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sur 3268 notes
"Observez moi de haut en bas
Vous n'en verrez pas deux comme ça
Mais prenez garde à ma beauté
Mon exquise ambiguïté."
Le plus beau du quartier, Carla Bruni.
La jolie Bianca est vierge et doit se marier avec Giovanni, suite à un mariage arrangé.

Pour pouvoir découvrir la Vie, avant d'être recluse dans sa nouvelle maison, sous la férule d'un époux, Bianca va revêtir une "peau d'homme", secret de famille transmis par les femmes...

Bianca devient ainsi Lorenzo et découvre cette peau rude, son odeur, différente de la douceur de sa peau de femme. Les poils du menton, les muscles des bras et celui qui se redresse si... vite!

Sur la margelle du puits, elle/il rencontre Giovanni qui... préfère les hommes! Il va tomber amoureux de Lorenzo...

C'est une étrange double vie, Lorenzo est l'amant comblé de son époux, mais Bianca est une femme délaissée et soumise aux conventions de la société.

Bianca va rechercher une solution, à cette impasse.
Au début, jeune femme innocente, puis se révélant forte et courageuse, Bianca va devoir revendiquer sa liberté de penser et sa liberté sexuelle, dans l'Italie de la... Renaissance.

Et se heurter à Fra Angelo, son propre frère intégriste religieux.
- "Voilà ce que je fais de ton voile!" S'écrit Bianca en piétinant l'étoffe.
C'est la BD Grand prix RTL, Prix Wolinski et Landerneau 2020...
"Sans contre façon, je suis un garçon." Mylène Farmer.
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Maintenant qu'elle a 18 ans, Bianca est en âge de se marier. Si l'heureux élu est jeune, à peine quelques années de plus qu'elle, plutôt joli garçon et riche marchand, il n'en reste pas moins que ce n'est guère l'élu de son coeur, le mariage ayant tout simplement été arrangé par leurs parents respectifs. Ses deux amies, Rubina et Agostina, la trouvent chanceuse d'épouser un homme tel que Giovanni, chacune comparant avec leur propre époux. Pourtant, la jeune femme déplore le fait de ne pouvoir connaître son futur promis avant le mariage. Une idée bien saugrenue pour sa mère qui a connu la même situation, et il est, évidemment, hors de question de tout annuler. Sa marraine, pour lui changer les idées, lui propose de venir quelques jours chez elle. C'est là qu'elle lui montre un objet fort rare, peut-être unique : une peau d'homme. L'aidant à l'enfiler, Bianca devient alors Lorenzo. Après avoir appris à marcher comme un homme et travaillé sa voix, Bianca, sous les traits de Lorenzo, s'en retourne en ville, bien décidée à faire plus ample connaissance avec Giovanni...

Bianca n'en a que faire des coutumes avant le mariage. Grâce à sa marraine, elle va pouvoir, déguisée en Lorenzo, faire plus ample connaissance avec son futur époux. Et elle ne sera pas au bout de ses surprises, aussi bien concernant Giovanni que la place de la femme, des homosexuels et de l'église dans la société en pleine Renaissance Italienne. le regretté Hubert nous offre un album au scénario vraiment original qui donne à réfléchir justement sur l'(in)égalité homme/femme, sur ces hommes qui cachent leur véritable orientation sexuelle, la religion, les conventions sociales mais aussi sur l'amitié homme/femme. Un conte d'ailleurs tout à fait transposable à notre époque. Graphiquement, le trait épuré, un brin anguleux, et les couleurs rétro de Zanzim s'accordent parfaitement à ce récit.
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Cette BD a été un bon divertissement, elle est pleine d'humour et de situations qui, vues sérieusement sont plutôt dramatiques, mais que les auteurs ont su rendre cocasses en ne les prenant pas trop au sérieux.

Alors, d'abord, la qualité graphique et les couleurs choisies portent parfaitement les images d'une histoire un peu délirante, le trait de crayon est fin et témoigne de délicatesse à bon escient, que ce soit dans les expressions des visages ou les scènes d'amour, plutôt d'après l'amour, entre homme et femme, homme et homme (enfin presque). Les décors ne sont pas en reste, les dessins reproduisant très bien les bâtiments de l'époque, le mobilier, les jardins, la nature.

