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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Il n'y a pas de meilleure matière à rêver qu'une carte », cette citation de Robert Louis Stevenson aurait été un exergue parfait pour ce récit.
Dans les années 30 l'industrie automobile (et par la même occasion pétrolière), révolutionne la société, l'économie et la culture américaine. Desmond Crothers, jeune cartographe chez Général Drafting, travaille sur la carte routière du Maine (USA). Pour empêcher d'être copiés par des concurrents, il est à l'époque - bien avant celle du G.P.S. - courant d'ajouter un lieu inexistant sur les cartes (appelé Copyright Traps). Desmond ajoute donc à sa carte la ville de Rosamond, contraction de son prénom et de celui de sa future épouse ...
Olivier Hodasava nous emmène vers ce non-lieu ; étymologiquement cette utopie. Mais la force de l'écriture c'est peut-être de créer du réel. Alors nous allons rencontrer à Rosamond : le propriétaire d'un Général Store, Walt Disney, Stephen King et une de ses fans bibliothécaire en Belgique. On y trouve aussi une tragique élection de miss et un épisode (fictif ?) de la 4ème Dimension, un petit clin d'oeil à ce cher vieux Richard Brautigan, et John Mellencamp aurait écrit une chanson sur Rosamond ... mais le doute et le conditionnel sont souvent de mise. Il est bien sûr question d'un procès pour plagiat. L'auteur enquête, cherche des témoins, à la façon de Truman Capote ou Norman Mailer (voir p.40) car parfois la réalité dépasse la fiction. En prenant du recul sur ce texte, dans les replis de la carte, j'ai cru voir aussi une ébauche, une esquisse d'une petite histoire des États-Unis, entre 1930 et aujourd'hui.
Pourtant ne cherchez pas Rosamond (Maine, USA) sur Google Earth, elle n'y est pas ... ou n'y est plus. Raison de plus pour lire ce roman, cette enquête ou ce récit, peu importe l'étiquette le principal étant de partir en voyage par la lecture, de rêver comme aurait dit R.L. Stevenson ... Allez, salut.
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C'est un roman teinté d'une douce mélancolie, à l'image de cette photo de couverture aux couleurs passées sur laquelle les silhouettes tentent de résister à l'oubli, à l'effacement. C'est un roman qui interroge le réel, défie les frontières avec l'imaginaire et joue avec les ressorts de la création. C'est aussi un hommage, une stèle de papier offerte à ceux dont l'existence pourrait passer inaperçue, à moins que quelqu'un ne s'y intéresse. Dans Cora dans la spirale, Vincent Message fait dire à son héros " Je rêve d'un monde où on se raconterait les vies humaines les unes après les autres, avec assez de lenteur, d'incertitudes, et de répétitions pour qu'elles acquièrent la force des mythes" ; c'est un peu ce qu'entreprend de faire celui d'Une ville de papier, en remontant le fil du destin méconnu d'un homme qui a juste tracé un point sur une carte.

Il s'appelle Desmond Crothers et il est employé de la General Drafting, une entreprise florissante de cartographie basée à New York. Nous sommes en 1931, l'automobile est en plein essor et quelques entreprises se partagent le juteux marché des cartes routières. Pour éviter les plagiats, chaque nouvelle carte est dotée d'un Copyright Trap c'est à dire un piège, un élément fictif ajouté volontairement pour repérer les copies. Élément à haute valeur ajoutée romanesque, imaginez toutes ces villes ou rivières ou collines ou autres dont les noms figurent sur des milliers de cartes sans que personne ne s'aperçoive de rien... Mais revenons à Desmond. le jeune homme se voit confier la mission de trouver le Copyright Trap de la prochaine carte du Grand Est américain, il lui faut imaginer le lieu, lui trouver un nom d'après une histoire personnelle et singulière qui sera gage d'authenticité. Fiancé à Rosamelia, il décide de baptiser sa ville de papier de l'union de leurs deux prénoms qui précédera de peu la leur. Rosamond est née et je vous laisse découvrir pourquoi elle est placée là où elle est. Fin de l'histoire ? Pas du tout, ce n'est que le début. Quelques décennies plus tard, un journaliste intrigué par le sujet de ces Copyright Traps s'intéresse plus particulièrement à Rosamond lorsqu'il découvre que la ville semble avoir une réelle existence. Comment ce lieu fictif s'est-il ancré dans la réalité ? Que vient faire Hitchkock dans l'histoire ? Et cette élection de Miss Rosamond ? Quant à Walt Disney...

