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L'histoire : Richard Weatherford est pasteur à Stock, petite ville de l'Arkansas. Il est marié, a 5 enfants qu'il élève à sa sauce, il aide sa communauté... enfin tout le tralala habituel du pasteur modèle plein de saine morale et fervent soutien de Trump et de la prohibition. Sauf qu'il a aussi un secret, qui lui pèse, cette attirance pour les hommes... On commence le roman avec une tentative de chantage liée à une "aventure". Comment Richard va-t-il s'en sortir ? Comment ne pas ruiner sa réputation ?...



Mon avis : un roman formidable, sur la morale à plusieurs vitesses et les hypocrisies (en l'occurrence religieuses et sociales). A chaque chapitre, nous changeons de narrateur, pour reprendre le récit exactement là où nous en étions, ainsi l'histoire se déroule de manière parfaitement linéaire, et on reste toujours dans l'humain, dans l'empathie avec les uns et les autres. Cela donne une enveloppe de velours au mordant très incisif de l'histoire. Les personnages sont consistants, et même si culturellement, ils sont totalement étasuniens et pas européens, on y croit, on pourrait presque les connaître, y compris ceux qui sont froids, tellement durs. Mais de toute façon, aucun personnage n'est ici ce dont il a l'air, et jusqu'au bout, on pense pouvoir se fier à tel ou tel dans ses réactions, mais on découvrira que non. L'histoire, elle, est parfaitement construite, bien pensée, simple et logique, mais démoniaque. le titre ajoute un piment juste ce qu'il faut de sarcasme. Impeccable, net et sans bavure.

Bref, je me suis régalée à cette lecture, que ce soit pour son style, la construction de l'histoire, les personnages, le rythme, etc., il n'y a rien à changer !
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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Trente mille dollars. C'est le prix que doit payer Richard Weatherford, pasteur de la petite communauté de Stock, Arkansas, pour faire taire son ex-amant et dissimuler aux yeux de ses paroissiens d'abord, à ceux de son épouse et de ses enfants ensuite, sa liaison homosexuelle. Sauf que ces trente mille dollars, bien entendu, Richard Weatherford ne les a pas et qu'il ne pourra pas se les procurer légalement sans susciter des questions embarrassantes.

Dans cette petite communauté conservatrice et bien pensante tentée par le vote en faveur de Donald Trump (nous sommes en 2016), où l'Eglise et la stricte observance des dogmes chrétiens occupent une place considérable, où les plaisirs profanes sont suspects et où l'alcool même est interdit, un pasteur adultère, et de surcroît homosexuel, serait du plus mauvais effet…

S'ensuit un enchaînement implacable de chantages, de fausses promesses et de manigances au sein desquels s'emballe ce récit choral où une poignée de personnages se révèlent prêts à tout - et surtout au pire - pour préserver les apparences ou s'acheter à n'importe quel prix une vie meilleure.

Jake Hinkson est le fils d'un pasteur baptiste, ce qui - pour des raisons qui lui appartiennent - est apparemment à l'origine d'un traumatisme et d'une véritable haine contre l'Eglise protestante qui, de roman en roman, nourrissent toute son oeuvre. Avec "Au nom du bien" il s'en donne ici à coeur joie dans ce procès résolument à charge contre une communauté religieuse et une foi qui ne signifient rien d'autre à ses yeux qu'hypocrisie, faux-semblants et accommodements en tous genres afin que soit préservé aux yeux de tous l'honneur de l'Eglise et de ses représentants.

J'ai lu avec un certain plaisir ce roman bien construit, à mi-chemin de l'étude de moeurs et du thriller, qui ménage savamment ses effets et élabore pas à pas et avec talent son intrigue ; une intrigue qui, au fil des pages, gagne en noirceur jusqu'à un dénouement plein de cynisme où "au nom du bien" s'exprime en toute impunité ce que l'on peut trouver de pire dans l'âme humaine. Mais je n'ai pas été réellement convaincue par ce roman : trop de parti-pris, trop de règlements de compte personnels, peut-être, et des personnages caricaturaux auxquels je n'ai pas réussi à m'attacher.

