Anéantir... Moi, j'ai trouvé que, contrairement à ses livres précédents,
anéantir était plutôt lourd, et j'ai trouvé aussi qu'il n'était pas facile à lire. La preuve, il m'est tombé des mains plusieurs fois. Par ailleurs, il comporte au moins deux défauts, et enfin, il confirme s'il en était encore besoin que
Houellebecq et moi avons un sérieux point de désaccord.
En effet, le dernier
Houellebecq est lourd : 850 grammes.
Il n'est pas facile à lire parce qu'on ne peut pas le tenir d'une main, tant il est pesant et anguleux avec son papier épais et sa couverture rigide et pointue. Cela fait que, quand il vous échappe, il vaut mieux qu'il ne vous tombe pas sur le pied.
De plus, le dernier
Houellebecq comporte au moins deux défauts :
1) la page 407 est partiellement déchirée et repliée vers l'intérieur du livre.
2) page 553, une tache de colle obscurcit légèrement l'article du placé en fin de sixième ligne entre les mots heures et matin.
Enfin, le point de désaccord entre Michel et moi : un certain usage, ou plutôt un certain non-usage de la ponctuation.
Ceci dit, le dernier
Houellebecq....
Disons tout de suite que le roman est très différent des précédents.
Son personnage principal n'est plus ce technocrate de niveau moyen, désespéré par la découverte de l'inutilité de sa vie et de son métier, sans désir, "mourant littéralement de chagrin"...
Il n'est plus non plus cet intellectuel mou, désabusé, un peu cynique, un brin lucide, assez orienté sur le sexe, entrainé par paresse, par faiblesse et par facilité vers une
soumission dégradante.
Disons aussi que l'auteur d'
anéantir n'est plus tout à fait le même que celui de
Soumission et de
Sérotonine. Finies ou presque, les remarques acides, frappées aux quatre coins du bon sens, de l'humour et de la précision sur les modes, les moeurs du temps et ceux qui les font. Finie aussi la construction en entonnoir vers une lamentable fin de l'homme ou de la société.
De ce court inventaire des principales différences, n'allez pas conclure que l'
anéantir de
Houellebecq est un roman gai ou même seulement optimiste. Pour ne pas vous gâcher sinon la surprise, du moins la lecture, je ne vous en dirai pas beaucoup plus sur l'intrigue ; c'est le rôle de Télérama que de paraphraser.
Sachez seulement que le personnage central est un haut fonctionnaire et que, s'il a quelques problèmes personnels — qui n'en a pas ? —, il n'est pas du tout désespéré ; il croit à l'utilité de son métier et la plupart de ceux qui l'entourent, son patron, son père, son ex-femme, sa soeur, son beau-frère, une jeune infirmière, un médecin sont des personnages attachants, positifs, et mêmes, pour certains, admirables.
Sachez aussi qu'au fur et à mesure que le roman avance sur fond de crise terroriste mondiale, on sent que les choses vont en d'améliorant et que tout pourrait même s'achever fort bien pour les protagonistes. On aura même droit à une émouvante description d'un retour amoureux fondé, bien sûr, sur le sexe mais aussi et surtout sur la tendresse.
Mais sachez enfin que vous êtes chez
Houellebecq, et qu'avec ses dernières pages absolument pathétiques,
anéantir ne vous décevra pas sur ce point.
Vous n'êtes probablement pas haut fonctionnaire, vous n'avez peut-être pas d'ex-femme à reconquérir, mais vous réaliserez pourtant que ce personnage, c'est vous et que c'est en cela que ce roman est à la fois universel, passionnant et terrifiant.
Donc,
anéantir est très différent des deux
Houellebecq précédents.
Si vous ne les avez pas aimés, vous aimerez
anéantir.
Et si vous les avez aimés, pareil !
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