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sur 419 notes
Le faucon maltais de Dashiell Hammett
Sam Spade est détective privé associé à Miles Archer. Il reçoit une Miss Wonderly qui cherche à retrouver sa soeur Corinne qui est partie avec un certain Thursby. Ce dernier est dans un hôtel en ville. Archer va faire la filature. le lendemain matin la police téléphone à Sam, on a retrouvé le corps d'Archer mort d'une balle et le corps de Thursby mort de quatre balles dans le dos. La police accuse Sam d'avoir tué ce dernier et la femme d'Archer l'accuse d'avoir tué son mari pour l'épouser… Mauvaise journée. D'autant que Miss Winderly n'a pas de soeur, qu'elle cherche l'aide de Sam sans préciser pourquoi et que ce dernier se fait menacer par un certain Cairo qui lui propose 5000$ qu'il n'a pas, pour retrouver une statuette d'oiseau d'une grande valeur avant de sortir son flingue et assommer Sam qui commence à s'agacer. Sam Spade va devoir faire preuve de beaucoup de perspicacité et de sang froid pour essayer d'entrevoir un peu de vérité au milieu des mensonges de Brigid(miss Wonderly) et de Cairo. Ajoutez à cela que Brigid est très désirable, sa secrétaire bien sensuelle et que la veuve d'Archer se demande pourquoi Sam ne vient pas vivre avec elle.
Un bon vieux polar, pour ceux qui ont vu le film on a Humphrey Bogart en filigrane, que du plaisir dans cette lecture.
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Je clôture ma trilogie Dashiell Hammett avec son oeuvre la plus célèbre, le Faucon Maltais. J'avais entamé ce cycle avec l'excellent Moisson Rouge (1929) puis enchainé avec La Clé de verre (1931), restait LE chainon manquant, ce satané Faucon de Malte, l'équivalent des Tables de la Loi pour plusieurs générations d'écrivains qui se lanceraient dans le polar par la suite (Westlake, Himes, Leonard, Ellroy,...). Publié en 1930 donc, ce troisième livre fut pour son auteur un triomphe littéraire que les adaptations cinématographiques (en particulier celle de John Huston avec Humphrey Bogart en 1941) ont contribué à asseoir parmi les plus grands romans policiers jamais écrits. Ça met à peine la pression quand on vient d'enchainer deux perles du même auteur, elles aussi considérées comme des incontournables du genre.

Au petit jeu des préférences, je pense que Moisson Rouge conserverait une légère tête d'avance sur ses deux confrères que je mettrais exactement au même niveau. C'est à dire assez haut quand même. Déjà, Sam Spade et Ned Beaumont (héros dans La Clé de verre) sont très similaires. L'un et l'autre cultivent les bons mots, entretiennent leur cynisme bien qu'ils soient dotés d'un sens moral inamovible et n'ont pas peur d'arroser de coups leurs adversaires. le statut du Continental Op (personnage principal de Moisson Rouge) est lui plus trouble. Ex-détective privé lui-même, il y a fort à parier que Dashiell Hammett a mis beaucoup de lui chez Spade (qui porte d'ailleurs son prénom) et Beaumont, deux hommes qui flirtent avec l'obscurité sans jamais lui céder un pouce de terrain. Un zeste de romantisme collant à merveille à ces hommes qui taquinent la bouteille, fument comme des pompiers et plongent les mains dans le cambouis couleur sang. le héros du Faucon de Malte est peut-être un peu plus lumineux, ne serait-ce que dans ses rapports affectueux avec son assistante Effie ou ses relations teintées d'humour avec la police.