Et l'histoire, elle est plutôt décalée, mais finalement pas autant qu'il pourrait paraître, car elle décrit bien la condition, souvent consentie, de la femme, celle de l'homme et surtout celle de la relation sentimentale entre une vraie femme et un homosexuel contraint au mariage. Finalement, ils vont s'aimer, à leur manière, et le dénouement plutôt en happy end traduit bien l'idée générale positive malgré tout de cette histoire.

Un mauvais point pour un moinillon quasi-inquisiteur qui, hélas, me fait penser à certains membres du clergé actuel, complètement hors de l'humain et du message évangélique.
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Je vais sans doute aller a contre courant.
Parce que je n'ai pas vraiment adhéré aux graphismes, même si ils sont simples et épurés. Je préfère les dessins plus classiques.

Néanmoins, je dois reconnaître qu'ils correspondent parfaitement au scénario.

J'ai apprécié dans l'ensemble cette bd , sans être vraiment emportée.
Le pitch de départ présageait du bon, mais j'avoue que je n'ai pas complétement adhéré au parti pris des auteurs.
L'idée ce cette peau d'homme qui permet a une jeune pucelle de se mettre dans la peau d'un homme est très originale, mais me laisse perplexe quand a l'utilisation qu'elle en fait.

Néanmoins cette Bd est assez réussie par les messages qu'elle essaie de faire passer. le manque de tolérance du clergé, la place des femmes dans la société, le rejet de l'homosexualité, etc...

Donc je sors contente de cette lecture, sans pour autant avoir été entièrement conquise.
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Je ne vais pas me joindre au concert de louanges adressées à « Peau d'homme ». Je vais peut-être même être une des rares voix dissonantes dans ce cortège de dithyrambes. Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé « Peau d'homme », je lui reconnais d'évidentes et indéniables qualités, mais je n'ai pas été emballée.

Sur le plan graphique, « Peau d'homme » est une totale réussite. Visuellement tout est splendide, le trait simple et direct, les couleurs éclatantes, la composition des cases, Zanzim produit un travail remarquable et j'ai très envie de m'intéresser à ses autres ouvrages.
J'ai trouvé l'argument de départ assez génial, vraiment bien trouvé. Cette idée d'une jeune femme qui revêt une peau d'homme et peut ainsi vivre un peu dans la peau d'un garçon était un point de départ qui m'enthousiasmait vraiment. Mais, la suite du scénario m'a déçue. L'intrigue est bien construite et bien menée, je le reconnais sans peine. Je ne me suis pas ennuyée, le rythme est enlevé, c'est parfois drôle. Malgré tout ça, je n'ai jamais été immergée dans le récit, je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire. En fait, j'aurais voulu que « Peau d'homme » raconte une autre histoire que celle-là, une histoire qui m'aurait plus parlé. Je m'étais pourtant projetée dans l'argument de départ. Quelle femme ne s'est pas un jour demandé « que ressent un homme lorsqu'il fait l'amour ? ». Quelle femme n'a pas imaginé « et si j'étais un homme le temps d'une journée, que ferais-je ? ». Peut-être est-ce parce je suis une des rares à s'être posé ces questions que j'ai été déçue par le traitement de « Peau d'homme ». A la question « que ferais-je si je passais une journée dans la peau d'un homme ? », au-delà bien évidemment de la découverte du plaisir masculin, ce qui m'intéresserait ce serait de me confronter en tant qu'homme à un regard féminin, de poser un regard masculin sur le féminin, en gros d'explorer l'altérité homme / femme autrement. Ce n'est pas du tout la voie choisie par Hubert. Ce qu'il choisit de raconter est sans doute très personnel et plutôt intéressant en soi mais je me suis sentie exclue de cet univers qui est finalement extrêmement masculin.

« Peau d'homme » est une B.D intéressante à plus d'un titre mais je n'ai pas été vraiment séduite malgré des qualités narratives certaines. Par contre, j'ai été charmée par le travail de Zanzim dont je compte bien poursuivre la découverte.

