AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,88

sur 396 notes
Une trop bruyante solitude

Un livre magnifique, un chef d'oeuvre, l'un des livres les plus importants de la littérature tchèque. Peut être le livre que j'emmènerais sur une île déserte.
Longtemps que je le lis et que je le relis. Longtemps qu'il continue de me toucher. Un langage simple utilisé par l'écorché vif qu'est cet écrivain tchèque, celui qui parle de petits rien pour les magnifier, qui décrit sa vie pour la fantasmer, qui combat par un phrasé grandiose.
L'émotion frappe, elle choque, elle nous tire de notre torpeur. Cet amour du livre et cette détestation de la bêtise humaine caractérisée par une soif de progrès au détriment de la tradition, ce combat contre l'inculture et le « tout-politique » de sombres époques nous fait réfléchir et nous bouleverse. Un style simple certes mais terriblement séduisant dans son articulation avec une ponctuation maîtrisée, ce qui est rare, une utilisation du point-virgule en l'occurrence qui est habituellement inappropriée et qui là ajoute une cadence et un rythme intéressants.

Bohumil Hrabal déclarait qu'il «a existé pour écrire une trop bruyante solitude».
Je suis content qu'il ait existé car il me semble être né pour lire ce livre. Je crois en fait que ce livre concerne tout lecteur, toute personne intéressée par l'éveil de la conscience, la curiosité et l'étonnement philosophique.

Un grand roman, écrit par un grand homme.

Longtemps j'ai aimé lire, grâce à ce livre la lecture est une passion. C'est ce genre d'écrivain pour qui j'ai de l'admiration, un écrivain qui m'impressionne par sa simplicité et son talent et qui arrive à me transformer alors que je connais son ouvrage par coeur.
Commenter  J’apprécie          203
Bohumil Hrabal auteur Tchèque comme Kundera était un nom inconnu avant qu'un libraire pose ce livre "Une trop bruyante solitude" devant mes yeux pour me dire vous aimerez !....Alors je me plonge dans le quatrième de couverture pour acheter ce livre et le dévorer avec justesse et surprise ...
Bohumil avec cette petite pépite nous livre un conte politique et philosophique sur la condition humaine .ce roman étrange fusionne l 'humour et le tragique .le dérisoire et le sublime le rêve embrasse cette réalité froide .......
Le narrateur Hanta ouvrier depuis 35 ans dans une usine qui broie des papiers (livres interdits .censurés....) ivrogne .crasseux solitaire instruits malgré lui survit de ces pépites glanés ...ces auteurs qui le hantent l 'emprisonnent dans leur monde pour le faire voyager au delà de sa vie d'esclave ...
Entre Jésus qui donne au Monde la violence "apporter la paix.mais le glaive ". suivre le principe de Lao Tseu "connaitre sa honte et soutenir sa gloire" Hrabal oeuvre ses idées...Il dénonce le totalitarisme avec force ....la surproduction avec puissance ...il se perd de cette vie ou tout comme les rats qui se battent dans les égouts dans une immuable guerre cycle que l 'homme poursuit -Les jeunes qui poussent la génération vers la mort dans ce progrès qui assèche les idées notre ouvrier plie pour finir sa vie dans sa presse qu'il l'a nourrit pendant 35 ans ....
Une fable sur les hommes de notre siècle ...éternel combat comme Camus.Sartre Kafka.....
Commenter  J’apprécie          190
Hanta travaille depuis 35 ans dans un sous-sol a compacter les vieux papiers et les livres proscrits par le régime politique. Sous sa presse hydraulique il écrase la culture. Hormis la compagnie de quelques souris, il est le plus souvent seul dans sa cave. Il maitrise l'art de la destruction et la joie de la dévastation mais il est devenu un broyeur raffiné et cultivé. Il sauve des textes de la mâchoire de la machine. Son petit appartement est rempli jusqu'aux combles de tonnes d'ouvrages qu'il a protégé de la réduction en pâte à papier, au point que les étagères qu'il a construites au-dessus de son lit risquent à tout moment de lâcher et de l'enterrer.

