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4,22

sur 1309 notes
Que dire qui n'ai déjà été dit. Culture, aventure, ironie, érudition, valeurs. le style est superbe, l'humanité dans tout ce qu'elle a de meilleur et de plus stupide est représentée.

Il suffit de profiter et de ne pas bouder le plaisir de cette lecture
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De la plèbe à la seigneurie.
Lu il y a des décennies je ne l'avais jamais relu, contrairement à d'autres Hugo. Ce qui frappe dès les premières lignes : l'érudition étayée par l'abondance des mots, ce vocabulaire riche en permanence et également le plaidoyer politique prégnant.
Une densité qui s'inscrit dans trois principaux registres : le descriptif, l'analytique et le digressif.
Pour savourer il faut prendre le temps, c'est une richesse qui se mérite, qui vous imprègne.
Nous sommes en 1690 en Angleterre, l'histoire se déroule de la fin du XVIIe et le début du XVIIIe.
Nous découvrons Ursus et Homo, l'homme Ursus médecin, bonimenteur vivant dans une roulotte et le loup Homo. Clin d'oeil à Diogène et son mépris des honneurs et des convenances sociales.
« L'école de Salerne dit : « Mangez peu et souvent ». Ursus mangeait peu et rarement ; obéissant ainsi à une moitié du précepte et désobéissant à l'autre ; mais c'est la faute du public, qui n'affluait pas toujours et n'achetait pas fréquemment. »
Après Ursus et son compagnon, les lecteurs rencontrent Gwynplaine, un enfant d'environ dix ans qui est refoulé lors de l'embarquement d'hommes fuyant en bateau.
Il va errer, désorienté il cherche la ville la plus proche, la neige a tout envahi et il entend un cri. Après des recherche il trouve une femme morte, un bébé accroché à son sein gelé. Il n'hésite pas a sauvé cette petite fille. Il arrive en ville, mais les portes ne s'ouvrent pas.
Seul Ursus répondra à son désespoir.
Nous découvrons que les hommes qui s'enfuyaient sont des Comprachicos, entendez des « achète-petits » pour quelques pièces ils achetaient des enfants, qu'ils mutilaient afin d'en faire commerce, pour faire rire en général.
« Cela faisait des êtres dont la loi d'existence était monstrueusement simple : permission de souffrir, ordre d'amuser. »
Les deux chapitres préliminaires sont denses et passionnants pour planter le décor. Ils sollicitent la réflexion sur ce trafic d'enfants, ces mutilations, il y a un passage sur la fabrication de nains en Chine qui est impressionnant.
Puis il y a eu l'Habeas Corpus, cette loi a eu pour effet le « délaissement d'enfants ».
Ursus, Gwynplaine et la petite Dea qui est aveugle vont former une famille recomposée.
Gwynplaine fait partie de ces enfants mutilés, on lui a fendu la bouche jusqu'aux oreilles afin de lui faire un rire permanent.
Il y a d'autre personnage, notamment celui d'une femme fatale Josiane, soeur de la reine Anne.
C'est foisonnant, la profusion lassera probablement plus d'un lecteur contemporain, personnellement je suis plutôt éblouie par cette abondance érudite dans de multiples domaines de l'architecture à l'écologie avant l'heure.
Victor Hugo approfondit par de multiples détails, la route qui va le conduire vers l'analyse sociale, la conscience politique, thèmes qui lui sont chers.
Il y a l'histoire d'amour entre ces deux enfants, Dea voit avec son âme.
Quinze ans après nous découvrons que Ursus a créé un spectacle avec Gwynplaine Chaos Vaincu qu'ils vont présenter à Londres, Ursus est mis en cause pour sédition. Sa défense est juste aussi troublante qu'hilarante.
Ce qui faire dire à Hugo :
« le jugement, c'est le relatif. La justice c'est l'absolu. Réfléchissez à la différence entre un juge et un juste. »
N'est-ce pas toujours d'actualité ?