L'intrigue est moins politique, néanmoins le jeu permanent du rapport de forces entre les personnages maintient un climat orageux, menaçant. Une fois de plus, Hammett offre le beau rôle à une femme, Brigid O'Shaughnessy, le vrai joker du roman. À l'instar de Spade, l'écrivain joue avec les angles, les ellipses ou le "hors-champ" pour placer son lecteur dans une position d'incertitude. Tout cela file jusqu'à un final en mode partie de poker à haut risque qui prend aux tripes. On achève les 325 pages encore bien sonné mais parfaitement conscient de l'importance du Faucon Maltais sur ses héritiers, sur le roman noir et à fortiori le film noir. C'est peu dire que le cycle Hammett m'a apporté entière satisfaction.
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Classique du genre roman noir, le faucon maltais raconte l'histoire de Sam Spade dont l'associé a été assassiné lors d'une simple filature pour une femme fatale et mystérieuse. Il décide de reprendre l'enquête sans savoir où il va mettre les pieds. Plein de cynisme et d'audace, le protagoniste navigue entre femme fatale, police et gangsters pour retrouver le fameux faucon maltais et se sortir de ce guêpier au mieux.

L'ambiance hardboiled et roman noir est respecté même si le livre a beaucoup vieilli par rapport au roman noir de maintenant et même certains de son époque (comme Arsène Lupin) en particulier sur les péripéties et le rythme de l'histoire qui tire certaines scènes en longueur sans réel intérêt.
Mais il reste intéressant pour les archétypes de personnages du roman qui sont encore actuels dans son genre.
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Grâce à la librairie Gallimard, nous connaissions déjà par des traductions deux livres de Dashiell Hammett : la Clé de verre (The Glass Key) et la Moisson rouge (Red Harvest). Nous en avons ici-même indiqué les mérites. Grâce à The Albatross Continental Library, qui fait concurrence à Tauchnitz, nous avons maintenant à notre disposition le texte anglais d'un troisième livre du même auteur pour le prix relativement modique de 12 fr. Il n'est pas moins remarquable que les deux autres. Sans doute The Maltese Falcon [le Faucon maltais] est un livre de début ; cela se voit à certaines gaucheries dans le récit et dans les descriptions mais peut-être à cause de cette gaucherie même, le roman semble encore plus près de la vie, de la cynique et brutale réalité américaine, que les deux autres. On nous épargne le dénouement conventionnel et postiche rajouté à la Clé de verre et la moralité factice de Red Harvest, où les différentes bandes, en se détruisant les unes les autres, semblent faire triompher une sorte de justice distributive. Dans le Faucon de Malte, tout le monde est immoral, crûment, froidement immoral. Une seule chose compte : l'argent, les dollars. le détective lui-même, Spade, le héros du récit, ne vaut pas mieux que les autres, les criminels qu'il poursuit. D'ailleurs il le sait et ne s'en cache pas. Il n'a aucune illusion, ni sur lui-même, ni sur la justice au nom de laquelle il travaille, ni sur la police officielle, ni sur ses propres collaborateurs. Son associé, Miles Archer ayant été tué au début (c'est le premier crime) il répond à une cliente apitoyée qui s'informe si Archer était marié : « Mais oui, avec pas d'enfants et dix mille dollars d'assurance et une femme qui ne l'aimait pas. Alors, comme vous voyez, ça va. » Il est bien placé pour parler ainsi, du reste car il était l'amant d'Iva, la femme d'Archer. S'il en a du regret par la suite, c'est uniquement parce qu'Iva se conduit en véritable crampon et veut à toute force l'épouser, ce à quoi il ne tient guère. Ce Spade, rusé, méfiant et féroce, est un véritable Canaque en complet veston. Il est toujours prêt à lancer son poing dans la figure des hommes et sa main sur les fesses des femmes. Lorsque celles-ci protestent, il s'excuse en disant : « Je ne sais pas parler autrement aux femmes. Je ne sais que leur dire. » Au reste s'il est sensuel et capable de violentes flambées de désir et même de passion, Il ne perd jamais de vue ses intérêts. L'action court de mensonge en mensonge, de meurtre en meurtre et de trahison en trahison jusqu'à la scène finale, la plus cynique de toutes, et presque grandiose à force de cynisme. Il faut voir comment Spade explique à sa cliente, une belle jeune fille qui est devenue sa maîtresse, que c'est elle la criminelle, qu'il s'en est douté dès le début, et que ça ne l'a pas empêché de l'aimer, mais que leur amour ne l'empêchera pas non plus de la livrer à la police et de l'envoyer à la potence ou à la prison perpétuelle. — Bien sûr, ma chérie, lui dit il, tu es richement gentille, et je suis fou de toi, et on a couché ensemble, et tout ça, mais ça n'est pas une raison pour te laisser partir. Et il lui énumère froidement, méthodiquement, les huit bonnes raisons qu'il a de la faire condamner : d'abord, ne pas faire condamner l'assassin de son associé serait maladroit ; ça nuirait au business. Ensuite il pourrait être soupçonné de complicité, si jamais on découvrait le pot aux roses. Et puis, puisqu'elle a tué Archer, elle pourrait bien s'aviser de le tuer, lui, Spade, pour l'empêcher de parler... Et ainsi de suite. Et sa main, crispée sur l'épaule de sa partenaire pour une dernière caresse, s'ouvre pour la pousser dans les bras des policiers officiels, qui frappent à la porte... Évidemment, après ça, Spade aura des regrets, car cette Brigid était rudement gentille. Mais ce ne sera que quelques mauvaises nuits à passer. Tandis que vingt ans dans la prison de San Quentin... Comme nous voilà loin, n'est-ce pas, des détectives gentlemen et chevaleresques et des ingénues ravissantes qui savent demeurer pures au milieu des pires souillures. L'auteur, qui a été au service de l'agence Pinkerton pendant des années, sait de ce dont il parle, et ses livres resteront comme un témoignage, accusateur, impitoyable et précis sur l'Amérique de notre temps.
Régis Messac
Les Primaires, n° 42, juin 1933