Le monde de Hantá est une Prague communiste en ruine. Hrabal combine des descriptions lyriques des plaisirs et de la nécessité de la lecture, avec des passages surréalistes dans lesquels Hantá interagit avec les personnages des livres.  C'est une oeuvre au style fou, à la syntaxe parfaite.
Hrabal transcende la simple mise en accusation d'un régime en puisant dans les joies universelles et transcendantes des livres et de l'art. Quand la lecture et l'engagement intellectuel ne sont plus valorisés, l'auteur pointe du doigt les dangers de déshumanisation.
Commenter  J’apprécie          160
Que dire, que dire… le quatrième de couverture vante le chef-d'oeuvre d'un des plus grands écrivains tchèques. Certes pas. Je me suis ennuyée à la répétition des noms de Hegel, Schiller et Nietzsche. Une oeuvre majeure de la littérature tchèque ? Peut-être. En fait, il faut dépasser les deux-tiers de ce court livre. La page sur la disparition de l'amie tsigane du narrateur et celle qui suit sur Hitler valent leur pesant de cacahuètes. La fin que l'on pressent depuis le début aussi. En fait, si je dois me résumer, le dernier tiers rachète le début. Mais un chef-d'oeuvre ? Certes pas.
Commenter  J’apprécie          150

Bohumil Hrabal n'est pas très connu en France à l'instar de Jaroslav Siefert et Karel Capek , ses compatriotes .

Très peu de temps après leur parution , ses deux premiers livres , victimes de la censure du PC tchécoslovaque sont passés au pilon .

Interdit de publication , ses écrits suivants sortirent sous le manteau ( en samizdat , qui à quelque chose près , signifie autoédition en russe ) et par mesure de prudence sa technique d'écriture se cantonna à une fiction irréelle . Parler au temps présent du réel sous le communisme étant plutôt périlleux et apte à vous envoyer au goulag .

Cosignataire , aux cotés de Vaclav Havel et de quelques autres intellectuels courageux , de la charte 77 , il entra en résistance contre le totalitarisme communiste .

Il nous livre ici , dans un style particulier , mêlant l'argot , la poésie et l'humour acide , comme un regard extérieur sur le pilonnage des livres interdits et manifeste son chagrin de voir disparaître des titres qu'il aurait voulut sauver

Décidément abonné aux foudres de la censure , il connut de nouveau l'interdiction de publier durant plus de dix ans jusqu'en 1985 . Sa mort " accidentelle " , qu'on nous a vendue comme une chute de la fenêtre d'un hôpital , reste , à ce jour , encore inexpliquée .

Commenter  J’apprécie          1510
Cela faisait plusieurs années que j'avais lu ce livre, que j'avais adoré.
Je viens de le relire pour la 3e fois, et il m'a encore davantage impressionné !

En 1968, les Soviétiques ayant envahi la Tchécoslovaquie, et interdit la publication de leurs ouvrages à de nombreux auteurs tchèques, Bohumil Hrabal, qui subissait lui aussi ces pressions du pouvoir idéologique, s'adonnera néanmoins à l'écriture de ses plus grands livres, parmi lesquels « Une trop bruyante solitude » (en 1976).

A savoir que les manuscrits circulaient en samizdats (écrits signés par l'auteur pour ne pas être considérés comme des publications clandestines par les autorités, mais comme simples manuscrits), et il a fallu attendre la fin des années 1980, (voire le début des années 1990) pour les voir édités à nouveau, légalement !

« Voilà trente-cinq ans que je travaille dans le vieux papier, et c'est toute ma love-story.
Voilà trente-cinq ans que je presse des livres et du vieux papier, trente-cinq ans que, lentement, je m'encrasse de lettres… ».
Ainsi commence ce livre, qui a fait connaître Bohumil Hrabal en France.

C'est un court roman, magistral, un « Majestueux cri de révolte lancé à l'assaut des sociétés totalitaires ».

B. Hrabal y déplore un monde perdu.
Il l'aborde à travers le parcours du antihéros de son roman, qu'est Hanta. Son travail consiste à pilonner toute la journée, des livres, des encyclopédies et autres imprimés, au fond de la cave glauque d'une vieille usine, où grouillent les rats !

Hanta est « submergé » au sens propre comme au sens figuré, - submergé par le nombre impressionnant de livres qu'il sauve de la destruction, et qu'il amasse chez lui (tant bien que mal),
et – submergé par la destruction de toute une culture à laquelle il reste très attaché.

