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3,78

sur 370 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Émile Ajar est un pseudo. Il le dit lui-même dans un livre du même nom.
A partir de cette lecture et de celle de la Vie devant soi, Delphine Horvilleur invente un fils, justement prénommé Abraham, à ce personnage imaginaire et c'est le monologue de ce "rejeton d'une fiction réelle" qu'elle écrit pour nous. En y mêlant brillamment humour juif et culture biblique, ainsi qu'un soupçon de psychanalyse, elle montre comment Romain Gary est devenu son dibbouk, "cet être attaché à votre âme et qui ne vous lâche plus".
C'est un plaisir de lire sa plume si vive et de la suivre dans la fiction d'Émile Ajar.
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"À travers Ajar, Gary a réussi à dire qu'il existe, pour chaque être, un au-delà de soi ; une possibilité de refuser cette chose à laquelle on donne aujourd'hui un nom vraiment dégoûtant : l'identité."

Depuis que j'ai lu Vivre avec nos morts   je suis fan absolue de Delphine Horvilleur dont je connais la voix avec les podcasts de Radio France

Ses prises de position sur l'Identité vont à contrario des tendances actuelles où chacun se définit selon un séparatisme inquiétant justifiant les censures les plus inquiétantes quand ce ne sont pas les pires violences.

"Qui veut réaliser la volonté de Dieu ? Qui ? Qui veut venger l'honneur du prophète ? Qui veut évangéliser
l'Amérique ? Qui veut poser des petites maisons en Cisjordanie ?... Qui ? Et soudain, on est entouré de gens qui ne manquent pas d'air : une foule de gens hyper-connectés à la volonté de Dieu, qui savent parfaitement te l'interpréter comme s'ils faisaient partie de Sa garde rapprochée."

Delphine Horvilleur a choisi un angle d'attaque original : le cas Ajar/Romain Gary  pour démontrer les identités multiples. Romain Gary lui parle personnellement 

Depuis des années, je lis l'oeuvre de Gary/Ajar, convaincue qu'elle détient un message subliminal qui ne s'adresse qu'à moi.

Personnellement j'ai aimé La Vie devant soi et la Promesse de l'Aube, mais je ne fréquente pas avec autant de constance les oeuvres de Gary/Ajar. J'ai donc suivi Delphine Horvilleur avec beaucoup d'intérêt mais il faudrait que je relise Gary.

Ensuite, sûrement je reviendrai à Il n'y a pas d'Ajar qui est un texte concis mais très profond. Et même si on ne lit pas Romain Gary, tout ce qui traite de l'Identité ou plutôt "contre l'identité" est absolument essentiel par les temps qui courent. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Essai, monologue de théâtre, roman, on ne sait pas bien, mais finalement, comme l'auteure l'hexorte, on s'en fiche. Inutile de vouloir classer cette oeuvre dans une case. Elle est toutes ces cases à la fois. C'est là le plaidoyer de l'auteure. L'être humain (l'animal même) est trop complexe pour n'avoir qu'une seule identité : il est la trace de ces ancêtres mais il peut aussi se construire de lui-même, et aller d'identité en identité. Pire aux yeux de notre société : il peut (et doit) faire semblant d'être pour se construire, comprendre et rejeter si cela ne lui convient pas. Exit donc toutes ces idioties de nos sociétés actuelles : appropriation culturelle (qui, par définition, clame que l'empathie ne peut pas exister puisque je ne peux pas me mettre à la place de quelqu'un), identité unique ( je suis musulman ou je suis homosexuel mais je ne peux pas être les deux à la fois, combien de fois ai-je entendu ce genre de débilités ???), racines de nos ancêtres qui nous figent dans un mode d'être et de penser, etc.
Un très très bon ouvrage, qui ne va pas (et ne peut pas) plaire à tout le monde. Je trouve cela très courageux de la part de Delphine Horvilleur, d'écrire cela aujourd'hui.
Un petit reproche cependant : un ouvrage inégal avec un long démarrage un peu poussif et une envolée finale bien trop rapide.
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Moi qui considère Romain Gary/Emile Ajar comme l'un des plus grands écrivains, j'ai évidemment sauté sur le livre dès que l'on me l'a offert ! Un vrai plaisir car manifestement Delphine Horvilleur partage avec moi une passion pour cet auteur , mais surtout car elle tire de cette passion une belle réflexion, pas vraiment un roman , une improvisation tout à fait charmante!
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Si Delphine Horvilleur n'existait pas, il faudrait l'inventer ! Elle sait rendre lisible et compréhensible ce qui est si difficile à expliquer, par ses qualités de conteuse et sa capacité à matérialiser une idée abstraite.
Les exemples qu'elle choisit sont toujours parlants, et une fois le livre refermé, on se trouve beaucoup plus intelligent , ce qui ne fait pas de mal à notre égo !
Prendre le cas de Romain Gary qui était déjà un pseudonyme, nous donner sa signification en hébreu «  l'étranger », y ajouter celui d'Ajar «  l'autre » en hébreu et faire parler le fils imaginaire de ce dernier pour nous faire comprendre que l'identité est variable et floue selon le point de vue d'où l'on parle, voilà du grand art.
Nous faire sourire et parfois rire des chemins choisis pour y parvenir, que demander, de plus ?
Alors oui certes, c'est parfois tiré par les cheveux, évite le vrai problème de l'identité identitaire et sectaire ou la communauté communautariste tout aussi sectaire, mais nous permet de nous poser quelques questions sur le besoin que nous avons, presque tous, de savoir d'où nous venons, de demander aux autres d'où ils viennent, le «  ils » signifiant davantage les ancêtres que nous mêmes !
Serions nous tous des «  Ajar », cachant notre vrai soi, notre vrai moi sous une identité d'apparence ?
Lisez, lisez ce petit essai, posez le et reprenez le bon nombre de fois, et régalez vous !
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Un vrai moment de plaisir que cette lecture.

