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EAN : 9782207205952
Denoël (29/12/1981)
4.25/5   6 notes
Résumé :
L'auteur de ce livre est l'un des quatre hommes qui, en 1938 et pour la première fois, réussirent l'ascension de la face nord de l'Eiger. Ce fut cette "première", c'est ce qu'il nous conte ici dans ses détails les plus inédits, les plus dramatiques.

Depuis, cette ascension a été faite quarante deux fois avec succès. Mais que de morts à déplorer au cours des autres tentatives... A propos de la grande tragédie de 1957, l'auteur reprend l'enquête de l'ép... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je suis allée plus de cent fois sur la face nord de l'Eiger.
Parfois je l'ai vaincue, parfois j'ai échoué.
J'ai souffert, j'ai eu froid, j'ai eu faim, j'ai eu peur.
J'ai chuté, j'ai vu des accidents terribles. Et des morts, beaucoup trop de morts.
Cette face redoutable, cette paroi monstrueuse : taille, inclinaison, chutes de pierres quotidiennes, conditions météorologiques très particulières et souvent infernales, tous ces ingrédients font de son ascension une véritable épreuve.
Mais pourquoi, alors, y ai-je pris autant de plaisir ?
Parce que j'ai fait tout ça sans prendre aucun risque, bien à l'abri, bien au chaud sous ma couverture.
Eh oui, cette face nord je l'ai foulée en pensée seulement ! Et j'y suis allée avec le meilleur guide possible : Heinrich Harrer lui-même, l'un des quatre vainqueurs de cet "ogre" en 1938.
L'alpiniste autrichien m'a tout raconté. Vraiment tout. Dans les moindres détails.
Son livre est un must, un incontournable pour qui s'intéresse à l'alpinisme et à son histoire.
L'auteur y a rassemblé toutes les ascensions ou tentatives d'ascension jusqu'à la date de parution. (Publié en 1958, l'ouvrage est régulièrement révisé et complété. J'ai lu, en v.o. allemande, la neuvième édition, datant de 2012.)
Chaque expédition est relatée de façon minutieuse, analysée, disséquée.
L'Eiger a longtemps fasciné les alpinistes, de façon parfois morbide, attirant des candidats en mal de gloire à tout prix. Ils se sont bousculés, prêts à se sacrifier pour cette paroi considérée comme infaisable.
Infaisable... jusqu'à ce qu'une cordée arrive à la franchir : celle des autrichiens Heinrich Harrer et Fritz Kasparek et des allemands Anderl Heckmaier et Wiggerl Vörg.
Le récit de leur ascension tient naturellement une place centrale dans ce livre, et c'est incroyable de voir comme l'auteur se souvient du moindre détail. On dirait qu'il a en mémoire le moindre bout de rocher, la moindre plaque de neige ou de glace, la façon dont il a planté le moindre piton, la moindre parole prononcée par les uns et les autres, la moindre sensation positive ou négative ressentie pendant la montée.
Une solidarité sans faille s'instaure dans la cordée, un respect mutuel, une camaraderie à des degrés rarement atteints : tous sont unis face à l'ogre. L'expression "Leurs vies sont liées" n'a jamais autant pris de sens que dans cette aventure hors du commun. Ce n'est pas l'addition de quatre vies, mais quatre vies qui n'en font plus qu'une.
L'auteur mêle des considérations techniques, des réflexions générales et des anecdotes, comme lorsqu'il raconte qu'une nuit, lors d'un bivouac, Anderl s'accroche à la glace avec ses piolets pour dormir, tandis que sa tête repose sur le dos de Wiggerl. Ce dernier ne bougera pas de la nuit afin de ne pas troubler le sommeil de son camarade. Ce passage est très attendrissant. J'ai rarement vu des hommes faire preuve d'autant d'attention les uns envers les autres : le décalage entre l'immensité de l'exploit sportif et cette camaraderie qui confine à la tendresse parfois est terriblement émouvant.