« Comme on ne peut plus y ajouter un seul volume, j'ai fait faire dans ma chambre, …des étagères en forme de baldaquin, …et j'y ai empilé deux tonnes de livres trouvés pendant ces trente-cinq ans ; quand je m'endors, ces deux tonnes de bouquins pèsent sur mes songes comme un énorme cauchemar… »

Les ouvrages qu'il ressuscite du pilon, vont du Talmud à Schopenhauer en passant par Camus « parce qu'un livre renvoie toujours ailleurs hors de lui-même ».
Tout au long du récit, on voit Hanta se livrer à une étrange célébration de la destruction. C'est comme un grand rituel funéraire, mais il veut refonder la vie contre le désordre du système.

Hrabal avait fait beaucoup de petits boulots pour gagner sa vie, et lui-même avait été employé dans un dépôt de papier récupéré.
Hanta, cet antihéros, solitaire et marginal apparaît bien comme son alter ego. - Marginal, parce qu'il est fidèle aux valeurs d'un monde donné pour révolu, - marginal parce qu'il fait le métier de marginaux, en s'occupant de déchets, - ironiquement marginal, parce qu'il est chargé de détruire ce qui est infiniment précieux pour lui, mais dépourvu d'intérêt et de prix aux yeux de la société, alors que les oeuvres qu'il doit liquider sont bien celles de l'esprit humain !

Bohumil Hrabal fit le choix d'un ultime et radical plongeon. Sa vie s'est arrêtée entre le 5e étage et le RDC d'une clinique praguoise en 1997.
C'est aussi le sort qu'il attribua à son héros !

Et Bohumil Hrabal de confier : « Je ne suis venu au monde que pour écrire - Une trop bruyante solitude - »
On ne peut qu'acquiescer et reconnaître que ce roman court est un chef d'oeuvre de la littérature tchèque !

Je voulais ajouter aussi que le choix de l'oeuvre de Paul Klee en 1re de Couv., ce crieur double qui fait la grimace, me semble bien approprié pour représenter l'état mental dans lequel se trouve Hanta et la souffrance qu'il éprouve.
Commenter  J’apprécie          150
Hanta est cet individu qui émeut et fascine, qui fait rire et qui impressionne, que l'on imagine en face de sa presse et sous les piles de livres qui menacent de s'écrouler sur lui. Il est l'incarnation de la résistance, l'esthète un peu grossier de l'amour des livres, l'homme bourru qui ne ploie jamais face à l'écrasement, celui qui croit désespérément que les livres ne sont pas là par hasard, mais ont quelque chose à dire. Réduit à les détruire, il les sauve, au contraire ; il les amasse, comme une collection face à la barbarie de sa presse qu'il affectionne cependant. Il est pris entre le devoir et la liberté, et concilie les deux, jusqu'à découvrir une autre presse, géante, déshumanisée, débarrassée de tout soupçon d'humanité et de beauté. Alors, Hanta, celui qui lisait des livres et suçait leurs idées comme des bonbons qui imprégnaient ses pores, n'a plus d'autre choix que de prouver, encore, qu'il est là pour résister.
Comme une forme courte et rebelle de dissidence, "Une trop bruyante solitude" entre dans cette catégorie des petits écrits qui percutent le lecteur de métaphores politiques et philosophiques. Ces rats qui se battent dans les sous-sols, ces tsiganes qui fascinent, cet amour pour la littérature qui fait face au devoir de détruire, inlassablement, le papier... Tout ici crée ce sentiment d'étouffement et de libération par les livres. Hanta est à la fois écrasé et défait de ses chaînes grâce aux trésors qu'il conserve et sauve de sa presse. Une presse soviétique ? Dans la Tchécoslovaquie de l'époque, cette parabole paraît évidente, mais elle n'en perd pas moins sa force. Hanta, par la lecture, est un dissident. Bohumil Hrabal aussi. Liberté semble être sa devise.
Un ouvrage indispensable pour quiconque veut comment "résister" se traduit en tchèque.
Commenter  J’apprécie          140
Quand la poésie rencontre l'absurde quête d'un ouvrier chargé de la destruction de livres, quête visant à sauver des livres dignes d'intérêt, perdus parmi les immondices…

Auteur tchèque à découvrir, surtout si on aime le grand Franz.