Ce qui est passionnant, en suivant l'avancée des recherches sur l'enchaînement de faits qui ont abouti à donner une existence à Rosamond, c'est de se laisser porter par la puissance des histoires, du hasard, des petites pierres qui tracent un chemin. de s'apercevoir qu'à chaque étape, un individu peut se contenter de ce qu'il voit, ou imaginer (croire, inventer) autre chose. Desmond Crothers a-t-il connu l'évolution de sa ville de papier ? C'est ce que tente d'établir le narrateur-enquêteur et c'est ainsi qu'il fait naître l'émotion, en mettant en lumière celui dont l'imagination est à l'origine de tant d'autres idées, fantasmes, créations. Il y a quelque chose de tout simplement merveilleux dans cette histoire, comme si un héros de papier quittait son livre pour s'installer dans votre canapé, ou un acteur traversait l'écran pour prendre place dans le fauteuil jouxtant le vôtre.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Connaissez-vous les «copyright traps», ces éléments fictifs ajoutés dans des ouvrages encyclopédiques ou sur des cartes géographiques afin de détecter d'éventuels plagiats ? J'en ignorais quant à moi totalement l'existence. Et pourtant, quand on y songe, existe-t-il meilleur moyen de prouver une contrefaçon ?

Olivier Hodasava, passionné de cartographie, s'est inspiré de l'étonnante histoire de l'une de ces villes fictives pour écrire un court roman mettant en scène un jeune cartographe américain chargé, dans les années 1930, d'établir le plan de l'Etat du Maine. A la veille de son mariage, en guise de reconnaissance pour la qualité de son travail, son patron lui confie la tâche de choisir le nom et l'emplacement de la ville imaginaire qui sera la discrète signature de la maison.
Créer une ville de toute pièce, voilà qui n'est pas rien ! le jeune Desmond réfléchit longuement, car son choix témoignera de l'amour qu'il porte à Rosamelia. Ce sera donc Rosamond, contraction de son propre prénom et de celui de sa promise, qui se situera à mi-chemin de leur ville d'origine respective. Lorsqu'ils feront leur voyage de noces, ils déposeront au coeur de cet espace désert une plaque que Desmond aura préalablement fait graver. Voilà de quoi commencer à donner chair à ce territoire de papier...

L'histoire ne s'arrêtera pas là. Un homme s'emparera de ce simple point sur un plan pour fonder un commerce, donnant ainsi réellement vie à Rosamond, qui connaîtra un destin tourmenté. Un destin suffisamment insolite pour qu'un journaliste choisisse de nos jours de mener l'enquête afin de percer tous les mystères de cette ville désormais disparue...

