Tiens ferme ta couronne c'est l'histoire d'un mec qui a écrit un scénario sur Melville.
Herman Melville, le papa de
Moby Dick, qui se trouve être, comme on le sait depuis qu'il a reçu le
Prix Nobel de Littérature, un des livres préférés de
Bob Dylan (et on le sait d'autant plus que la partie de son discours sur
Moby Dick pourrait être un plagiat).
Bref, le mec en question est écrivain, en passe de tourner quinqua, un peu alcoolo, avec un rien de
Bukowski en plus bobo. C'est un fan de cinéma, en particulier de Cimino (cinéma-Cimino, y a pas de hasard dans la vie) donc il parle beaucoup de Voyage au bout de l'enfer (Deer Hunter en anglais, faut le savoir pour accepter la forte teneur en cerfs de ce livre), de la Porte du Paradis avec Isabelle Huppert (ça aussi ça a son importance car on rencontre Isabelle Huppert plus loin) et il parle pas mal d'Apocalypse Now de Coppola, aussi.
Bref, en bon pied nickelé qu'il est, il lui arrive toutes sortes de péripéties avec tous les ingrédients classiques de la fresque déjantée et un peu intello (compagnonnage canin, frictions avec la gardienne, galères financières, coïts crus, divagations mythologiques, apparitions mystiques de cerfs, vapeur éthyliques…). Rien de très nouveau mais ça a le mérite d'être relativement amusant.
En fait, c'est pas tellement la complaisance dans le registre du délire foisonnant qui m'a mise à distance, c'est que je me suis souvent ennuyée. Je me serais bien passée d'un bon tiers du livre. Ça fait quand même deux tiers que j'ai lu avec plaisir, c'est pas négligeable. J'ai particulièrement aimé la rencontre avec Isabelle Huppert chez Bofinger (des fois que vous auriez pas compris que j'étais fan). Elle raconte le tournage de la Porte du Paradis (avec Kris Kristofferson, siouplé) et son incubation préliminaire dans un authentique bordel du Wyoming histoire de se mettre dans la peau du personnage. Je ne sais pas si c'est vrai et je n'ai pas cherché à vérifier, mais
Yannick Haenel raconte ça très bien. Et puis moi, si ça me permet de tourner une scène d'amour avec Kris Kristofferson, je suis prête à embarquer pour n'importe quel lupanar des Grandes Plaines (je parle de Kris Kristofferson jeune, faut pas pousser).
En matière d'imbrications entre littérature et cinéma, j'ai largement préféré
Cortex d'
Ann Scott (dont je vous parlais ici) : non seulement je ne m'y étais pas ennuyée une seconde, mais en plus il n'y avait les ronds de jambes que je trouve à
Tiens ferme ta couronne.
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