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3,78

sur 369 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un peu surprise en voyant la très fine épaisseur de ce livre de 90 pages.
Surprise également par ces deux parties, la préface d'une vingtaine de pages dans laquelle Delphine Horvilleur évoque la double identité d'un auteur qu'elle adule, son dibbouk, né Roman Kacew, alias Romain Gary, alias Émile Ajar. Dans la seconde partie, l'auteure nous livre quelques réflexions bien senties sur l'identité.
Cependant, j'ai trouvé que l'ensemble manquait de cohérence, de liant, d'une réflexion qui prenne un peu plus de hauteur. J'ai eu l'impression de petites histoires, comme des anecdotes, sans avoir une trame générale conductrice et éclairante. J'ai été ainsi étonnée que l'auteure ne nous livre pas sa propre définition de l'identité.
J'attendais un peu plus de profondeur de ce texte, qui reste agréable à lire grâce à l'humour et l'érudition de l'auteur. J'ai beaucoup apprécié d'apprendre par exemple qu'en hébreu le verbe être ne se conjugue pas au présent, mais uniquement au passé ou au futur, être ne pouvant définir qu'une transition d'un état à un autre.
Un essai intéressant, pas complètement réussi de mon point de vue, un peu brouillon, un peu bâclé qui aurait gagné à être doté d'une véritable structure et de développements plus approfondis.
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Qu'est-ce qui nous définit ? Qu'est-ce qui fait qu'on est qui on naît ou non ? Qu'est-ce que, au final, une identité? Est-on, malgré nous, l'héritier d'une mémoire collective ?
En faisant parler le fils imaginaire de Émile Ajar, personnage inventé de toute pièce par Romain Gary, l'homme qui a fui les cases dans lesquelles on voulait le ranger et est parvenu à duper le monde littéraire en se créant une fausse identité, Delphine Horvilleur s'interroge sur cette question essentielle de l'identité.

Après une introduction dans laquelle elle parle de son rapport particulier avec cet auteur majeur de la littérature française, qu'elle considère comme son dibbouk, tissant des liens entre leurs deux histoires, elle nous plonge ensuite dans un court monologue contre l'identité.

J'ai été séduite par le style de Delphine Horvilleur, dont j'ai découvert la plume vive, moderne, presque familière, pas au sens où elle serait vulgaire mais bien cette sensation d'une voix que l'on a l'impression de déjà connaître, dont on est proche, une plume amicale en somme. le ton, mâtiné d'humour et d'insolence, m'a beaucoup plu également!

Néanmoins, je ne m'attendais pas du tout à lire ce genre d'essai… Si la première partie, à la fois intime et éloquente, m'a emballée, j'ai trouvé le monologue un peu décousu et trop axé sur le judaïsme et l'aspect religieux en général. Alors, je sais que Delphine Horvilleur est rabbin, mais je n'imaginais pas en lisant un ouvrage sur Romain Gary que ce serait un axe à ce point déterminant de sa réflexion. Il y a pourtant beaucoup de choses dans ce court texte, beaucoup de thèmes abordés et de questionnements passionnants. On sent un esprit brillant et en constante émulation. Alors, malgré une légère déception pour cet ouvrage et l'impression parfois de m'être égarée, je pense qu'il mériterait d'être découvert dans un autre contexte, comme une scène de théâtre, à laquelle il est destiné.
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Dans ces quelques pages d'un style ciselé, bourré d'humour (juif, naturellement) et de références littéraires et religieuses, Delphine Horvilleur dynamite la phraséologie fumeuse de tous ceux qui se revendiquent comme défenseurs de leur identité menacée.

Ce court essai, destiné en fait à être déclamé sur scène, nous en apprend plus que des tonnes de livres de philosophie sur les concepts de filiation, de transmission et d'appartenance et nous éclaire sur les maux qui nous assaillent en ces temps d'intolérance religieuse et/ou politique.

Que se passe-t-il lorsque des groupes se vivant comme discriminés – même s'ils le furent longtemps - crient si fort pour se faire reconnaître victimes qu'ils sont prêts à contraindre les autres à adopter leur mode de pensée monolithique ?

Qu'est-ce que l'identité ? Peut-on en avoir plusieurs, à l'instar de l'écrivain Romain Gary qui se vit attribuer le prix Goncourt en 1956 pour « La promesse de l'aube », puis sous le pseudonyme d'Emile Ajar, l'a remporté une seconde fois en 1975 pour « La vie devant soi ». Magistral scandale médiatico-littéraire et tour de force de la renaissance, du recommencement, retour au départ …

Delphine Horvilleur, femme rabbin, mère de famille, écrivaine et pédagogue, nous enseigne la tolérance avec humour.

Je la cite : « Nous sommes pour toujours les enfants de nos parents, des mondes qu'ils ont construits et des univers détruits qu'ils ont pleurés, des deuils qu'ils ont eu à faire et des espoirs qu'ils ont placés dans les noms qu'ils nous ont donnés.