Une lecture agréable, distrayante. Sans plus.

[Challenge Multi-Défis 2020]
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Dans le style "descente aux enfers" d'un homme d'église je n'avais jusque là rien lu de mieux que ce très grand classique d'Antonin Artaud "Le moine" mais voilà que depuis, Jake Hinkson, auteur de polar, est passé par là , et avec pas mal de brio il nous raconte les méfaits d'un très respectable pasteur d'une petite ville du fin fond de l'Arkansas.
Un sacré personnage que ce pasteur prêt à tout pour préserver sa glorieuse réputation et sauver les apparences; en voulant passer sous silence son péché de chair il commet un péché bien plus grand et voilà comment se met en branle le diabolique engrenage.
Quelques facilités, des clichés certes mais ce livre trop court est bien plus qu'un roman noir au remarquable suspense, c'est aussi et surtout une terrible critique de cette Amérique bigote et bien pensante qui sait sans scrupules s'affranchir de sa bonne conscience, "Au nom du bien" il va de soi.
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Frère Richard Waetherford est un pasteur respectable et respecté, père de 5 enfants. Mais Richard est loin d'être l'homme parfait qu'il voudrait être, il a même fauté avec un de ses paroissiens, le début pour lui d'une descente aux enfers. Et les stratagèmes qu'il va mettre en place pour tenter de s'en sortir sont loin de ses beaux discours !

Voici un roman à la construction originale et bien ficelée. On suit tour à tour les principaux protagonistes qui donnent chacun leur point de vue, un procédé qui rend le récit captivant. Les personnages, très fouillés, ont tous quelque chose à cacher et les plus antipathiques ne sont pas forcément ceux que l'on croit. Même si on peut imaginer que l'affaire ne va pas bien se terminer, il y a des rebondissements plutôt bien vus. Au passage, l'auteur distille quelques réflexions qui donnent une vision intéressante de l'Amérique d'aujourd'hui.

Un roman noir réussi.
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L'action se passe quasiment de nos jours, oui, quasiment, puisqu'elle se situe pendant le second mandat de Barack Obama. En le lisant, je suis stupéfiée par l'obscurantisme de certaines personnes, pour ne pas dire l'obscurantisme de tous les personnages – je ne voudrais pas non plus exagérer. Dans la petite ville de l'Arkansas où se situe l'action, règne la prohibition. Certes, il est des personnes qui voudraient que la vente d'alcool soit à nouveau autorisée, elles sont cependant minoritaires. le pasteur, bien sûr, est contre cette vente : il est marié, il est père de cinq enfants aux prénoms très bibliques qui m'ont rappelé la série WASP Sept à la maison : Matthew, Mary, Mark, Johnny et Ruth (trois prénoms en commun si vous faites des recherches). Pour Johnny, je vous rassure : c'est le diminutif de Jonathan. Ils font la fierté de leur père, en dénonçant notamment ce que leur apprennent leurs enseignants de science, très éloignés des enseignements religieux. Là, j'ai envie de dire « ouf » pour ses enseignants, qui me semblent réellement effectuer leur mission. Par contre, l'annonce que la jeune génération ne suit pas leur chemin m'inquiète plutôt : le sens critique, ce sera pour un autre monde.