Gwynplaine sera arrêté et enfermé dans une prison souterraine. Là il apprendra ses origines.
Dans le discours, nous retrouvons Hugo défenseur des misérables dans une de ses plus belles diatribes.
Je ne vous raconterai rien d'autre.
Le talent de dramaturge de l'auteur est à son point culminant.
C'est le livre le plus « trop », l'excès, la vigueur, la critique sociale tout y est hors normes.
Publié en avril 1869, L'Homme qui rit devait être le premier volume d'une trilogie politique. Mais finalement ce fut un diptyque et je vais donc lire Quatrevingt-treize.
Hugo c'est une oeuvre foisonnante où la réflexion du lecteur est sollicitée en permanence et je ne m'en lasse pas.
©Chantal Lafon

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Chef d'oeuvre ! Seul bémol, les interminables énumérations de titres nobiliaires anglais, mais ce n'est rien au regard de l'enthousiasme suscité par ces grandes pages décrivant un naufrage, puis la lutte d'un enfant contre les éléments pour gagner un refuge. Sans oublier les nombreux soliloques d'Ursus, à la fois drôles et profonds, et l'analyse passionnante du rôle de l'aristocratie anglaise dans l'équilibre des pouvoirs, en ces temps lointains qui ont laissé une trace indélébile dans les procédures et institutions de ce pays, jusqu'à aujourd'hui. Surtout, une conscience sociale aigüe et une profonde humanité sont ce qui caractérise le mieux ce cher vieil Hugo.
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Je n'ai jamais lu un écrivain aussi complet que ce Hugo. Il est à la fois un puit de science, un peintre, un philosophe et bien sûr un poète hors pair. Avec L'homme Qui Rit, il nous emmène dans cette complète aventure, où le drame flirte avec le fantastique, la misère réelle teintée de mythologie. Merci Maître.
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Quand les âmes sombrent.
Aborder l'austère monument hugolien par L'Homme qui rit peut paraître audacieux quand le lecteur est en mesure de se noyer avant d'en avoir terminé avec les 838 pages, plus exactement 717 pages si on ne conserve que le texte intégral et que l'on met de côté l'introduction, l'avertissement et le dossier en fin de volume. En revanche, les notes enrichissent utilement le texte mais il faut d'abord écouter ce que dit la « bouche d'ombre » : « Ursus et Homo étaient liés d'une amitié étroite. Ursus était un homme, Homo était un loup. » Voilà comment la folie hugolienne commence, par un contre-pied, l'homme a un nom de bête et inversement car Homo hominis lupus (« L'homme est un loup pour l'homme ») selon Plaute, commenté par Erasme, développé par Bacon et Hobbes. L'érudition de Victor Hugo est ahurissante. Elle infuse la moindre phrase. La richesse du vocabulaire est prodigieuse. Elle étourdit aussi et peut donner la nausée par gavage. Il faut s'accommoder. le lecteur en perd son latin alors que l'intrigue peine à se mettre en place mais est-ce si important ? D'abord Hugo consacre le premier chapitre à Ursus puis aux comprachicos, sinistres kidnappeurs, mutilant et vendant les enfants. le livre premier débute enfin après plus de trente pages introductives avec le débarquement dans la nuit d'un enfant hagard à la pointe sud de Portland, dans les Îles britanniques. Même dans la description d'une errance hallucinée, l'auteur ne peut s'empêcher de commenter, renchérir, digresser. le lecteur subit le verbe hugolien, déversoir magmatique, logorrhée incantatoire que des visions du sublime et de l'invisible transpercent et transcendent. Hugo se veut romancier, homme de théâtre, peut-être philosophe, il est avant tout poète visionnaire. Son écriture est baroque tant le mouvement est exagéré, alenti pour être mieux capté, décrit, surchargé jusqu'à l'outrance. La pompe hugolienne aspire à la grandeur en s'appuyant sur le monstrueux et l'effroi. Comme l'écrit l'auteur dans « William Shakespeare : « Tout