et littéraires...mais au milieu du récit, le rythme s'étiole pour devenir difficile à suivre avec des descriptions inutiles, tirées en longueur au travers d'une histoire qui s'essouffle et qui finit par emmerder le lecteur.
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En refermant ce roman, bien avant la fin (j'ai craqué, malgré toute ma bonne volonté !), j'ai senti mon cerveau de grand lecteur, traumatisé, émettre un dernier message avant de sombrer dans l'inconscience (comme le "héros" de l'histoire, chaque fois qu'il a atteint sa dose formidable d'alcool quotidienne) : "méfiez-vous des quatrième de couverture trop belle pour être vraie !" Puis j'ai sombré dans le noir.

Voilà comment tout a commencé : en lisant le pitch du roman de Yannick Haenel. On y parle d'un scénario sur Herman Melville, l'auteur de Moby Dick (un de mes livres de chevet), de Michael Cimino, le réalisateur de la porte du paradis (un de mes films de chevet), de New York (une de mes villes de chevet), etc...

Des listes de noms et de références excitantes qui s'entrechoquaient joyeusement devant mes yeux fascinés.

J'ai donc ouvert la première page et j'y suis allé, vaillant petit soldat. Ah, oui : Haenel adore les soldats, il décrit pendant des pages et des pages avec fascination des scènes entières - les plus fameuses - d'Apocalypse now, de Coppola, que tout le monde connait, ce qui ne présente donc pas le moindre intérêt.

J'ai tenu deux cents pages.

Yannick Haenel a des obsessions, puisque le thème de presque tous ses romans tourne toujours autour de la rupture de l'homme avec la civilisation qui l'entoure; l'alcool aussi. Fort bien.

Mais suivre le récit d'un semblable cheminement, par de telles voies, cela n'est pas forcement passionnant pour d'autres que l'auteur (les lecteurs, par exemple !), ou alors, il faut un romancier particulièrement brillant, comme Houellebecq, tiens, au hasard, ou alors, plus récemment Virginie Despentes.

Une bonne partie de la vie de l'auteur tourne aussi autour de Moby Dick, puisqu'il évoquait déjà cette obsession lors de la sortie de Cercle, son roman paru en 2007. Fort bien. Mais je préfère mille fois relire le chef d'oeuvre de Melville, plutôt que de découvrir les considérations pompeuses et absconses d'un auteur à son propos.

L'auteur ne se donne aucune peine pour ancrer son roman dans le réel (cf. le passage totalement désincarné à la Frick collection et son errance avec Cimino dans un New York où l'on se demande s'il s'y est déjà rendu) ou pour donner matière à la réflexion et l'imagination du lecteur.

Même si - quel dommage ! - le style de Yannick Haenel ne manque pas de qualité, je me suis demandé comment il parvenait, roman après roman, à se faire publier par L'infini, la collection de Gallimard. Et puis j'ai vu qu'il était très proche de Philippe Sollers. Alors j'ai mieux compris.

