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sur 3906 notes
J'avais commencé l'été avec son Goncourt, et bien que pas vraiment convaincu je me suis laissé tenter par les particules élémentaires en cette fin de saison estivale.
J'ai pas de chance avec Houellebecq, après m'avoir bassiné avec ses références artistiques dans la carte et le territoire, univers où je ne connais pas grand chose, les particules élémentaires est un récit parsemé de pensées sur la physique, de grande théorie sur les molécules et compagnie, autre univers auquel je comprends rien et pire encore qui ne m'intéresse pas du tout. J'ai jamais aimé les cours de physique chimie !
Ainsi tous les passages sur la vie et l'oeuvre de Niels Bohr, fondateur de la mécanique quantique ou les rêves de Michel, chercheur talentueux m'ont profondément ennuyé et surtout rendu la lecture ultra compliquée. D'ailleurs j'ai mis assez longtemps à finir ce livre, plusieurs fois il m'est arrivé de l'abandonner 2-3 jours de suite, chose très rare quand je commence une lecture.
Passé ces références physiques, le coeur du livre reste les réflexions de Houellebecq sur notre société. J'ai envie de dire qu'il y a à boire et à manger, certaines sont pertinentes, d'autres me semblent fausses mais au moins le lecteur reste concentré sur sa lecture. Allons y :
- " prise dans son ensemble la nature sauvage n'est rien d'autre qu'une répugnante saloperie". Excellent à l'heure des discours stéréotypés hymne à la nature et en plus je suis d'accord avec lui : en fin de compte il a raison si on laisse la nature seule sans intervention humaine alors le règne du chaos à gagné. La nature est dominée par la loi du plus fort, chaque espèce vivante cherche à tuer le plus faible pour assurer sa survie, les forets seraient une sacrée jungle sans l'intervention de l'homme pour réguler tout ca. L'homme est nécessaire pour préserver une nature agréable, paisible, protégé contrairement à la doctrine qui voudrait nous faire gober qu'il faut la laisser tranquille.

- "l'univers des cadres moyens et des employés était plus tolérant, plus accueillant et plus ouvert que l'univers des jeunes marginaux". Là encore l'auteur sort des sentiers battus et il a pas tord. Certes l'entreprise est un univers hypocrite mais il permet de maintenir une certaine cohésion sociale, une certaine chaleur humaine, et il est vrai que des marginaux finissent par entrer dans une forme de sectarisme, ils finissent par refuser toute aide venant de l'extérieur et étrangement préfèrent rester dans leur inconfort.

- " la libération sexuelle est un nouveau palier dans la montée historique de l'individualisme". Entièrement véridique, nos sociétés occidentales ont même fait entrer le sexe dans l'univers de la compétition ! le sexe est finalement devenu extrêmement codifié vu qu'il est omniprésent. Bientôt le sexe fera son entré dans les compétitions olympiques vous verrez !

" une chose est certaine : plus personne ne savait comment vivre." En effet nous sentons bien que notre manière de vivre au XXI siècle n'est pas la meilleure pour atteindre une forme de bonheur individuel et collectif mais le problème est que nous ne voyons pas vraiment d'alternative crédible d'où une déprime générale, une tristesse que l'on trouve à tous les coins de rues, une société anxiogène.

- " la mort est le grand égalisateur". Je ne suis pas d'accord avec cette phrase, même face à la mort les inégalités persistent ! Certes on sera tous mort mais la manière dont on y arrive n'est pas la même : certains ont la chance d'y accéder tranquillement sans souffrances tandis que d'autres doivent subir de longs moments l'irrémédiable attente.

- " les hommes ne servaient visiblement à un peu près à rien". Phrase assez facile, un brin démagogique. Ce n'est pas parce qu'on sert à rien aujourd'hui que ce doit être le cas demain ! Mais forcement en restant dans son pieu à déprimer toute une journée comme Houellebecq c'est sur ca sert à pas grand chose et on va pas faire avancer la marche du monde ! Après tout c'est un discours de facilité, de défaite de considérer qu'on ne sert à rien, un discours stérile.