homme a en lui son Patmos [île grecque où saint Jean rédigea « L'Apocalypse »] cet effrayant promontoire de la pensée d'où l'on aperçoit les ténèbres ». L'oeil de Victor embrasse les ténèbres fracassantes et l'opiniâtreté de la vie chétive depuis l'isthme de Portland. Dans la première partie, Gwynplaine, enfant hagard de dix ans, au visage mutilé, est laissé sur le rivage de Portland par des marchands d'enfants. Alors qu'il tente de rejoindre la ville portuaire, il doit affronter la nuit, la neige et la mort. Quant aux comprachicos responsables de sa difformité, ils prennent la mer déchaînée et sombrent corps et âmes. Juste avant leur engloutissement, ils consentent à faire les aveux de leurs crimes glissés dans une bouteille jetée à la mer. A proximité d'un gibet, l'enfant découvre le cadavre d'une femme portant encore contre son sein un bébé toujours vivant. Gwynplaine prend le bébé et atteint finalement Portland dont toutes les portes demeurent closes à l'exception de la roulotte d'Ursus qui les accueille in extremis. Au matin, Ursus découvre la mutilation de Gwynplaine et la cécité du nourrisson. Ursus adopte les deux enfants abandonnés. Il leur inculque ses vastes connaissances et monte un spectacle itinérant qui finit, au fil des années, par rencontrer le succès et attiser les jalousies. Gwynplaine devient l'objet de convoitises. La tragédie est en marche.
Hugo englue le temps dans sa logorrhée, enclot l'espace dans la Green Box, la roulotte des saltimbanques, dans la nuit d'hiver, les cachots souterrains, les palais fermés, isole et esseule ses personnages, marie les contraires, accumule les contraintes, exacerbe les contritions. le rire plaqué est un masque réversible selon les humeurs. Il peut contredire la teneur d'un propos au grand dam de Gwynplaine. L'amour est un don, invisible, perceptible au-delà des yeux, par la vibration de l'être. Dea, ignorant sa face monstrueuse, aime l'âme de Gwynplaine. L'homme qui rit adore Dea mais l'amour platonique est mis à mal par le désir charnel et la soif de reconnaissance. Si « L'homme qui rit » n'est pas une lecture facile, elle n'en demeure pas moins prenante et inoubliable.
« le difforme est l'envers du sublime ».
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C'est toujours un immense plaisir de lire les classiques.
Je n'avais pas encore lu les romans de Victor Hugo qui allait, par la suite, devenir mon auteur classique préféré.
J'ai donc commencé par l'homme qui rit et, dès les premières pages, on est conquis par la plume d'un immense auteur.
Quelle puissance narrative, quelle grandiosité dans les descriptions!
Quel style, quel plaisir à lire! Quelle émotion, surtout. Quelles émotions devrais-je dire!
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LE livre de Victor Hugo. Il a su créer une histoire à la limite du fantastique, des personnages étranges, une ambiance inquiétante, un dénouement improbable pour qui ne connaît pas la fin du livre avant de le commencer. Et des commentaires sur la civilisation de son époque, qui pouvaient être en avance sur son temps et prémonitoires de ce que furent les grands mouvements sociaux de la fin du XIX e siècle. A la croisée du romantisme, du social et de l'allégorie. Et dès le début de l'oeuvre, deux descriptions extra-ordinaires : i) la description, point par point, réaliste autant qu'en un film, séquence après séquence, du naufrage d'un navire, par la disparition de chacun de ses membres, l'un après l'autre, presque visuel, et le déchainement "hugolien" des éléments marins, ii) le fantôme grinçant, pesant et menaçant, ce gibet, clinquant d'effroi, de givre et pesant d'une chaîne ricanante, qui soutient les reliefs d'un dernier pendu, effrayant spectacle dégorgeant de sinistre destin, inutile frayeur pour de si petits enfants avant leur rencontre avec homo. Début de l'ouvrage tout bonnement stupéfiant.