Lien : https://www.regis-messac.sit..
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"Le faucon maltais", un titre qui fleure bon le cinéma, adaptation du roman de Dashiell Hammett que je viens d'achever... et qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.

Ma lecture fut en effet particulièrement laborieuse. J'ai trouvé l'histoire lente, un peu confuse et sans grand intérêt. Datée également... les personnages ne me sont guère apparus sympathiques, y compris Sam Spade, goujat notoire. Bref, je n'ai pas accroché. Seul point que je retiens : découvrir que le personnage de Lew Archer de Ross McDonald tenait son nom de l'associé assassiné de Spade, Miles Archer. En toute sincérité, je l'ignorais...
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Qui ne connait pas au moins de nom ce livre. Pour ceux qui ne l'ont jamais ouvert, précipitez-vous pour faire la connaissance de Sam Spade : détective fumeur, porté sur la boisson et les femmes, cynique, misogyne, peut-être même parfois misanthrope, secondé par une secrétaire mignonne bien évidemment amourachée de son patron, qui accepte une affaire pour une blonde platine vénéneuse. Il correspond en tout point à l'idée que l'on se fait du dur à cuire des romans noirs et de leur adaptation pour le cinéma. Ajoutons son sens moral tout personnel, sa façon de jouer au chat et à la souris avec la police, et parfois un sens aigu de médium lui permettant d'anticiper ce que vont pouvoir faire ses adversaires. L'histoire ne s'essouffle pas une seconde et vous comprendrez pourquoi notre ami Sam court accessoirement après un criminel mais cherche essentiellement à mettre la main sur un fameux Faucon. le point essentiel du livre apparait dans la parabole de Flitcraft, la vision du destin selon Spade qui pourrait s'appliquer à tous les protagonistes. Un livre culte.



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Play it again, Sam Spade !

Avec la nouvelle traduction intégrale de Nathalie Beunat et Pierre Bondil, on peut enfin se faire une idée précise de ce roman, peut-être un des plus célèbres dans le monde du polar.

Et là, il faut bien se rendre à l'évidence, ça coince.

Et ce, dès le début avec par exemple, une description du visage de Spade qui accumule les "V" : « le menton saillant en forme de V sous le V plus flexible de la bouche. Ses narines s'incurvaient vers l'arrière pour former un autre V, plus petit. Ses yeux gris-jaune étaient horizontaux. le motif du V revenait... »

Le reste est un peu à l'avenant. le style, serré et parfois remarquable, est souvent aussi, très lourd, ennuyeux et répétitif. Les yeux sont « ronds, cernés de blanc », les « iris entourés de blanc », les deux lignes verticales au-dessus du nez »....pullulent.
Bref, tout ce qui pouvait paraître novateur en 1930, grince un peu plus désormais.

