Comanche, tome 10 : Le Corps d'Algernon Brown

Le dessin d'Hermann est à son apogée, avec les traits hachurés qui le caractérisent, une luminosité subtilement représentée, et le graphisme appuie le caractère taciturne du héros, les décors sont fort, comme par exemple les scènes d'inondation au début de l'histoire. Mais le scénario reste une histoire de vengeance très classique, les caractères des personnages sont toujours aussi peu approfondis. On aurait eu le droit de penser qu'au bout du dixième album, les personnages secondaires aurait mérité un peu plus de finesse et de consistance et attireraient un peu plus notre empathie. Hermann a alors déjà lancé sa série Jeremiah et on le sent ici un peu blasé, et il le montre avec une petite pointe d'humour en semant quelques petits détails anachroniques dans le décors, un prise électrique, un touriste japonais avec son appareil photo reflex (2 fois), et un logo Toyota. Toujours est-il que la collaboration entre Hermann et Greg s'arrêtera là. J'ai aimé cette ambiance, surtout grâce au dessin, j'ai trouvé l'histoire trop conventionnelle et surtout les personnages un peu creux. Cependant, c'est toujours un plaisir de replonger dans cette série de ma jeunesse.

Vingt et un jours de déluge continu ont fait de la région un véritable bourbier.
En temps normal, on aurait pu crever de soif avant d'atteindre ce coin de pâture où Red Dust, Comanche et Ten Gallons venaient de tomber sur un noyé.
Il a pour nom Algernon Brown, mais ne s'est pas vraiment noyé.
Les deux balles qui l'ont tué ont laissé intacte la liasse de dollars qu'il portait à la ceinture. On ne l'a pas tué pour le voler.
Le nouveau docteur, venu de Laramie, examine le corps et reconnaît Brown.
A Laramie, il était de toutes les querelles d'ivrogne, il avait le colt facile et l'alcool méchant.
Mais issu d'une famille influente, il n'a jamais été incarcéré que pour des peccadilles et non pas pour les vrais meurtres qu'il a commis.
Pourtant, la situation s'embrouille lorsque Ken Willard, le nouveau shérif de Greenstone Falls, révèle que le mort était un enquêteur assermenté de l'agence Pinkerton en mission confidentielle.
De plus, Lash Foggarty, gâchette à louer, qui vit depuis dix ans de la mort des autres, vient d'arriver en ville....
Ce récit est l'histoire d'une vengeance.
Ce dixième est le dernier album de la série. Il est splendide.
De sa première apparition dans "Le prisonnier"* à cette ultime aventure, Red Dust a insufflé au genre, très fréquenté du western en bande-dessinée, un air de renouveau, de modernité.
"Le prisonnier" est un court récit, en 16 planches, qui va laisser Red Dust à l'endroit même de la piste où Sid Bullock va le faire monter sur sa diligence, à l'endroit même où son premier duel va le mesurer, dans "Comanche" à Wally Hondo qui passe sa vie à tirer sur les gens.
Red, pour vingt dollars, y est chargé de convoyer un prisonnier, qu'il vient de sauver de la pendaison, jusqu'à Fort Swanson pour qu'il y soit jugé.
Mais un dénommé Tucker et ses hommes ont décidé de se rendre justice eux-même...
La série "Comanche", dessinée par Hermann et scénarisée par Greg, est une grande réussite.
Publiée dans le journal de "Tintin" de 1969 à 1980 et y remportant un grand succès, elle a fait les beaux jours des éditions du Lombard.
Elle est aujourd'hui un classique incontournable de la bande-dessinée et se redécouvre, à chaque fois, avec plus de plaisir encore.

*Tintin Sélection n° 15 paru en mars 1972

♫ Il pleut, il pleut, cow-boy, ♪ rentre tes brunes Longhorn ♪ le scénariste aurait pu commencer le récit du 10ème album de Comanche par cette ritournelle parce qu'après 20 jours de pluie diluvienne, les terres sont assez gorgées d'eau que pour y élever des poissons.

Alors que Comanche et les membres du ranch « Triple-Six » comptent les cadavres de vaches qu'ils n'avaient pas rentré et qui se sont noyées, faute de branchies, Red Dust découvre un cadavre.

