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3,6

sur 3901 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Les Particules Élémentaires" de Michel Houellebecq est avant tout une lecture curiosité du à la notoriété de l'auteur.
Malgré la teneur du livre, c'est avant tout et en majorité des amies femmes qui m'ont donné leurs avis sur ce livre. Et elles avaient plus où moins toutes appréciées ce livre.

Dans ce récit, nous suivons Michel et Bruno. Deux demi-frères que l'on suit depuis leur adolescence jusqu'à leur réussite à l'âge adulte.
N'ayant pas grand chose de diamétralement différents dans leurs cursus, il en est néamoins que ces deux demi-frères, dans leur place dans cette société sur qui voit l'humain sur le déclin à travers la vie de ces deux protagonistes suivis depuis l'enfance, on peut y voir voir l'affaissement et la chute de la gente masculine au travers de Michel et Bruno dans les relations humaines.
Une sorte de dépression littéraire par ce portrait bien fade au goût et surtout pessimiste dans le reflet que donnent Michel et Bruno sur leurs conditions en tant qu'individus. L'un étant brillant mais peu enclin aux rapports humains, ce qui lui donne un air de personne un peu aliéné et l'autre qui est une machine sexuelle plus masturbatoire qu'autre chose qui fait pâle figure et en devient une caricature pathétique.

J'ai mis du temps à lire ce Houellebecq entrecoupé par plusieurs jours et plusieurs semaines entre chaque session de lecture.
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Un livre choc ! de ceux qui vous donnent un direct sans retour dans l'estomac et qui vous coupent le souffle pour un bon moment.
Roman d'anticipation, lu il y a plus de 20 ans dont je me souviens encore comme si c'était hier, enfin presque.
C'est l'histoire de deux frères dont l'un est un scientifique reconnue et l'autre directeur de supermarché, la réussite professionnelle est au rendez-vous mais loin de les combler de bonheur. Ils sont à la quête d'autre chose, vraisemblablement de Sens ou du Sens qu'ils veulent ou peuvent donner à leur vie qui n'en a plus.
A travers les actions de ces deux frères qui communiquent peu, L'auteur dépeint les travers de la société de l'époque et donne sa vision des changements à venir, on est à la toute fin des années 90.
C'est à coup sûr des prédictions et un roman très noir qui dépeint la décadence de la société occidentale.
Tout ou presque passe au crible de l'esprit critique de l'auteur.
Les relations familiales distendues, les liens sociaux inexistants, le manque d'Amour et de sens que l'on peut donner aux choses que l'on fait, l'ennui dans la vie personnelle et un travail qui perd de son sens, le désenchantement et la désillusion, la misère sexuelle dépeinte à travers des scènes d'orgie et des relations sexuelles déviantes, (Le Cap D'Agde prend des allures de Sodome et Gomorrhe dans le roman), peu enthousiasmantes et qui sonnent le glas de l'amour et du désir épanouis, les religions monothéistes sont comparées et mises à mal notamment l'Islam, ce n'est pas nouveau et ça continue, d'un point de vue culturel, selon l'auteur, la littérature disparaitrait, seul l'Art et la Science survivraient. Pour Hugo un siècle plus tôt c'était la littérature qui devait tuer l'architecture, à chaque époque, un élément de la culture ou de l'Art est annoncé comme un objet en voie de disparition, l'un se substituant à l'autre au gré des changements des comportements sociaux .
Au moment où le roman est publié, du point de vue littéraire, c'est essentiellement la mise en cause du roman moderne qui est en jeu ; le présent livre s'attache à en défaire les éléments traditionnels, l'auteur introduit l'anti-héros, le personnage très réaliste, banal, en échec, désabusé et auquel peu de lecteurs ont envie de s'identifier qui fera bien des émules après ce roman parfois de manière agaçante, mais il faut bien vivre de son art, c'est une déconstruction des personnages et même du récit on a l'impression à certains endroits du roman de lire un documentaire sociologique très réaliste voire journalistique, je vais me répéter mais c'est un peu comme Zola sur ce point.
Une histoire angoissante et déprimante pour les personnes sensibles, l'auteur sait parfaitement jouer de cet élément comme Flaubert.
A coup sûr Houellebecq va à l'encontre du roman traditionnel et du roman d'agrément comme Flaubert, pour ne citer que lui, bien sûr, l'avait fait à son époque, d'ailleurs Houellebecq a été comparé à cet auteur dans sa manière de renouveler le roman de son époque.
Un livre qui ne laisse pas indifférent, c'est un point de vue personnel qui y est exprimé bien sûr, mais certains éléments sont bien vus et pour revenir à Flaubert, d'un point de vue littéraire, la démarche me paraît assez similaire avec la critique sociale un peu moins évidente chez ce dernier.
Du coup à travers la vision du déclin du roman et de la littérature, Houellebecq fait sonner le glas et pointe le déclin social, individuel et humain comme un Zola, un Flaubert.
Finalement Houellebecq est-il si inventif en matière littéraire ?
Un livre qui en tout cas a le mérite de poser de nombreuses questions sur la société de l'époque, la société actuelle et le devenir de l'humanité, de nous bousculer.
La science ne domine-t-elle pas ? Et les machines dites intelligences artificielles vont-elles prendre la pas si on laisse faire? Et la littérature ? Où en est-on ? Qu'advient-il de la solidarité et de la cohésion sociale ? Et le reste ?
Les questions restent toutefois en suspens, gardons nos espérances et nos rêves, "voltairisons", révoltons le monde qu'on nous prépare, cultivons notre jardin, ne nous contentons pas de balayer devant notre porte puis de regarder la télévision ou Internet vautrés sur nos canapés, mettons nous à l'action et à l'oeuvre afin de ne pas donner entièrement raison à cette dystopie sur laquelle l'auteur revient d'ailleurs avec son autre livre -La possibilité d'une île-.
Des remords, des regrets ?





