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sur 369 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Commenter une pièce de théâtre en ayant seulement lu son script incite nécessairement à la prudence car le lecteur, privé du jeu des acteurs, des décors et surtout de l'ambiance de la salle et des réactions des spectateurs, ne voit que la partie visible de l'iceberg …

Il n'y a pas de Ajar commence par une méditation sur le binôme Romain Gary / Emile Ajar et s'interroge sur le Compagnon de la Libération, prix Goncourt 1956, qui se réincarne vingt ans plus tard en Romain Gary en trompant la critique avec la complicité de son petit cousin Paul Pavlowitch. La vie de l'aviateur de la France Libre est une épopée qui fascine à juste titre Delphine Horvilleur et son suicide interpelle le Rabin.

Commence alors la seconde partie, le « monologue contre l'identité », où Abraham Ajar disserte sur ce mot d'identité et livre un festival de questions, de formules à l'emporte pièce, de jeux de mots qui doivent combler les spectateurs de la pièce.

Mais, à aucun moment la tragédienne, la philosophe, ne définit ce qu'est l'identité et le monologue part dans tous les sens en se complaisant dans la tonalité « en même temps » à la mode chez les communicants et certains politiques.

D'où une certaine déception, car ne pas définir, ne pas rappeler, ce qu'est l'identité, laisse le champ libre aux apôtres de la « théorie du genre » qui après avoir tué le sport féminin relativisent l'âge d'une personne en ouvrant ainsi la voie à la pédophilie, et en confondant nature humaine et nature animale plaident pour la légalisation de la zoophilie.

Si l'identité n'existe pas, si chaque personne peut se définir comme elle l'entend, si chacun peut ainsi se prendre pour un dieu, la vie en société devient impossible ce qui nous condamne inexorablement au suicide.

« Il n'y a pas de Ajar » est peut être l'ultime cri de Romain Gary se tirant une balle sur son identité ?
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A partir de la fascination pour le seul écrivain qui a pu obtenir deux fois le prix Goncourt , par un subterfuge qui suscite à la fois l'indignation et l'admiration, Delphine Horvilleur nous parle de l'identité, de ce qu'elle signifie et de ce qu'elle implique. À partir de nombreux parallèles et des coïncidences (construites, tout de même), elle revient sur la relation intellectuelle privilégiée qu'elle entretient avec celui qui a osé se réinventer, et qui aurait pu le faire incognito si son talent n'avait pas été suffisant pour mériter une deuxième récompense !

Suit une réflexion courte mais vivante sur la notion d'identité , sur la judéité, l'intégrisme, le racisme et même l'épigénétique.

C'est brillant, éclectique mais guidé par une idée centrale de tolérance.

Ce court texte a été l'occasion de découvrir l'écriture cette autrice très médiatique , dont je ne peux qu'admirer le talent à l'écrit après avoir été fascinée par ses propos sur les ondes

140 pages Grasset 14 septembre 2022
#IlnyapasdeAjar #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Le dernier livre de Delphine Horvilleur, auteure récemment découverte lors de la lecture de son très bel essai, « Vivre avec nos morts », semblait me narguer : quelle que soit la librairie de mon quartier du nord parisien, je le croisais en devanture, agrémenté d'un bandeau où figure une photographie de l'auteure.

Contemplant d'un oeil songeur ce petit livre, je m'étais interrogé sur son titre en forme d'énigme, « Il n'y a pas de Ajar ». Au-delà du jeu de mots, bien senti mais un peu facile entre « Ajar » et « hasard », j'ai évidemment songé à Romain Gary, lauréat du prix Goncourt 1956 avec les « Racines du Ciel » qui avait pris le pseudonyme d'Emile Ajar afin de poursuivre une double carrière d'écrivain. Et ce dédoublement littéraire lui avait permis d'obtenir par deux fois, un prix qui n'est attribué qu'une seule fois, lorsqu'Emile Ajar s'était vu décerner le prix Goncourt en 1975 pour la « La vie devant soi ». M'étant rappelé le destin singulier de Romain Gary, j'ai lu le titre autrement, au pied de la lettre pour ainsi dire : « Il n'y pas de Ajar », signifie qu'Emile Ajar n'existe pas, n'a jamais existé et n'est que le pâle avatar de Romain Gary, né Roman Kacew. Je me suis enfin attardé sur le sous-titre qui épouse à la perfection l'air du temps, « Monologue contre l'identité », et j'y ai vu le signe d'une faille dans mon raisonnement : s'il n'y a pas de Ajar, alors Romain Gary est réduit à son identité initiale et singulière, et que contient donc ce petit livre qui s'annonce paradoxalement comme un pamphlet contre l'identité ?