Mais nous sommes aussi, et pour toujours, les enfants des livres que nous avons lus, les fils et filles des textes qui nous ont construits, de leurs mots et de leurs silences. »

Et encore : « Tous les fondamentalismes religieux ont en commun la peur d'avoir été dénaturés, la crainte de la contamination des corps et des idées par un autre qui prend au choix les traits des femmes, des homosexuels, des convertis, des hérétiques ? »

Nous voici donc en pleine actualité.

Un dernier détail : « Gary », pseudo choisi par Roman Kacew, signifie en hébreu « l'étranger en moi », « l'autre »… et l'auteur en utilisa plusieurs : l'identité n'est donc souvent que transitoire, voire multiple !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Chronique : Se démultiplier pour mieux devenir.

A travers son oeuvre littéraire, Romain Gary (1914-1980) devint un véritable caméléon. Parmi ses nombreux pseudonymes, celui d'Emile Ajar fut le plus remarquable et remarqué, jusqu'à lui procurer un second prix Goncourt en 1975. Romain Gary, Emile Ajar, les deux principales facettes d'une même personne en quête de fuite identitaire. Quarante ans après son décès, il est devenu une véritable source d'inspiration pour de nombreux écrivains, parmi lesquels Delphine Horvilleur.

La rabbin française Delphine Horvilleur a six ans le jour où Romain Gary se donne la mort, le 2 décembre 1980. Ce romancier deviendra son dibbouk, à savoir un « revenant qui vous colle à la peau ou à l'esprit, un être dont l'âme s'est attachée à la vôtre pour une raison mystérieuse, et qui ne vous lâche plus ». Elle consacre ce petit livre à cette filiation intellectuelle, voire personnelle, à travers un tourbillon de réflexions sur l'identité et le judaïsme.

L'ouvrage de Delphine Horvilleur est à l'image de son dibbouk: multiple.

Multiple d'une part quant aux genres, puisqu'il se situe à la croisée de l'essai et du roman. En effet, dans la seconde partie du livre, le témoignage laisse place à la fiction. Nous découvrons le monologue d'Abraham Ajar, un fils imaginé du fameux pseudonyme Emile Ajar. Dans une cave métaphore de l'inconscient de tout un chacun, Abraham rejoint la thématique de cet ouvrage en décidant de dire merde. « Merde à l'identité. Merde à tout ce qui te fait croire que tu n'es rien d'autre que ce que tu es ».

Multiple d'autre part quant aux thématiques abordées, peut-être un peu trop nombreuses pour être pleinement traitées dans un ouvrage de si petite taille. Si la thèse de l'oeuvre est claire, les développements sont dès lors parfois un peu ambigus et superficiels.

Dans ce cadre, des prérequis religieux ainsi qu'une connaissance préalable de l'oeuvre de Romain Gary/Emile Ajar apparaissent utiles pour saisir pleinement certaines références et allusions. L'on pense particulièrement aux romans Pseudo, Gros-Câlin et surtout La vie devant soi. Certains passages risquent d'ailleurs de divulgacher un peu ces romans auprès des personnes qui n'ont jamais connu le plaisir de les lire (il n'est toutefois jamais trop tard !).

L'on en retiendra que tant Delphine Horvilleur que son personnage Abraham Ajar nous recommandent de toujours être en chemin, en devenir, sur le plan de l'identité. de rester à distance des stéréotypes et des injonctions cloisonnées. D'autres filiations que la seule naissance permettent d'emprunter ce chemin, telle que la filiation littéraire avec un dibbouk aux multiples facettes. Souhaitons à chacune et chacun de pouvoir identifier le sien !

Ce petit ouvrage plaira aux personnes initiées à Romain Gary et qui s'intéressent aux réflexions sur le judaïsme et l'identité. Ces lecteurs passeront certainement un agréable moment de lecture et d'introspection, entre hommage littéraire, humour et réflexions identitaires/religieuses. Pour les autres, peut-être vaut-il mieux qu'ils consacrent leur temps de lecture à l'oeuvre de Romain Gary lui-même…
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Un Babélien, dans sa critique, reproche à D. Horvilleur de n'avoir point défini ce qu'est l'identité. J'ai eu, pour ma part, le sentiment d'une définition implicite, certes, non normative, mais me permettant de comprendre le cheminement de sa pensée.
Cela dit, il faut admettre la polysémie du terme identité. Elle recouvre tant de phénomènes ; pour le cas qui nous intéresse ici, il s'agit à la fois de la singularité d'un individu qui le fait distinct d'un autre, et d'une appartenance à une communauté, une culture, qui autorise à parler, par exemple, de la judéité comme composante de l'identité d'un individu de la communauté juive. On peut en dire autant de l'appartenance à d'autres communautés, à d'autres cultures.
Voilà pour le décor. D. Horvilleur, à travers l'évocation de Romain Gary pour qui elle voue une grande admiration au point de lui reprocher presque son suicide en 1980, s'interroge sur l'identité d'un être, sa liberté ou son enfermement à l'égard de l'identité qu'il a reçue à sa naissance et que le temps, jusqu'à un certain point, a consolidée.

