On a tous déjà connu ça, au moment de la première descente sur les montagnes russes, lorsque la balançoire redescend après avoir atteint son point culminant, au moment où les pieds quittent le plongeoir ou les rochers pour sauter dans l'eau. On a tous ressentit ce petit pincement dans l'estomac, mélange de peur et d'excitation. C'est exactement ce que j'ai ressentit en ouvrant
le grand saut de
Florence Hinckel. Comme si je savais à l'avance que ce roman allait me bouleverser.
L'histoire est celle de six amis qui se connaissent depuis la sixième et viennent de faire leur entrée en Terminale. Plus qu'un an et après à eux la liberté. Mais en attendant rien ne va plus sous le soleil de la Ciotat : sentiments cachés depuis trop longtemps qui font surfaces, relations familiales compliquées, avenirs incertains... chacun doit faire face à ses problèmes en sachant que les autres sont là, toujours. Jusqu'à l'événement qui va les bouleverser pour toujours.
J'ai plongé dans ce roman comme nos héros sautent des falaises: en retenant mon souffle et en prenant mon élan. Et je suis tombée, tombée amoureuse des six personnages, du réalisme parfois trop tangible de leurs histoires, du décor de ces histoires qui a ravivé en moi de nombreux souvenirs.
J'ai aimé chacun des personnages : Iris pour qui la bande compte plus que tout, Paul qui ne voit pas qu'il est quelqu'un de bien, Rebecca qui ne vit que par la reconnaissance des autres et pourrait bien s'y brûler les ailes, Marion bouleversée et bouleversante de vivre son premier chagrin d'amour, Sam qui a fait de son sens de la répartie une arme et Alex qui fait parfois passer les autres un peu trop avant lui. Je me suis prise d'affection pour cette bande, leur complicité, leur tendresse.
Et c'est parce que je me suis attachée à eux que j'ai eu le souffle coupé, comme lorsqu'on atterrit mal dans l'eau, quand l'inévitable et pourtant l'imprévisible c'est produit, la catastrophe qui menacé, couvait depuis le début.
Je suis restée en apnée après ça, jusqu'à la fin, jusqu'au dernier rebondissement qui m'a mise au supplice et arraché des larmes aussi salées que la mer, terrain de jeu et septième membre de la bande. C'est ce que provoque la plume juste, précise et sensible de
Florence Hinckel. Une plume qui évoque avec beaucoup de réalisme les soucis des adolescents: danger du net, prise de drogue, problèmes familiaux, questions sur l'avenir...
J'ai aimé les alternances de point de vues qui aèrent et allègent le récit et nous permettent de supporter cette sensation de malaise, d'angoisse. Parce qu'au fond, tout au fond, nous savons que quelque chose va mal tourner, que les personnages sont trop près du bord et finirons par tomber. Ce qui ne rend pas la chute moins douloureuse pour eux et pour nous aussi.
Et après toutes ces émotions j'ai reprit mon souffle douloureusement, épuisée mais apaisée aussi.
le grand saut est un roman terriblement beau, douloureusement sincère, puissant aussi, qui ne vous laissera pas indifférent et vous fera surement attendre, comme moi, le deuxième tome avec impatience.
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