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Une petite bouffée d'optimisme version Houellebecq pour commencer ?
"Dans les cimetières du monde entier, les humains récemment décédés continuèrent à pourrir dans leurs tombes, à se transformer peu à peu en squelette." Page 244 édition Folio.
Le ton est donné. Bonne lecture à vous.

Mais, hauts les coeurs, il faut rebondir comme on dit de nos jours. Regonfler les troupes et tenter avec notre sémillant auteur frigorifié d'identifier quels remèdes peuvent être prescrits contre l'angoisse de la mort. Puisqu'il s'agit encore et toujours de cela. On n'en connaissait traditionnellement que deux : la religion et la philosophie. Michel Houellebecq nous en fera-t-il découvrir d'autres ?

La première a prévu tous les scénarios pour expliquer à la créature intelligente d'où elle vient et où elle va. Lui garantissant en prime l'éternité. le problème c'est que sa version de l'éternité passe par le trépas. Mais son service communication est très efficace. La conviction c'est son rayon, la félicité est à la clé. Malgré cela on imagine bien qu'il puisse subsister quelques sceptiques. Les indécrottables athées et autres agnostiques pour qui la religion n'est d'aucun secours puisque force est de constater que les preuves font défaut. Même s'ils reconnaissent avec Houellebecq que le monde ne saurait être sans religion. Il n'en reste pas moins qu'il y a de la concurrence sur le créneau et qu'en pareille circonstance la démarche commerciale pour appâter le chaland aura pu se faire à grands coups de bûcher, lapidation et autre autodafé. Celles qui prônent l'amour de son prochain, les trois grandes monothéistes se revendiquant du Livre, ont des pratiques concurrentielles agressives et ne sont en effet pas tendres avec les brebis égarées. En observateur éclairé, Michel Houellebecq serait plus porté vers une ferveur alternative réputée plus douce : le bouddhisme. Elle est peut être de nature à apaiser le pénitent mais à toutefois des chances de rebuter le jouisseur des temps modernes pour qui le bol de riz gluant est un tantinet frugal.

La philosophie, dont Montaigne nous ressasse qu'elle est recette pour apprendre à mourir, serait donc aussi un remède, non contre la mort, mais contre l'angoisse qui va avec. Là aussi, depuis que l'écriture a laissé des traces de leurs travaux, on constate que les précepteurs en la matière sont légion. Mais force est de convenir que les chemins de l'apprentissage sont obscurs et tortueux et on va bien l'avouer peu accessibles à la multitude ignorante. Toutes les théories en "isme" cheminant parfois aux confins du mystique, en se gardant bien de franchir la ligne, concoctées et relayées par ce qu'il convient bien d'appeler des penseurs à nous convaincre de l'absurdité de la vie, condescendent fort peu à la vulgarisation et ont de fortes chances de laisser sur le bord du chemin beaucoup d'âmes en peine avec leur lot d'angoisse sur les bras.