- " en réalité jamais les hommes ne sont pas intéressés à leurs enfants, n'ont éprouvés d'amour pour eux". Là encore grande phrase générale facile qui n'apporte pas grand chose au débat.

Pour finir , un livre sulfureux qui mérite sa réputation contrairement à d'autres, certains passages sont vraiment affreux comme la secte satanique, les humiliations de Bruno à l'internat et l'emploi à tout bout de champs des mots crus pour parler de sexualité devient pesant.
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Je ne pensais pas relire du Michel Houellebecq, non que je le déteste, j'avais bien aimé La carte et le territoire, mais disons qu'il m'exaspère un peu et surtout qu'au final il m'intéresse peu. Mais le challenge Solidaire est passé par là, d'où cette deuxième lecture.
Ce roman raconte la vie de deux demi-frères : l'un est plongé dans notre société individualiste, consumériste et surtout hédoniste, il ne pense qu'au sexe ; l'autre est un austère scientifique, détaché du matérialisme et du consumérisme ambiant, il réfléchit à créer un homme nouveau remplaçant l'humanité actuelle. Leurs vies sont pathétiques, peu intéressantes, entre les expériences sexuelles de l'un et les fades intérêt de l'autre (le catalogue alimentaire de Monoprix) quand il ne réfléchit pas sur la génétique.
Les deux ont une vie sentimentale lamentable et sont peu attachants. Question récurrente de Houellebecq : comment aimer et être aimé dans une société ultralibérale et nombriliste ? Réponse : l'éternelle quête du bonheur individuel ne peut que mal finir, sauf si la science crée l'être parfait, cloné un nombre premier de fois. L'auteur est réaliste dans ses constats, mais aussi pessimiste et sans pitié, d'un cynisme féroce. C'est souvent triste, parfois drôle, parfois émouvant, mais parfois aussi détestable, voire méprisable, toujours frustrant et déprimant.
Son style est agréable dans l'ensemble, il sait se faire fluide sauf quand il se lance dans des pages dignes de Wikipedia ou dans des propos scientifico-philosophiques incompréhensibles pour le lecteur moyen, dont moi-même. Et il le sait bien et en joue. le personnage de Houellebecq est imbuvable, insupportable, mais impossible aussi de ne pas apprécier qu'il pointe avec acuité de vrais problèmes de société et les met en lumière sous un angle différent, inhabituel, ce qui est toujours intéressant.
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Je persiste : la seule manière de détester Houellebecq est de ne jamais l'avoir lu (ou pire, de l'avoir mal lu). Il est l'un des meilleurs auteurs français des trente dernières années. Ses textes sont incroyablement riches : des romans-essais qui mêlent réalisme, science-fiction, philosophie, sociologie et économie.

J'ai relu avec grand plaisir « Les particules élémentaires », son deuxième roman. Il retrace le parcours désespéré de deux demi-frères : l'un est noyé dans la société individualiste et consumériste et s'adonne au plaisir hédoniste sous ses multiples formes ; l'autre est un scientifique austère, détaché du matérialisme ambiant, qui réfléchit à inventer l'homme nouveau remplaçant l'humanité actuelle.

C'est un grand livre qui modélise un regard (critique) total sur la société post-68, qui voit le triomphe de l'individu, du libéralisme économique et la destruction de toutes les structures sociales et collectives. C'est un livre difficile, ambigu et très complexe sur de nombreux thèmes (le racisme, le féminisme, les valeurs, la religion, …), mais d'un style extrêmement efficace et talentueux.

Ce qui est surtout passionnant est de voir à quel point, en 20 ans, notre société a évolué ou non. Certains passages sont des anticipations, parfois cruelles. de nombreux passages seraient clairement impubliables aujourd'hui.