Et, pour couronner le tout (puisque le titre parle de couronne, allez chercher la référence, cela vous fera du bien !), voilà t'y pas que Michael Cimino casse sa pipe tandis que Yannick Haenel achève la rédaction de son roman. Ma pov' dame, y'a vraiment plus de saison ! Passez votre chemin.
Lien : http://www.letournepage.com/..
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Tiens ferme ta couronne met en scène un écrivain autofictionnel d'une cinquantaine d'années, éternel adulescent irresponsable, assez asocial, vaguement pathétique sans parvenir à être sympatique, qui passe le plus clair de son temps enfermé chez lui à mater des films, et surtout Apocalypse Now en boucle, en rêvassant que le scénario génial qu'il a écrit sur Melville (dont on entendra beaucoup parler mais dont le contenu sensationnel ne sera pas dévoilé...) soit porté à l'écran par Michael Cimino.
La grandiloquence et les ego trips auto-complaisants ne lui font jamais peur : "Mais au fond, un échec, ça veut dire quoi ? Je ne croyais pas en l'échec. Celui de Melville était proportionnel à l'exigence qui l'animait : il indiquait une gloire secrète. La société qualifie d'échec ce qui ne répond pas à sa demande ; elle exclut de la réussite ce qui déborde ses critères. Je n'étais pas réellement impressionné par l'idée que la société se fait de la littérature : qu'est-ce qu'elle y connait ? Rien. Tout le monde croit savoir ce qu'est la littérature, mais personne n'y connait rien. Et moi, ce matin-là, avec mes vingt euros, mon vertige, ma gentille cuite et mon envie irrépressible de voir Apocalypse Now, ce matin-là et tous les matins de ma bienheureuse et approximative existence, tous les soirs et toutes les nuits, non seulement il me semblait que je savais ce qu'était la littérature, mais qu'en un sens la littérature, c'était moi. Oui, j'étais ce héros saugrenu qui, doutant de tout, croyait en son étoile. J'étais ce bras d'honneur souriant. J'étais cette lumière qui scintille entre une hirondelle, une rangée de papyrus et un lit célibataire. J'étais cette nuit blanche où viennent s'inscrire, aussi obscures que comiques, ce qu'il faut bien appeler des révélations." (pp. 85-86)
Certain de la distinction de son bon goût, notre écrivain couronné n'hésite jamais à faire du name dropping de personnalités (ainsi du dîner mondain chez Bofinger avec Isabelle Huppert, ainsi de la rencontre avec Cimino à New York, racontée deux fois dans le roman : une fois dans la partie intégralement consacrée à la rencontre avec Cimino, une seconde dans la partie intégralement consacrée au dîner mondain chez Bofinger avec Isabelle Huppert) ou d'auteurs fétiches choisis avec une audace folle quant à leur originalité, littéralement récités comme des mantras ("Je pouvais bien réciter à voix haute mes éternels mantras : Melville-Proust-Joyce ou Dante-Flaubert-Beckett ou Shakespeare-Rimbaud-Faulkner"), quand il n'est pas occupé à ressasser obsessionnellement ses scènes préférées de ses films préférés de Cimino ou Coppola.
Tout n'est pas absolument à jeter (par exemple, en dépit de l'exaspération que m'a provoquée la suffisance du passage suscité, j'y repêche quand même volontiers la phrase sur la relativité sociale de l'échec et de la réussite, mais en m'empressant d'oublier tout ce qui l'entoure et m'horripile), même si toute scène finit par décevoir. J'ai pu trouver de l'amusement dans la description de l'arrivée au restaurant, où il ne parvient pas à passer la porte, barrée par le maître d'hôtel... mais le récit malheureusement s'étire et s'étire encore, arrive Isabelle Huppert, la fierté étalée de ce dîner avec une célébrité et l'appétit lubrique de la rencontre avec Léna, qui va devenir son amante (les scènes de sexe où notre non-héros se complait dans la description de la puissance de ses érections et de ses jouissances sont particulièrement superfétatoires, vulgaires, et éprouvantes pour le lecteur). J'ai pu trouver saisissante l'oraison funèbre de Léna à sa soeur... mais, malheureusement, toute la scène qui l'entoure est tellement outrancière qu'elle fait basculer l'oraison dans le ridicule de l'emphase avec elle.
Parfois, l'affectation est si outrée que je ne peux croire qu'elle ne soit à prendre au second (ou soixante-quatorzième...) degré et ne soit volontairement conçue pour prêter à rire (ainsi de l'extase de la dégustation du plateau de fruits de mer, dans la partie intégralement consacrée au dîner à rallonge : "En croquant dans la chair d'une huître, je me sentis défaillir. J'avais bu abondamment, mais ce n'était pas le vin qui me retournait le cerveau. Trouver la vie qui mène à l'espace absolu, je m'enivre pour ça : mais toujours je reste au bord du mystère. Non, ce soir, je défaillais de plaisir parce que la chair de l'huître est un délice qui procure des frissons : on dirait que des trésors de nacre vous scintillent sur la langue ; et cette huitre-là, que la serveuse m'avait désignée comme un "Grand Cru" de Normandie, fondait dans la bouche comme un bijou marin. Manger des huîtres est un acte sacramentel, dis-je à Pointel, qui ronchonna : lui ne jurait que par le homard." (p.155) ... et s'il n'y avait aucune autodérision volontaire, ma foi, tant pis, j'aurais pour ma part ri de tant de cuistrerie et au moins trouvé ce passage involontairement drôle).