Quelle échappatoire alors à ces remèdes qui ont, il faut en convenir un fort taux d'échecs ? Houellebecq nous en propose deux autres : le sexe et la science.
Sexothérapie donc pour le premier. Discipline qui pour le coup ne traiterait pas des maladies sexuelles, mais soulagerait de l'angoisse de la mort par le sexe. Cette thérapie présente toutefois l'inconvénient de nécessiter d'une part l'intervention d'un ou plusieurs partenaires consentants de préférence, identiquement angoissés ou non. Sauf à tomber dans le satanisme pervers dont Houellebecq nous offre de bonnes tranches dans son ouvrage. Thérapie qui a en sa défaveur le grand inconvénient de perdre en efficacité au moment où on en a le plus besoin puisque les capacités à se distraire de la mort par le sexe s'amenuisent au fur et à mesure qu'on s'en approche (de la mort, pas du sexe). C'est une hantise chez notre auteur à la prose sans allégorie. le grand travers de cette pratique étant que les praticiens les plus efficaces, les corps jeunes, se désintéressent des patients les plus à la demande, les corps sur le déclin. Au final, ça tourne à l'obsession chez ces derniers et a de grande chance de les conduire vers des établissements spécialisés pour calmer les fiévreux. C'est ce qui arrive à Bruno, l'un des deux protagonistes des Particules élémentaires. Il faut dire qu'il avait des circonstances atténuantes, à rechercher comme souvent dans une enfance quelque peu violentée.

Reste la science. Elle nous a jusqu'alors pas habitués à être le remède ultime. Mais avec un soupçon d'anticipation, nous arrivons en des temps où l'espoir pointe à l'horizon. Michel, le frère de Bruno, fonde beaucoup d'espoir dans cette voie. En particulier dans ce qu'elle serait à même d'identifier les causes du vieillissement et d'en venir à bout. Philosophie, religion, sexe, tout cela le laisse de marbre. A force de mettre les spirales d'ADN en algorithmes, il s'est auto auréolé du nimbe de clarté qui témoigne de la jonction des deux infinis. Il en arrive à imaginer une forme d'idéal dans lequel la sexualité serait déconnectée de la procréation. Pas de risque d'encombrement par une progéniture rebelle ou par trop dissipée. Et cerise sur le gâteau, excusez du peu, l'être nouveau serait doté de cellules de Krauze, - dont on nous dit qu'elles sont les récepteurs sensibles des organes sexuels tant masculins que féminins - sur l'ensemble de la surface de la peau. Autrement dit notre corps ne serait plus qu'orgasme au moindre effleurement, de la moindre poignée de main du matin par exemple. Elle ne serait pas belle la vie ?

Science sans jouissance n'est que ruine de l'homme. A moins que l'homme ait une âme, ce qui reste à prouver, et une relation avec le monde ce qui semble séparer Houellebecq de Pantagruel.
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J'ai d'abord été attiré par son côté sulfureux, le roman interdit à lire et dont tout le monde parle, mais j'ai été ensuite surpris par sa profondeur et sa faculté de réflexion. Certes, le frère du personnage principal est peu recommandable et il peut rebuter mais j'ai été très impressionné, moi qui ait plutôt pensé avec des littéraires, de voir le résultat que peut donner la pensée d'un mathématicien sur la littérature et l'écriture en particulier.
Houellebecq commence ici une réflexion sur le monde qu'il poursuivra avec d'autres romans, un monde fini, un monde en désuetude, qui doit disparaître d'une manière ou d'une autre. Cet écrivain est un visionnaire, il imagine dans ses romans l'avenir qui ne nous arrivera pas. C'est original, un peu absurde et terriblement exictant.
C'est aussi bien écrit, on s'embarque dans la pensée d'un homme qui se cherche et veut autre chose pour lui comme pour les autres. Malgré toutes les critiques, moi, j'aime bien.
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Acrostiche

Houellebecq s'est invité, un jour de fin du monde,
Ou de l'humanité, quand cette rumeur gronde.
Une démonstration, dans un style clinique
Et sec: que de frustrations à cause du sexe.
Le mode de reproduction sexuée sera annexe.
La mort, la vieillesse aussi. Oeuvre prophétique,
Et philosophique, pour un monde meilleur,
Beaucoup de peines décrites et de douleurs,
Entre quelques scènes d'amour et d'horreur.
Ce roman métaphysique à ambiance délétère,
Que seul Houellebecq pouvait faire,

M'a plu.