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Ce livre fût pour moi un immense saut dans l'esprit hugolien. Ce roman est, je pense, une oeuvre irremplaçable de son oeuvre, qui remet en question beaucoup des principes établi du siècle de l'auteur. On s'attache forcément au personnage, tant Hugo nous les décrit. Leur désespoir, leur mort, leur joie, leur amour, on le ressent, on le comprend. Ce livre nous fait comprendre de ces choses que l'on pense mystérieuse, et nous permet une véritable avancée dans notre appréhension de l'esprit humain. En plus du savoir qu'il nous apporte, L'homme qui rit est un véritable puit de ressources et de connaissances, qu'Hugo nous partage. J'avise les futurs lecteurs de prendre leur temps, et de faire des recherches régulièrement sur les mots, où les personnages historiques cités qu'ils ne connaissent pas. Vous ressortirez de votre lecture avec une culture bien élargie.
Un livre à lire, pour tout amateur du style Hugolien et de sa poésie. Un livre à lire, pour tout curieux des méandres de la sagesse et des émotions humaines. Un livre à lire, pour tout philosophe. Un livre à lire, pour tout amoureux.
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Victor Hugo aime les contrastes. S' il les développe à l'envi dans cet ouvrage foisonnant, "l'homme qui rit" est le roman des dualités presque variées à l'infini. le beau/le laid, le gueux/l'aristocrate, la naissance/le mérite, le noir/la lumière, les gens du voyage/les sédentaires… Victor Hugo use de cet aspect jusque dans ses phrases, brosse une toile de fond historique, en l'occurrence l'Angleterre de la reine Anne, à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle.
Gwynplaine en est le héros, héros hugolien tiraillé par les contradictions que lui impose son destin. Bâtard de Jacques II, il fut enlevé à sa naissance par les « comprachicos », voleurs d'enfants, et on lui a imposé au visage un sourire définitif.
Il mène une vie de saltimbanque, y réussit en compagnie de son père adoptif Ursus accompagné d'un loup, de Homo et de Dea que Gwynplaine a sauvé bébé alors qu'il s'est trouvé lui-même abandonné sur une côte anglaise. Dea est aveugle mais pour Gwynplaine, c'est la lumière et l'amour réciproque de sa vie. Reconnu grâce à une bouteille jetée par les « comprachicos » en perdition en mer, Gwynplaine devient lord Claucharlie mais ne se satisfait pas de sa condition d'aristocrate faite de fausseté, d'ignorance de la vie réelle des pauvres. Il rejoint Ursus et Dea grâce à Homo qui le sauve du suicide. Mais la mort de Dea le précipite dans la mer. du Hugo pur jus et grandiose.
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Dans l'Angleterre de la fin du 17ème siècle, un enfant est enlevé, torturé et défiguré par les comprachicos. Il s'appelle Gwynplaine. Abandonné à dix ans, il survit à une tempête de neige, après avoir sauvé une petite fille aveugle , Dea, qui deviendra son âme soeur et l'amour de sa vie. Tous deux sont recueillis par Ursus, un vieux saltimbanque qui vit dans une roulotte, avec pour seul compagnon, le loup Homo. Sur les planches, Gwinplaine devient « L'Homme qui Rit »…
A l'image de son personnage principal, l'Homme qui Rit est un roman monstrueux et grandiose car Victor Hugo y déchaîne tout son génie littéraire, sans mesure ni limites. C'est à la fois un texte historique, philosophique, poétique et romanesque où se mêlent érudition et émotion pure. C'est la description , la dissection, d'une société malade où l'aristocratie assassine le peuple. Un peuple incarné par L'Homme qui Rit, l'homme qui souffre derrière le masque, l'homme bon, pur et sacrifié.
Oeuvre à lire pour apprendre, pour vibrer, pour écouter Hugo, tout simplement.
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