Heinrich Harrer est un personnage controversé, mais son récit est plein de finesse et de respect. Respect de ses camarades de cordée, mais aussi respect de tous ceux qui l'ont précédé dans la paroi, et envers qui il se sent redevable. Leurs tentatives, bien que soldées par des échecs, ont apporté des connaissances et une part d'expérience qui lui ont servi : "Nous sommes redevables envers les morts pour l'expérience qu'ils nous ont apportée." (Wir haben den Toten unsere Erfahrung zu danken.)
J'apprécie beaucoup ce respect dans le récit, comme j'avais aimé celui dont fait preuve Edmund Hillary, vainqueur de l'Everest, envers ses prédécesseurs dans son livre "Au sommet de l'Everest : il y a 50 ans l'Everest, l'expédition qui a vaincu le toit du monde".
La face nord de l'Eiger est un livre passionnant, bien qu'un peu vieillot. Il fait revivre un pan capital de l'histoire de l'alpinisme.
Heinrich Harrer a accompli un immense travail d'historien pour livrer dans cet ouvrage très complet l'histoire de cette redoutable paroi, souvent personnifiée par l'alpiniste, accentuant le caractère dramatique du récit : le mur se défend, ne veut pas laisser passer, adresse un avertissement, ne se laisse pas faire, oppose une résistance farouche... et même, exige son lot de sacrifices.
Libre à chacun de s'y aventurer... ou de se contenter de rêver sous la couette !
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Écrit originellement en 1958, puis complété en 1964 avant sa publication en français, ce livre propose une histoire vivante et bien documentée des trentes premières années d'alpinisme sur la face nord de l'Eiger. Heinrich Harrer revient sur les tragédies qui ont marqué les tentatives d'ascension en 1935 et 1937, puis partage son expérience en tant que membre de la première cordée victorieuse de 1938. Il détaille ensuite les tentatives et réussites postérieures en fonction de leur originalité (itinéraire, temps, esprit d'équipe...), des accidents qui ont forgé la sinistre réputation de la montagne, et des sauvetages qui ont soudé les hommes au-delà des nationalités.
Le regard de l'auteur est particulièrement intéressant. Tout d'abord car il est l'un des premiers à avoir osés affronter cette face nord, en compagnie de Anderl Heckmair notamment. Ensuite parce que sa position, qu'il veut neutre et objective en tant qu'observateur des tentatives suivantes, est critiquable. Il s'efforce de réunir le maximum d'informations sur ces années d'escalade de l'Eiger et son travail est remarquable ; il ne peut cependant s'empêcher, ou feint de l'avoir voulu, de partager ses jugements, et de prendre part au sempiternel débat entre professionnels et amateurs de la montagne ; ou de s'ériger en médiateur de l'actualité, comme c'est le cas dans son récit de l'ascension partagée par les cordées Buhl et Rébuffat en 1952 (à lire, par leurs propres mots dans : " du Tyrol au Nanga Parbat " et " Étoiles et Tempêtes "). J'encourage enfin les lecteurs à s'intéresser, au moins brièvement, à la biographie de Harrer, laquelle, si elle reflète une vie d'exotisme et de dépaysement, recèle également sa part d'ombre.