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"Peau d'homme" est un roman graphique dont les événements se déroulent en Italie, pendant la Renaissance, et qui met en scène Bianca, jeune fille de dix-huit ans sur le point de se marier. Issue d'une "bonne famille", elle est promise à Giovanni, le mariage ayant été arrangé et négocié par les deux familles concernées. Parce qu'elle regrette de ne pas pouvoir connaître son fiancé avant le jour dit, sa marraine lui révèle le secret qui unit toutes les femmes de la famille : elles possèdent une peau d'homme, qu'elles ont appelée Lorenzo et qu'elles ont revêtue tour à tour pendant leurs jeunes années. Bianca, à son tour, peut désormais se faire passer pour un homme et ainsi faire la connaissance de son futur mari dans son "milieu naturel". Mais au-delà du fait qu'elle apprendra que ce dernier est homosexuel, elle se rendra compte de la place réelle des femmes dans ce monde d'hommes. Qu'elle soit dans sa peau de femme ou dans celle de Lorenzo, Bianca s'émancipe, s'insurge, se rebelle...

Plusieurs sujets forts sont abordés sous divers angles, et notamment la condition de la femme, l'homosexualité et le fanatisme religieux. Ils sont traités par le biais de personnages aussi différents les uns que les autres, nous offrant de ce fait une vue d'ensemble. Les femmes, par exemple, sont tantôt un objet ou une marchandise (point de vue du père), tantôt un être inférieur qui n'éprouve aucun désir (point de vue du mari), tantôt un démon en jupon responsable de la débauche des hommes (point de vue religieux) ; mais elles sont aussi des femmes qui ont un corps et des idées qu'elles assument et dont elles sont fières, capables de s'affirmer et d'user de représailles dans ce monde d'hommes qui les brident. Il en est de même des homosexuels, ou plutôt des invertis comme ils sont appelés ici, obligés de se cacher, de jouer les "mâles" au grand jour, et pas mieux traités que les femmes.

On observe donc Bianca évoluer dans cette atmosphère quelque peu misogyne et intolérante, dont le fanatisme religieux est une véritable contagion, porté qui plus est par la voix d'Angelo, le frère même de Bianca. Au fur et à mesure que Bianca ouvre les yeux sur tout ce qui l'entoure, Angelo se fait de plus en plus dur envers ses sujets, qui pourtant sont de plus en nombreux. Les femmes en prennent pour leur grade, responsables de tout aux yeux de "Dieu", il en va de même pour les invertis et toutes les autres personnes qui ne rentrent pas dans le moule. Tous les citoyens "modèles" s'insurgent contre eux. Mais quand Angelo va trop loin, qu'il défend aux hommes de tromper leur femme ou de la battre, la tendance tourne enfin, il est temps d'envoyer Angelo vers une nouvelle sainte mission, celle de relever un vieux monastère, tout là-bas au fin fond de la montagne...

Évidemment, nous sommes au temps de la Renaissance, soit quelque part entre le XIVe et le XVIe siècles, et bien des progrès dans les moeurs étaient encore à accomplir à cette époque. Mais Hubert et Zanzim mettent tout de même le doigt sur des sujets encore d'actualité, et c'est certainement voulu, et c'est pour moi ce qui fait le point fort de leur histoire. La plupart des coups de gueule de Bianca sont encore à conjuguer au présent, et malheureusement certaines réflexions phallocrates et homophobes également.

Mais le ton donné, tantôt grave et colérique, tantôt sarcastique et ridicule, nous offre une lecture haute en couleur. C'est, certes quelque peu révoltant, mais également très jouissif. Les pages se tournent toutes seules. On s'attache aux personnages ou on aime à les détester. L'histoire est menée tambour battant. Un vrai régal !

Mon seul bémol vient des dessins, et plus exactement de la physionomie des personnages que j'ai trouvés peu travaillés, ou plutôt "déformés", avec des yeux trop grands, des nez trop longs ou quasiment inexistants, ou encore des expressions trop exagérées, ne les mettant pas en valeur. Je n'ai en revanche rien à dire quant à la représentation des décors, mobiliers, tenues et autres, quant aux couleurs choisies et aux traits simples des dessins, formant un tout représentatif du contexte de l'époque.

"Peau d'homme" était dans ma liste d'envies depuis déjà un certain temps, et ça fait un moment que j'attends qu'il soit disponible à la bibliothèque. Mais ça valait la peine d'attendre, je comprends le succès qui lui tourne autour et les nombreux prix reçus.
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Je lis très peu de bande dessinée, mais qu'est-ce que celle-ci m'a plu ! J'ai été attirée par les dessins et les thèmes évoqués.