Voilà, je n'avais toujours pas acheté le dernier essai de Delphine Horvilleur, et mon inclination pour une forme de pensée spéculative m'avait déjà conduit à m'interroger sur la signification d'un titre qui m'avait paru successivement amusant, lumineux et paradoxal. Et tandis que je continuais inlassablement à arpenter les rues qui serpentent autour de la butte Montmartre, je songeais que le temps était venu de lire « Il n'y pas de Ajar ».

Ce court essai comporte un prologue très érudit, où l'auteure rabbin revient sur la dichotomie Gary/Ajar et enrichit sa réflexion en empruntant à sa riche culture talmudique. On y apprend que Romain Gary s'est suicidé en 1980 au moment même où elle apprenait à lire et que depuis plus de quarante ans il est ainsi devenu son « dibbouk », « un revenant qui vous colle à la peau ou à l'esprit, un être dont l'âme s'est attachée à la vôtre pour une raison mystérieuse, et qui ne vous lâche plus ». Delphine Horvilleur nous enseigne également qu'en hébreu un autre se dit « Ah'ar », et qu'en choisissant le pseudonyme d'Emile Ajar, Romain Gary s'est inconsciemment dédoublé littérairement en un « autre » que lui. Elle nous confie enfin sa visite fantasmée à Romain Gary le jour de son suicide, et les récits issus du Talmud qu'elle lui aurait narrés, dans une tentative aussi poétique que désespérée de faire échouer ce qui est déjà advenu.

La seconde partie est le monologue imaginaire en forme d'« hommage à toutes les filiations littéraires » d'un homme qui se dit le fils d'Emile Ajar. Ce texte, volontairement écrit dans un langage relâché, est un plaidoyer désarticulé contre l'identité, en même temps qu'un retour sur les fêlures qui traversaient le grand écrivain d'origine russe qui fut successivement aviateur, résistant, romancier, diplomate, scénariste et réalisateur. L'auteure y dénonce tout à la fois la tentation « identitaire » d'un retour à une identité figée et fantasmée, et la concurrence victimaire qui assigne chacun à son identité ethnique, religieuse, sexuelle ou raciale.

En nous rappelant qu'en hébreu, le verbe être n'existe pas au présent, que l'on « n'est pas » même si l'on peut « avoir été », ou être « en train de devenir », Delphine Horvilleur nous suggère que l'identité n'est pas un concept figé et que nous sommes toujours en pleine mutation. « Who's not busy being born is busy dying » chantait déjà Bob Dylan en 1965...

Voilà, j'ai fini par lire ce petit livre sur le bandeau de couverture duquel figurait le regard perçant de l'auteur qui semblait me poursuivre dans le crépuscule de mes ballades montmartroises. Et si son titre garde une part de mystère, je saisis enfin qu'il n'y a pas de Ajar, mais qu'il y a eu un auteur immense dénommé Emile Ajar et qu'il y aura d'autres auteurs au talent incomparable, qui continueront d'interroger les fluctuations de notre identité, qui ne saurait être figée ou réduite aux tentations victimaires de l'époque.
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Comme beaucoup d'entre nous, je vous une admiration particulière pour Roman Kacew alias Romain Gary, alias Emile Ajar, alors ce texte ne pouvait que me réjouir à l'avance. Il s'agissait au départ d'un texte destiné à être lu, sur une scène, devant des spectateurs à la manière d'une pièce de théâtre. Dans un premier temps, l'auteure revient sur sa fascination pour Romain Gary, le tour de force de recevoir deux fois le prix Goncourt, la première en son nom pour le magnifique « Les promesses de l'aube » la deuxième sous une autre identité, pour « La vie devant soi » tout aussi magistral, en brouillant bien les pistes : une belle mystification !