La Face Nord de l'Eiger est donc un livre passionnant ; d'un point de vue sportif bien sûr, propre à faire vibrer son âme d'aventurier, mais aussi historique, en comparaison de ce que l'on peut penser qu'est l'alpinisme.
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Heinrich Rarrer, qui faisait partie de la première cordée à vaincre (bien qu'il ait horreur de ce terme) la face Nord de l'Eiger, fait l'historique de l'Ogre suisse.

Du péremptoire "lisse, sans prises, absolument inabordable" de Moore en 1864 à "l'année chevaleresque" de 1963, Harrer explique. Les premières tentatives et les premiers désastres, la montagne imprévisible, les trajets avalancheux, les orages incessants, les échecs suivis de retours miraculeux, les échecs sinistres où le dernier survivant meurt à 20 mètres des sauveteurs impuissants... Les belles réussites aussi, où la montagne n'est pas un monstre à vaincre, mais un test de performance, d'endurance, et aussi de modestie.

Harrer a vécu la Face Nord. Son récit personnel en montre toutes les difficultés, sans fausse modestie et sans orgueil; son expérience donne à l'ensemble du livre et des récits successifs un accent particulièrement véridique. Harrer défend une certaine vision de la montagne et de l'alpinisme, au fond une leçon d'humanisme. L'Eiger et sa redoutable face Nord deviennent, sous sa plume, bien plus qu'une paroi: avec quelques réflexions rappelant parfois Saint-Exupéry, il montre l'histoire d'un alpinisme qui se construit au-delà des nationalités, et loin des clichés faciles sur les "conquérants de l'inutile".
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le matin suivant, ils montent tous deux à toute vitesse. Ils trouvent Gollackner. Le sympathique visage juvénile du mort semble apaisé, en paix avec le monde, comme c'est le cas pour la plupart des personnes gelées, dont le dernier rêve convoque une dernière fois la sécurité, la chaleur et la vie.
« C'était comme s'il dormait, comme s'il suffisait de le réveiller », dit Wiggerl Vörg plus tard. Et tout doucement, pour ne pas déranger le sommeil éternel d'un jeune camarade de montagne, Matthias Rebitsch et Ludwig Vörg descendent le corps d'Albert Gollackner. Quel effort cela représente, de récupérer un mort sur l'immense arrête Mittelegi − de cela, ils ne dirent rien.
(Am nächsten Morgen steigen die beiden im Eiltempo hinauf. Sie finden Gollackner. Das sympathische Jugengesicht des Toten scheint gelöst, zufrieden mit der Welt, wie es meistens bei Erfrorenen der Fall ist, denen der letzte Traum noch einmal Geborgenheit, Wärme und Leben vorzaubert.
«Es war, als ob er schliefe, als ob man ihn nur zu wecken brauchte», sagt Wiggerl Vörg später. Und behutsam, um den ewigen Schlaf eines jungen Bergkameraden nicht zu stören, tragen Matthias Rebitsch und Ludwig Vörg den toten Albert Gollackner hinunter. Welche Anstrengung es bedeutet, einen Toten über den schier endlosen Mittellegigrat zu bergen − davon erzählen sie nichts.)
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Je ne crois pas en un destin aveugle, auquel nous serions soumis. Je ne peux non plus approuver sans réserve les propos de Schopenhauer : « Le destin mélange les cartes, et nous jouons. » Je suis convaincu que nous participons au mélange.
(Ich glaube nicht an ein blindes Schicksal, dem wir unterworfen sind. Ich kann auch nicht dem Schopenhauer-Wort: « Das Schicksal mischt die Karten, und wir spielen. » vorbehaltlos zustimmen. Auch wir mischen mit − davon bin ich überzeugt.)
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Les touristes à Grindelwald posent souvent cette question : "Où se trouve le cimetière de la face nord de l'Eiger ?" Une question que le pasteur de Grindelwald n'accueille pas volontiers. Au printemps 1987, il me dit à juste titre que le cimetière est un lieu de repos, pas une attraction pour touristes.
(Es ist eine häufig gestellte Frage der Touristen in Grindelwald: "Wo ist der Eiger-Nordwand-Friedhof?" Eine Frage, die der Pfarrer von Grindelwald nicht gerne hört. Zu Recht sagte er mir im Frühling 1987, der Friedhof sei eine Stätte der Ruhe und keine Touristen-attraktion.)
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Si l'on mesure l'emplacement, ce bivouac dans le mur de l'Eiger, le troisième pour Fritz et moi, est le plus étriqué. Pourtant, c'est le plus beau.
D'où cela vient-il ? Du calme, de la paix de la joie et de la grande satisfaction que chacun de nous ressent en lui.
(Dem Platz nach ist dieses Biwak in der Eigerwand, das dritte von Fritz und mir, das beengteste. Und trotzdem ist es das schönste.
Wie das kommt ? Es liegt an des Ruhe, dem Frieden, der Freude, der großen Zufriedenheit in jedem von uns.)
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Avoir confiance dans l'expérience est dangereux parce que l'expérience accroît la confiance et qu'avec la confiance arrivent la routine, la négligence, et finalement le danger. Combien d'alpinistes remarquables, ayant expérimenté des situations difficiles, sont revenus sains et saufs de grandes expéditions himalayennes puis ont trouvé la mort au cours de randonnées faciles dans les Alpes.
(Das Vertrauen in die Erfahrung ist gefährlich, denn mit der Erfahrung wächst das Vertrauen, und mit dem Vertrauen kommen die Routine, die Nachlässigkeit und schließlich die Gefahr. Wie viele hervorragende Bergsteiger, erfahren in schwierigen Situationen, kamen gesund von großen Himalaja-Expeditionen zurück und fanden auf leichten Touren in den Alpen Tod.)
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Video de Heinrich Harrer (1) Voir plusAjouter une vidéo

Exclusif : le Dalaï Lama
Ce sujet est un document rare et unique. Il consiste en une interview en plateau d'Heinrich HARRER, célèbre alpiniste et seul occidental à être entré dans l'intimité du DALAÏ-LAMA adolescent pendant plusieurs années, et d'images ramenées et commentées par lui-même de LHASSA. L'amitié entre les deux hommes est visible par les nombreux sourires adressés par Le DALAÏ-LAMA à la...
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