Je ne sais pas si l'intérieur de la tête de Yannick Haenel est "mystiquement alvéolé" (expression si chère à l'auteur qu'il n'hésite pas à la répéter en plusieurs dizaines d'occurrences...) et que, la mienne, dépourvue de ce revêtement particulier, a mécompris le génie de ce flux de conscience en le trouvant décousu, volontiers pédant, et désespérément nombriliste. Je ne saurais toutefois que le déconseiller à quiconque lèverait un sourcil à l'idée d'entrer dans l'intérieur d'une tête mystiquement alvéolée...
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Enfin un roman original et pertinent dans cette rentrée littéraire qui se contente - pour beaucoup - de coller à L Histoire et de raconter ce qui a déjà été dit, redit, peint, dépeint, pour le meilleur et pour le pire.
Ici, nous sommes dans un monde fou qui ne craint pas d'ébouriffer nos consciences et qui se permet des audaces aussi bien dans le style que dans le récit. Déjanté et souvent drôle, le texte aborde différents thèmes, cinéma, littérature, mais également passion et volonté de poursuivre son rêve, quoi qu'il arrive. Mais dans toute passion, il y a le risque de l'échec et c'est bien ce qui met un peu de relief dans nos vies ternes ! Un roman hors normes qui mérite le détour.
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Merci à Babelio et Gallimard pour l'envoi de ce titre dont la quatrième de couverture me laissait entrevoir de bons moments de lectures.
Cependant, je suis allée jusqu'à la page 164 pour lui donner une chance...
Une chose est certaine, l'écriture est habile puisqu'on s'ennuie autant que le personnage ! Parfois, un regain d'intérêt avec une scène un peu cocace mais on retombe dans l'ennui rapidement.
Sauf qu'il y a plein d'autres livres qui attendent d'être lus.
Pourtant, j'aime donner une chance et aller au bout de mes lectures, mais là je passe mon chemin !
Je ne saurai jamais si Cimino accepte de faire le film où pas...
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Tiens ferme ta couronne mais pas seulement; il faut aussi tenir bon et s'accrocher au récit confus, foisonnant et délirant du narrateur, écrivain fou des films cultes, en particulier Apocalypse Now qu'il regarde en boucle, enfermé dans son appartement parisien, vivant une « solitude que je croyais glorieuse mais qui n'était qu'un isolement sordide ». Sur le point d'être mis à la porte par le propriétaire, notre homme se verra confier la garde d'un dalmatien par un voisin inquiétant, rencontrera le cinéaste déchu Michael Cimino dans un saut éclair à New York et parviendra à transcender son scénario sur le grand Herman Melville. Est-ce un art mineur que l'écriture d'un scénario de film ou plutôt un tremplin vers autre chose? Yannick Haenel semble s'être mis en scène lui-même dans cette histoire, à la recherche, tout somme son narrateur, de la vérité absolue dans le quotidien, « (...) une phrase de Melville qui disait qu'en ce monde de mensonges, la vérité était forcée de fuir dans les bois comme un daim blanc effarouché. » À la fois récit autobiographique, onirique et initiatique, Tiens ferme ta couronne possède le souffle et l'originalité pour accéder à des prix littéraires et permet d'appréhender une autre facette du talent de Haenel.
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Arrivée à la page 83 j'avais des doutes quant à l'intérêt de continuer (au lieu d'aller me promener ou de dormir) : c'était brillant, parfois amusant, assez déjanté mais ça sonnait faux, faux looser, faux alcoolique, faux geek, faux pauvre...alors j'ai lu vos critiques chers amis et j'en ai conclu qu'il valait mieux passer mon chemin.
Encore un livre que je suis contente de ne pas avoir acheté, merci les bibliothèques de prêt !
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Je garde un souvenir éblouissant de ce livre. Depuis longtemps, trop longtemps, je n'avais pas lu d'ouvrage traitant du feu. Le feu, cette passion à dimension sacrée, mélange d'instinct et de volonté. Source de bonheur... Un truc magique, sur lequel j'adore lire des lignes justes (et ce n'est pas une mince affaire parmi la littérature actuelle...). Je ne sais comment vous exprimer clairement ce que cela signifie; il me semble que ça ne s'explique pas. Ça se ressent.