Richard Weatherford règne vraiment sur cette petite communauté – même s'il craint le jugement de certains membres de sa paroisse. Il reçoit ses paroissiens à toute heure du jour, de la nuit parfois, et les aide – même si les conséquences ne sont pas celles attendues. Pensons à Randy, qui a arrêté l'alcool il y a huit ans : ses deux fils ont pourtant mal tourné, en dépit du soin qu'il a pris d'eux – ou des exigences nouvelles qu'il leur a imposées, traduisez comme vous voulez. Richard a cependant un problème assez important : il a eu une relation tendre avec un jeune homme, qui a aujourd'hui décidé de le faire chanter. Il faut bien gagner sa vie. Il faut bien partir et refaire sa vie ailleurs. Oui, Richard Weatherford peut passer pour un hypocrite, mais Gary n'est pas un amoureux qui souffrirait d'être dans l'ombre, c'est un homme qui entend bien profiter de la situation !
Il est ambivalent, Gary, lui et son amie (petite amie ?) Sarabeth. Gary a souffert de dépression, ce qui a mis fin à ses études, et il entend repartir du bon pied, loin de cette petite ville – avec Sarabeth, cinquième roue du carrosse familial, et de l'argent. Il a vu le profit qu'il pourrait tirer du pasteur, de l'attirance qu'il a bien vu que celui-ci ressentait pour lui. Chacun prisonnier de ses contraintes, de ses désirs, de l'image qu'il veut donner de lui, entraine une succession d'actions aux conséquences imprévisibles – ou comment ajouter un problème en croyant en résoudre un. Tout peut facilement devenir un problème dans cette petite ville puritaine.
Et tout problème peut entraîner une solution. Certains ne reculent devant rien, et pourront dire que ce n'est pas leur faute. Il faut de tout pour faire et défaire un monde.
Au nom du bien – mais qu'est-ce que le bien ?
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Tel un huit clos, on s'enferme dans une petite ville de l'Arkansas où la prohibition est en recrudescence, la religion omniprésente et le pasteur vénéré par sa congrégation. Dans ce lieu pieux, un coup de téléphone reçu à cinq heures du matin par Richard l'homme de Dieu, va tout changer.

Tout s'enchaîne très vite. Gary, un adolescent dépressif fait chanter Richard en menaçant de révéler à tout le monde qu'ils ont eu une aventure homosexuelle. le prix à payer pour le silence est de trente milles dollars sous deux jours. Comment et où trouver une somme pareille à la veille de Pâques, l'une des périodes les plus chargées de l'Eglise? Heureusement des gens dans le besoin prêts à tout pour s'en sortir, il y en a toujours dans nos villes. Richard va donc refiler son problème à un autre, nouant des liens étroits avec tout un réseau que l'on voit apparaître au fur et à mesure. Ils sont tous reliés, des connaissances aux fréquentations, ils ne peuvent échapper à ce qui va suivre.

Un excellent policier qui monte crescendo sur la fin pour nous lâcher une morale sublime. Basé sur les apparences, nous jugeons énormément notre entourage. Ainsi, sous sa soutane noire à col blanc le pasteur paraît être un homme de bien quand il a l'âme aussi noire que son habit. Mais qui irait juger ou même penser qu'il puisse être à l'initiative de tout ce qu'il s'est passé en une tragique nuit?
Il faut également voir la congrégation qui préfère entendre des mensonges et se boucher les oreilles ou les yeux face à ce qu'ils ne veulent pas voir ou savoir. Ils viennent à l'église pour entendre qu'ils seront absous, lavés de leur péchés par un Seigneur miséricordieux. Quoi qu'il fassent ou pensent, une petite visite dominicale et tout ira bien dans l'au-delà. L'hypocrisie à son paroxysme !

