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On pourrait égrener longtemps les références qu'on pourrait deviner à cet album : Downton Abbey, Oscar Wilde, Choderlos de Laclos… Nous avons ici un sujet déjà vu, celui de la perversion d'un aristocrate oisif qui, jouant de sa position supérieure, tente de faire tomber une jeune servante vertueuse mais douce. Vice contre vertu. Entre fascination et dégoût, le lecteur écoute la litanie des perversions auxquelles Monsieur s'adonne. Il s'ennuie le pauvre, alors il va toujours plus loin, cherchant à choquer et provoquer tout un chacun. Jusqu'à ce qu'une bonne nouvellement arrivée à son service le regarde sans le juger. Une étrange relation s'installe bientôt entre eux, que pourtant tout oppose.

Peu recommandable, monsieur Edward l'est indubitablement. Mais comme Lisbeth, le lecteur se prend à espérer plus sous cette carapace de dépravation. Une forme de tendresse semble poindre de leurs étranges échanges. Au point d'y perdre sa vertu ? Car étant femme et domestique, c'est elle qui a forcément tout à perdre. La peinture sociale de ce XIXe siècle britannique est magnifiquement rendue, avec toute la cruauté des relations entre des classes sociales différentes et des dialogues cyniques au possible. L'un a tout pour être heureux avec son appartenance à l'aristocratie, l'autre trime du matin au soir dans son rôle de domestique. L'un est un homme et a tout pouvoir, n'hésitant pas à en user d'ailleurs, l'autre est une femme et doit se protéger des ragots. Chacun a sa place. Tout en y restant, Lisbeth saura-t-elle sauver Edward ?
Le dessin de Virginie Augustin sert la crudité des propos sans voyeurisme, avec un petit côté rétro qui sied parfaitement, mais aussi un dynamisme qui surprend. Au fil de pages parfois sans paroles, il révèle la complexité plus grande de ce dandy que les mots seuls ne pourraient le laisser entendre. Et le visage soit disant ingrat donné à Lisbeth incite à se demander où se cache la vraie beauté.

L'album se termine par un cahier très intéressant expliquant le contexte social de l'époque, le fonctionnement de la société victorienne et la ruée vers l'or aux États-Unis, seul espoir d'une autre vie pour certains.

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Londres. Époque victorienne. Sir Edouard est un jeune noble, blasé et arrogant en diable. Lorsqu'il regagne la demeure familiale, située en pleine campagne, il s'ennuie au plus haut point. Provocateur et libertin, il est alors à l'affût de toute nouvelle rencontre qui pourrait le distraire. Il faut dire que les moeurs du jeune homme sont dites scandaleuses puisqu'il collectionne les maîtresses : les jeunes filles de bonne famille et vieilles rombières sont autant de proies potentielles que les soubrettes qui travaillent au château.

Lisbeth est une jeune bonne, très discrète, qui vient tout juste d'arriver au service de Monsieur. Son physique quelconque et son dévouement en font une domestique modèle. Fasciné par la sagesse qui se dégage de notre héroïne, Sir Edouard se positionne à nouveau en bourreau des coeurs. Il fera même de Lisbeth sa confidente, la jeune domestique se retrouvant forcée à écouter les péripéties et autres frasques sexuelles de son maître… Rumeurs et incompréhension emplissent alors les couloirs du domaine. Car personne ne voit d'un très bon oeil ce semblant de complicité s'installant entre Lisbeth et le maître de maison.

Lorsque j'ai emprunté ce roman graphique, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre si ce n'est que celui-ci allait aborder les conditions de vie des domestiques ayant vécu au XIXe siècle. Hubert, scénariste de Monsieur désire ?, aborde bien ce point. Il montre alors la fragilité de ces petites bonnes venues de la campagne, qui se retrouvaient parfois dans le lit du maître pour être brutalement chassées du domaine si grossesse il y avait ! Mais cette BD aborde aussi le travail extrêmement éprouvant des domestiques, en service avant même le lever du soleil pour ne terminer que très tard le soir. Une place difficile, d'autant que même entre les domestiques il convenait de respecter une certaine hiérarchie.

Mais ce roman graphique aborde également la vie de débauche menée par certains nobles célibataires du XIXe siècle. Les plaisirs rythmaient alors le quotidien. Soirées mondaines. Chasse à courre. Jeux de cartes ou d'argent. Chaleur des bordels. Hubert nous dépeint alors une société qui, sous le voile des conventions et des bonnes manières, masque comme elle le peut les vices et les travers de certains de ses sujets.