Que dire de l'histoire ?
Relativement simple, elle débute par la visite dans les bureaux du détective Sam Spade, d'une jolie femme : Miss Wonderly.
Elle souhaite qu'on s'assure de la sécurité de sa jeune soeur aux prises selon elle, avec un individu dangereux appelé Floyd Thursby.
L'associé de Spade, Miles Archer, séduit par la dame, accepte avec empressement la mission de filature de l'homme suspect.
Mais les choses tournent mal et on retrouve Thursby et Archer, assassinés tous les deux.

Spade qui jusque-là n'a pas semblé intéressée par l'enquête, va s'en mêler.
Il va ainsi découvrir que Miss Wonderly s'appelle en fait Brigid O'Shaughnessy et qu'elle n'est pas l'oie blanche qu'on pouvait imaginer. Elle fait partie d'un groupe de personnes à la recherche d'une statuette ancienne, "Le Faucon Maltais", faite d'or et de pierres précieuses.
Dès lors, le récit va tourner autour de ce pur MacGuffin hitchcockien qu'on ne verra jamais.

Donc un style parfois bancal, une intrigue plus ou moins bien calée...mais comment expliquer le succès de ce livre ?

Tout simplement parce que ce roman expose tous les archétypes qu'il va laisser à un genre qu'il fait naître :
- le détective hard-boiled : dur, cynique voire cruel, bagarreur, sans beaucoup de scrupules (Sam Spade) ,
- sa secrétaire candide et attachante (Effie Perine, mal à l'aise face au comportement de son patron : « Elle se dégagea de son étreinte comme s'il lui avait fait mal. "Non je vous en prie ne me touchez pas dit-elle d'une voix cassée. Je sais...Je sais que vous avez raison. Vous avez raison. Mais ne me touchez pas maintenant. Pas maintenant". Peut-être un des plus beaux passages du livre) ;
- la femme fatale ( Brigid O'Shaughnessy) ;
- la pègre interlope : un Levantin précieux, geignard et fourbe (Joel Cairo), un "cerveau" obèse et hautain (Mr Gutman), un petit caïd teigneux (Wilmer Cook)...

Enfin, au-delà de ça, il est frappant de constater à la lecture du roman, à quel point la version cinématographique de John Huston est exemplaire et les caractères aussi bien interprétés.

Bogart est définitivement Spade avec son sourire comme un rictus ou quand il pince sa lèvre entre le pouce et l'index, Mary Astor forte de son parfum de scandale, incarne la femme fatale (du moins jusqu'à ce que Lauren Bacall incendie le Grand sommeil quelques années plus tard), Peter Lorre est Joel Cairo avec toute son onctuosité malsaine, et Sidney Greenstreet reste pour toujours Mr Gutman.

Roman peut-être très imparfait, mais dont l'importance a été décisive.
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Souvent quand je lis un roman un peu ancien, j'essaie de me dire bien à l'avance, que tout a changé et que tout a évolué, que je n'y retrouverai rien des romans actuels mais là…. il a tout de même fallu que je m'y fasse et j'ai été heurté à chaque fois par cette violence physique et verbale à l'égard des femmes, « les femelles » comme elles sont nommées dans ce roman… Si certains hommes montraient beaucoup de respect pour les femmes même s'ils ne les considéraient pas comme leurs égales, ici, on en est loin, elles sont rabaissées systématiquement et je pense que l'auteur est un vrai macho et non, vraiment je n'ai pas pu m'y faire.

Si, dans les faits, j'ai réussi à me croire dans l'ambiance de « Qui veut la peau de Roger Rabbit? », il me manquait le lapin et l'humour. Je n'ai trouvé que du grinçant et de l'énervant. D'où, presque une semaine et beaucoup de volonté pour le finir.

