AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,67

sur 1485 notes
Anéantir... Moi, j'ai trouvé que, contrairement à ses livres précédents, anéantir était plutôt lourd, et j'ai trouvé aussi qu'il n'était pas facile à lire. La preuve, il m'est tombé des mains plusieurs fois. Par ailleurs, il comporte au moins deux défauts, et enfin, il confirme s'il en était encore besoin que Houellebecq et moi avons un sérieux point de désaccord.
En effet, le dernier Houellebecq est lourd : 850 grammes.
Il n'est pas facile à lire parce qu'on ne peut pas le tenir d'une main, tant il est pesant et anguleux avec son papier épais et sa couverture rigide et pointue. Cela fait que, quand il vous échappe, il vaut mieux qu'il ne vous tombe pas sur le pied.
De plus, le dernier Houellebecq comporte au moins deux défauts :
1) la page 407 est partiellement déchirée et repliée vers l'intérieur du livre.
2) page 553, une tache de colle obscurcit légèrement l'article du placé en fin de sixième ligne entre les mots heures et matin.
Enfin, le point de désaccord entre Michel et moi : un certain usage, ou plutôt un certain non-usage de la ponctuation.
Ceci dit, le dernier Houellebecq....
Disons tout de suite que le roman est très différent des précédents.
Son personnage principal n'est plus ce technocrate de niveau moyen, désespéré par la découverte de l'inutilité de sa vie et de son métier, sans désir, "mourant littéralement de chagrin"...
Il n'est plus non plus cet intellectuel mou, désabusé, un peu cynique, un brin lucide, assez orienté sur le sexe, entrainé par paresse, par faiblesse et par facilité vers une soumission dégradante.
Disons aussi que l'auteur d' anéantir n'est plus tout à fait le même que celui de Soumission et de Sérotonine. Finies ou presque, les remarques acides, frappées aux quatre coins du bon sens, de l'humour et de la précision sur les modes, les moeurs du temps et ceux qui les font. Finie aussi la construction en entonnoir vers une lamentable fin de l'homme ou de la société.
De ce court inventaire des principales différences, n'allez pas conclure que l'anéantir de Houellebecq est un roman gai ou même seulement optimiste. Pour ne pas vous gâcher sinon la surprise, du moins la lecture, je ne vous en dirai pas beaucoup plus sur l'intrigue ; c'est le rôle de Télérama que de paraphraser.
Sachez seulement que le personnage central est un haut fonctionnaire et que, s'il a quelques problèmes personnels — qui n'en a pas ? —, il n'est pas du tout désespéré ; il croit à l'utilité de son métier et la plupart de ceux qui l'entourent, son patron, son père, son ex-femme, sa soeur, son beau-frère, une jeune infirmière, un médecin sont des personnages attachants, positifs, et mêmes, pour certains, admirables.
Sachez aussi qu'au fur et à mesure que le roman avance sur fond de crise terroriste mondiale, on sent que les choses vont en d'améliorant et que tout pourrait même s'achever fort bien pour les protagonistes. On aura même droit à une émouvante description d'un retour amoureux fondé, bien sûr, sur le sexe mais aussi et surtout sur la tendresse.
Mais sachez enfin que vous êtes chez Houellebecq, et qu'avec ses dernières pages absolument pathétiques, anéantir ne vous décevra pas sur ce point.
Vous n'êtes probablement pas haut fonctionnaire, vous n'avez peut-être pas d'ex-femme à reconquérir, mais vous réaliserez pourtant que ce personnage, c'est vous et que c'est en cela que ce roman est à la fois universel, passionnant et terrifiant.
Donc, anéantir est très différent des deux Houellebecq précédents.
Si vous ne les avez pas aimés, vous aimerez anéantir.
Et si vous les avez aimés, pareil !

