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3,67

sur 1472 notes
Anéantir est un roman sur une génération désenchantée. Un roman sur une société désincarnée, déshumanisée où les repères traditionnels ont volé en éclats.

Houellebecq n'est pas du genre à écrire des romans pour la série Harlequin. Il n'y a pas de Prince charmant, il n'y a pas de Belle au bois dormant. C'est plutôt cynique, glauque, pathétique. Il est difficile de s'attacher aux personnages. En fait, on n'en a pas du tout envie. Ils traînent tous leur problèmes, les casseroles sont nombreuses.

Néanmoins, Houellebecq a du flair : il sait saisir les fluctuations et les petites variations de notre société. Il est lucide, ce qui explique son côté cynique. En fait, il nous dit qu'on va droit dans le mur. D'ailleurs il n'est pas le seul à nous prévenir. Que ce soit sur le plan économique, social, politique, écologique, notre société occidentale, mais probablement la planète toute entière, va droit dans le mur.
L'anéantissement nous guette !

Ce roman débute fin 2026. Paul est un haut fonctionnaire de l'administration et travaille au service de Bruno, le ministre de l'économie. Dans quelques mois, ce sera l'échéance électorale. le président sortant va laisser sa place, il a fait deux quinquennats et ne peut en briguer un troisième de suite.

Dans ce roman, il va donc être question de politique. Les hommes politiques et leurs communicants : comment gommer les aspérités afin de plaire au plus grand nombre ? le contenu passe désormais au second plan. Ce qui compte, c'est l'apparence : vous pouvez dire les pires imbécilités, si vous les dîtes avec conviction, charme et sourire, c'est gagné !

Dans ce roman, il va également être question de la cybercriminalité. le Net et les réseaux sociaux sont incontournables. On y diffuse toutes sortes de fake news dans lesquelles se dissimulent de vrais attentats. La DGSI a du pain sur la planche, il faut démêler le vrai du faux !

Le couple et la famille vont également se tailler la part belle dans ce roman. Enfin, « belle » est une vue de l'esprit car ça sent pas mal la décomposition, la déstructuration. A noter néanmoins que le tableau n'est pas si sombre que cela, Houellebecq y apporte quelques lueurs d'espoir. Ouf !

La maladie et la fin de vie vont également être évoquées. AVC, milieux hospitaliers, EPHAD, infirmiers, médecins, suicide, cancer… quand je vous disais qu'on n'est pas dans la collection Harlequin !! On comprend mieux le titre du roman.

Les sujets abordés sont très bien documentés. On n'écrit pas un tel roman en trois coups de cuiller à pot ! Je vous ai peut-être sapé le moral en écrivant cette chronique. Pourtant je vous en recommande la lecture pour son écriture, son style, sa construction et, bien sûr, son contenu.