Certaines scènes sont donc osées, voire crues, puisqu'elles sont censées choquer Lisbeth et l'amener à réagir autrement que par sa compassion, son dévouement et en même temps son attitude un brin distante (pour l'époque appropriée) vis-à-vis de son maître. Je vous avoue que je ne m'attendais pas à tout ce déballage. Si je n'ai pas été gênée plus que ça, j'aurais sans doute préféré que l'intrigue parte dans une toute autre direction au niveau du lien se tissant entre Lisbeth et Edouard.

De même, j'avais été attirée par la couverture que je trouve très réussie. Je regrette que l'ensemble de ce roman graphique ne soit pas du même acabit. Je n'ai en effet pas réussi à accrocher au graphisme proposé par Virginie Augustin. Je n'ai pas non plus été spécialement enchantée par le final de cette BD, dans le sens où je suis restée quelque peu sur ma faim.

J'ai en revanche beaucoup aimé les quelques pages qui viennent clôturer cet ouvrage. Celles-ci rappellent le contexte social et économique de l'époque tout en nous offrant quelques renseignements sur le règne de Victoria, la domesticité à l'époque victorienne ou encore les conditions de vie de la classe ouvrière.

En bref, je n'ai pas été totalement séduite par ce roman graphique. J'aurais préféré que le lien entre nos deux héros se tisse bien différemment et je n'ai pas non plus accroché au style de Virginie Augustin. Reste que j'ai apprécié retrouver l'atmosphère propre au règne de Victoria ou encore explorer différemment les conditions de la domesticité sous le XIXe siècle.
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Une jeune aristocrate de l'Angleterre victorienne dépravé tente de corrompre une servante simple et honnête. Les différences de classes et de caractères sont mises en lumière, avec un petit rappel historique en fin d'ouvrage bien vu.
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Monsieur Désire ? est un album délicieusement atypique, qui dégage un puissant parfum rétro sans qu'il soit pour autant artificiel.

Hubert, scénariste à la qualité de plume remarquable, déroule en prenant tout son temps (94 planches) l'histoire subtile de ce dandy à la vie faisandé par l'argent et les plaisirs trop facile dont la vie entre en collision, un jour, de manière a priori totalement improbable, avec Lisbeth, une de ses nombreuses domestiques.

Au fur et à mesure que ma lecture progressait, j'ai savouré, je dirais même que je me suis délecté à suivre les méandres de cette relation dont j'ai trouvé la finesse psychologique tout à fait exceptionnel.

L'inspiration d'Hubert, c'est sans le moindre doute avant tout Oscar Wilde, dont il reprend un à un les thèmes que le grand écrivain chérissait.

Lire la suite de ma critique sur le site le Tourne Page
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La grande force de cette BD, ce sont ses personnages principaux.

D'un côté, on a Edouard, un homme franchement agaçant qui m'a (dans cet ordre) : intriguée, dégoûtée, agacée puis touchée. Il incarne un peu ce genre de personnages blasés, vous savez, qui n'existent que par la provocation mais qui sont souvent, au final, des êtres terriblement vulnérables. A bien des reprises, Edouard m'a fait penser à un jeune enfant qui cherche à repousser les limites de ses parents, juste pour savoir jusqu'où il pourra aller avant de se faire taper sur les doigts. le souci étant qu'Edouard, de part sa position sociale et son statut d'homme, n'a pas eu à affronter beaucoup d'obstacles dans sa vie…

En face on a Lisbeth, une femme quelconque (enfin une héroïne qui n'est pas une gravure de mode !) mais une dure à cuire, une femme déracinée et solitaire qui n'a que son travail pour se maintenir la tête hors de l'eau. Si Monsieur désire ? n'est une BD féministe, elle propose malgré tout des thèmes qui s'y rapportent puisque la position fragile des femmes dans la société victorienne est plus que jamais au centre de l'histoire.

Bien sûr, la relation entre ces deux là, qui joue sur plusieurs plans (riche/pauvre, homme/femme, maître/servante) est terriblement complexe et Edouard va peut-être enfin trouver plus fort que lui ! ^^
Attention néanmoins aux âmes romantiques qui passeraient ici, je préfère vous le préciser noir sur blanc pour éviter une déception : cette bd n'est pas une romance !
Lien : http://cellardoor.fr/critiqu..
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La couverture est attrayante …. Un bel objet cachant un ouvrage d'une grande qualité, tout en finesse. Bienvenue dans l'Angleterre du XVIIIe siècle avec ses frasques, ses habitudes et ses moeurs. Nous allons suivre deux personnages phares aux antipodes l'un de l'autre : Edouard, jeune noble, dandy (ou libertin en France) et Lisbeth, jeune domestique qui travaille pour Edouard. Si Edouard jouit d'une beauté sans égal, d'une fortune à faire pâlir et d'une vie d'oisiveté, Lisbeth est plutôt moche, sans le sous et doit redoubler d'efforts au travail. Bref, rien ne laisser présager une quelconque relation entre ceux deux personnages. Mais Edouard va faire de Lisbeth sa confidente. Elle qui a un peu de jugeote et un franc parler va s'attirer la foudre de ses paires car ce n'est pas la place d'une domestique que celle de confidente d'un noble.