Lien : https://www.leblogdescouthei..
Commenter  J’apprécie          110
Un Houellebecq apaisé, presque serein dans la tristesse mais qui, avec une certaine légèreté, slalome entre les étapes des vies des proches de son héros : incapacité, handicap, déchéance physique et cérébrale, mort subie ou volontaire , jusqu'à la déliquescence venimeuse de son propre couple semblent ne pas, ou bien peu, l'atteindre dans une "bulle d'absence", spectateur dans une loge de sa propre vie. Même très proche du pouvoir , il se trouve lui même désarmé lorsque le cancer lui déclare la guerre.
Houellebecq dépeint avec un réalisme pudique le lent cheminement de cet homme, ses victoires et ses défaites, ses peurs et ses refus devant l'inéluctable. La résurrection de l'amour dans son couple et du devenir partagé lui permettront de franchir le seuil la tête haute.
Un roman puissant servi par une langue toujours aussi belle sous son apparente simplicité , une réflexion sans mélo sur la mort, un grand livre, intime et universel.
Commenter  J’apprécie          110
Il s'agit certainement du livre le plus accessible et le plus positif de Michel Houellebecq, contrairement à ce que présage le titre. Avec ses 720 pages, c'est aussi le plus long.
Bien qu'anticipatif, c'est un livre bien ancré dans son époque, comme toujours avec MH, mais cette fois, il part moins dans des sujets niches, comme il a pu le faire avec l'univers des sectes, le tourisme sexuel, recherche scientifique etc . Ce faisant, l'auteur nous propose un roman très homogène, moins anxiogène, moins baigné dans la désillusion. C'est presque une oeuvre à caractère familial, de l'anti-Houellebecq, quasiment ...
Le monde des EHPAD, la maladie, la vieillesse, tout cela est traité avec une virevoltante verve imprégnée de cynisme via des tournures de phrase propres à l'auteur. Les fins de chapitre sont à chaque fois des couperets, des formules coups de poing.
Paul Raison, haut fonctionnaire au Trésor et proche de Bruno Juge, candidat à la Présidentielle 2027, promène son ennui tout en restant profondément humain… le candidat semble bien placé pour succéder au Président sortant non éligible après ses deux mandats.
Son couple bat de l'aile, son père, victime d'un AVC finit en EHPAD, ses frères et soeurs ne sont pas mieux lotis et la fin proche du père exacerbe les convoitises…
Pendant ce temps, une organisation inconnue frappe le monde au moyen d'attentats numériques spectaculaires, mais sans revendication spécifique. La DGSI, ancien employeur du père Raison, est sur le coup.
Le style reste toujours très chirurgical avec de temps à autres, de petites envolées cyniques qui peuvent surgir à n'importe quelle page.
Paul Raison est d'ailleurs, à mon sens, le personnage principal le plus humain de tous dans l'oeuvre de Houellebecq… Dans les derniers chapitres, Paul Raison est confronté à la maladie incurable, sujet que l'on peut imaginer casse gueule dans le cas de Houellebecq, mais qu'en réalité, il traite avec brio et humanité, sans commisération toutefois. Ces quelques pages sont selon moi les plus belles de l'oeuvre de MH. Qualifier des pages sorties de la plume de Houllebecq de belles peut paraître nouveau et incongru mais c'est une réalité. J'ai été le premier surpris à avoir ressenti ceci avec l'auteur.
Le tableau de la famille Raison est très réussi et représente pour moi les pages les plus jubilatoires. Chaque membre a droit à sa description à la fois juste, humaine et cynique. Indy, la belle soeur, joue le rôle de paratonnerre, de personnage Tête-de-Turc, car elle revêt quasi à elle seule tout ce qu'un personnage de livre de l'auteur peut contenir de négatif, sous les traits de la mégère vénale et manipulatrice. Les rares passages mettant en scène, Godefroy, le fils de celle-ci, sont les plus provocateurs et ravageurs. Houellebecq y règle ses comptes avec notre société bien pensante coincée et moralisatrice.
Houellebecq brasse ce joli bordel avec délectation. Cela peut paraître hétérogène, voire indigeste, mais cela ne l'est pas du tout. Ces situations partant tous azimuts forment bel et bien le terreau idéal pour un Michel Houellebecq en grande forme, pour son roman le plus abouti, tout en étant le moins Houellebecquien de tous… (mais tout est relatif hin).
Ses admirateurs habituels se réjouiront, ses détracteurs… ne le liront probablement pas et je les encourage d'ailleurs à ne pas le faire. Houellebecq s'adoucit dans ce livre, mais rien dans son style et sa façon d'aborder notre société n'a changé.
Commenter  J’apprécie          110
Si la littérature se vendait au kilo, anéantir aurait sans doute quelque chance de faire le poids. Ou alors l'auteur mû par une jouissance perverse a voulu voir jusqu'où il pouvait pousser l'abscons sans que ne soit dénoncée la mystification. Ni roman d'espionnage, ni? ni quoi au fait? Pour qu'il y ait un "ni" il faudrait qu'il y ait un contenu qui définisse son contraire. Mais peut-être Houellebecq a-t-il voulu écrire le roman d'un non-roman? Quoiqu'il en soit, l'ennui est souverain. Pas un hasard qu'il n'ait pas osé écrire Anéantir mais juste anéantir!
Commenter  J’apprécie          111
Anéantir, la définition du Larousse :
Réduire quelque chose à rien, le détruire entièrement, le détruire à néant.
Ce dernier opus de Michel Houellebecq est une ode au pessimisme, oeuvre alarmiste sur notre condition humaine. Même une lueur, une étincelle d'Amour s'éteignent pour ne laisser que le néant, la mort.
La mort, sujet déjà abordé dans sérotonine et ici sans détour, sans provocation et avec parfois une touche de spiritualité.
Sans doute le meilleur roman de Michel Houellebecq. Un grand talent. Un des écrivains de ce siècle.
Commenter  J’apprécie          110
Le plus long roman de Michel Houellebecq raconte les derniers mois de la vie de Paul, un haut fonctionnaire, qui fréquente un ministre compétent et intègre, voit sa vie de couple s'améliorer, (jusqu'ici on est dans la Science Fiction), son frère se suicider et son père faire un AVC (accident vasculaire cérébral).
En background: des attentats mystérieux qui restent sur le bord de la route quand le roman avance et se centre sur Paul.
Inconditionnel de Houellebecq, je n'ai pas aimé ce roman, long, dispersé, presque lourd.
D'habitude, Michel Houellebecq est pessimiste avec plus d'entrain et a le désespoir plus gai.
Commenter  J’apprécie          111
J'ai adoré Michel Houellebecq dans les années 90 (Particules élémentaires et Extension du domaine de la lutte), puis mon intérêt pour lui a décru avec chaque nouvelle sortie d'un roman., et peut être ma propre évolution.. J'ai pourtant persisté à le lire, sans doute par fidélité?

