Livre correct, le personnage du Docteur est peint sans effets, aucune grossièreté dans le trait, tout en ayant une vraie personnalité, un vrai caractère. Ce qui fait que son histoire se tient, qu'on suit ce personnage avec sympathie.
Cela dit, sur le plan littéraire, c'est pas grand chose.
L'histoire elle-même est trop évidente. Les violences et les souffrances de cette putain de guerre sont elles atténuées, contrairement à d'autres ouvrages où la boucherie est beaucoup plus décrite et mise en avant.
Le problème, c'est que cette forme d'héroïsme et cette vision relativement bémolisée de conflits pareils donneraient presque envie aux enfants ou autres de prendre les armes...
Tiens, livre sorti en 1945, pas anodin, n'est-ce pas.
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- Vous feriez pourtant bien de penser à quelque chose !
Wilson rit :
- Et vous ? A quoi essayez-vous donc de penser ?
- Mon Dieu... c'est facile ! Au bin dîner que j'aurai quand je serai de retour ç la maison : une truite grillée et deux écureuils ou encire un bifteck grand comme un guitare et épais de cinq centimètres !
En réalité, le docteur ne pensait pas du tout à cela, mais c'était la première chose qui lui était venue à l'esprit.
- Est-ce que vous mangez vraiment les écureuils en Arkansas ?
- Certainement et c'est même excellent lorsqu'ils sont bien préparés.
Ainsi, les jours s'écoulaient ; pendant ce temps, les Britanniques se repliaient sur Singapour, Chiang Kaï-Shek visitait les Indes et les Japonais débarquaient déjà à Bornéo. A l'hôpital, ces événements touchaient peu les hommes du Marblehead, car lorsqu'on atteint le paroxysme de la souffrance humaine, on est toujours en réalité, seul, isolé du désastre autant que de la société.
Pour McGuffey, maître coq du navire, le moins blessé de tous, le médecin allait sûrement être un gros gaillard, solidement bâti, une espèce de surhomme attaché aux biens terrestres, avec des mains vigoureuses et une voix sonore et profonde comme l'aboiement d'un chien de chasse, car McGuffey adorait ce genre d'homme et ce genre de chien.
- Ces Britanniques vous traitent-il bien ? dit-il pendant ce temps.
Plusieurs voix lui répondirent :
- Oh ! très bien ! Ce sont des types épatants ! Ils nous ont donné des bonbons et du singe. Et maintenant, ils nous préparent le thé.
- Si vous ne trépassez pas avec un tel régime, plus rien ne vous tuera ! répliqua le docteur.
- Je ne savais pas que vous étiez croyant, docteur !
- Mais je ne suis pas croyant... enfin, d'une part... car d'autre part, effectivement, je le suis...
Le prêtre prit le bras du docteur, dans un élan d'affection, puis, levant son verre, s'exclama :
- L'autre part est peut-être la meilleure !