Si l'habit ne fait pas le moine, la fragilité humaine elle est authentique. le chagrin, la souffrance, vers qui mieux que le pasteur se tourner pour se soutenir et tenter d'aller au-delà de notre douleur?
Être un homme bien ne nécessite pas d'être un homme de bien.
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Pour parodier S. Zweig, « Au nom du bien » ou « 24 heures dans la vie d'un pasteur américain ».
Mais quelles 24 heures....celles d'une véritable spirale infernale, mêlant mensonges, tabous, religion, dogmatisme, peur du “qu'en dira-t-on” et de la réputation...
L'histoire d'un pasteur confronté à la crainte de la révélation publique de son secret qui verrait sa vie, sa réputation, sa famille pulvérisée. Il enchaîne mensonges, coups foireux et autres pour que tout se termine en catastrophe quasiment générale.
C'est aussi en creux une critique acerbe de la religion dogmatique, d'une certaine Amérique, de l‘Amérique de Trump, des pensées binaires où tout doit être bon ou mauvais où l'appel à l'intelligence est une insulte.
C'est bien écrit, c'est tranchant, juste, ironique à souhait. Les personnages sont complexes juste comme il faut, l'enchaînement des événements diaboliquement huilé... bref... TOP !
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En cette veille de Pâques, Richard Weatherford est loin de s'imaginer qu'il va vivre la pire journée de sa vie, réveillé aux aurores par Gary qui lui réclame 30 000 dollars en échange de son silence.
Que peut avoir à cacher le pasteur d'une petite ville de l'Arkansas ? Marié, père de cinq enfants, il semble apprécié de ses ouailles et remplir au mieux la charge que lui impose son ministère. Toujours soucieux d'officier dans l'intérêt de chacun et du Seigneur, en particulier.
Seulement voilà, notre homme est loin d'être le modèle qu'il s'efforce de montrer. de dérives en mensonges nous le suivons dans ce coin d'Amérique où la bienséance suinte de tous côté mais cache bien mal une multitude de péchés.
Les autres personnages ont aussi bien des choses à cacher et prennent tour à tour la parole ce qui rend la lecture encore plus addictive.

Jake Hinkson nous entraîne dans des recoins tellement sombres, si loin de toute morale, qu'on le suit au fil des pages sans pouvoir s'arrêter.
Un régal.
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Le comté de Stock se situe dans le nord de l'Arkansas, en pleine «Bible belt». La vente d'alcool y est interdite et on y enseigne les théories créationnistes. Au cours des Primaires républicaines du printemps 2016, les pancartes « Make Amercia great again » fleurissent sur les pelouses tondues au cordeau.
Les fidèles de l'église baptiste s'activent aux préparatifs de la fête de Pâques sous la houlette de leur pasteur, Richard Weatherford. L'homme est à la la tête de cette communauté dynamique depuis une dizaine d'années. Il est épaulé dans sa mission par Penny, son épouse dévouée, avec qui il élève cinq enfants dans les préceptes de la foi chrétienne. Une famille semblable à celle de la série «7 à la maison». Mais la vie bienséante de Richard Weatherford est sur le point de voler en éclats. Son ancien amant menace de révéler leur relation homosexuelle s'il ne lui remet pas immédiatement 30.000$. Pris à la gorge, le pasteur entend bien se défendre par tous les moyens, quitte à mettre un voile sur la morale et les Évangiles. Le récit qui est concentré en une seule journée - le samedi qui précède Pâques- connaît alors de nombreux rebondissements. L'auteur dépeint un comté figé entre déclassement et bigoterie. La jeunesse étouffe dans l'ambiance malsaine des rumeurs malveillantes et des faux-semblants. Symbole de cette tartuferie, une psyché dans laquelle les personnages contemplent leurs reflets sans parvenir à saisir leur identité, comme s'ils étaient victimes d'un dédoublement entre ce qu'ils sont et ce qu'ils paraissent être… La cible de Jake Hinkson est évidente, il s'attaque à cette partie de l'Amérique engluée dans son hypocrisie. Avec ce récit sacrément efficace, il tape dans le mille.
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Jake Hinkson opère de nouveau une étonnante descente dans les méandres de la religion qui compose la duplicité et la trahison, dans un rythme soulevé, impatient. Si le polar et le roman noir favorisent l'éclosion d'une critique sociale et sociétale, par des codes bien identifiables, chacun·e ne s'invente pas écrivain·e du genre si facilement. Jake Hinkson, me semble-t-il, parvient à toucher du doigt les plus grandes contradictions d'un état, qui brimbale comme un instrument désaccordé. L'exploration d'une Amérique du nord rurale, soumise à des doctrines religieuses et financières, un état des lieux peu réjouissant.

Ce roman choral, se déroulant sur une brève mais dense temporalité, presque fugitive, exorcise les douleurs et les refoulements d'hommes et femmes drapé·es dans le silence et la dignité. Saluons le travail de traduction qui préserve la fluidité du récit dans lequel on se laisse happer et propose, en outre, un titre davantage évocateur que l'original.
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