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Après ma rencontre avec Houellebecq à travers La carte et le territoire, j'ai eu envie d'aller plus loin, d'apprendre à connaître cet auteur dont on parle tant et que, pourtant, je n'avais pas encore lu. Mais c'est face à un autre Houellebecq que je me suis retrouvée, celui de la fougue de la jeunesse, du cynisme qui fait sa renommée médiatique.

Les particules élémentaires sont une histoire à la fois loufoque et triste, celle de deux demi-frères, miroir de deux univers, liés par la force des choses – une mère fantasque – et pourtant opposés, contraires en tout. A part leur mère, une seule chose semble les réunir : le naufrage sentimental dans lequel leurs vies sont plongées. Bruno et Michel sont deux faces d'une même pièce, deux idéaux-types de l'homme occidental tentant de survivre dans un univers hostile. L'un, Bruno, cherche à tout prix à se sentir totalement, complètement, essentiellement vivant. Dans le langage de Houellebecq, cela s'exprime dans des scènes sexuellement trash ou fantasmée comme telles car se sentir vivant, pour Bruno, c'est baiser. Au sens le plus strict du terme. L'autre, Michel, se contente d'exister, dans une attitude froide et scientifique, qui permet à l'auteur, amateur de digressions, de mêler à son texte des dissertations physiques et biologiques.

Les péripéties rocambolesques s'enchaînent à un rythme fou, tranchant ainsi avec la gravité du ton général de l'ouvrage, où l'on retrouve la « patte » Houellebecq. Car finalement, cette histoire est celle d'une humanité occidentale à la dérive : les aventures ébouriffantes ne sont qu'un léger paravent qui cache une variation sur la vie et sur la mort, sur leur non-sens. Apparemment frivole, ce roman est construit autour de cette atmosphère de délitement, de déchéance, d'avancée inéluctable vers la mort et les moyens pathétiques que les hommes mettent en oeuvre pour tenter d'éviter l'inévitable. Une belle réflexion sur la vie.
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J'ai bien aimé ce livre qui me semble mériter le succès qu'il a eu à sa sortie, mais mérite surtout qu'on le lise au calme, en oubliant les interventions médiatiques de son auteur.
Formé (académiquement) dans les sciences du vivants, Houellebecq en a tiré une vision de la vie totalement déchristianisée, matérialiste, mais aussi (malheureusement?) très noire.
Je déconseille ce livre aux lecteurs à tendance dépressive.
Au delà de cette mise en garde, je n'ai jamais lu de livre équivalent, et posant autant de question sur la vie humaine au temps des manipulations génétiques.
Fort.
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J'aime bien aussi les Particules élémentaires, moins cependant qu'Extension du domaine de la lutte, plus ramassé, plus percutant, plus épuré ou que Rester vivant, petit chef d'oeuvre de recommandations poétiques désespérées mais paradoxalement stimulantes.
Les Particules sont un peu longues et explicatives ; leur tournure est sociologique.
On objecte ici et là que la sociologie n'explique pas tout le réel, seulement le collectif. C'est une discipline "à la louche" : on trouvera par exemple toujours au sein de la société de consommation des personnes ayant abandonné une carrière en plein ascension pour se consacrer à l'aide aux nécessiteux.
Mais justement, Michel Houellebecq conteste l'existence d'une individualité possible détachée des grands courants de masse. Rien ni personne ne pousse "hors-sol". La société est une machinerie puissante, bien rodée ; on ne tire pas son épingle du jeu et le renoncement s'interprète différemment selon le type de société dans laquelle il se manifeste. Sans vouloir sous-estimer bien sûr la révélation qui sous-tend ce choix.
Le point de vue de M. H est donc difficilement contestable mais la lecture de ce roman n'en nécessite pas moins une immersion dans le réel un peu étouffante qui me rappelle ce que j'avais ressenti en voyant le film Mon oncle d'Amérique.
A la différence pourtant de ce film, il se dégage des analyses sévères, pour ne pas dire tranchantes de l'auteur, une empathie consolante : formuler n'est pas juger, personne n'est en mesure de juger, nous sommes tous logés à la même enseigne. Une certaine douceur se dégage de l'acceptation, un peu désenchantée certes, mais acceptation tout de même, de l'humain.
Pas d'excommunication donc chez M. H.
Pour finir, je voudrais ici me faire l'écho de la réaction au vitriol d'un babelien à ma critique élogieuse d'Extension du domaine de la lutte. L'auteur et moi fûmes couverts de sarcasmes en peu de phrases bien senties. C'est la première fois qu'un pan de mon minuscule destin individuel est lié à celui d'un écrivain de renom et je prends ça pour une promotion. J'en suis restée scotchée : comment le simple fait de dire qu'on aime un livre peut-il susciter autant d'agressivité ? C'est un mystère et j'en déduis que Michel Houellebecq, sous ses airs modestes et réfléchis quand il passe à la télé, Michel Houellebecq, donc, sait frapper là où ça fait mal. C'est un sournois. Dont au moins on ne peut pas nier l'efficacité.
Je n'aurai qu'un mot : continuez comme ça, Monsieur Houellebecq, avec vos qualités ET vos défauts. Lorsque vous serez devenu ennuyeux, au moins, vous ne susciterez plus la haine.
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Michel est un scientifique entièrement dévoué à son travail et étranger aux mouvements du coeur et de l'existence. Bruno est un fonctionnaire obsédé par l'assouvissement de ses passions et déprimé par la fuite du temps. Ces demi-frères que tout oppose depuis l'enfance traversent différemment les années 70 à 2000, entre révolution sexuelle et explosion technologique. Mais cela n'est rien face à la troisième mutation métaphysique dont Michel est responsable et qui transforme à jamais le visage de l'humanité. « On est quand même surpris de voir avec quelle douceur, quelle résignation et peut-être quel secret soulagement les humains ont consenti à leur propre disparition. » (p. 298)