Delphine Horvilleur nous livre un texte avec beaucoup d'humour, des jeux de mots et des bons mots pouvant parfois flirter avec le blasphème. On se sent par moment plus prêt de Charlie Hebdo que de l'ouvrage d'un rabbin tel qu'on se l'imagine traditionnellement.

C'est un livre drôle, rythmé, intelligent. J'avais plaisir à entendre l'autrice à la radio ou à la télévision. Je la trouvais sympathique, rafraîchissante et intelligente et ce livre ne vient que confirmer ce ressenti.


On peut apprendre ou réviser des choses sur la religion juive, mais ce n'est vraiment pas le coeur du livre. le coeur est vraiment ce travail sur la notion d'identité avec l'exemple génial de Romain Gary / Émile Ajar, qui est superbe.
Au final, on sort de ce livre en se demandant qui on est vraiment et si l'on est bien celui que l'on pense être depuis la naissance.

Il est drôle de voir que j'ai acheté ce livre en même temps que le recueil "Hot dog : chroniques dystopiques du grand déraillement" qui traitait d'une manière différente mais tout à fait complémentaire de cette question d'identité et que j'ai également beaucoup aimé.

Bref, je tournais autour de ce livre depuis un moment, heureux de l'avoir trouvé chez mon libraire L'invit' à lire (10e, Paris). Il m'avait d'ailleurs dit que les livres de cet autrice étaient généralement très bons, il avait raison.
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Delphine Horvilleur – Il n'y a pas de Ajar***1/2 – Fini le 11 mars 2023

Tout petit livre ou la Rabinne Delphine Horvilleur clame son amour à Romain Gary et à ses doubles. Elle évoque la question de l'identité avec le double présent dans la tradition juive et qui s'appelle A'har, que le hasard ( ?) place dans une continuité avec le pseudonyme Ajar. Elle porte des paroles très fortes où elle indique qu'aucun individu ne peut être réduit à une seule identité, ce qui est une tendance de notre société actuelle.

Ce livre est bourré d'humour (ainsi la blague hyper connue du petit enfant qui ne parlait pas, je n'en dis pas plus) et par la formule réutilisée « tu veux un cachou ? ».
Intéressant et riche ce livre devrait être lu dans toutes les écoles…même si (Et l'autrice ne s'en cache pas), je ne suis pas sûr que Gary aurait vraiment apprécié d'être ramené à la question de la judéité. le livre se termine dans la cave du roman « La vie devant soi », où le petit garçon continue à veiller le cadavre de sa mère de substitution…
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Un petit bouquin bien sympathique qui part d'une idée réellement bien trouvée : faire parler le fils d'un pseudo (et quel pseudo !). J'ai pris un réel plaisir à le lire, même en tant qu'ultra athée à des lieues des considérations et autres dogmes religieux, qu'ils soient juifs, cathos ou musulmans. le développement relatif à cette très discutable identité, voire même à l'identitarisme outrancier de notre époque, est également d'une grande pertinence.
Oui, un livre bien sympathique... ma foi (!)
Le Ajar fait bien les choses.
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Première lecture d'un ouvrage de Delphine Horvilleur dont j'apprécie ses participations auprès des médias.
Dans un premier temps, l'autrice explique la réinvention en Émile Ajar de Romain Gary, né Kacew, Elle aime l'écriture des deux qui n'en font qu'un .
Cette réincarnation si elle permet deux prix Nobel et, aux critiques , de découvrir et de s'extasier de façon, dithyrambique et souvent hypocrite sur un nouvel écrivain, pour Gary, devenir un alias fut source d'une nouvelle identité mais à terme, ce ne fut pas l'assurance de retrouver un nouvel avenir radieux.
C'est écrit avec humour (l'humour juif, cela s'entend) et j'ai apprécié les références à la bible hébraïque : dibbouk (l'esprit malin), le personnage d'Elisha ben Abouya ( le plus grand, l'un des plus célèbres pseudo du Talmud ), Ah'ar (l'autre) qui n'est pas sans rappeler, étrangement, Ajar, Gary ( en hébreu, l'étranger)...
D. Horvilleur est une lectrice « convaincue » de trouver dans leurs livres un message subliminal, ils disent beaucoup de Gary/Ajar et lui permettent, nous permettent, d'imaginer, de croire, qu'il existe pour chacun de nous, un « au-delà de soi », de se réinventer une autre identité, peut être salvatrice car elle nous permet de vivre ou de continuer à vivre.
La seconde partie est un monologue, qui prend , quelques fois, la forme d'une logorrhée qui dénonce l'idée douce-amère (plus acide que douce) d'une identité authentique , obsessionnelle, celle en qui on veut, à tout prix (à tous prix), croire et conserver. Illusion...
Il faut savoir se réinventer en permanence, devenir autre, s'échapper de l'étau (du ghetto) , et seule la fiction le permet comme le fait Abraham Ajar, le fils fictif d'Emile Ajar, frère de Roman, ou fils ou père... ou finalement petit cousin !
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Pour moi c'était une découverte, de celles qu'on aborde avec attention quand c'est un ami cher qui en est à l'origine. Delphine Horvilleur emmène avec beaucoup de justesse dans les tentations identitaires qui caractérisent (je m'en désole) notre époque, sans espoir. Un moment d'intelligence. Et de la littérature. Précieux.
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