Puis, Delphine Horvilleur donne la parole au fils présumé d'Émile : Abraham Ajar, double A comme s'il s'agissait d'une identité primordiale, Abraham pour le père des Hommes, dans les religions monothéistes. Abraham se livre à un monologue très intéressant sur l'identité, les pseudos, les revenants alias « dibbouks », et ce qui fait l'identité d'un être humain, homme ou femme.

L'auteure nous livre une réflexion truculente sur l'identité, sur les dérives vers l'identitaire, le communautarisme, l'appropriation culturelle (vérifier que l'auteur a le droit de se mettre dans la peau d'un autre). Truculente est le terme adéquat, à mon sens, car ce texte, sur fond de colère, est teinté d'humour, notamment quand Abraham reprend la notion de « Trou juif » : au départ la cave dans laquelle s'était réfugiée sa mère, avec une interprétation freudienne à la clé qui m'a beaucoup plu.

La préface, déjà, se déguste avec plaisir, et déborde de belles citations… Un seul bémol: le résumé révèle trop de choses…

Ce texte est très fort, comme toujours avec Delphine Horvilleur, que j'aime retrouver dans ses livres comme lors de ses apparitions télévisées. Je n'ai pas appris à lire avec Romain Gary car je suis plus âgée, mais comme elle, j'aime lire et revoir ses apparitions à la télévision, notamment « Apostrophes »

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteure.

#IlnyapasdeAjar #NetGalleyFrance 
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Ce texte n'a pas été écrit pour être lu, mais pour être déclamé devant des spectateurs. Il aborde cependant des questions, des pistes de réflexion sur un sujet qui hante même nos auteurs (et leurs lecteurs) : l'identité.

Elle s'appuie sur Abraham Ajar, le fils inexistant de l'auteur tout aussi inexistant Émile Ajar, pour faire sa démonstration.

Delphine Horvilleur combat l'idée que l'identité est unique, bien au contraire, dit-elle, nous en avons plusieurs.

Pire encore, écrit-elle, des voix s'élèvent pour dire qu'on ne peut pas comprendre le racisme sans être noir, l'antisémitisme sans être juif ou le féminisme sans être femme.

Avoir une seule et unique identité, c'est le contraire de l'ouverture à l'autre, le summum de l'entre-soi.

Après avoir lu ce texte, j'aimerais beaucoup l'entendre, c'est quelque chose qui m'a manqué pendant ma lecture.

Merci à NetGalley et aux éditions Grasset pour cette lecture.