Il s'agit de l'histoire de Bianca ; jeune fille, vivant au temps de la Renaissance, devant se marier avec un certain Giovanni contre leurs grés à tous les deux. Elle ne souhaite pas épouser quelqu'un qu'elle ne connait pas. Sa tante lui fait découvrir alors le secret de leur famille : une peau d'homme. Bianca devient alors un homme afin de découvrir son futur époux et... tout ne se passe pas comme elle l'avait imaginé. Ils tombent amoureux, mais Bianca étant sous sa peau d'homme.

Cette bande dessinée exploite de nombreux sujets importants : l'homosexualité, le féminisme, la liberté, le fanatisme religieux, le mariage arrangé et j'en oublie.

Les dessins sont superbes et l'histoire captivante !

J'ai mis 4,5/5 uniquement car

Cette bande-dessinée se lit rapidement. Je l'ai lu en 1h/1h30.
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Le roman graphique « Peau d'homme » dénonce la condition de la femme, le machisme et le poids de la religion sous la forme d'un conte philosophique truculent et rythmé en diable et j'ai tout de suite été séduite par cette fable pas très morale et haute en couleur.

Comme dans tout conte, il y a une marraine. Celle, très pragmatique, de cette histoire offre à sa nièce Bianca une peau d'homme qui doit lui permettre de connaitre Giovanni, son futur époux avant le mariage.
Nous sommes en Italie à l'époque de la renaissance et à cette époque, les filles épousaient le parti choisi par leurs parents sans le connaitre avant les noces. Bianca est une jeune fille rebelle et qui n'a pas la langue dans sa poche. Elle va mettre à profit ce travestissement plus vrai que nature pour approcher son promis et le monde des hommes interdit aux femmes, sauf les ribaudes méprisées par tous. Devenue Lorenzo, la délurée Bianca va découvrir la liberté permise aux seuls hommes et l'amour. Mais dès qu'elle retrouve son apparence de Bianca, la belle doit faire face à la misogynie de l'époque et au pouvoir des religieux. le plus fanatique d'entre eux est Fra Angelo, le propre frère de notre héroïne, et il ne fait pas dans la dentelle lorsqu'il décide de s'attaquer à la malignité des femmes, la fourberie des invertis et le vice des amants adultères. Ce sont les femmes et les homosexuels qui sont les victimes de ces nouvelles lois édictées pour extirper le vice de la ville.
La rébellion et les revendications de Bianca sont très contemporaines et nombre des situations décrites font référence à notre monde actuel.
Sans dévoiler la suite de l'histoire, je dirai que l'on s'amuse beaucoup à suivre les péripéties de la pétulante Bianca. Derrière le conte plein de facéties et d'humour, il y a un vrai questionnement sur les relations hommes femmes dans une société régie par la religion, sur la violence à l'encontre des homosexuels et la représentation de la nudité.

L'histoire ne serait pas aussi captivante sans le dessin de Zanzim. Finesse du trait, douceur des couleurs pour des portraits ou des vues d'ensemble qui viennent étayer le propos avec talent et élégance. Un vrai plaisir visuel.

J'ai beaucoup aimé ce conte initiatique, j'ai ri et j'ai aussi grincé des dents en constatant combien il y a encore à faire au sujet de la condition des femmes, le regard sur l'homosexualité et la libération des moeurs.
Un roman graphique à ne pas rater