Invariablement, je me disais que MH ressassait sans cesse la même descente aux enfers des hommes d'âge moyen encroûtés dans leur médiocrité et leur vie sexuelle inexistante. (je sais... c'est un raccourci rapide!)

Avec Anéantir, j'ai été agréablement surpris car MH semble avoir écrit sous anti-dépresseurs et voit un peu de rose dans la vie. Cela ne dure jamais longtemps, mais il y a un effort. Il y a même de l'espoir dans ce livre qui porte mal son titre.

J'ai longtemps oscillé entre 3 et 4 étoiles pour la note. Au final, le plaisir de la lecture qui a été frénétique a validé la note de 4/5.

J'écris ces quelques lignes alors que je viens de terminer le roman de Mohammed Mbougar Sarr (et ma critique Babelio dans la foulée). Voilà 2 romans francophones sortis à 6 mois d'intervalle, accompagnés d'un battage médiatique impressionnant et diamétralement opposés. Tellement opposés qu'il ne sert à rien de les opposer... mais que l'écriture de MH m'a paru insipide face à celle de Sarr!
Commenter  J’apprécie          110
J'ai lu la plupart des romans de Houellebecq, et constaté que les thèmes récurrents qu'il aborde sont traités avec une maîtrise croissante, et des approches diverses.
On retrouve dans anéantir une synthèse de Houellebecq, dans une société occidentale en déclin, les humains désespèrent d'accéder au bonheur, et se rabattent sur des joies fugaces, arrachées à leur triste existence.
Pourtant, le titre du roman ainsi que son début marqué par des menaces terroristes font croire au lecteur que Houellebecq va pimenter ses pages d'action, d'intrigue. D'autant plus que le 'anti-héros' (dans toute sa dimension Houellbecqienne', est un proche du pouvoir.
Malheureusement, le lecteur que je suis attend, au fil des pages, qu'il se passe réellement quelque chose, à la hauteur de ce contexte électoral et menaçant. Que nenni...L'auteur peint le tableau d'une famille bourgeoise somme toute assez banale, qui évolue tristement jusqu'à la fin du roman.
Quelques personnages hauts en couleur agrémentent le roman en piment, humanité....
Mais à la fin, on reste sur sa faim...
J'ai un très grand respect pour Houellebecq, sa culture et son regard cynique mais non dénué d'objectivité sur la société, ses travers, sont incontestables. Pourtant, si ce roman reprend les thèmes abordés précédemment, rien de nouveau ne s'en émane, et les promesses attendues ne sont pas tenues...
Commenter  J’apprécie          110
Il est vrai, il est très vrai, que certaines scènes nous dérangent.
L'enlèvement d'un vieillard en EHPAD, par exemple ... Cet épisode rocambolesque était-il vraiment nécessaire?
Mais qu'importe: ne regardons pas le doigt, mais bel et bien ce que nous désigne le doigt. A savoir: sauf exception d'un chef de service très dévoué, les mauvaises conditions de vie en EHPAD, dans la France du XXI ème siècle, et le regard consterné que porte une jeune infirmière d'origine africaine sur le traitement que les pays prétendument riches réservent à leur quatrième âge...
Ou bien encore cette autre scène avec la jeune escort girl... Elle relève d'une coïncidence que l'on pourra trouver passablement extraordinaire, et pour tout dire assez peu vraisemblable. Bien sûr. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle est là, avant tout, pour désigner la réalité envahissante de la prostitution étudiante, que notre auteur constate sans pour autant porter de jugement moral.