Olivier Hodasava nous livre un roman passionnant, dans lequel il brouille les frontières de la fiction, multipliant les effets de réel en convoquant par exemple Stephen King ou les cartes de Google. Malgré la brièveté de son texte, il parvient à créer un univers parfaitement cohérent et des personnages très attachants. Il nous invite à nous interroger sur la force de l'écrit, qui s'impose comme une vérité indubitable, et la puissance de l'imaginaire, capable de donner vie aux chimères. Et l'on n'a qu'une envie en le refermant, c'est d'en savoir encore un peu plus sur ce singulier et troublant phénomène des copyright traps.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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L'extrait donne le sujet du roman : une ville est imaginée par un jeune cartographe dans les années 30, dans l'état du Maine. Oui, mais cette ville devient réelle grâce à quelques circonstances peu ordinaires. À notre époque, un journaliste, intrigué par ce fait inhabituel, enquête pour en retrouver des traces.
C'est un bon roman, car bien écrit et très malin, sans être inoubliable toutefois. Ce qui me reste, c'est l'habile manière de rester dans le flou : s'agit-il d'une enquête journalistique ou de faits totalement imaginés ? Ce n'est pas moi qui vous le dirai, bien sûr !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Il y a un an Keisha m'avait tentée avec ce titre que j'avais déjà remarqué chez « Lire au lit » . le point de départ de ce roman est un fait exact qui m'a donné très envie de lire ce livre : savez-vous ce qu'est un « Copyright Trap » ? Personnellement, je n'en savais rien. Dans les années 1920⁄1930 au moment où l'utilisation de l'automobile explose et donc, la consommation d'essence, les grandes compagnies offraient à leurs clients fidèles des cartes routières. Fabriquer une carte demande un savoir faire et du personnel compétent donc, beaucoup d'argent, alors pour être certain de n'être pas copié, on demandait aux gens qui créaient ces cartes de mettre un détail faux comme une ville qui n'existe pas. Ainsi, si une autre compagnie copiait votre travail, on pouvait le voir grâce à ce détail. Ces villes fantômes ou villes de papier a inspiré Olivier Hodasava : démêler le vrai du faux dans ce roman devient un exercice très difficile car il mélange bien les sources et aussi son imaginaire. C'est ce qui a beaucoup plu à la blogueuse de « Lire au lit » . Inutile de chercher l'histoire de Rosamond sur Wikipédia , en revanche l'histoire de la ville d'Agloe lui ressemble beaucoup. Cette ville a fini par exister, mais je ne peux pas vous dire si une élection de Miss a été perturbée par la foudre, si Walt Disney avait décidé d'en faire une ville modèle, si une enquête permettrait de retrouver des descendants de celui qui avait créé cette ville fantôme ? J'ai aimé le passage où Walt Disney imagine une ville idéale, je dois dire que les villes utopiques m'intéressent beaucoup. Je vous conseille d'aller visiter le familistère de Godin à Guise, Richelieu aussi construit pour être ville idéale au 17° siècle . J'aime ces utopies de bonheur même si ça ne marche pas toujours très bien.
Lien : https://luocine.fr/?p=12410
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AUTEUR : HODASAVA OLIVIER - TITRE : UNE VILLE DE PAPIER
EDITEUR : INCULTE - PARIS -
AVRIL 2019 - 129 PAGES
ISBN –978 236 0840014

AUTEUR
Olivier Hodasava est né en 1966 à Grenoble. Auteur de carnets de voyages virtuels, il a créé un blog « dreamlands virtual tour » où il écrit de courtes histoires inspirées de captures d'écran sur Google street view
GENRE : ROMAN ADULTE D'AVENTURE

RESUME :
Lors des premières industries automobiles dans les années 30, les éditeurs de cartes routières ont créés des villes de papier (copyright trap).
Il s'agissait de villes imaginaires qui étaient notées sur les cartes pour contrer les plagiats. Ainsi, si un autre éditeur inscrivait sur sa carte cette « fausse » ville il pouvait être accusé de plagiat et un procès pouvait être intenté.
L'auteur nous raconte l'histoire de Rosamond, ville de papier, qui s'est mise finalement à exister.

AVIS CRITIQUE
Le style est simple mais vif et agréable à lire. Nous avons des histoires dans l'histoire car nous suivons le narrateur qui enquête sur ces villes de papiers pour écrire un article. Il rencontre alors diverses personnes qui ont connu Desmond Crothers, « l'inventeur » de cette ville.
Ces histoires sont présentées sous forme de courriers ou encore de récits directs, cela casse les genres. La variété des personnages ajoute au dynamisme du livre ainsi nous croisons une ancienne Miss, Robert Redford ou encore Stephen king. Une certaine mélancolie se dégage autours de cette « fausse vraie » ville et nous quittons le livre avec regrets car nous aurions aimé en savoir plus. Car une ville de papier, Agloe dans l'état de New York a réellement existé. Une histoire qui est une vraie curiosité.
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Rosamond, Maine : cette ville fictive n'aurait jamais dû entrer dans l'histoire. Inventée par un cartographe dans le but de piéger d'éventuels copieurs à une époque où la réalisation d'une carte est avant tout un travail de terrain, Rosamond se dote pourtant bientôt d'une poignée d'habitants. Chimérique par nature, Rosamond reste un lieu indécis, théâtre d'événements étranges qui attirent aussi bien la curiosité de Walt Disney que de Stephen King. Inspiré de l'histoire vraie de la ville d'Agloe, Une ville de papier est pourtant bien une fiction. Constamment sur le fil entre réel et rêverie, Olivier Hodasava endosse avec ironie le costume de l'écrivain-enquêteur et signe un faux documentaire brillant qui fait de Rosamond un concentré de mythologie américaine. Entre Joyce Carol Oates et la Quatrième Dimension, Une ville de papier se glisse ainsi dans les plis de la carte pour mieux décrypter les fantasmes de tout un pays.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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