Et l'histoire me direz vous? A vrai dire, comme souvent dans ces anciens romans, je ne voit rien car il y a trop de non dits, ce détective Sam Spade est sûrement compétent mais il est surtout pourri et c'est ce que je retiens, pas un personnage pour rattraper l'autre, non vraiment j'ai pas adhérer.

Je pense que c'est bien écrit mais très franchement, tout le reste m'a trop déplu pour que ça puisse avoir une quelconque importance. Qui sait, je me laisserai peut être tenter par le film voir si c'est mieux…..
Lien : https://loeildesauron1900819..
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Je suis allée jusqu'au bout mais avec un tel ennui... Non, je n'ai vraiment pas du tout accroché à ce roman, qui a tous les travers de son époque (mais je passe là-dessus car à mon sens cela ne sert à rien de juger et condamner avec nos yeux d'aujourd'hui, au contraire il vaut mieux le garder en mémoire plutôt que de vouloir tout effacer comme certains savent si bien faire...). Je n'ai en fait même pas adhéré non plus à l'intrigue et me demande encore comment j'ai pu arriver jusqu'au bout. Même la fin m'a déçue. Bref... je n'en garderai pas un grand souvenir si ce n'est celui de n'avoir pas aimé du tout.
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Une lecture en a amené une autre.
C'est en effet à cause (ou plutôt grâce à) Paul Auster et sa nuit de l'oracle que je me suis mis à relire le roman phare de Hammett. Dans la nuit de l'oracle, le narrateur y fait allusion, compose même une histoire inspirée d'une histoire que raconte Sam Spade, le héros du Faucon à Brigid O'Shaughnessy, la « femme fatale ». Il s'agit dans les deux cas d'une histoire dans l'histoire, bien que celle Hammett n'apporte pas grand' chose à l'intrigue si ce n'est de montrer que Spade est habitué aux histoires glauques, ce qui renforce la noirceur du récit.
Donc le fameux Sam Spade, détective de son état, est chargé par diverses personnes, de retrouver un oiseau précieux, cadeau du roi d'Espagne à Charles Quint, sur ce point aussi le narrateur donne bien des détails.
Ecrit dans les obscures années trente et révisé dans les années cinquante, l'ouvrage est ce qu'on peut légitimement appeler un « roman noir. » Tous les ingrédients y sont réunis : la « femme fatale » donc –ces deux termes « roman noir » et « femme fatale » restent étonnamment tels quels en anglais, ne se traduisent pas – le détective bourru et finement intelligent, tombeur de ses dames et puis des personnages plus typés tel Cairo, ce Levantin maniéré ou Gutman, ce gros homme à la politesse d'autant plus raffinée qu'elle est dangereuse. le personnage le plus profond restant Brigid, dissimulatrice professionnelle dont les divers mensonges – le premier étant sur son identité – font rebondir toute l'affaire qui s'avère d'une rare complexité. Car l'oiseau a voyagé. Son histoire remontant à des temps encore plus obscurs que ceux du roman s'apparente à la quête du Graal. Mais là encore rien n'est gagné. Sauf symboliquement.
A priori mû par l'appât du gain, Spade échafaude sa recherche avec la complexité et la subtilité que mérite le désir étrange de la possession de ce volatile mythique. Car on court après un mythe, un peu comme après un âge d'or, un passé glorieux, un eldorado perdu. Allégorie de la crise économique américaine contemporaine au roman ? En tout cas un chef d'oeuvre de construction romanesque.
Bon nombre d'écrivains de policiers doivent beaucoup à Dashiell Hammett. En France, où les mots « romans noirs » et « femme fatale » furent inventés, on pense au néo-polar français des années 70-80 (Manchette, ADG) mais surtout à celui qui a renouvelé le genre, Léo Malet et son Nestor Burma jusqu'à la secrétaire toute entière dévouée à la cause de son patron. Sans cesse, paraissent en surimpression, les visages de Bogart et de Mary Astor dans le film éponyme de John Huston en 1941.
Cette lecture va m'amener à revoir le film de Huston et peut-être aussi celui que Wim Wenders consacra à l'écrivain, Hammett. Et la boucle est bouclée.
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