Algernon Brown n'est pas mort noyé, mais abattu de deux balles. Qui était-il et que foutait-il là ?? Pour le moment, on ne le sait pas, mais il va falloir enquêter, monsieur Red « Sherlock » Dust.

Couleurs assez sombres, comme des lavis de brun, cet album marquera la fin de la collaboration du dessinateur Hermann avec le scénariste Greg car Hermann voulait changer de registre et les idées qu'il avait pour la série « Comanche » n'était pas « catholiques ».

Pourtant, lui, son idée était de faire une série western réaliste, vraiment réaliste… C'était déjà lui avait suggéré que le bandit Dobbs (« le ciel est rouge sur Laramie ») soit désarmé et en sous-vêtements lorsqu'il se faisait abattre, froidement, par Dust, son cadavre criblé de balles s'écroulant au milieu des détritus.

Cela avait fait scandale à l'époque…

Véritable enquête policière, cet album va faire remonter à Dust une piste fort embrouillée et il aura besoin de toute sa sagacité (et d'un peu d'aide) pour démêler l'écheveau.

L'atmosphère « suspicieuse » étant entretenue par les doutes de Red et les soupçons de Comanche. À la manière d'un puzzle, tout deux vont assembler leurs indices jusqu'à la découverte du tableau final.

La première fois que j'avais lu ce tome 10, j'avais pensé que j'étais victime d'hallucinations en découvrant un touriste japonais prenant une photo à l'aide d'un argentique, dans le décor. Ce qui, à cette époque (fin XIXème), était impossible.

Si le lecteur cherche parfois des erreurs involontaires d'un dessinateur, dans cet album, il sera gâté par la profusion d'anachronismes. le pire, c'est que ces erreurs furent volontairement glissés par Hermann.

Hermann étant fatigué de cette série et vu qu'il ne pouvait pas intervenir sur le scénario, il décida de faire un pied-de-nez à sa manière.

Comme il avait déjà fait dans « Tonnerre sur Coronado » (la série « Bernard Prince ») où le running gag était que le personnage de Barney Jordan allait garder son oreiller durant une bonne partie de l'aventure, ici, il marqua son ras-le-bol et sa lassitude en dessinant un touriste japonais muni d'un appareil photo, un appareil téléphonique, des prises électriques et une enseigne « Toyota ».

Greg n'apprécia que modérément la plaisanterie. Ces « frasques » marquèrent la fin de leur collaboration.

Mon seul bémol sera sur le fait que les personnages auraient dû être plus approfondi au fil des albums…

Surtout ceux de Clem « Tenderfoot » et de Toby « Face-Sombre » qui, bien que personnages secondaires, auraient pu avoir plus à dire. À croire que le scénariste ne s'embarrassait pas trop de la psychologie de ses personnages.

Au final, la série « Comanche » tourne plus autour de Red Dust qui, au fil des albums, s'est assagi, discipliné, éduqué… Pire, il sait se saper comme un milord et même se laver. On est loin du cow-boy mal rasé et mal dégrossi du début !

Le progrès a frappé aux portes de la ville de Greenstone Falls, la lumière fut dans les rues, les transports publics aussi et on loin aussi des débuts où l'insécurité régnait et où la loi du plus fort faisait La Loi.

Le temps et la raison l'ont emporté. du chaos est né l'ordre. Idem pour la ville de Laramie qui a une odeur de propre comparé au bourbier qu'elle était dans l'album 4.

Je me demande si je n'aimais pas mieux l'ambiance des débuts, quand le bordel régnait et que les six-coups parlaient…

Malgré tout, la série vaut que l'on s'attarde sur elle.

Lien : http://thecanniballecteur.wo..

Le dernier Comanche, illustré par Hermann. Ce dernier quitte Greg et Red Dust pour se consacrer au post-apocalyptique Jeremiah puis au médiéval Bois-Maury.
Ce Comanche, donc, n'est pas des meilleurs de la série même si Greg s'y montre moins bavard que d'habitude.
Cette fois-là, c'est un grand déluge qui va servir à lancer le récit.

Voilà..c'est presque fini. Je referme ce 10e album et j'ai ce sentiment étrange de vide... l'ambiance va me manquer
Le scénario de cet album est original "psychologique" (un peu comme les 9 précédents) moderne quoi!
J'ai beaucoup aimé
(bien sûr il y a eu 5 albums après ce 10ème tome mais la boucle est bouclée avec celui-ci)