Entre les clivages sociaux et les codes moraux de l'époque, nous découvrons une femme forte qui n'a rien et un homme désabusé qui pourrait tout avoir. Mais cette relation nous offre également la découverte d'un panel de réaction que ce soit du côté des autres domestiques ou chez les autres amis et la famille d'Edouard. L'humanité est dépeinte ici de façon réaliste.

Monsieur Désire ? est une magnifique histoire sur le plan visuel également. La version noir et blanc sublime le trait de Virginie Augustin qui est fin, délicat et expressif. le cahier graphique final avec le travail de recherche sur les personnages est très intéressant. La Lisbeth finale est sublime, elle est supposée être « moche », mais finalement c'est elle qui illumine l'album. Les costumes sont travaillés, les décors font rêver, nous sommes en immersion totale dans la demeure de Edouard.

En bref, un énorme coup de coeur pour cette BD qui est un one shot. J'ai hâte de découvrir la version couleur mais la version noir et blanc est tellement belle que je la recommande chaudement.


Lien : http://chickon.fr/2016/09/27..
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Lisbeth devient domestique d'Edouard, un noble qui aime choquer le monde. Il aime raconter ses débats.

En lisant cette bande dessinée, j'ai été mal à l'aise. le discours soutenu et le langage cru sont en contradiction.
En plus, Lisbeth reste imperturbable, c'est encore plus gênant.
C'est étrange, je suis incapable de dire si j'ai aimé ou non cette lecture.
Attention au public, car il y a des scènes vraiment crues.
Je ne suis pas fan du dessin, je trouve que les personnages sont disproportionnés.
C'est un grand monsieur de la bande dessinée, je ne suis juste pas admiratrice de son style.
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J'ai énormément aimé lire cette histoire. Tous les personnages sont intéressants, l'histoire est bien ficelée et un regard sans concession est porté sur la société de l'époque . Entre les dessins et le scénario c'est un vrai régal ! Mon côté fleur bleu aurait aimé une autre fin mais en définitive je trouve celle ci parfaite! Elle nous montre que la femme n'a pas attendu l'époque actuelle pour chercher sa liberté.
J'ai trouvé très instructif les dernières pages de la BD, dédiées à planter le contexte de l'histoire (la place de la femme, les prémices de la royauté de l'ère Victorienne, la pauvreté à Londres ....)
Je ne peux que recommander cette lecture !!!
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Lu il y a déjà quelques semaines... le souvenir que j'en garde est assez bon. L'ambiance avait tout pour me plaire : une grande maison dans Londres à l'époque victorienne. Les rapports entre les maîtres et les domestiques. le dessin est au service de l'histoire.
Sur la même thématique, dans un tout autre genre puisque version manga, il y avait Emma de Kaoru Mori, que j'avais bien aimé aussi.
(décembre 2016)
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XIXème siècle à Londres. Edouard est un jeune aristocrate britannique au physique d'Apollon qui passe sa vie à faire la fête, passant de conquête en conquête.
Lisbeth, jeune domestique discrète qui vient tout juste d'être employée se retrouve à veiller sur le jeune homme alors qu'il rentre passablement ivre et amoché d'un énième nuit d'excès. le lendemain Edouard demande à parler à la jeune femme.
Dès lors, va se nouer une étrange relation, le jeune homme imbu de lui-même, provocateur, blasé de la vie semble trouver chez la domestique au physique banal un grand intérêt et bientôt ne peut plus se passer de ces tête- à- tête qui vont pas ailleurs susciter la jalousie des autres domestiques.

L'histoire étonnante de la rencontre improbable entre un richissime bellâtre tourmenté et une jeune domestique à la fois forte et digne. A travers la confrontation de deux personnages et de deux milieux c'est aussi un formidable tableau des relations sociales à l'ère victorienne que nous dépeint Hubert, une peinture admirablement mise en lumière par le trait fin et élégant de Virginie Augustin.

Lien : https://bibliotheque.brest-m..
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