Rester vivant

Que c'est beau ! Noir, profond, sans tièderies et certaines phrases donnent le frisson, on les savoure, on les lit tout haut, on les roule en bouche.
Le texte sur « la fête » est très drôle.
Lecture qui m'a beaucoup impressionnée.

L'exposition de Michel Houellebecq, "Rester Vivant", se tient en ce moment au Palais de Tokyo à Paris et je n'ai pas manqué d'y aller et d'acheter le catalogue.
Ce n'est pas une exposition sur l'écrivain mais une exposition qu'il a réalisée et qui se veut structurée comme un roman. Ce serait plutôt une bande dessinée car le parti pris est très visuel et souvent coloré.
On y trouve surtout les photographies de Houellebecq mais aussi de petits films et installations sonores. Évidemment l'oeuvre littéraire est toujours sous-jacente et ses thèmes récurrents sont bien présents : la société déshumanisée, l'artificialité des lieux de loisirs, la solitude humaine...
Bon, j'ai trouvé qu'il insistait un peu avec son chien photographié dans tous les sens mais pour les inconditionnels de ce personnage hors du commun, on passe un bon moment.

En ces temps de pensée positive, psychologie de la bienveillance et autre communication non-violente prônées contre vents et marées (incendies , guerres et sécheresse devrais-je dire)
à mesure que le monde moderne s'enfonce inexorablement dans le plus épouvantable des cynismes, on continue de vouer aveuglement un culte au bien être et à l'épanouissement personnel.
Je crois qu'il est finalement très sain d'explorer d'autres modalités d'être.
En cela, Michel Houellebecq, ancien auteur ensencé, devenu heureusement politiquement abject, excelle dans la tonalité mineure du mal-être.
Alors plutôt que d'apprendre bêtement à bien respirer pour ouvrir vos chakras, allumez vous une clope et lisez "rester vivant" rien que pour vous autoriser à aller mal.
Avec Michel et sa "feel-bad" attitude, j'ai retrouvé le goût de la souffrance en toute inquiétude.
Perversité, masochisme ?
Peu importe, je souffre donc je suis (vivant).

Ce livre est une compilation de textes de l'auteur, les sujets sont intéressants et ne laissent pas indifférent, même si on a bien sûr aussi le droit de ne pas être d'accord avec les points de vue de son auteur…Les textes du chapitre « Rester vivant » sont dédiés à la création poétique, aux conditions et aux dispositions d'esprit nécessaires à son épanouissement, et même si cela s'avère ne pas être très réjouissant, quelques extraits peuvent cependant être aisément et utilement insérés dans un devoir de philosophie sur le thème du bonheur (ou de français sur le thème de la poésie), mais l'ensemble est plutôt pessimiste….la condition inévitable de la création poétique étant avant tout la souffrance (selon l'auteur) , - il y a pourtant eu des poètes heureux et qui ont eu beaucoup de succès….Mais on apprendra quelques pages plus en avant que Jacques Prévert est définitivement un con, alors…
Les pages dédiées aux « Approches du désarroi » sont pour moi les plus lumineuses de ce recueil : on y apprend le point de vue de l'auteur qui se pose en authentique essayiste sur l'architecture contemporaine, sur notre société de l'information et de la communication à outrance, sur la digitalisation/numérisation grandissante de notre monde et de notre quotidien, sur la place de l'art, et la résistance naturelle de la littérature aussi, un chapitre consacré à « la poésie du mouvement arrêté » est encore étrangement d'actualité avec la récente crise sanitaire et le confinement social qui l'a caractérisé, chacun pourra s'y retrouver. Les thèmes de la pauvreté, du sens de la fête, de la pornographie à outrance, de l'écologie sont aussi abordés (entre autres) dans de très courts chapitres mais la réflexion de l'auteur est bien souvent trop personnelle, trop crue aussi pour pouvoir obtenir l'assentiment complet et avoir valeur d'universalité, alors à chacun de se faire sa propre idée à la lecture de ces pages, toutes personnelles non dénuées d'humour (parfois grinçant), mais qui présentent toutes une hauteur de vue et un détachement qui empêche de toute façon tout jugement négatif à son encontre, l'auteur est là pour exposer son point de vue, à chacun de faire avancer sa propre réflexion sur le sujet à la lumière de ces quelques pages sur notre monde contemporain et sa société occidentale dite civilisée.

Petit essai de mon auteur (neurasthénique) préféré, Michel Houellebecq, qui permet de retrouver la souffrance originelle enfouie en chacun de nous.
Un regard toujours aussi noir et féroce sur notre société qui ne me laisse jamais indifférente. J'adore !

On ne présente plus Michel Houellebecq, grand dépressif autoproclamé, poète, provocateur et observateur implacable. Son humour dévastateur, son intelligence mordante.
On retrouvera ou découvrira ici son univers très noir au pessimisme hilarant, ses analyses profondes et sans pitié — qui font régulièrement polémique, encore tout récemment —, son désespoir guilleret d'où émanent plus de force et de tendresse, finalement, qu'on aurait pu le penser. Pour rester vivants, nous aussi.
Toutes les thématiques développées au fil de ses oeuvres sont déjà présentes. Accablant, désopilant, terrible. Nécessaire.
Lien : https://sharingteaching.blog..

RESTER VIVANT de MICHEL HOUELLEBECQ
Recueil de pensées, d'aphorismes, de réflexions sur la vie, son sens. On retrouve tous les thèmes qu'abordera Houellebecq dans ses livres plus tard, puisque ce livre est sorti au tout début des années 90. Il met le doigt là où ça fait mal, dans son langage cru et direct, pas question d'éluder les problèmes, c'est Houellebecq tel qu'on l'aime ou qu'on le déteste. Les premières pages sur le fait d'être poète et comment y survivre sont pour moi un monument. Drôle, caustique et plein de bon sens.

Des articles parus dans divers journaux et revues. le premier texte, qui donne son titre à ce recueil, parle de poésie, de la création, de la souffrance d'écrire, de la non reconnaissance. J'ai aimé le style, l'ironie.

J'ai survolé les autres textes que j'ai moins appréciés sauf peut-être « La fête » ou « Temps mort » pour le côté sociologique. C'était mon premier livre de cet auteur que je pensais ne jamais lire, mais Challenge Solidaire oblige.
En fait, ce n'était pas si terrible que ça mais je n'en lirai pas d'autres.

Quand on a du temps pour occuper un instant