C'est la première fois que j'ouvre un livre de Yannick Haenel, je ne connaissais strictement rien à son univers, ou même à lui-même, et je dois dire que, sans avoir été influencée par qui que ce soit, j'ai découvert un immense écrivain (à mon sens du moins). Que dire ? Ce livre est une ode à la vie. Ode à la littérature. Ode à ce qu'André Gide appelle "la ferveur" et à ce que Yannick Haenel appelle "le feu". L'ambiance me paraît très "américaine", le type d'atmosphère que l'on retrouve chez Auster, ou bien chez Kerouac, et je suppose chez bien d'autres... Des écrivains très différents quoique très talentueux, mais avec cette même folie un peu décalée, grisante.

Alors oui, c'est un peu déroutant au début ; oui, c'est complètement barré, avouons-le, et donc effectivement, ça ne peut plaire à tout le monde. Soit vous entrez dans cet univers si spécial, décalé, auquel cas c'est incroyable, soit ça ne prend pas et vous vous ennuyez durant l'intégralité du livre. Heureusement, je fais partie de la première catégorie de personnes.

Si l'on parle uniquement de la forme, ce n'est pas difficile à lire; c'est même très agréable. Le rythme des phrases est plaisant, le vocabulaire n'est pas complexe, et il y a cette sorte de poésie dans les mots, si chère à mon coeur. Le livre dispense quelques vérités sur l'écrivain, la littérature et la vie d'une très belle façon. Je me suis retrouvée à réfléchir à tout ça, et ça m'a fait du bien. C'est le mot; ce livre fait du bien. Il vous fait sourire et vous rappelle avec sa particularité et sa singularité ce qu'est la vie. Il vous met du baume au coeur et vous ouvre l'esprit. Mais n'ayez pas l'impression d'un ouvrage lourd; il sait rester suffisamment léger et se montre même drôle par quelques traits d'humour fort bien exécutés.

Le livre peut sembler ne pas avoir réellement d'histoire, de trame élaborée; en effet je pense que le plus important, ce sont les réflexions de notre narrateur. Les éléments extérieurs sont, à mon sens, un genre de "prétexte" à de nouvelles pensées; et ça aurait pu m'endormir, cette distance avec l'action. Mais il n'en fut rien; et à vrai dire je n'ai pas trouvé la moindre once d'artificel dans ce livre. Tout m'a l'air de déborder de sincérité. Et c'est séduisant, quand on sent que l'auteur ne triche pas.

Enfin, j'ai véritablement eu l'impression d'originalité. Le narrateur et protagoniste principal est tout simplement un ovni , Yannick Haenel a un véritable style qui lui est propre, sa façon de raconter l'histoire, comme si les événements étaient détachés les uns des autres, mais reliés par les pensées du narrateur... Et les thèmes abordés, s'ils sont la base d'énormement de très bons livres (et donc ont été explorés de nombreuses fois), sont éclairés sous un angle différent; je n'ai pas l'impression de redite mais plutôt d'une nouvelle vision des choses.

Je vous le conseille vivement.
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