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La dernière livraison de notre Michel national est une longue tentative assez ennuyeuse de dépeindre la société française, au travers de personnages assez peu romancés qui répètent avec une certaine intelligence, les obsessions de leur créateur. L'impression est curieuse de lire un long monologue pour plusieurs voix qui dialoguent en canons afin de maintenir tout du long du livre ce petit rythme de moteur diesel qui marque ici l'écriture en charentaises plutôt confortables de l'auteur.
Si n'étaient les saillies humoristiques et la capacité de Michel à accélérer bougon dans quelques passages, et sa faculté de créer une sorte d'hypnose dont il est pourtant capable de sortir, on s'ennuierait ferme au sein des infinies discussion désabusées de personnages portant des prénoms ridicules : Indy, Bruno, Paul, Brian, Prudence, Cécile et Maryse. Spécialistes en conversations salons et en repas de table maniant l'à-propos et le sens des banalités avec une persévérance documentaire qui se confond souvent avec une maniaquerie dans le plaisir de la description.
Non, Michel ne s'intéresse pas à rien puisqu'il note et dépeint l'ordinaire avec un sens du détail qui rappelle les grandes heures de wikipédia, si l'encyclopédie était un roman.
Je ne sais à quel point l'autofiction irrigue ce texte, et si l'entre-soi houellebecquien ressemble à ses personnages, toujours est-il que notre auteur semble se complaire à traîner son spleen en leur compagnie, et qu'il a définitivement quitté les Felix Pottin et Shoppi qui ont fait sa gloire pour consommer des produits de bouche en grands nombres, entourés d'individus charmants ayant des problèmes aussi graves que de reconnaître leur finalité mortelle, leur échec de divorcés précaires et leur sort condamné à l'impuissance fondamentale de la condition humaine en ces temps de déclin de la civilisation.
D'où la légère sensation d'empâtement à la lecture de ce long fleuve tranquille poétique qu'est malgré tout, Anéantir. Où heureusement surnage un certain talent de styliste, quelques notes d'humours bienvenus qui réveillent ce texte assez endormi qui a des airs d'interminable repas de famille.
Bonne chance à ceux qui termineront les 734 pages, cela tient du marathon ou du concours de marche sportive. C'est un genre nouveau que le page-turner au ralentis. J'imagine qu'il faut presque de la foi pour terminer un aussi long surplace où rarement la vie de bureau et ses aléas auront été aussi finement auscultés par un écrivain pour qui, elle ne représente pourtant rien d'important ni de révélateur.
Et c'est là, l'enjeu majeur et la limite du roman que de s'intéresser à quelque chose qui ne l'intéresse pas tel un greffier de mauvaise humeur sur le trottoir roulant de son one - man show. Mais deci delà, quelques phrases claires démontrent une certaine oreille littéraire, un sens de la période courte et de la rythmique française avec sa géométrie faites de consonnes. La langue se meut enfin, elle se pimente et s'active, elle se fait douce également, ce qui est nouveau chez Michel et le texte atteint à une forme de classicisme.
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Il m' a fallu laisser se décanter ce gros roman au titre peu engageant pour pouvoir ordonner mes idées et livrer ici mes impressions de lectrice.
Je tiens Houellebecq pour un auteur à la plume talentueuse, qui sait attraper l'air du temps et aime se vautrer dans le continent noir des sentiments à peine avouables. Et je n'ai pas toujours envie d'aller dans la direction qu'il propose.
Alors, ce qui m'a frappé dans ce livre, c'est l'humanité et la fragilité ainsi que le regard souvent bienveillant que le personnage central ( Paul Raison) porte sur son entourage.
Roman hybride qui passe d'une sorte de chronique sociale et politique à quelque chose de beaucoup plus intimiste.
Roman des retrouvailles : Paul retrouve sa flamme pour sa femme, il se rapproche de sa famille : de son père, ancien serviteur de l'état dans les haute sphères du renseignement, victime d'un AVC ce qui le prive de toute communication « conventionnelle » , de sa soeur, catholique pratiquante dont il envie l'épanouissement généreux, de son petit frère jusque là ignoré et bien mal marié.
La noirceur est dans les drames ordinaires ( vieillesse et maladie) mais pas dans les sentiments ( sauf avec Indy, la belle- soeur) ce qui surprend agréablement.
L'intrique politique en parallèle donne un peu de légèreté avec un côté polar contemporain et sa panoplie de personnages typés, coach en communication et fou d'informatique.
L'auteur ne nous épargne pas la crudité de certaines situations ( le sexe toujours et ici le détail de la dégradation suite à la maladie) il faut bien qu'il honore sa réputation.
J'avais peur du volume ( 700 pages tout de même !) mais finalement je n'ai pas lâché ce livre qui ne m'a lassée à aucun moment. J'étais triste de quitter Paul , bien mal en point, mais dans une sorte de paix avec lui-même.
je recommande!

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Michel Houellebecq fidèle à lui-même ... Une plume sublime : sincère, brute, dépressive (voire nihiliste), écorchée vive, cynique ... Moi je le trouve très talentueux ! il ne met pas de gants et trouve toujours les mots justes, les mots vrais ! Tant pis si ça choque ... j'admire vraiment ^^ Dans ce roman d'anticipation (puisqu'on est en 2027), il nous décrit la vie de Paul, dépressif, son mariage, sa famille, le placement de son père en EHPAD, ses opinions politiques, ses opinions religieuses, etc ... c'est le 4ème livre de cet auteur que je lis et vraiment je suis à chaque fois impressionnée, fascinée par tant de réalisme ! un très très grand auteur contemporain !
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MH signe ici son livre le plus humain, comme le démontre l'absence de code-barre sur sa quatrième de couverture. Certes, il reste toujours focussé sur les hypocrisies et la bêtise (qui consiste selon le Professeur Rolland à prendre des décisions contraires à son propre intérêt) de ses contemporains. Nous, donc ! Pourtant, il semble plus sensible à l'individu en témoignant une tendresse et une bienveillance dont je n'avais pas de souvenir dans ses précédents livres.