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Dans une Italie fantasmée de la Renaissance, Bianca, une demoiselle de bonne famille doit se marier avec un homme qu'elle ne connaît pas. Giovanni, un jeune, riche et beau marchand. Mais Bianca aurait voulu connaître son mari avant de devenir sa femme. Sa marraine décide de l'aider en lui confiant un objet magique qui appartient à sa famille, une peau d'homme. Cette peau permet à Bianca de prendre l'apparence d'un homme, Lorenzo et de vivre comme un homme. Elle profite de son stratagème pour devenir l'ami de Giovanni et découvrir avec des yeux masculins qui est vraiment son futur mari. S'affranchissant de la condition féminine elle découvre l'amour et la sexualité masculine. Et si son mari tombait amoureux d'elle quand elle est un homme, que ferait-elle ?
On est clairement ici dans la fable ou dans le conte. le point de départ du scénario D Hubert est vraiment excellent. le côté magique de la peau d'homme n'étant qu'un artifice, mais un artifice indispensable à l'enquête de Bianca. le côté terre à terre de la surveillance de son futur époux est vite laissé de côté pour une quête bien plus vaste. A travers les 160 pages de ce roman graphique, c'est la condition féminine et celle des homosexuels qui est est scrutée. C'est la place du sentiment amoureux dans un temps où la religion catholique domine et écrase les relations sociales. Comment être heureux dans une société qui met la bienséance sur un piédestal, quand on est une femme et que son propre frère, investit dans sa vocation de prêtre, les vouent aux gémonies car tentatrices et incarnation du mal ?
En revanche, Hubert évite de se faire moralisateur et n'alourdit pas sa fable de messages ou de de sentences toutes faites. Au contraire, chacun peut se faire sa propre morale. Personnellement je verrai bien : qu'importe votre façon de prendre du plaisir, pourvu que chacun soit libre et tolérant.
Les deux tiers de l'album se lisent d'une traite tant l'histoire nous happe, nous intrigue, nous questionne. Les dialogues sont subtils et légers. On se demande où tout cela va nous emmener ! Et puis, il y a ensuite une légère baisse de rythme, une histoire qui semble à un moment donné répétitive. Mais cela ne dure que le temps d'un chapitre inférieur aux autres (sur les cinq de la BD). La fin est ensuite à la hauteur du reste du scénario.
La graphisme de Zanzim est reconnaissable au premier coup d'oeil, avec ses personnages aux yeux blancs et aux nez interminables. Ici pas de dessin réalistes, mais une petite touche médiévale qui va parfaitement avec cette histoire qui commence comme un conte pour enfant pour se poursuivre avec des questionnements plus adultes. Les traits sont presque enfantins, associés à un procédé ligne claire et à des couleurs pastels qui donne un côté rétro très agréable.
Un excellent album à mettre dans presque toutes les mains. Il vaut mieux éviter toutefois les enfants car certaines scènes sont assez explicites. Pour les amoureux d'histoires fraîches et originales, n'hésitez pas !


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Il était une fois, à Florence, sans doute vers la fin du XVe siècle, une jeune fille de 18 ans qu'on allait marier, selon l'usage d'alors, à Giovanni, un jeune homme qu'elle ne connaissait pas. Bianca mesurait sa chance : on la destinait d'abord au père du garçon… Elle obéira à ses parents, bien sûr, mais elle était désolée de ne pas mieux connaître l'homme qu'on lui destinait. Or il advint que sa marraine lui révéla un secret que seules les femmes de la famille connaissaient. Gardée dans une malle depuis des générations, une peau d'homme, qu'elles peuvent revêtir, leur permet de prendre l'apparence d'un jeune homme qu'elles ont appelé Lorenzo, tout en gardant leur personnalité. C'est donc au tour de Bianca de, littéralement, faire corps avec la peau de Lorenzo. Sous le physique d'un garçon, elle apprendra beaucoup de choses sur la personnalité et les goûts de son mari, et quelques-unes sur les hommes en général.
***
J'ai bien aimé ce roman graphique en forme de conte philosophique qui pose beaucoup de questions sur le mariage, la sexualité, la liberté, les conventions sociales, l'amitié, le fanatisme religieux, le poids du conformisme, j'en oublie assurément, et qui tourne à la fable en adoptant comme morale la tolérance. Il aborde donc de nombreux sujets tout à fait dans l'air du temps, en utilisant un langage familier, anachronique et parfaitement assumé. Les ravages de l'intégrisme religieux des catholiques de l'époque se concrétisent dans le personnage du frère de Bianca, Angelo, le mal nommé, devenu sous la coupe des théologiens de la faculté une sorte de Savonarole terrorisant Florence, entraînant nombre d'habitants à sa suite et organisant un bûcher des vanités où il sacrifiera livres et tableaux comme l'a fait le moine fou qui a servi de modèle... J'oublie un détail important : situations, textes et dessins sont souvent pleins d'humour. Les dessins de Zazim exploitent l'héritage de la peinture du Moyen Age et de la Renaissance. Les têtes de chapitres 1, 2 et 5 rappellent fortement certaines illustrations des Très Riches Heures du duc de Berry. Par ailleurs, la narration simultanée, qui présente le même personnage plusieurs fois dans l'image, permet ainsi de dérouler l'action et de faire défiler le temps. Ces détails rendent hommage à l'histoire de la peinture : ce dernier procédé sera d'ailleurs abandonné vers la fin du XVe siècle, je crois. Une mention spéciale pour la page 17 : texte explicite et image suggestive (les escargots !) Les couleurs et la mise en page sont elles aussi remarquables et font souvent contraste avec les choix adoptés pour les dessins. Une réussite !
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