C'est un livre dingue, qui aborde tous les aspects de la vie... et même au-delà : )
Alors, pourquoi seulement 3 étoiles pour "cette expérience spirituelle, ce récit initiatique, ce délire de psychopathe, bref, cette oeuvre phare du XXè siècle" ?
Parce que son style n'est pas un mon goût, n'est pas brillant et puissant comme peuvent l'être les plumes de
Victor Hugo, d'
Emile Zola, ou de
Stephan Zweig.
Il n'empêche, le contenu est riche et fort intéressant.
Je ne vais pas tout analyser, il y en aurait pour des heures.
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D'abord, de quoi s'agit-il ?
Quelque part en Allemagne, Autriche ou Suisse, entre les deux guerres mondiales... Parce qu'il y a quand même une histoire. Il était une fois un loup des steppes solitaire, Harry Haller, philosophe et musicien, qui gémissait sur la vie. Son état dépressif le menait tout droit au suicide. Il pensait avoir deux personnalités, Harry, marginal civilisé et le loup, sauvage, solitaire et féroce. Je pense à Docteur Jekyll et Mister Hyde, au "surmoi" et au "ça".
Tard le soir, dans la brume d'une ruelle isolée, il rencontre un homme-pancarte bourru qui fait de la publicité pour son Cirque Magique, "réservé uniquement aux insensés", et il lui donne un livret intitulé " Traité sur
le Loup des steppes ; réservé aux insensés"....
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Premier volet : les personnages.
Quelque part, Harry, c'est moi. Comme lui, j'ai perdu ma maison, je ne savais pas danser, je n'avais pas d'amis, j'étais en quête de connaissances intellectuelles et d'authenticité, et... j'aimais aussi le vin d'Alsace. Comme Harry, j'étais embringué dans une spirale ( voir ma critique de "Les Nuits Fauves" )...
Quelque part, Hermine, c'est ma Lisou, son étoile, sa lumière... qui le sort de ce guêpier : elle l'écoute, lui donne confiance, lui apprend à danser, lui parle de l'Éternité, et elle est clairvoyante.
Les romans où l'on peut s'identifier sont toujours intéressants.
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Deuxième constat : la vie terrestre et l'Éternité.
Dans le Théâtre Magique, Mozart, de par ses éclats de rire, montre à Harry, dans le prisme de la radio, invention permettant la reproduction imparfaite d'un concert de Haendel, qu'il ne sert à rien de se plaindre de l'existence, de la vie, de la temporalité, mais qu'il vaut mieux en rire comme lui, en attendant l'intemporalité, l'Éternité.
Hesse, c'est un peu la philosophie
De Voltaire, mais en beaucoup plus lourd, à mon avis.
Troisième volet : la folie, les insensés.
On arrive à ma phrase favorite, celle de
Nietzsche qui n'est pas citée dans ce livre :
"il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. "
Il y a aussi celle de
Michel Audiard :
"Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière."
Je pense que c'est dans ce sens là qu'
Hermann Hesse envisage la folie, celle qui favorise la création, celle dont on peut faire l'éloge... et non pas dans le sens de la triste folie que j'ai vue dans le centre psychiatrique de Brienne-Le-Château.
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La folie créatrice, celle d'oser, peut laisser filtrer le génie... : )