Un livre partagé en plusieurs parties qui suivent le parcours de Paul évoluant dans les hautes sphères politiques à l'heure des présidentielles de 2027 (un nombre premier). Une famille disloquée, des attentats (qui mènent où ?), un couple en difficulté, un père relié au monde par un clignement d'yeux et finalement, la maladie.

Un livre avec beaucoup de pistes inabouties, comme un auteur face à sa finitude
Lien : https://www.noid.ch/aneantir/
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Vous avez mal aux dents,? Consultez un dentiste
sans attendre qu'il ne soit trop tard.
Voilà la grande leçon
que je tirerai de cette dernière lecture.
Plus sérieusement, notre scandaleux
s'étiole quelque peu, perd de son punch.
Le sexe n'est pas évoqué... dans les 450 premières pages,
si ce n'est, par son absence.
Il scrute toujours, tel un entomologiste, notre société
il guette le quotidien,les us, les glissements de terrains .
Il excelle vraiment en la matière.

Le personnage coinçallou de Paul Raison
est très attachant.
Sa vie onirique, par contre
m'a ininteressée.
Sa famille est haute en extravagances,
son histoire de couple attendrissante.

Les recherches sur le satanisme
supposé des attentats sont interminables
Ce livre est trop long, il perd de son suc
dans certaines extrapolations politico -scientifiques .
C'est dommage.

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Connaissez vous Élémir Bourges (1) ? … moi non.
Connaissez vous Hugues Rebell (2) ? … moi non.
Connaissez vous Maximiani Portas (3) ? … moi non.
Connaissez vous Theodore Kaczynski (4) ? … moi non.
Pour finir, avez vous eu l'occasion de croiser un adepte de la Wicca (5) ? … moi non.
Nous sommes dans un roman de Houellebecq avec forcément il y aura des passages fumeux, des allusions à des personnages ou à des théories qui nous sont inconnus … mais qu'importe !
J'avoue aussi ne pas avoir compris ni les rêves, ni les cauchemars qui peuplent les nuits de certains personnages, ni ce qu'ils apportaient à l'histoire. (Leurs suppressions auraient apporté un amincissement non ridicule au présent récit) … mais qu'importe !
Nous ne saurons pas qui sont ces terroristes qui coulent les navires ni qui sont ces « fachos » qui secourent les vieillards emprisonnés dans les maisons de retraite … mais qu'importe !
L'auteur nous invite à une belle réflexion sur notre condition humaine, sur la vie, la famille, la maladie, la religion, la mort, le sexe et bien sûr l'amour … le grand amour et là, on suit avec beaucoup de plaisir les aventures familiales qui sont le fil conducteur du récit.
Les clins d'oeil à la situation politique de notre pays sont drôles et nous invite aussi à réfléchir à notre attitude vis à vis des différents intervenants et sur ce qu'ils représentent et ce qu'ils disent de nous !
Pas très réjouissant tout ça mais n'oublions pas que Sherlock Holmes peut être un bon dérivatif pour faire passer la pilule !

(1)
Élémir Bourges est un écrivain francais (1852-1925).
En 1884, il publie « le crépuscule des dieux », roman wagnérien, décrivant l'exil et la décadence d'une famille princière.

(2)
Georges Grassal de Choffat, dit Hugues Rebell, est un écrivain français (1867-1905) méconnu, souvent considéré rapidement comme un auteur érotique, voire pornographique, dont on ne retient généralement qu'un seul titre, « Les nuits chaudes du Cap Français ».