Lien : https://dequoilire.com/il-ny..
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Première lecture d'un ouvrage de Delphine Horvilleur dont j'apprécie ses participations auprès des médias.
Dans un premier temps, l'autrice explique la réinvention en Émile Ajar de Romain Gary, né Kacew, Elle aime l'écriture des deux qui n'en font qu'un .
Cette réincarnation si elle permet deux prix Nobel et, aux critiques , de découvrir et de s'extasier de façon, dithyrambique et souvent hypocrite sur un nouvel écrivain, pour Gary, devenir un alias fut source d'une nouvelle identité mais à terme, ce ne fut pas l'assurance de retrouver un nouvel avenir radieux.
C'est écrit avec humour (l'humour juif, cela s'entend) et j'ai apprécié les références à la bible hébraïque : dibbouk (l'esprit malin), le personnage d'Elisha ben Abouya ( le plus grand, l'un des plus célèbres pseudo du Talmud ), Ah'ar (l'autre) qui n'est pas sans rappeler, étrangement, Ajar, Gary ( en hébreu, l'étranger)...
D. Horvilleur est une lectrice « convaincue » de trouver dans leurs livres un message subliminal, ils disent beaucoup de Gary/Ajar et lui permettent, nous permettent, d'imaginer, de croire, qu'il existe pour chacun de nous, un « au-delà de soi », de se réinventer une autre identité, peut être salvatrice car elle nous permet de vivre ou de continuer à vivre.
La seconde partie est un monologue, qui prend , quelques fois, la forme d'une logorrhée qui dénonce l'idée douce-amère (plus acide que douce) d'une identité authentique , obsessionnelle, celle en qui on veut, à tout prix (à tous prix), croire et conserver. Illusion...
Il faut savoir se réinventer en permanence, devenir autre, s'échapper de l'étau (du ghetto) , et seule la fiction le permet comme le fait Abraham Ajar, le fils fictif d'Emile Ajar, frère de Roman, ou fils ou père... ou finalement petit cousin !
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Un vrai bonheur de partager l'esprit brillant et plein d'humour de Delphine Horvilleur qui trouve ici un moyen certes ludique mais implacable pour déconstruire les idées reçues.
Pour aborder le thème de l'identité, qui d'autre qu'un fantôme, pourtant doté d'une existence et abordé comme tel, la plus joyeuse mystification du siècle, Emile Ajar. Mais si Delphine Horvilleur s'empare de ce personnage si spécial c'est pour mieux torpiller les discours autour de l'identité et montrer à quel point le concept est mouvant, soluble voir carrément impropre. Démonstration assez jouissive à vrai dire.
Ce monologue contre l'identité est destiné à être joué sur scène, je suis certaine que ce doit être encore meilleur avec un jeu d'acteur et ce que l'oralité peut permettre de connivence avec le public. Mais le texte en soi est un petit bijou auquel on peut revenir souvent, à l'image de cette phrase si juste qui vient souligner le fait que notre "identité" se construit non pas de façon génétique mais à l'aune des influences comme par exemple nos lectures : "On est tous conçus par procréation littérairement assistée".
Intelligence et humour, que demander de plus ?
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Brillant et frustrant !

Brillant d'abord. Une écriture fluide, non dénuée d'humour - et au regard du sujet, c'est plutôt salvateur ! - et qui va à l'essentiel.
Une réflexion passionnante sur la question de l'identité, en partant de la figure de Romain Gary / Emile Ajar d'abord, auteur de l'un des plus beaux canulars littéraires du siècle passé, seul écrivain récompensé deux fois par le prix Goncourt, puis de celle du fils imaginaire d'Emile Ajar ensuite.
Le choix de la fiction peut certes interroger, j'y reviendrai, mais il permet de mettre cette thématique à portée, comme une forme de vulgarisation et de dédramatisation d'une question éminemment politique en ces temps de repli identitaire, de repli sur soi.
Beaucoup d'éléments de réflexion sont proposés par Delphine Horvilleur, de pistes invitant - pour ce qui me concerne en tous cas - à une forme d'introspection. Qui suis-je ? Qu'est-ce qui me définit ? D'autant plus intéressant que Delphine Horvilleur est rabbin, et que la question de l'identité est prégnante depuis des siècles au sein de la communauté juive. L'une des pistes, et pas des moindres, est que notre identité est multiple. Et que, loin de nous définir, se revendiquer d'une et une seule appartenance, qu'elle soit religieuse, politique, ethnique, culturelle ou que sais-je encore, loin de nous "libérer", ne fait que nous enfermer davantage. Il s'agit au contraire de s'accepter comme être complexe, multiple, ce qui ne peut que nous enrichir, nous faire devenir un être humain singulier et unique, et ainsi enrichir l'autre de nos différences.