Quand j'ouvre un roman de Michel Houellebecq, je me doute que la lecture ne sera pas enjouée ni le sujet léger. Ici, la frustration et la misère sexuelle de l'homo erectus au 20e siècle sont dépeintes avec cynisme. La masturbation et les éjaculations hâtives sont moquées, ridiculisées. Désir, amour, plaisir, reproduction, tout cela semble dérisoire, inutile, et d'autant plus au regard de l'importance que cela revêt aux yeux des masses populaires. « Adolescent, Michel croyait que la souffrance donnait à l'homme une dignité supplémentaire. Il devait maintenant en convenir : il s'était trompé. Ce qui donnait à l'homme une dignité supplémentaire, c'était la télévision. » (p. 111) J'ai déjà lu La carte et le territoire et Soumission : dans ce roman qui est antérieur aux deux ci-dessus, Michel Houellebecq propose à nouveau une démonstration brillante, mais comme toujours parfaitement déprimante.
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Après des années de scepticisme lointain à l'égard de Michel Houellebecq au vu des critiques et du climat médiatique autour de lui, je suis restée dans l'ignorance complète de cet auteur jusqu'à vendredi dernier. J'ai commencé La carte et le territoire et enchainé dans la foulée Les particules élémentaires.

Eh bien je suis réellement attristée d'être restée dans la méconnaissance de cet auteur si longtemps ! Il alterne les passages d'une pesanteur et d'une sinistralité sans nom avec des moments d'une lucidité et d'une luminosité incroyable. Les personnages des particules élémentaires se révèlent des antipodes caricaturaux et improbables, mais chacun explorent des territoires de l'humanité de manière très profonde. Le suicide, la mort, la maladie, la dégénérescence du corps sont des thèmes centraux de ce roman, où l'amour apparait fugitivement, mais avec quelle intensité!

C'est écrit avec une réelle intelligence, bien que certains passages, très lourds, ont été pénibles, je reste sur une claque, et l'envie de continuer à lire cet auteur.
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