Au final, faut-il le préciser, un livre sombre, morbide. Sinistrose à tous les étages, puisque: délitement des couples, marasme économique, neurasthénie, AVC, suicide, cancer... A peu près rien ne nous sera épargné.
Il est pourtant très clair que , dans ce couloir de la mort (personnel, générationnel et civilisationnel) la vacillante petite lumière de la tendresse, de l'amour ( familial, conjugual...) constitue une fragile dernière planche de salut.
Et puis de jolis, et même très beaux personnages féminins. ...
Comme quoi Houellebecq ne serait peut-être pas l'abominable misogyne qu'on a dit?...

Au demeurant, et quoi qu'aient pu en dire les critiques, le récit est ponctué de ces remarques platement décalées qui caractérisent l'humour façon Houellebecq. Et puis, que d'aperçus mordants, tranchants, et qui donnent à penser sur l'époque qui est la nôtre ! A la façon de l'un de ses personnages, particulièrement dépressif mais avant tout passionné par l'art de la tapisserie médiévale, Houellebecq brasse les thèmes, entremêle les fils, tricote les perspectives.
Pour ma part, j'ai trouvé ce roman captivant, et ne me suis pas ennuyée une seconde.


Commenter  J’apprécie          110
« anéantir » et non « Anéantir ».
Je lis cette minuscule comme l'histoire de gens de « presque » tous les jours où l'anéantissement de leurs vies se raconte sans sinuosités.
Un fil qui se déroule à l'horizontal, un fil plat comme l'écriture proposée.

Des émotions qui touchent plus la raison que les sens.
La raison qui se heurte à ces moments de misogynie, de jugements de classes sociales…

Une espèce de thriller politico-sataniste et autre (la soeur catholique dans un extrême irritant…) qui ne crée aucune palpitation et n'aboutit pas.
Les rêves racontés alourdissent le récit à moins de s'amuser à une analyse freudienne ou lacanienne.
Toutes les évocations (terrorisme-attentats-recherches…) s'arrêtent et se perdent dans l'oubli lorsqu'arrive à la dernière partie du livre.

La vieillesse, la maladie, la mort qui déroulent leurs tentacules sauvées par l'amour perdu puis retrouvé sont les personnages centraux de cette histoire documentée (il suffit de lire les remerciements de l'auteur en fin de livre).

Des réflexions sur la société, la vie.
Certaines sont lucides, d'autres malmènent et se discutent.
Nous sommes voyeurs derrière un mur difficile à franchir et nous contemplons le débat des uns et des autres sans émotion réelle, suivons la vue sociétale à la Houellebecq mais nous ne retrouvons pas ce qui vibrait dans les livres précédents.




Commenter  J’apprécie          111




Lecteurs (2907) Voir plus



Quiz Voir plus

Anéantir, la nostalgie Houellebecq

La femme du héros Paul Raison, se prénomme Prudence parce que ses parents étaient fans des ...?...

Beatles
Rolling Stones

10 questions
52 lecteurs ont répondu
Thème : Anéantir de Michel HouellebecqCréer un quiz sur ce livre

{* *}