Il constitue un vrai livre d'émotions, aucun passage ne laisse indifférent : il est triste, émouvant, extrêmement drôle, frustrant, déprimant, contrariant, détestable, intéressant et méprisable. C'est aussi pour ça qu'on aime la littérature.
Lien : http://evanhirtum.wordpress...
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Si Houellebecq fait frémir tant de tendres petits coeurs, c'est parce qu'il leur fait entrevoir le moment où le temps les aura réduits en compote. On peut rire toute sa vie mais vient un jour où l'envie passe, et c'est ce que décrit parfaitement Houellebecq. La renaissance ne sera permise que dans le cadre d'une société androgyne et mécanisée. On perdra deux-trois trucs sympas au nombre desquels, les émotions, mais on y gagnera la sérénité. A vous de voir.
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Une particule élémentaire est une particule dont on ne connait pas la composition. Elle est l'alpha de la matière. On est dans l'infinitésimal de la nature. Est-ce la particule qui renferme la destinée d'un individu ?
Michel et Bruno sont demi frères. le premier est un brillant chercheur, quasiment autiste, insensible à l'amour et au monde qui l'entoure alors que le second est un masturbateur compulsif, toujours à la recherche des plaisirs charnels que peut lui offrir la gente féminine.
Michel Houellebecq raconte leur histoire, cette éternelle quête du bonheur qui finit inexorablement mal, sauf si la science crée l'être parfait, cloné un nombre premier de fois, constituant la société onaniste de demain. On n'est jamais si bien servi que par soi-même.
Comme souvent, Houellebecq est capable du meilleur : « Un monde composé de femmes serait à tout point de vue infiniment supérieur ; il évoluerait plus lentement, mais avec régularité, sans retour en arrière et sans remises en cause néfastes, vers un état de bonheur commun. »
Comme du meilleur : « Je sais bien que l'islam – de loin la plus bête, la plus fausse et la plus obscurantiste de toute les religions – semble actuellement gagner du terrain ; mais ce n'est qu'un phénomène superficiel et transitoire : à long terme l'islam est condamné, encore plus sûrement que le christianisme. »
Il y a certaines similitudes entre ce roman et « Plateforme » qu'il écrira trois ans plus tard.
On accuse l'auteur d'être sexiste, homophobe, machiste, islamophobe etc… C'est bien évidemment faux ! Il ne fait que raconter la société telle qu'elle est. Mais la vérité n'est souvent pas bonne à reconnaître. Et si les ouvrages de Houellebecq blessent quelques-uns, ils peuvent se rabattre sur « Martine à la ferme » ou « le club des cinq ».
Tout n'est pas forcément compréhensible dans les propos de Houellebecq ni dans son roman, mais il est indéniable qu'une fois de plus on passe un très agréable moment de lecture, partagé entre les idées intéressantes de l'auteur, ses situations loufoques et sa grande liberté de plume.
Editions J'ai Lu, 317 pages.
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Il me sera plutôt difficile de parler avec détachement de ce roman, qui par le plus grand des hasards évoque des réalités, des personnes et des faits que j'ai bien connus. La plume du romancier réaliste agit ici comme un scalpel qui dépouille les souvenirs d'enfance du lecteur de leur prestige ou de leur charge de terreur, et je conseille à toute personne qui a été enfant dans les années qui ont suivi 1968, et bien sûr dans les milieux qui en ont été affectés, de lire ce roman à titre curatif, voire vengeur. C'est ici que l'on verra combien les bons romans sont des romans qui désenchantent le réel, et libèrent l'esprit par l'ironie. Désenchanter est bien la mission essentielle du roman occidental, ce qui place Houellebecq à contre-courant de toute cette littérature de propagande, de grandes causes ou de "feel-good" qui caresse le lecteur-consommateur dans le sens du poil.
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J'ai d'abord été attiré par son côté sulfureux, le roman interdit à lire et dont tout le monde parle, mais j'ai été ensuite surpris par sa profondeur et sa faculté de réflexion. Certes, le frère du personnage principal est peu recommandable et il peut rebuter mais j'ai été très impressionné, moi qui ait plutôt pensé avec des littéraires, de voir le résultat que peut donner la pensée d'un mathématicien sur la littérature et l'écriture en particulier.
Houellebecq commence ici une réflexion sur le monde qu'il poursuivra avec d'autres romans, un monde fini, un monde en désuetude, qui doit disparaître d'une manière ou d'une autre. Cet écrivain est un visionnaire, il imagine dans ses romans l'avenir qui ne nous arrivera pas. C'est original, un peu absurde et terriblement exictant.
C'est aussi bien écrit, on s'embarque dans la pensée d'un homme qui se cherche et veut autre chose pour lui comme pour les autres. Malgré toutes les critiques, moi, j'aime bien.
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Acrostiche