Le cas de R. Gary est intéressant à plus d'un titre puisque né juif sous le nom de Roman Kacew dans l'Empire russe en Lituanie, il est devenu français dès les années 30 et s'est battu pour la libération de la France durant la dernière guerre. Cependant, devenu écrivain, il a utilisé divers pseudos et semblait prendre un malin plaisir à désorienter ses interlocuteurs avec ses variations identitaires.
En tout cas, la plus spectaculaire de ces variations est celle qui permet à R. Garry d'obtenir sous ce pseudo, le prix Goncourt en 1956, puis un autre prix Goncourt dans les années 70 sous un autre pseudonyme, Emile Ajar.

Ce qui me frappe dans ce petit essai, c'est que D. Horvilleur semble opérer une critique en règle des obsessions identitaires qui enferment l'individu, nuisent à sa liberté, le rendent incapable de transcender l'identité reçue en héritage par sa filiation biologique et culturelle pour décider d'être un autre, à la manière de Gary, en définitive.
Dans le même temps, rappelant la judéité de Roman Kacew, elle semble faire une certaine apologie de cette identité juive sous le couvert un monologue très critique d'un pseudo fils d'E. Ajar, qui s'autorise tous les excès verbaux contre la culture abrahamique, contre le Dieu unique des Juifs, contre la circoncision, bref ! Contre tout ce qui fait qu'un Juif est juif.
J'y perçois une critique forcée, feinte, à l'égard d'une culture qui demeure fière de ce qu'elle est, fière de sa singularité dans L Histoire. Au fond, quoi de plus naturel !
Du reste, D. Horvilleur est Rabbin (ou Rabbine ?), en d'autres termes, même si elle se déclare appartenir à la branche libérale du rabbinisme, en tant que Rabbin, elle est d'une certaine manière gardienne de l'identité juive, de la tradition juive qui comporte en sa racine, un germe de séparation d'avec le monde, selon la volonté de Dieu d'ailleurs, séparation qui se manifeste par exemple encore sur le plan matrimonial.

D'où ma perplexité, après avoir lu ce livre ; qu'elle était le but de la démonstration ? Nous naissons avec une identité, et dans les pays libres, plus tard, nous pouvons en choisir une autre, manifester notre préférence pour telle culture et abandonner la nôtre, voire quitter notre pays pour cela, changer de nationalité, de nom, bref, changer d'identité.

La vraie question est celle-ci, un Juif, un Musulman, contrairement à un Chrétien, peuvent - ils décider de cesser d'être Juif ou Musulman ? Les interdits alimentaires sont-ils transgressables, même quand on prétend se détacher de ces cultures ou de ces religions ?
Par contre, si l'on ramène l'identité à une couleur de peau, le Noir, ni Le Blanc, ni le Jaune ne peuvent changer de peau. Mais est-ce que la couleur de la peau a quelque chose à voir avec l'identité ? La raison devrait nous conduire à répondre non. le personnage qui monologue semble dire que l'absence de prépuce le lie à jamais à la culture juive. Il a l'air de le regretter. Ma peau me lie à jamais au monde noir, mais cela ne m'empêche pas de dormir.
Malheureusement, si pour le Noir dans une société noire, le Jaune dans une société jaune et Le Blanc dans une société blanche, cela n'a absolument aucune importance, lorsqu'une couleur de peau est minoritaire au sein d'une société, elle devient un élément de l'identité de l'individu, en bien ou en mal, à cause du regard des autres.
En définitive, la cristallisation du phénomène identitaire vient d'une discrimination historique qui se perpétue, ou en tout cas, est perçue comme se perpétuant, au sein d'une société. D'où la dérive victimaire qu'on observe en France et qui autorise toutes les outrances et des polémiques inutiles, alors que le vivre ensemble pourrait être si simple avec un peu d'intelligence. L'intelligence, c'est la clef du vivre ensemble.
Pat

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Entre Annie Ernaux et son style clinique et Mohamed Mbouger Sarr et son style narratif, j'ai eu l'impression avec Delphine Horvillers d'un style sautillant d'une idée à l'autre. Quand vous lisez cela, cela coule tout seul et line vous semble pas vous rester grand chose.
En fait, c'est plus profond et cela demande à y revenir sans cesse.
Delphine Horvillers nous interroge sur ce qu'est l'identité. Quand de nombreuses personnes s'interroge sur le maintien ou de leur identité perçue comme de longue date, l'auteur s'amuse à nous montrer que notre identité a changé perpétuellement et continue de changer.
Cela relativise les discours « durs ». Elle se base sur la mystification de Romain Gary qui créa le personnage d'Ajar pour se libérer du poids de la renommée et être reconnu pour ce qu'il écrit et non un auteur célèbre qu'on loue ou vilipende automatiquement quoiqu'il écrive.
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Un petit essai très intéressant, sur les questions de l'identité et notamment sur l'auteur Romain Gary et la création de son double, Emile Ajar.
L'autrice explique l'importance d'une "identité" pour tout individu.
C'est très court, mais c'est intéressant.
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