(3)
Savitri Devi, née Maximiani Portas aussi orthographié Maximine Portaz (1905-1982), est une française d'origine grecque convertie au paganisme aryen dans les années 1920, partisane de l'indépendance de l'Inde, puis finalement propagandiste après-guerre d'un néonazisme mêlé d'hindouisme. Elle est également l'une des pionnières de l'écologie profonde, notamment avec son livre Impeachment of Man.

(4)
Theodore (dit Ted) Kaczynski, surnommé « Unabomber », né en 1942 aux états-unies , est un terroriste américain, mathématicien de formation, activiste anarcho-écologiste et néo-luddiste.
Il a fait l'objet de la chasse à l'homme la plus coûteuse de l'histoire du FBI, ayant aspiré, deux décennies durant, à devenir le « parfait tueur anonyme ». Il est en même temps l'auteur de plusieurs textes et ouvrages.
Il s'est battu, selon lui, contre les dangers inhérents à la direction prise par le progrès dans une société industrielle et une civilisation technologique, une société qui s'éloignerait de l'humanité et de la liberté humaine pour la majorité sinon pour la totalité de la population. Après des études et une courte carrière de professeur de mathématiques, il décide de se retirer dans la nature, et convainc son frère de prendre la même direction. À la suite de la disparition d'un lieu naturel où il se rendait régulièrement, il s'engage dans une campagne d'envoi de colis piégés de manière artisanale à diverses personnes au prétexte qu'elles construisent ou défendent la société technologique. Cette campagne d'attentats dure dix-huit ans, faisant trois morts et 23 blessés avec 16 bombes envoyées. Il est finalement repéré et arrêté le 3 avril 1996, avant d'être condamné à la prison à perpétuité.

(5)
La Wicca, ou le wiccanisme, est un mouvement religieux fondé sur l'« ancienne religion païenne » et redéfinie par Gérard Gardner. La Wicca comprend des éléments de croyances telles que le chamanisme, le druidisme et les mythologies gréco-romaine, slave, celtique et nordique. Ses adeptes, les wiccans / wiccanes, prônent un culte envers la nature et s'adonnent pour une grande partie à la magie. La Wicca est un culte à mystères.
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Difficilement classable et terriblement humain. On se croit dans un roman d'intrigue politique vaguement policier et on glisse sans s'en rendre compte dans une histoire de sentiments familiaux et d'introspection. J'ai aimé les personnages, j'ai aimé me faire promener par l'auteur dans ce roman. M.Hcq décrit comme personne sa version du monde, de notre monde.
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J'ai lu tous les livres de Houellebecq, c'est un maître pour moi. Je suis un ingrat tellement il a été un de seuls auteurs que j'avais envie de lire pendant des années. Cette fois-ci, je suis déçu. Une déception toute relative, j'ai fini ce pavé en quelques jours.

Je trouve que ce qui faisait sa force n'est plus aussi présent ou bien moins.

- Je n'ai pas ri, rarement souri. J'adore quand il réveille le lecteur par une vanne qu'il nous envoie pourtant au visage.

- le style m'a paru paresseux, sans la poésie et les registres de langage différents. Quelques pages ou passages m'ont impressionné mais le reste, non.

- L'histoire m'a semblé embrasser trop de thèmes, trop de personnages pour finalement par grand-chose.

- Les rêves, je n'ai pas su les comprendre.

Pour conclure, j'ai eu l'impression qu'il a voulu écrire un livre pour le grand public, mais qu'il peut perdre ses grands admirateurs comme moi. Je suis content de ne pas avoir acheté ce livre et qu'un voisin me l'ait prêté.

En revanche, un Houellebecq moyen vaut mieux que 10 livres mièvres des fan-clubs "J'ai adoré et lis-le à tout-prix". Vivement le prochain.
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D'habitube cet auteur me fait bien marrer avec ces personnages dépressifs, ces scènes de sexe improbables, ces descriptions du quotidien réalistes et sa vision pessimiste de la nature humaine, mais je me suis bien ennuyé avec ce dernier bouquin, je ne vois pas où il veut nous emmener, avec la vie de ce Bruno et les dernières pages oncologiques ne me feront pas voter Micron c'est certain.
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