Houellebecq s'est invité, un jour de fin du monde,
Ou de l'humanité, quand cette rumeur gronde.
Une démonstration, dans un style clinique
Et sec: que de frustrations à cause du sexe.
Le mode de reproduction sexuée sera annexe.
La mort, la vieillesse aussi. Oeuvre prophétique,
Et philosophique, pour un monde meilleur,
Beaucoup de peines décrites et de douleurs,
Entre quelques scènes d'amour et d'horreur.
Ce roman métaphysique à ambiance délétère,
Que seul Houellebecq pouvait faire,

M'a plu.

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Si tout est question de particules, pourquoi l'effervescence de certaines et l'inactivité d'autres. Nous, particules, que faisons nous de cette liberté individuelle ? En fil rouge, notre auteur fait un parallèle entre, d'un côté, les découvertes bouillonnantes de la science, de la médecine et j'en passe durant les décennies passées, et de l'autre, nos activités d'humains ; nous, ces particules qui ont peur du temps et de l'espace. C'est de la science fiction, l'histoire de deux demi-frères : l'un est chercheur et ne voit que la fin de l'humain et son remplacement par un être parfait ; l'autre est obsédé par le sexe, preuve de la vie. Tout serait-il identiquement particule chez les gros, les maigres, les beaux, les laids, les hommes, les femmes ? Nos héros servent-ils de laboratoire d'observation ? Ils ont des vies amoureuses bien différentes, par exemple, encore que, la solitude en bout de course. Au passage, plein de sujets qui en prennent pour leur grade, des phrases provocantes. C'est jouissif. du pur Houellebecq, détricotant notre société, nos habitudes, la bien-pensance évidemment, notre vacuité aussi. Ça se lit, et se relit pour bien comprendre, par e que c'est pas toujours facile. C'est toute sa richesse et ce qui fait aussi qu'il fait grincer des dents : il ne voit pas le monde comme nous, ou peut-être ne le voit-il que trop bien, sans filtre ?! C'est l'avantage de n'avoir pas de chaînes, tout est possible dans la créativité littéraire : le cru côtoie la poésie.
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Un choc. Malgré mes préjugés très négatifs à propos de cet auteur surmarketé, je dois dire que j'ai été complètement bluffé. Ce livre est extrêmement original et tout à fait passionnant. Il est aussi, il faut le dire, très déprimant. Mais il y a incontestablement une acuité d'analyse tout à fait remarquable – même si parfois il en fait beaucoup trop sur l'étalage de connaissances scientifiques du reste impossibles à vérifier pour le commun des mortels, et sans doute utilisées de façon risible aux yeux des spécialistes –, une habileté de construction du récit, une série de contradictions plus ou moins nettes qui donne à penser, un ton, le plus souvent dû à des coq-à-l'âne incroyables, tout à fait nouveau, un humour très corrosif. Je comprends fort bien tout ce qui peut déplaire et même exaspérer chez cet auteur, aussi bien dans ce livre, que dans ses poses et son utilisation des média (c'est pour cette dernière raison que j'ai si longtemps refusé de le lire, à tort ! ). J'ai été paradoxalement un peu rassuré par la lecture d'éléments biographiques concernant l'auteur, et le constat qu'il existe de nombreuses références autobiographiques dans ce roman ; je comprends mieux d'où lui vient son regard si noir, et je me dis que s'il voit le monde ainsi, c'est parce qu'il a eu cette vie-là, et donc – d'où mon soulagement relatif – que le monde n'est pas vraiment ainsi !
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