Une très belle surprise que je vous conseille.
Commenter  J’apprécie          130
Hanta travaille depuis trente-cinq ans à écraser, détruire des livres dans sa presse mécanique. Après quelques regrets, il finit par y prendre goût et élever son travail au rang d'art tant il prend soins à tout compacter en petits paquets. Malgré cela, toutes ces victimes littéraires lui pèsent ; il en sauve quelques unes en les ramenant chez lui, et d'autres en s'imprégnant de leur contenu.

L'ambiance kafkaesque, et l'incertitude de ce qui est réel ou pas, laissent beaucoup de questions quant à la manière d'interpréter ce texte. L'opposition entre la presse artisanale de Hanta et la presse industrielle peut signifier que la conscience du travailleur se perd pour devenir le maillon d'une chaine, que la conscience artistique disparait, ou bien cela peut exprimer le simple sentiment d'être dépassé par ces temps qui changent. Après tout, les plongées dans les souvenirs pénibles de jeunesse, puis les retours au pénible présent, nous font ressentir cette vieillesse du personnage, éreinté par le poids des années passées à se dédier corps et âme à son travail, solitaire. Hanta, écrasé par l'Histoire, par ses échecs sentimentaux, et par son travail, finit écrasé au sens propre. La presse semble entre une allégorie de l'Histoire, et les souris les victimes habituelles, les gens qui ne demandent rien, qui veulent simplement vivre, comme la Tzigane que Hanta n'a jamais revu.
Commenter  J’apprécie          120
Depuis 35 ans, Hanta pilonne du papier et du carton. Livres, prospectus, affiches, emballages... s'accumulent dans la cave où il travaille. Il les enfourne dans sa presse, appuie sur un bouton, les écrase et en fait des ballots qui partiront vers les usines de recyclage.
Résumé ainsi, ce roman semble tourner autour de l'aliénation de l'ouvrier marié à sa machine et de l'abrutissement provoqué par une activité répétitive. Mais en avançant dans la lecture, Hanta se révèle être un exemple de l'adaptabilité des humains et de leur capacité à s'élever même dans le cadre le plus étroit et la routine la plus sinistre.
Dans la semi-obscurité de sa cave, au milieu des montagnes de papier qui y sont déversées, dans les odeurs de déjections de souris, d'humidité et de sang dégoulinant des emballages de boucherie, Hanta prend le temps de dénicher de vieux volumes, philosophie littérature, peinture... Il les sauve de la presse, les accumulent chez lui, mais surtout il les lit, les mémorise, les analyse, les utilise pour comprendre sa propre existence. Plus symbolique (ou artistique ou admirable ou désespéré ou inutile), il en choisit un pour chaque ballot de vieux papiers qu'il doit former ; il le place au milieu et compacte le tout avant d'envoyer à la destruction ces cubes de déchets porteurs d'un coeur de connaissance.
La plume de Bohumil Hrabal sert parfaitement ces idées et la peinture de cet univers routinier, solitaire, aliénant. Son style, descriptif, dépouillé se voit relevé de situations grotesques, de portraits picaresques et d'une touche de surréalisme hyperréaliste (si, si, ça existe) à la Boris Vian ou à la Jacques Tati (l'envie de rire en moins) et fait fleurir, de loin en loin, des réflexions aussi profondes que le quotidien de Hanta est plat.
Dans la Tchécoslovaquie communiste de la seconde moitié du 20e siècle où se situe ce roman, les détournements et le sauvetage de livres évoquent la lutte clandestine de la pensée contre l'obscurantisme politique.
Mais ce combat existe encore (et l'adjectif "politique" ci-dessus peut être remplacé par "religieux", "nationaliste", "antiscientifique", etc), de même que les symboles, le courage et les sacrifices qui lui sont liés : chaque lider maximo qui tombe sert de terreau à une flopée de dictateurs tout aussi carnassiers.
Moins dramatique, mais néanmoins consternant, est notre capacité à mettre au rebut l'héritage culturel et l'apprentissage des outils de réflexion, y compris dans les pays où la pensée est libre.
Ce court roman reste de ce fait un ouvrage nécessaire. À sortir de la cave avant que le pilon l'écrase.
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (1081) Voir plus



Quiz Voir plus

Prénoms de grands peintres : trouvez leurs noms ! (1)

Peintre à l'origine du mouvement impressionniste, mon prénom est Claude :

Renoir
Monet
Gauguin

10 questions
166 lecteurs ont répondu
Thèmes : cubisme , peintre , art , culture générale , Peinture française , impressionnisme , peinture italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}