Frustrant ensuite. Pourquoi ?
D'abord parce que, et je remercie d'autres lecteurs pour cette analyse ou cette lecture que je n'avais pas d'abord identifié, l'auteur semble parfois s'enfermer elle-même - ou du moins son narrateur, dans ses propos ou les exemples choisis et développés - dans sa propre judéité, qui devient alors centrale pour définir sa propre identité. Mais peut-être est-ce un biais qui concerne tout un chacun ? Peut-être avons-nous tendance à nous définir chacun par une première appartenance, qui nous a façonné, parfois à notre insu, avant d'élargir notre vision et par là découvrir d'autres facettes de notre personnalité.
Ensuite parce que je n'ai pas toujours au long des 90 petites pages de ce texte été convaincu de la nécessité de passer par le biais de la fiction de ce monologue du fils imaginaire d'Emile Ajar. Même si, comme je l'ai dit plus haut, cela permet sans doute une mise à distance plus facile et une forme de vulgarisation d'un propos philosophique. A cet égard, les meilleures pages du livre sont à mon sens celles de la préface, qui occupe d'ailleurs un petit tiers du texte total.
Enfin parce que j'aurais rêvé que l'auteur aille encore plus avant dans sa réflexion ! 90 pages, c'est trop court ! C'est encore une fois sans doute une conséquence de l'objectif visé, celui de poser les termes d'un débat, les bases d'une réflexion. Mais c'est tellement porteur de sens que j'en aurai voulu davantage.

Quoi qu'il en soit, cela faisait longtemps que je souhaitais découvrir le travail et la plume de Delphine Horvilleur. Et il ne faudra pas longtemps avant que je ne me plonge dans "Vivre avec nos morts", son ouvrage précédent.
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A entendre parler du livre, l'idée m'a paru géniale. La lecture m'a laissée un peu dubitative. Après lecture, je suis plutôt désenchantée. Or vous savez comme toute évocation de Gary, y compris Ajar, Bogat ou Sinibaldi peut me mettre en joie, voire dans tous mes états.

Bon, je reconnais volontiers beaucoup d'humour à madame Horvilleur, en plus du sens de la formule, qui sied assez à un descendant – même fictif et d'une branche elle-même fictive – de Gary, ainsi qu'un niveau de réflexion et d'empathie tout à fait élevés.
Mais je crois que c'est le format qui ne convient pas. Qui ne m'a pas convenu, j'entends. C'est un texte qui a vocation à être dit mais même dans ce cas, comme je l'imagine, il me semble peut-être trop court, sûrement manquer d'une trame ou souffrir de l'absence de dialogue.

Un peu déçue par ce livre donc.
N'empêche. Gary est encore une fois tout à fait d'actualité, même tant de temps après sa mort, sur le sujet de l'identité ici. Ah… Gary.
Tiens ! Je relirai bien un Gary…

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Dephine Horvilleur est un rabbin particulier. J'ai toujours plaisir à lire ses écrits. Celui-ci n'est pas une exception.

Au départ, c'est Romain Kacew, qui a choisi Romain Gary comme nom de plume. En 1974, il invente, comme nom de plume, un autre pseudonyme : Émile Ajar. Comme pour avoir une autre identité. Et c'est l'année de naissance de Delphine Horvilleur.

La réflexion de Delphine a cela comme point de départ : la bagarre pour avoir une identité. Mais laquelle.

Alors, elle imagine un monologue, tenu par Abraham Ajar, le fils de Émile Ajar - ou ce serait plutôt Romain Gary ? Ou encore Romain Kacew ???

Dans d'autres livres elle s'exprime parfois avec humour, l'humour juif. Dans ce livre, elle s'habille dans la peau de Abraham Ajar et se défoule avec beaucoup d'humour. On voit probablement elle même, dans sa vraie identité. Eh oui, il y en a des rabbins qui ont un humour génial.

C'est avec de l'humour qu'elle tourne en dérision la problématique identitaire (voir les citations), sujet de société plus que brûlant.

Ce que je retiens de ce livre est que ceux qui se battent autant à la recherche de la reconnaissance d'une identité sont, parfois des gens qui ont des identités multiples et riches, comme Romain Gary, mais qui insistent à se réduire et à se présenter dans une seule (ou plusieurs) identité, celle la plus fortement victimaire. Et c'est dommage, surtout pour eux.
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